REDÉCOUVERTE DE JÉSUS ET DÉSTABILISATION

          Il y a une trentaine d’années, la « Quête du Jésus historique » a pris un tournant décisif. Il s’agit d’un mouvement, initié à la fin du XVIII° siècle, de chercheurs qui distinguaient le « Jésus de l’Histoire » du Christ de la foi.

          Ce tournant décisif, ce fut la redécouverte d’un fait jusque là passé à la trappe : Jésus était juif. C’est évident, direz-vous ! Eh bien non, cela ne l’est pas. Le fondateur du christianisme, un youpin ? Jamais ! Notre Christ à nous, il est né à Rome, de culture gréco-latine, et il est peut-être mort à Auschwitz : cela, c’était politiquement correct.

          Le grand public, en France et Allemagne, a été averti des progrès de la recherche  au moment de la série d’émissions Corpus Christi : les origines du christianisme, projetées sur ARTE et produites par Mordillat et Prieur (cliquez).

          Ces deux auteurs ont ensuite publié deux livres sur le sujet : ils prennent des précautions de démineur pour en dire assez, sans en dire trop… Et c’est le cas de la plupart des historiens, théologiens et exégètes qui publient sur ce sujet.

          En effet, découvrir Jésus tel qu’en lui-même – et non tel que l’ont transformé vingt siècles d’idéologie chrétienne, une idéologie fondatrice de notre civilisation, c’est extrêmement déstabilisant.

          Je reçois ainsi des courriers de lecteurs, qui me disent combien ils ont été secoués en me lisant…

          Quand j’ai rouvert moi-même ce dossier, vers 1994, j’ai été profondément perturbé : tout ce que j’avais appris, cru et cru savoir, s’écroulait. Des pans de murs, des murs entiers tombaient l’un après l’autre dans un nuage de décombres qui obscurcissaient la vue et empêchaient de respirer. Et puis, peu à peu, un visage s’est dégagé de l’épaisse poussière des gravats : le visage d’un homme infiniment attachant, aimable, aimant. Totalement subversif,  mais en même temps totalement rempli de compassion, doux et humble de coeur.

          Je voudrais rassurer ceux qui s’intéressent à cette « Quête du Jésus historique », et s’en trouvent déstabilisés.

          D’abord, c’est la seuls chose qui « bouge » dans un paysage de post-chrétienté complètement désertique. L’Église ne se montre plus capable que de répéter ce qui a fait sa grandeur et sa puissance : sans se rendre compte que cette marchandise-là n’est plus achetée, qu’elle n’est même plus vendable…

           Ensuite et surtout, ils découvriront – s’ils sont honnêtes et résolus – ce visage tellement fascinant, ils entendront sa voix.

     En découvrant ce qu’on lui a fait dire pour justifier le pouvoir de ce qui allait devenir l’Église, ils découvriront ce qu’il a vraiment dit ou voulu dire, ce qu’il a vraiment fait ou voulu faire.

     Et cette découverte, elle est rafraîchissante !

     Il y faut de la patience, car les quêteurs du Jésus historique sont extrêmement discrets, on les entend à peine. Il y faut de la persévérance, car aucune Église n’est prête à relayer cette quête toute récente. On s’y sent un peu seuls…

     Mais dès que le visage de Jésus sort de la poussière et de l’ombre, on n’est jamais plus seuls.

     En mars 2008, sortira chez Albin Michel Jésus et ses Héritiers (cliquez),court essai où je reprends les choses à la lumière des recherches les plus récentes. Je m’y attache aux héritiers présumés de Jésus, ceux sur lesquels nous avons des informations.

         Courage donc à ceux qui cherchent : plus on s’avance vers cet homme, et plus le chemin semble court, la lumière vive, douce et paisible.

                                                         M.B., 20 novembre 2007

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