A l’Université Al Hazhar du Caire, le Président Al Sissi a fait récemment une déclaration passée inaperçue. J’en relève pour vous les principaux passages :
« Nous devons considérer longuement et froidement la situation dans laquelle nous nous trouvons. Il est inconcevable qu’en raison de l’idéologie que nous sanctifions, notre nation [musulmane] dans son ensemble soit source de préoccupations, de danger, de tueries et de destruction dans le monde entier. Il est inconcevable que cette idéologie… Je ne parle pas de « religion » mais d’ « idéologie » – l’ensemble des idées et des textes que nous avons sanctifiés au cours des siècles, à tel point que les contester est devenu très difficile. On en est arrivé au point que [cette idéologie] est devenue hostile au monde entier. Peut-on imaginer qu’ 1,6 milliard [de musulmans] tuent une population mondiale de 7 milliards pour pouvoir vivre [entre eux] ? C’est impensable.
« Je prononce ces mots ici, à Al-Azhar, devant des prédicateurs et des érudits. Puisse Allah être témoin au Jour du Jugement de la sincérité de vos intentions, concernant ce que je vous dis aujourd’hui. Vous ne pouvez y voir clair en étant enfermés [dans cette idéologie]. Vous devez en émerger pour voir les choses de l’extérieur, pour vous rapprocher d’une idéologie réellement éclairée. Vous devez vous y opposer avec détermination.
« Je le répète : Nous devons révolutionner notre religion.
[Applaudissements de l’auditoire]
« Honorable imam (le grand cheikh d’Al-Azhar), vous êtes responsable devant Allah. Le monde entier est suspendu à vos lèvres, car la nation islamique entière est déchirée, détruite, et court à sa perte. Nous sommes ceux qui la menons à sa perte. »
C’est moi qui souligne certains termes.
Incroyable ! Pour la première fois un dirigeant musulman déclare en face de dirigeants idéologiques musulmans qu’une réforme en profondeur de l’islam leur est nécessaire, indispensable.
Il ne prononce pas le mot « Coran », mais ces théologiens ont dû l’entendre ou l’entendront un jour.
Il leur restera alors un long chemin à parcourir : Pour eux, pour nous, l’essentiel est qu’ils commencent.
Cette vidéo est accessible sur wwwyoutube.com/watch?v=ohTO_MBJFgw, ou bien en cliquant sur Google « youtube al sissi », à la ligne « Égypte : le Président Al Sissi appelle à… »
Cette déclaration vient illustrer les articles publiés dans ce blog sous la catégorie « L’islam en questions ».
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J’invite les Musulmans, et les Chrétiens aussi, à s’informer sur la Révélation de Baha’u’llah, qui permet à tous les hommes d’oublier leurs différents, de dépasser leurs préjugés, d’abandonner les croyances caduques , et de construire une civilisation mondiale sur un chemin de paix, de compréhension.
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Il faut lire
L’autopsie du Coran par Jean-Jacques Walter –
Recension par Maurice Salima-Garnier à rechercher sur le site : http://ripostelaique.com/archives_par_numero/
à vous cordialement
Dominique Malsch
Cher Michel,
je viens de lire ce texte du philosophe Abdennour Bidar, publié il y a quelques mois, et qui, je pense pose très bien aussi le problème tel que vous le décrivez:
http://www.marianne.net/Dear-Muslim-World_a243724.html
Puissent ces voix faire bouger enfin la religion musulmane…
Merci pour vos articles
Oui, ce sont quelques gouttes d’eau. Avant qu’elles ne forment un fleuve, combien de temps va s’écouler ?
M.B.
Merci Michel de nous avoir trouvé cette pépite dans ces moments de grand désarroi…
Amitiés
HC
Merci cher monsieur pour cette intéressante information. Je la diffuse autour de moi.
Il est difficile de gouverner avec des fleurs quand on a affaire à un mouvement aussi puissant et déterminé que les Frères Musulmans. Au moins, il crie haut et fort que riposter par la terreur aux offenses réelles ou supposées à l’Islam conduit dans un mur.
Cher Michel,
Merci de nous faire connaître cette déclaration – exceptionnellement importante – du Président Al Sissi.
Cela confirme l’espoir (je suis un incorrigible optimiste) que j’ai exprimé auprès de vous il y a quelque temps, savoir que l’Islam (je parle de la religion, moi aussi, non de l’idéologie islamique trouverait la voie de sa modernisation (humanisation).
Et cela me renforce encore dans l’idée que Fabius est dans l’erreur quand, par peur des mots sans doute, vient de déclarer que, pour éviter tout amalgame, il faut éviter de parler d' »islamisme », ou de tout mot intégrant « Islam », pour désigner ces sauvages : cela, dit-il, ne marque pas assez la différence avec les musulmans et évoquerait quelque chose qui serait dans la continuation de l’Islam. Il et arrivé à Fabius de dire des choses plus intelligentes. Pour ma part, il faut appeler un chat un chat, avec précision, si l’on ne veut que le chat blanc ne soit sali par les turpitudes du chat noir ; parce que, que cela plaise ou non à Fabius, ces terroristes criaient « Allah ouakbar » et dénonçaient le « crime contre la loi islamique » consistant à caricaturer le « Prophète ». Or, sauf erreur de ma part, la loi islamique, si elle interdit bien de nuire à l’image de Mohammed, n’en fait pas un crime, moins encore passible de la mort.
Or, l’article 1er d) de la Déclaration Islamique des Droits de l’Homme (du 5 août 1990), p. ex., interdit de porter atteinte l’intégrité physique de l’homme, sauf raison légale. Ici absente, je le répète. Et je ne fais là – pour faire « reste de droit », comme on dit au Palais – que me placer sur le terrain des textes musulmans.
Amicalement
Fabius, c’est la « Pensée Unique » dans sa splendeur !
M.B.
Les » Paroles » d’Al SISSI sont en effet porteuse d’espérance, mais ses actes en tant qu’homme politique autoritaire et parfois sanguinaire risquent de les rendre inaudibles de ceux qui, en Égypte déjà, souffrent du régime autoritaire qu’il impose à une majorité de pauvres gens.
« Faites ce qu’ils vous disent, mais ne faites pas ce qu’ils font ».
Certes. Mais le fumier peut porter des fleurs, que nous aurions tort de ne pas respirer.
M.B.