Archives du mot-clé croire

Le ’’Dieu’’ inattendu (Etty Hillesum II)

                                          « En réalité, les mots doivent accentuer le silence » (Etty Hillesum)

Après le magnifique livre de Sylvie Germain, publié en 1999, on ose à peine écrire une ligne sur Etty Hillesum. Et pourtant il le faut. Car, plus encore qu’alors, Etty parle aujourd’hui à notre époque bouleversée (1). Et sa parole est si juste, si enracinée dans une vie si exceptionnelle, qu’il faut la ruminer pour apprendre d’elle comment la force intérieure permet de survivre à la barbarie montante. Lire la suite

CROIRE ?

Proverbe du Moyen-âge : « Il y a deux sortes d’hommes  sur terre, ceux qui ont une chemise et ceux qui n’en ont pas ». De même qu’on trouve deux sortes d’êtres humains : ceux qui croient qu’il y a quelque chose après la mort et ceux qui pensent qu’il n’y a rien, rien du tout.

Sans chercher à convaincre ces derniers, j’aperçois quatre façons de croire en un au-delà, et à un ‘’Dieu’’ présent dans cet au-delà. Lire la suite

RÉSISTER ?

Nous venons de vivre un moment particulier dans l’histoire humaine. Depuis 1945, aucune guerre entre les grandes puissances signataires de la Charte des Nations-Unies. Quarante ans plus tard, ces ‘’Grands’’ créaient l’OMC pour réguler le commerce mondial. Naissait le Droit international et une ‘’Communauté Internationale’’ (en fait, les démocraties) qui prétendait établir et faire respecter certaines lois morales. Certes, depuis 1945 le canon n’avait jamais cessé de tonner sur la planète, les ‘’Grands’’ de se faire la guerre par ‘’petits’’ interposés. Mais enfin l’Europe restait un havre de paix et de démocratie libérale.

C’est fini, ce temps a pris fin. Nous sommes aujourd’hui revenus 60 ou 100 ans en arrière. N’ayant rien appris de nos souffrances et rien oublié de nos vieilles querelles.

Et il nous va falloir (ré)apprendre à (sur)vivre, c’est-à-dire à résister. Lire la suite

SAVOIR, OU CROIRE ?

Je ne regrette pas d’avoir vécu trois vies, dont deux au moins furent un échec. Dans cette quatrième vie qui commence et mènera à l’autre vie, peut-être enfin réussie, je m’aperçois qu’il y a grosso modo trois types d’êtres humains : ceux qui refusent de voir autre chose que ce qu’ils voient, ceux qui croient aveuglément à ce qu’ils ne voient pas, et ceux qui veulent expliquer l’invisible à ces derniers. Commençons par eux. Lire la suite

RÉSISTANCE ET RÉSILIENCE : un tournant pour la France

Ils se sont d’abord appelé « Hébreux », puis « Juifs », puis « Israélites ». Mais après plus de 3.000 ans ils sont toujours là, et bien là. Avec la même conscience d’eux-mêmes, la même idéologie fondatrice (1). Les Grecs de Léonidas, les Romains de César, les Gaulois de Vercingétorix ont disparu, absorbés, fusionnés : comment se fait-il que ce peuple, l’un des plus petits au monde, ait pu survivre et prospérer tel qu’en lui-même jusqu’à nos jours ? Lire la suite

LA FIN DES ILLUSIONS

« I have a dream ! A bad dream ! » (1)

Dès son arrivée au pouvoir en 1933, Hitler obligea son armée à renaître « pour que l’Allemagne retrouve sa fierté perdue « . Dès son arrivée au pouvoir en 2000, Poutine obligea son armée à renaître « pour que la Russie retrouve sa fierté perdue ».

En 1938 Hitler, s’appuyant sur les nazis locaux, annexa les Sudètes au prétexte qu’ils étaient peuplés d’Allemands, puis envahit l’ensemble du territoire tchèque. En 2022, s’appuyant sur les séparatistes locaux, Poutine annexa le Dombass au prétexte qu’il était peuplé de Russes, puis envahit l’ensemble du territoire ukrainien. Lire la suite

DIEU, LA SCIENCE, LES PREUVES (II) : Difficile de tenir parole (M.Y. Bolloré et O. Bonnassies)

Sur la scène de la salle Gaveau à Paris, d’un côté Michel-Yves Bolloré et Olivier Bonnassies, les auteurs du best-seller Dieu, la science, les preuves (1) et de l’autre les frères Bogdanoff qui chauffent une salle comble et acquise d’avance (2). Dans la 1re partie de leur livre, les auteurs entendaient démontrer que les avancées récentes de la cosmologie et de la biologie prouvent sans contestation possible que l’univers a eu un commencement, qu’il aura une fin, et que dès son origine il a été réglé avec une extraordinaire précision pour aboutir à l’humanité pensante. Si cette 1re partie avait emporté mon adhésion, je terminais mon compte-rendu en signalant que la 2e partie est « décevante » – et le mot était courtois. De cette conférence, j’attendais donc des clarifications.

Or dès le début, M.Y. Bolloré annonçait la couleur : « Cette conférence comme ce livre a un seul objet, c’est-à-dire existe-t-il un Dieu créateur ? Un seul angle, c’est-à-dire une seule méthode : la raison et la science… Nous ne parlerons ni de religion, ni de foi… Je ne m’intéresse qu’à l’existence d’un Dieu créateur, au sens du XVIIIe siècle ». On n’a donc pas parlé ce soir-là de la 2e partie du livre, ses 328 dernières pages qui me posent problème : c’est d’elles qu’il s’agit maintenant. Lire la suite

LE IVe ÉVANGILE (III). JÉSUS ET SON DIEU

La question « Qui est Jésus » s’est posée très tôt, de son vivant, à ceux qui l’accompagnaient et étaient témoins de faits inexplicables – ses guérisons et son enseignement révolutionnaire. Sur ce que Jésus a dit (ou n’a pas dit) de son Dieu, cette première génération avait retenu un mot, Abba, illustré par des paraboles et l’éloge de l’enfance spirituelle. Les deux générations suivantes, celles qui ont considérablement amplifié le témoignage du « disciple que Jésus aimait » pour en faire le IVe évangile (dit « selon s. Jean ») ont retenu l’idée mais l’ont exprimée en grec, et non en araméen : Abba est devenu πατερ, « Pater ». Et c’est sous ce nom privé de l’affectivité, de la tendresse et de la proximité que recélait Abba, qu’ils ont approfondi les relations de Jésus avec son Dieu. Lire la suite

LE IVe ÉVANGILE ET JÉSUS (II) : le Dieu de Jésus

Nous avons rappelé précédemment que les longs discours du IVe évangile (dit « selon s. Jean ») ont été rédigés, deux ou trois générations après la mort de Jésus, par des auteurs anonymes. De la tradition orale fixée dans les Synoptiques (1) ils ont retenu quelques traits de l’enseignement de Jésus, qu’ils ont approfondi dans une optique contemplative.

Les traditions anciennes : qui était ‘’Dieu’’ pour Jésus ? Lire la suite

Cycle : La civilisation occidentale peut-elle mourir ? (III) DESTINÉES DE LA CIVILISATION OCCIDENTALE

  Au terme de ces trois conférences sur la civilisation occidentale, vous attendez peut-être de moi une conclusion. Comme disait Flaubert, « La bêtise, c’est de vouloir conclure ». Je vais donc replacer notre réflexion dans un contexte plus vaste, entr’ouvrir quelques portes et vous laisser le soin de pousser l’une ou l’autre selon vos besoins.

Nous avons vu qu’une civilisation ce sont d’abord des valeurs, étroitement liées à une religion qui les précède ou les accompagne. Alain Peyrefitte écrivait en 1976 : « En Occident, la ferveur religieuse est retombée. Mais le mode de pensée qu’avait secrété la religion marque toujours les esprits. La société religieuse a fait naître une civilisation à son image, et cette civilisation se reproduit » (1). C’était le thème de la 1re conférence.

Des valeurs, qui engendrent une culture et un art de vivre en commun. C’est ainsi que la civilisation occidentale est née du christianisme en même temps que de l’héritage gréco-romain. Mais ces valeurs sont fragiles et aujourd’hui menacées. En 1957, recevant à Stockholm son prix Nobel, Albert Camus faisait ce bilan amer mais réaliste : « Nous sommes les héritiers d’une histoire de révolutions déchues, de techniques devenues folles, de dieux morts et d’idéologies exténuées ». Reprenons d’abord chaque point de ce bilan.

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