Né à Varsovie dans une famille de l’intelligentsia  juive, laïque et libérale, Janusz Korczak sera médecin, pédiatre, pédagogue révolutionnaire et héros polonais. En 1922 il fonde et dirige pendant 30 ans un orphelinat pour enfants juifs. Lorsque les Nazis viennent rafler les 200 enfants qu’il abrite dans le ghetto, Janusz refuse d’avoir la vie sauve et part avec eux pour Treblinka, où il sera gazé avec eux en août 1942.

Par quels détours ce grand intellectuel Franc-maçon a-t-il ‘’trouvé Dieu’’ ? Tout comme d’autres grandes figues juives victimes de barbarie –  Edith Stein, Simone Weil ou Etty Hillesum -, la rencontre fut fulgurante. En témoigne cet extrait de Seul à seul avec Dieu, ou prières de ceux qui ne prient jamais (1), écrit au seuil de sa vieillesse.

« Je t’ai retrouvé, Dieu, et je m’en réjouis comme un enfant égaré qui aperçoit au loin une silhouette familière. Je t’ai retrouvé, Dieu, comme un enfant fugueur qui, ayant connu la faim et l’hostilité des hommes, abandonne enfin sa tête sur une poitrine aimée.

« Ȧ qui la faute si, ébloui par la fête du monde, je me suis éloigné de Toi ?

Mais si le pire m’arrivait, si je perdais de vue ta Personne lumineuse, serait-ce par ma faute ou par celle de tes interprètes mensongers ?

« Il m’a fallu si longtemps tâtonner dans le brouillard, trompé par leurs appels !

« Péniblement, luttant contre toutes sortes de tentations, affrontant les tempêtes de mes sens déchaînés et les paroles de tes faux-prophètes,

j’ai fini par te retrouver, mon Dieu.

« Voilà pourquoi j’arrive si tard, et qu’heureux comme un enfant de ces retrouvailles,

« Je ne veux t’appeler ni Grand, ni Juste, ni Bon ni Terrible, mais tout simplement : « Mon » Dieu.

« Mon » Dieu, car j’ai confiance en Toi.

« Notre Père, quel étrange univers est le tien ! »

                                                   M.B.,  (petit cadeau pour)  Pâque 2023.

(1) Éditions Cana, Paris 1982, 85 pages petit format.