Trump est populiste, Mme Le Pen est populiste, M. Sarkozy est en train de le devenir… de quoi parle-t-on ?
Le populisme, ce sont quatre slogans : parler au nom du peuple, disqualifier les élites, attiser les passions, promettre la lune.
1) Au nom du peuple souverain
« Moi, je veux redonner la parole au peuple ! Moi, je parle au nom du peuple souverain ! » Mais nul ne peut parler au nom du peuple sinon le peuple lui-même. Du temps de Périclès, il y avait à Athènes un vaste espace (l’agora) où les citoyens se réunissaient pour traiter des affaires de la cité. Ils étaient environ 5.000, chacun voyait, entendait, s’exprimait, votait. C’était une démocratie directe.
Avec des millions de citoyens, on a inventé la démocratie représentative : les citoyens sont représentés par les députés qu’ils élisent. Aucun de ces députés ne peut prétendre parler à lui seul au nom du peuple. Seule l’Assemblée Nationale le peut, et si elle le fait mal les électeurs ont le pouvoir d’en élire une autre.
Le peuple est souverain, mais il peut se tromper. Quand les Italiens ont élu Mussolini, les Allemands Hitler, ils ont fait une erreur qu’ils ont payé très cher. Le peuple est souverain, mais il peut être souverainement aveugle. Alors, il ne doit s’en prendre qu’à lui. S’il se met à croire aveuglément les populistes qui prétendent « parler en son nom », il abdique sa souveraineté.
2) Tous pourris !
« Moi, je suis le candidat du peuple contre les élites ! Renvoyons les élites corrompues ! Moi-Président, je serai proche du peuple. » Le mot élite vient du latin eligere, élire. Non seulement nos élites ont été longuement éduquées, formées dans nos écoles, nos collèges, nos universités, mais elles ont été choisies par nous, nous avons voté pour elles. Aucun baron d’un parti politique ne s’est imposé par un coup d’état. Tous, ils ont gravi une à une les marches du pouvoir à coup d’élections – c’est-à-dire de promesses électorales auxquelles nous avons cru. Et une fois là-haut adieu promesses, adieu proximité avec le peuple !
Un peuple n’a que les élites qu’il mérite. Non, ils ne sont pas tous pourris, mais s’ils sont au pouvoir c’est à cause de nous. C’est nous qui avons acclamé Pétain en 1940, renvoyé De Gaulle en 1946 et voulu la médiocre Quatrième république, etc.
Quand les populistes méprisent les élites, ils méprisent le peuple qui les a formées, éduquées, choisies. Cracher sur les élites c’est cracher sur le peuple en lui laissant entendre qu’il a été longuement idiot.
3) Indignez-vous !
Les populistes ont compris qu’auprès des masses, l’émotion l’emporte toujours sur le bon sens, la passion sur la tolérance, les tripes sur la raison. La campagne de M. Trump en est un bel exemple, vociférations, promesses surréalistes, insultes grossières, menaces. Pour provoquer la peur, attiser les haines. Mais nous ne faisons pas mieux en France : on se souvient du « Mon ennemi, c’est la finance ! », on entend le programme haineux de Mme Le Pen, on voit M. Sarkozy agiter ses chiffons rouges. Dans cet appel aux passions, les programmes raisonnables de droite comme de gauche ne font pas le poids, nous risquons d’en payer le prix.
4) Au ciel, au ciel tu la verras !
Grand soir des communistes, Reich de mille ans des nazis, America first : les populistes sont des messianistes (1), ils promettent un avenir plus radieux que le présent. « Je ferai table rase, je changerai tout, nous voulons du neuf ! Le changement, c’est maintenant. » Sauf qu’on ne change pas l’humanité avec des promesses, les gens sont comme ils sont et il faut faire avec. Quand les populistes sont élus sur leurs promesses de changement, soit ils tentent de les appliquer et provoquent des catastrophes, soit ils ne font pas ce qu’ils ont promis – ou ils font le contraire.
Comme en 1930, une vague populiste monte sur la planète. Elle pourrait déferler sur la France, petit pays qui se croit à l’abri sur sa dune de sable. Chacun de nous doit prendre ses responsabilités en se déplaçant pour aller voter à chacune des deux primaires qui approchent. Sans se soucier d’être ‘’de droite’’ ou ‘’de gauche’’, d’être loyal ou déloyal envers son camp, mais en citoyen qui veut barrer la route au populisme. Y aller avec sa tête et pas ses tripes. Pour n’avoir pas à choisir, au 2e tour des présidentielles, entre la peste des uns (Mélanchon, Hollande) ou le choléra des autres (Sarkozy).
La raison nous incite effectivement à voter pour le plus faiblement représentatif des camps socialistes et « républicains ». Toutefois une primaire n’est pas une élection présidentielle comme souhaite le faire croire ces partis qui détournent l’esprit de la Ve république par l’élection d’un président qui pourrait provenir hors des grands partis « en place », comme le souhaitait le Général de Gaulle en voyant la rétention du pouvoir par des professionnels de l’autorité-pouvoir.
Une présidentielle permet au peuple, qui est rabaissée au rang de l’insulte populiste par quelques groupes après leur défaites ou en la voyant pointer à l’horizon (dont je laisse à chacun la possibilité d’en dresser la liste qui eux savent manier les leviers du pouvoir) . A force de tirer sur le même levier, ces populistes, à la connotation « populo » pour mieux souligner leur ignorance et donc nous lecteur de ce blog, redressent la tête par un flash de lucidité. Mais bien souvent nous agissons par simple réaction affective (nos opinions que nous appuyons de manière crédible sur des croyances – par tautologie – en certaines valeurs) et nous votons par opposition. Alors si quelqu’un venait pour nous informer, nous renseigner sur les arcanes historique, sociologique et économique qui font la stratégie d’une politique ne serait-il pas important de lui accorder écoute avant crédit ?
Je vous laisse analyser l’impact du Brexit et de l’élection de Trump par ce commentaire de François Asselineau, président de l’UPR : https://www.upr.fr/actualite/france/victoires-or-de-donald-trump-nigel-farage-selon-journal-britannique-daily-telegraph-cette-photo-resume-a-seule-lannee-2016
Il ne s’agit pas d’aimer ou de ne pas aimer Trump ou Farage, pas plus que d’une révolution à mettre en place mais il importe de participer à retourner une situation qui a bifurqué pour nous amener à l’inverse de ce que nous souhaitions légitimement pour notre paix (exemple l’OTAN). Nous pouvons être plus que spectateur de l’histoire en étant acteur de nos espoirs.
J’aime ce passage de Chateaubriand dans les Mémoires d’outre-tombe:
« le peuple souverain étant partout, quand il devient tyran, le tyran est partout ; c’est la présence universelle d’un universel Tibère. »……
Un peu plus trivial sur le populisme:
« vox populi, vox abruti »
Amicalement
J’oubliais , les bons musulman ,s’ils se conforment au coran ne voterons pas , n’est ce pas ?
Il n’y a rien au dessus du coran , pas même la Démocratie ?
Il n’y a rien au-dessus du Coran puisque c’est matériellement la parole d’Allah. Le Coran instaure une société théocratique, dans laquelle les droits d’Allah supplantent tout autre droit. Coran et démocratie sont totalement inconciliable.
M.B.
Oh !
Voter , c’est comme aller a l’église pour rencontrer dieu !
Vous conviendrais !
Déléguer sa responsabilité , investir dans le vote , il faut être espérant !
Incurable espérance !
Ou se laisser guider par votre dieu peut être , jésus est une option !
C’est votre choix et bien votez monsieur!
Dieu n’a rien à voir avec l’exercice de la démocratie. Quant au vote, dans un pays de 65 millions d’habitants, on n’a encore rien trouvé de mieux. La dictature (au nom d’Allah ?) résout le problème à sa façon, il a fallu à la France 2 siècles pour s’en sortir.
M.B.
Quel acharnement contre Sarko !
Tout n’a pas été parfait durant son gouvernement, mais ses deux premières années ont été décisives, tant sur le plan social qu’international. Mais oui !!!!
Pierre de Valenciennes
Aucun acharnement, mais le constat qu’il n’a pas changé et que ce n’est pas un homme apaisé, un homme de rassemblement. D’après les sondages (?), 80 % des Français ne veulent plus de lui. Le problème ce sont les 20 % restants : si on ne fait rien, ils pourraient le remettre en selle.
M.B. de nulle part et de partout
Cher Michel Benoit,
Vous voudriez donc que l’on vote aux différentes primaires !
Vous me semblez oublier le passé politique des différents candidats : tous de vraies catastrophes pour la France !
Mais alors voter pour qui : la peste ou le choléra ? Non merci !
Personnellement, je ne me reconnais dans aucun programme et donc dans aucun candidat ! Je les vomis tous (et je ne suis pas un « populiste »). Pas un parti politique ne me convient ou ne correspond à mes valeurs… Je voterai donc « blanc » aux prochaines élections !
Un exemple ? Sur la soi-disant « crise agricole » qui toucherait toutes les exploitations en France selon l’inénarrable Le Foll…
Mon voisin, jeune agriculteur, a touché en moyenne 80 000 euros (c’est à dire 6600 euros par mois !), tous les ans depuis 2008 comme prime (Pac) ! Un peu plus loin, une agricultrice exploitant une plus grand ferme a reçu, elle, en moyenne 100 000 euros tous les ans depuis 2008. Ils vivent très bien (merci pour eux), roulent dans de grosses voitures (en ont d’ailleurs plusieurs), partent en vacances, ont plusieurs employés et sont bronzés toute l’année. Je suis absolument ravi pour eux ! Quand on leur parle de « crise agricole » que font-ils ? Ils se mettent à rire aux éclats car ils ont récemment reçu un courrier du ministère les informant qu’ils vont payer moins de charges sociales !…
Tout cela grâce à nos impôts. Quel secteur professionnel peut-il se réjouir d’être aidé à ce point en France ?
Bien amicalement,
H de D.
Les votes blancs ne sont pas comptabilisés : voter blanc, c’est voter pour celui qui aura le plus de voix, et cela peut être une populiste.
Comme vous (et comme beaucoup de Français)je ne me reconnais dans aucun parti politique, aucun des candidats potentiels à la présidence. Je ne voterai pas avec le coeur mais avec la tête. Non pas un vote de conviction, mais un vote UTILE pour barrer la route aux plus dangereux. Voter utile, c’est une forme de conviction. Ne ps voter (blanc = kif kif) c’est abdiquer la souveraineté du peuple.
M.B.
Bonsoir,
J’attendais avec impatience la suite de votre réflexion sur le Diable!
Car la politique « c’est 5 ans de droit… et tout le reste de travers « (Coluche).
Je ne pense pas que l’éventuelle accession au pouvoir de Mr Juppé soit une bonne nouvelle,ni même que celle de Trump en soit une mauvaise.
Le système est ainsi fait que les candidats en lice font tous intégralement parti du système,il n’y a donc pas de perdant ou de gagnant(sauf nous bien entendu!),le jeux est entièrement truqué.
Historiquement, seule les catastrophes ou les découvertes technologiques possèdes un réel pouvoir de changement,les politiciens quant à eux ne sont que des marionnettes faisant le tampon entre le pouvoir économique et les consommateurs.
Cordialement.
Seule une révolution peut mettre à bas le « système ». En 1789 on a voulu tout changer, et à la place d’un roi débonnaire on a eu Robespierre, le fanatisme et la guerre civile.
Les révolutions, ou une guerre mondiale. Faut-il souhaiter des centaines de millions de morts pour finir par retrouver un Poutine et tant d’autres dictateurs sur la planète ?
Le système démocratique est « le meilleur des pires systèmes » (Churchill). A nous d’aller voter en choisissant le meilleur des pires candidats.
M.B.
Merci de la clarté de ce propos dont je partage les idées et la conclusion.
J’aimerai bien un débat sur le vote obligatoire. Forcer le vote est-il respectueux de la liberté de chacun ? Environ 100% de votant ne requiert-il pas une prise en compte du vote blanc et d’un risque de score concluant à une élection non valide (avec un score du vote blanc très important par ex.) ? Y-a-t-il un risque de voir un vote en faveur des « petits candidats » plus pour exprimer un votre contre les « candidats représentant les partis traditionnels ? Etc.
Si les votes blancs avaient été comptabilisés en 2012, M. Hollande n’aurait pas dépassé la majorité de 50 % : il aurait fallu refaire une ou plusieurs élections, jusqu’à ce que. Le plus souvent, la « majorité silencieuse » s’abstient de voter. Les politiciens en ont trop peur pour prendre en compte les votes blancs ou les abstentions. C’est pourquoi, cette fois-ci, il faut ALLER VOTER, et pas blanc.
M.B.