JÉSUS ÉTAIT-IL CHRÉTIEN ?

     La réaction d’un lecteur m’amène à préciser mon précédent article (« Redevenir chrétien ? »). Je disais « Si Jésus est juif, les évangiles sont juifs« . Formule provocante, donc à la fois juste et fausse.

     Jésus est juif. Ce fait a été passé sous silence pendant 19 siècles. C’est seulement depuis les années 1970 que la « troisième étape de la quête du Jésus historique » a vu des dizaines de chercheurs protestants, catholiques et juifs, reconnaître la judaïté de Jésus et publier des ouvrages (parfois fort techniques) sur ce sujet.

     Pendant 19 siècles, la chrétienté n’a pas proclamé Jésus, mais le Christ. Or Jésus n’était pas chrétien, il était juif.

     L’enseignement de Jésus est celui d’un juif, qui s’adressait à d’autres juifs. Mais d’un juif du 1° siècle, qui vient après toute une tradition, en train d’évoluer à son époque vers le rabbinisme qui donnera à la fin du II° siècle la Mishna, noyau originel du Talmud.

     Cet enseignement a été corrigé, par étapes successives, au cours de la mise par écrit des évangiles. On connaît maintenant bien ce processus, et l’on parvient à remonter, non pas aux « paroles mêmes de Jésus » (Jeremias), mais à l’événement ou à la parole qui trouve le plus vraisemblablement sa source dans le Jésus historique (Meier).

     Contrairement à Bultmann, il ne faut pas dire que rien du Jésus historique (juif) ne peut être retrouvé dans évangiles actuels : on parvient, au contraire, à identifier quantité de logia (dits ou paroles) qui trouvent bien dans Jésus lui-même leur origine. Ils se caractérisent tous par une forte tonalité juive, dans la forme et dans le fond.

     Mais en même temps, on remarque que le rabbi itinérant juif se démarque du judaïsme de son époque. La distance qu’il prend par rapport à l’enseignement de la Loi (pharisiens), à la pratique « sacramentelle » de son temps (sadducéens), à l’occupant romain (zélotes et hérodiens), est telle qu’elle va conduire les dirigeants juifs de Jérusalem (et non « tout le peuple juif ») à le livrer au pouvoir romain, avec une accusation politique (il s’est fait roi des juifs) et non religieuse (il a prétendu être Dieu)

     Maintenant qu’on sait que Jésus le juif a enseigné et vécu en juif, mais qu’il a aussi pris des distances considérables envers le judaïsme de ses pères, la question fondamentale – celle qui devrait rassembler toutes les forces de la chrétienté agonisante afin de survivre, et de transmettre au monde post-chrétien un message de vie, d’espoir en même temps que de subversion, cette question est simple :

 Qu’est-ce que Jésus apporte de nouveau au judaïsme ?

     Ce blog n’est pas le cadre adapté à la réponse. J’y réponds dans Jésus, Mémoires d’un Juif ordinaire (Albin Michel, cliquez). On découvre un Jésus fascinant, profondément aimable et aimant, capable de nous mener avec sureté au terme du chemin d’Éveil.

     Car dans ce monde de l’invisible, où les charlatans foisonnent depuis des siècles, Jésus se montre un guide solide, sûr, en qui on peut avoir confiance.

                           M.B., 1° octobre 2007

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