Archives du mot-clé Église catholique

Mort de Benoit XVI : « POURQUOI PAS LIBELLULE OU PAPILLON ? »

« Le pape est mort. Un nouveau pape est appelé à régner. Araignée ? Pourquoi pas libellule ou papillon ? »

Cette innocente comptine circulait dans la cour des sixièmes de mon lycée parisien. Lycée républicain, ce qui prouve que les mystères de l’Église catholique étaient alors profondément ancrés dans l’esprit de la société française, laïque et voltairienne. Lire la suite

SAVOIR, OU CROIRE ?

Je ne regrette pas d’avoir vécu trois vies, dont deux au moins furent un échec. Dans cette quatrième vie qui commence et mènera à l’autre vie, peut-être enfin réussie, je m’aperçois qu’il y a grosso modo trois types d’êtres humains : ceux qui refusent de voir autre chose que ce qu’ils voient, ceux qui croient aveuglément à ce qu’ils ne voient pas, et ceux qui veulent expliquer l’invisible à ces derniers. Commençons par eux. Lire la suite

JE CROIS, PARCE QUE C’EST ABSURDE

 Pendant deux ou trois mille ans, il n’y eût pas de dieux : la nature en tenait lieu, soleil, lune, feu, grands arbres… La nature était divinisée pour pouvoir être implorée, achetée par des offrandes, maîtrisée. Puis nous avons créé des dieux à figure humaine, qui avaient le pouvoir de déchaîner ou d’enchaîner la nature et les passions. Ainsi de Jupiter pour l’orage, de Pluton pour le feu, de Vénus et Aphrodite, etc. Ces dieux revêtaient un costume humain pour accomplir leur tâche puis l’abandonnaient en remontant dans l’Olympe.

Tout changea avec l’irruption d’un seul dieu, créateur de l’univers visible et invisible. Esquissé en Mésopotamie, ce dieu trouva son identité dernière dans la Bible juive et ce furent les premiers chrétiens qui posèrent le problème déjà entrevu par les philosophes grecs : est-il raisonnable de croire en un dieu ? La raison et la foi sont-ils compatibles ? Lire la suite

IDENTITÉ ET RELIGION (I). Où en sommes-nous ? Premier bilan.

Au début du 21e siècle, nous avons pris conscience que nous étions parvenus à la fin d’un cycle de l’Histoire humaine. Épuisement des ressources de la planète, incertitude économique, crises financières, dangers sanitaires, montée en puissance de la violence, renforcement des dictatures… C’est la fin d’un rêve où la croissance infinie allait apporter à 8 milliards d’êtres humains la prospérité, la tranquillité et la paix. Nous sommes au bord du gouffre, tout le monde le sait et nous allons plonger (nous plongeons déjà) en fermant les yeux.

Des dizaines d’auteurs ont tiré et tirent encore la sonnette d’alarme. Nous allons prendre ici du recul pour retracer l’histoire d’un aspect moins médiatisé de ce Crépuscule des Hommes. Lire la suite

PÉDOPHILIE : L’ÉGLISE DANS LE GOUFFRE

   Le 5 octobre, une bombe éclatait en France. Le ‘’Rapport Sauvé’’ (1) rendait publique son enquête : depuis soixante-dix ans, plus de 200.000 enfants ont été abusés sexuellement par des prêtres. Ce chiffre énorme montre qu’il ne s’agissait pas d’accidents isolés mais d’une pratique courante, et tacitement admise – puisque couverte par l’omerta du « secret de la confession ».

Omerta : « Cachez ce sein que je ne saurais voir »  Lire la suite

APOCALYPSE NOW ? État des lieux (II) : démocratie

 Au commencement était le clan, ensemble de familles se réclamant d’un ancêtre commun. Quand les clans se réunirent en tribus, leurs membres organisèrent une solidarité restreinte à eux seuls, et farouchement défendue par eux face aux autres. C’était chacun contre tous.

Un pas décisif fut franchi à Athènes avec l’invention de la démocratie, qui instaurait une certaine paix sociale. Très vite, la démocratie athénienne sombra dans deux sortes de dérives : la tyrannie – confiscation du bien commun au profit d’un seul -, et la démagogie – soumission du pouvoir aux désirs irrationnels du peuple. La tyrannie menait à la violence arbitraire, la démagogie au chaos et à l’injustice.

Ni la démocratie athénienne, ni la tyrannie, ni la démagogie ne connaissaient ce que nous appelons aujourd’hui les ‘’Droits de l’Homme’’. Les citoyens étaient jaugés, jugés et classés selon leur naissance, leur productivité ou leur valeur militaire. La femme et l’enfant n’avaient pas d’existence légale.

Aucun de ces régimes ne s’est intéressé à la personne humaine pour elle-même.

Le christianisme, naissance de la démocratie moderne ? Lire la suite

LA CIVILISATION OCCIDENTALE PEUT-ELLE MOURIR ? (I) L’Occident et le christianisme : triomphes et déclin

Depuis près d’un siècle, aux yeux de tous les observateurs, l’Occident connaît une crise sans équivalent dans sa longue histoire. Une crise économique, sociale et politique, qui cache en fait une incertitude de plus en plus perceptible sur son identité et sur sa civilisation. L’historien sait que sur notre planète, toutes les civilisations sont nées en même temps qu’une religion. Laquelle accompagnait cette naissance en produisant des valeurs communes, une culture commune et un art de vivre en commun. Voyez par exemple Sumer, la Mésopotamie, l’Égypte et la Grèce anciennes, les amérindiens, etc.

Lorsqu’une de ces religions s’étiolait, la civilisation qui s’était bâtie autour d’elle mourait. Ou bien… est-ce l’épuisement de la civilisation qui provoquait l’effacement de sa religion ? Quoi qu’il en soit, religions et civilisations ont toujours été intimement liées. « On ne peut pas regarder au fond de l’actualité si on ne regarde pas d’abord au fond de l’Histoire » (1). Aussi, pour mieux comprendre la crise qui frappe aujourd’hui l’Occident, je vous propose d’abord un survol de la religion qui lui est organiquement liée, le christianisme. Nous allons prendre un recul qui vous sera peut-être inhabituel : je ne suis pas ici pour répéter ce que vous savez déjà, mais pour vous inviter à interroger l’Histoire. Lire la suite

RETOUR DU DÉSERT (II) : Monsieur le démon

Je l’ai dit dans l’article précédent : celui/celle qui pratique la méditation, quelle que soit sa forme ou ses modalités, fait l’expérience d’un état de conscience qui échappe au raisonnement, aux déductions savantes, aux représentations, aux pensées ordinaires ou triviales. La méditation met en contact (fut-ce brièvement, fut-ce inconsciemment) avec le monde au-delà des apparences.

Une fois franchie sa première étape (le silence des pensées), il y a autant d’expériences que de méditants. Les adeptes du bouddhisme chemineront, avec le « rien », au plus profond d’eux-mêmes puis de la réalité cosmique. Les judéo-chrétiens verront s’offrir à eux une tout autre expérience : la rencontre d’un au-delà peuplé d’êtres invisibles aux yeux mais très réels et très présents.

Comment les rencontre-t-on ? Comment peut-on être sûr qu’on n’est pas victime d’une illusion, d’une autosuggestion, d’un accès de schizophrénie ou de désordre mental ? Et si l’on pense être psychologiquement équilibré, comment savoir si cette expérience n’est pas provoquée par le démon ou toute autre puissance maléfique ? Lire la suite

LONGUE EST LA NUIT (VI) : Et Notre-Dame brûla

Les Français n’aiment pas qu’on leur rappelle les racines chrétiennes de leur pays. Dans les articles précédents (1) j’ai montré que l’Occident s’est pourtant construit à partir d’une religion, le christianisme. Que l’un et l’autre ont vécu une relation fusionnelle avant de décliner lentement. Ce n’est qu’en 1905 que la France a officiellement rompu cette relation, la nation française affirmant qu’elle n’avait plus rien à voir avec son catholicisme natal.

Mais aucune loi ne peut mettre fin à une relation fusionnelle aussi forte que celle qui unissait les Français à leur religion. Après 1945, le catholicisme avait encore de beaux restes en France. Intellectuellement, socialement et spirituellement, il continuait de tenir une place considérable dans l’espace politique français. Lire la suite

LONGUE EST LA NUIT (V) : Et le crépuscule tomba…

  Au début de la Renaissance, l’Église catholique semblait toucher au ciel. Elle était la Jérusalem d’en-haut descendue sur terre, elle le savait et le proclamait jusque dans sa liturgie : Urbs Jerusalem beata… (1) Son pouvoir politique était tel que les princes européens se tournaient vers elle pour réguler leurs querelles : en 1494 c’est au pape Alexandre VI Borgia qu’ils demandèrent de tracer la frontière entre leurs conquêtes sud-américaines. Son pouvoir culturel était intact : en 1610 Galilée fut contraint par elle de renoncer à ses découvertes. Sa puissance économique était considérable et en partie tournée vers le soulagement des plus pauvres. Grâce au célibat des prêtres son patrimoine était intact. Enfin L’art illustrait la foi chrétienne (2).

Ce fut un moment miraculeux où l’Église c’était l’Occident, et l’Occident c’était l’Église.

Pourtant, pan de mur après pan de mur, cet édifice immense, majestueux, millénaire, allait s’effondrer. L’affaiblissement de chaque bastion entraîna celui du voisin, sans qu’on sache lequel provoquait la chute de l’autre – tant l’ensemble était cohérent, d’un seul tenant. Lire la suite