Archives du mot-clé Pouvoir

LA VÉRITÉ VA-T-ELLE DISPARAÎTRE ? (Trump, Poutine et les autres)

Dans le face-à-face dramatique entre Pilate et Jésus, le gouverneur romain pose au petit rabbi juif une question qui hante depuis toujours la conscience humaine : « Qu’est-ce que la vérité ? »

Pilate n’est pas un philosophe, ce n’est pas un théoricien, c’est un dirigeant politique. Il a des responsabilités et sait que s’il n’y a plus de vérité reconnue et partagée par tous, il n’y a plus de société, plus d’État, plus rien qui tienne. C’est l’universel chaos. Lire la suite

UN PROGRAMME (« les neiges d’antan » II)

« Jésus fut conduit en esprit dans le désert. Et il y resta pendant quarante jours, tenté par le Diable ». Quarante jours, durée symbolique. Période longue, pendant laquelle nous sommes vulnérables, ne pouvant échapper ni  aux forces du Mal, ni à leurs attaques à la fois individuelles et collectives.

« Après avoir épuisé toutes les formes de tentations, le diable se retira » (1). Raffinement suprême : toutes les formes de tentations. N’y aura-t-il donc jamais de répit ? Va-t-il falloir subir en vagues successives les souffrances causées par Le Mal, l’une après l’autre, jusqu’au bout ? Lire la suite

IDENTITÉ ET RELIGION (II). La laïcité à l’épreuve

  En l’an 63 avant J.C., Jules César acheta le vieux titre de Pontifex Maximus qui le mettait à la tête des prêtres de la religion d’état. Ses successeurs reprirent le titre, mais aucun empereur n’a jamais gouverné au nom d’un dieu quelconque, ou considéré qu’il recevait son pouvoir d’un dieu. Ni même qu’il établissait un pont entre dieu et les hommes, comme on le dit parfois. Mais plutôt que cette charge honorifique confirmait son aptitude à exercer le pouvoir impérial (1). Il n’y a jamais eu dans l’Empire romain de théocratie puisque sa religion, purement formelle, acceptait tous les dieux.

Et Jésus inventa la laïcité
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IDENTITÉ ET RELIGION (I). Où en sommes-nous ? Premier bilan.

Au début du 21e siècle, nous avons pris conscience que nous étions parvenus à la fin d’un cycle de l’Histoire humaine. Épuisement des ressources de la planète, incertitude économique, crises financières, dangers sanitaires, montée en puissance de la violence, renforcement des dictatures… C’est la fin d’un rêve où la croissance infinie allait apporter à 8 milliards d’êtres humains la prospérité, la tranquillité et la paix. Nous sommes au bord du gouffre, tout le monde le sait et nous allons plonger (nous plongeons déjà) en fermant les yeux.

Des dizaines d’auteurs ont tiré et tirent encore la sonnette d’alarme. Nous allons prendre ici du recul pour retracer l’histoire d’un aspect moins médiatisé de ce Crépuscule des Hommes. Lire la suite

LE PRINCIPE DE PRÉCAUTION : UN COÛTEUX DÉSASTRE

 Le 14 juin 1836, le grand physicien Arago prononça à l’Assemblée nationale un discours, resté célèbre, sur les dangers  du chemin de fer naissant. Il redoutait que les passagers suffoquent dans les tunnels, que les locomotives explosent, que les wagons se décrochent. Les agriculteurs affirmaient que la machine empêchait leurs vaches de donner du lait, que la fumée noircissait la laine des moutons, et plusieurs médecins assurèrent que le bruit du train rendrait sourd. Unanimement terrorisée, l’opinion publique exigea la fin de l’expérience. Par miracle, les députés ne cédèrent pas à sa pression : s’ils avaient appliqué alors le ‘’Principe de Précaution’’, nous circulerions encore en charrettes.

Vivre, c’est risqué. Ou plutôt ça l’était, jusqu’à une période récente.

Le refus de la maladie et de la mort Lire la suite

DIDIER RAOULT ET LES MANDARINS : le coronavirus et nous (III)

 La crise sanitaire liée à l’épidémie de coronavirus révèle un des handicaps les plus pesants de la société française : le mandarinat. Phénomène qui remonte très loin, à l’époque de la monarchie absolue d’Ancien Régime et du catholicisme triomphant.

« Vous délirez, me dira-t-on ! La monarchie absolue a été abolie en France depuis 229 ans ! » Oui, mais seule la ‘’République monarchique’’ de De Gaulle a pu mettre fin à l’anarchie parlementaire des 3e et 4e Républiques. « Le catholicisme est rangé au placard depuis 1905 ! » Oui, mais « En France, le mode de pensée qu’avait secrété la religion marque toujours les esprits » (1). Chez nous les mentalités formatées par les siècles passés sont toujours vivaces – et la preuve, ce sont les Mandarins Lire la suite

RETOUR DE LA VIOLENCE (en jaune)

Les humains sont-ils violents par nature ? Oui et non. Le cas de l’extermination de l’Homme de Neandertal au profit de l’Homo Sapiens semble faire pencher la balance vers le non. Entre – 35 et – 24.000 ans, la population de Neandertal disparaît en Europe au profit du Sapiens. Que s’est-il passé ? Plusieurs hypothèses tentent d’expliquer la disparition totale d’une espèce humaine en 20.000 ans. Un génocide ? Hypothèse écartée, il n’y a pratiquement pas trace de mort violente sur les squelettes retrouvés. Un ensemble de facteurs nutritionnels, génétiques et climatiques se seraient conjugués pour que Neandertal laisse la place à Sapiens. Une extinction naturelle, pacifique, et non une suite de guerres fratricides.

À cette époque reculée, une population s’est donc éteinte sans trace de violence. Et là, il faut noter un fait capital : à cette époque, les civilisations n’existaient pas encore. Quand elles apparaissent, les civilisations seraient-elles intrinsèquement sources de violence ? Sommes-nous violents parce que nous sommes ‘’civilisés’’ ? Lire la suite

ILS CONTEMPLERONT CELUI QU’ILS ONT TRANSPERCÉ : POURRISSEZ MACRON !

Macron remet-il à sa place un lycéen qui lui a manqué de respect ? On ne diffuse que les premières secondes – la semonce, pas le dialogue pédagogique détendu qui a suivi. Après le remaniement, fait-il une allocution télévisée ? On ne parle que de l’éclairage déficient du plateau, « crépusculaire comme son règne » commente un député LR. Fait-il un long déplacement dans les Antilles ? On ne le voit que parlant à un adolescent délinquant. Fait-il un le pont à la Toussaint ? On l’accuse de se la couler douce. Propose-t-il (comme avant lui De Gaulle, Chirac et Mitterrand) une distinction entre le Pétain vainqueur de Verdun et le traître de 1940 ? On l’accuse de racolage fasciste. Et ainsi de suite.

Avoir la peau du Président

À la radio, sur les plateaux TV, dans la presse écrite, pas un journaliste, pas un commentateur ne défend son action, ni même ne reprend les grands discours fondateurs (Ouagadougou, La Sorbonne, au Congrès de Versailles etc.) où il  a situé son action politique dans un contexte géopolitique et historique. Ne sont invités devant les micros que des opposants amers, vindicatifs, méprisants ou insultants, qui s’emparent des détails pour cracher leur haine sans jamais rien proposer. Comment en est-on venu à ce harcèlement de chaque instant, à cet acharnement, à ce niveau de violence verbale ? Lire la suite

VIOLENCE FRANÇAISE : NI DIEU NI MAÎTRE

Est-ce reparti pour un tour ? L’histoire du peuple français commence avec la Guerre des Gaules. Quand Jules César envahit le pays au-delà les Alpes, il trouve un territoire occupé par des tribus celtes qui passent leur temps à se faire la guerre les unes aux autres. Un chef charismatique, Vercingétorix, tente de fédérer ces tribus pour résister à l’envahisseur. Il dispose de 100.000 hommes en armes tandis que César n’en a que 60.000, il connaît parfaitement le terrain, ne manque pas d’approvisionnement.

Pourtant à Alésia, il va se rendre. Pourquoi ? Parce qu’il a été incapable de faire accepter son autorité par les chefs des tribus gauloises. Sous les yeux de César ils se chamaillent sans autre projet que de prendre la place du chef. Ils préfèrent perdre la guerre, être anéantis plutôt que d’unir leurs efforts sous la bannière d’un seul. Nous ne connaissons pas les arguments des uns et des autres, mais le résultat est là : Alésia est un suicide collectif. Lire la suite

LES POLITIQUES DANS LE CANIVEAU : JUSQU’OÙ TOMBERONT-ILS ? Laurent Wauquiez et Cie

 Dans la IVe comme dans la Ve République, les élus du peuple savaient qu’ils représentaient ce peuple. Ils parlaient en son nom, et au-delà à l’Europe, au monde. Les Français appréciaient d’être représentés par des hommes qui voyaient les choses d’en-haut, Même s’ils n’étaient pas d’accord, ceux den-bas aimaient la tenue des affrontements de leurs hommes politiques. Leurs mots n’étaient pas toujours les nôtres, mais ils venaient de loin, ils portaient loin parce qu’ils avaient du contenu. Ni attaque personnelle ni grossièreté, on savait se tenir, on était les héritiers d’une certaine élégance française.

 Et nous les petits, les sans-grade, on se sentait respectés, presque valorisés par les mots avec lesquels nos politiques allaient au combat. « Oui, c’est comme ça qu’on doit parler en notre nom ». Lire la suite