Archives du mot-clé Exégèse

M.Y. Bolloré et O. Bonnassies, DIEU, LA SCIENCE, LES PREUVES (IV) : Pauvre Jésus !

Le chapitre 18 de Dieu, la science, les preuves pose la question « Qui peut être Jésus ? ». Les deux auteurs, ingénieurs et rationalistes, campent ainsi le décor : « Contrairement aux chapitres scientifiques [qui précèdent], tout le monde ici peut arriver à une conclusion par ses propres moyens… Cher lecteur, prenez place parmi les jurés, l’audience commence » (p. 384). Autrement dit, bien qu’ils prétendent que « ce livre a une seule méthode, la raison et la science », ils ne traiteront pas la question brûlante de l’identité de Jésus de façon scientifique. Mais accoudés à la buvette du Prétoire, à l’heure de l’apéro. Lire la suite

M.Y. Bolloré & O. Bonnassies, DIEU, LA SCIENCE, LES PREUVES. (III). Quand la politique s’en mêle…

 

Dans l’article précédent, je citais la déclaration de M.Y. Bolloré lors de sa conférence du 20 novembre dernier, à propos de son livre Dieu, la science, les preuves : « Ce livre a un seul angle, disait-il, c’est-à-dire une seule méthode : la raison et la science… Nous ne parlerons ni de religion, ni de foi ». Et je signalais que les auteurs n’ont pas tenu parole, puisqu’ils font appel à la foi chrétienne pour conférer leur réalité historique à certains récits mythologiques de la Bible. Contrairement à leur affichage, ils mélangent la foi et la science pour prouver des thèses qui n’ont rien de scientifique. Alors se pose la question : en publiant ce livre, quelle a été leur intention réelle ? Lire la suite

DIEU, LA SCIENCE, LES PREUVES (II) : Difficile de tenir parole (M.Y. Bolloré et O. Bonnassies)

Sur la scène de la salle Gaveau à Paris, d’un côté Michel-Yves Bolloré et Olivier Bonnassies, les auteurs du best-seller Dieu, la science, les preuves (1) et de l’autre les frères Bogdanoff qui chauffent une salle comble et acquise d’avance (2). Dans la 1re partie de leur livre, les auteurs entendaient démontrer que les avancées récentes de la cosmologie et de la biologie prouvent sans contestation possible que l’univers a eu un commencement, qu’il aura une fin, et que dès son origine il a été réglé avec une extraordinaire précision pour aboutir à l’humanité pensante. Si cette 1re partie avait emporté mon adhésion, je terminais mon compte-rendu en signalant que la 2e partie est « décevante » – et le mot était courtois. De cette conférence, j’attendais donc des clarifications.

Or dès le début, M.Y. Bolloré annonçait la couleur : « Cette conférence comme ce livre a un seul objet, c’est-à-dire existe-t-il un Dieu créateur ? Un seul angle, c’est-à-dire une seule méthode : la raison et la science… Nous ne parlerons ni de religion, ni de foi… Je ne m’intéresse qu’à l’existence d’un Dieu créateur, au sens du XVIIIe siècle ». On n’a donc pas parlé ce soir-là de la 2e partie du livre, ses 328 dernières pages qui me posent problème : c’est d’elles qu’il s’agit maintenant. Lire la suite

LE IVe ÉVANGILE (IV) : L’expérience mystique de Jésus et nous

Le IVe évangile est le plus commenté des textes de la Bible. Pourtant toute une partie ‘’résiste’’ aux exégètes, les longs discours d’auteurs anonymes qui le parsèment et que j’ai choisi d’appeler collectivement ‘’Jean’’ (1). Où donc ces auteurs ont-ils trouvé la clé de l’intimité entre Jésus et son Père qu’ils dévoilent au fil des discours ? Où, sinon chez Jésus lui-même, non pas interrogé de son vivant puisqu’ils écrivent deux ou trois générations après sa mort. Mais écouté dans ce dialogue mystérieux de silence et de contemplation, ce dialogue qu’on appelle mystique et que des hommes et des femmes, toutes religions confondues, ne cessent d’entretenir au long des âges avec le ‘’monde d’au-delà des apparences’’. Lire la suite

LE IVe ÉVANGILE ET JÉSUS (I)

Il y a huit ans je publiais un court essai, Aux sources de l’évangile selon saint Jean, dans lequel j’exhumais du IVe évangile le texte le plus ancien du Nouveau Testament, écrit par le seul témoin oculaire du bref parcours de Jésus en Palestine entre l’an 30 et le 9 avril 33. Ce texte fragmentaire, éparpillé dans l’ensemble du IVe évangile, je l’ai appelé le récit du ‘’disciple que Jésus aimait’’. Ce récit seul m’intéressait, parce qu’il décrit un Jésus d’avant les corrections apportées à son image par les évangélistes puis la théologie chrétienne. Lire la suite

À MES LECTRICES ET LECTEURS

Depuis vingt ans, ce blog a été fidèle à son titre, « La recherche de la liberté intérieure, morale et politique ». Près de 500 articles ont été lus et commentés par des milliers de lecteurs de toutes origines, de toutes sensibilités. Ils m’ont éclairé et stimulé dans mon travail et je veux leur dire ici mon immense reconnaissance pour ces partages parfois polémiques, toujours amicaux.

La fin de la recherche sur Jésus

Pendant ces vingt années, le blog a été un prolongement de mes recherches sur Jésus, les origines du christianisme, et accessoirement le Coran, le Bouddha. Sous cette lumière particulière, je n’ai pas hésité à aborder des sujets qui touchaient à l’actualité éthique, politique, sanitaire. Mais la recherche sur Jésus restait le fil directeur du blog comme de ma vie.

Or il semble que la grande époque de cette recherche (1) soit terminée. C’est normal : quand on cherche, c’est pour trouver. Et l’essentiel a été découvert, a été dit, a été expliqué, publié, mis en images sur cet homme, son identité, son enseignement, son étonnante postérité.

J’ai été un de ces chercheurs passionnés par l’homme Jésus – une recherche exigeante, historique, exégétique, technique. Cette étape de ma vie est derrière moi et une autre s’ouvre, tout naturellement. C’est la dernière : jouir et se réjouir des fruits de la recherche. C’est-à-dire faire silence, après avoir tant travaillé, tant cherché, tant parlé. Demeurer en présence de Celui sur lequel on a tant enquêté.

Et préparer sa rencontre dans la vie qui nous attend après cette vie-ci.

« Grand âge, nous voici… »

« … Lève la tête, homme du soir ! La rose des ans tourne sur ton front serein. Nous voici sur nos routes sans bornes, et ceci reste à dire : nous vivons d’outre-mort » (2).

Oui, quand tant de chemin a été parcouru, tant d’erreurs commises et de magnifiques découvertes, tant d’ombres affrontées, une douce lumière se fait.

Et la nature elle-même nous y prépare, puisque les forces du corps diminuent. Ou que des incidents nous rappellent que la vie est fragile, qu’il faut s’occuper de bien mourir, dans la dignité, debout et non couché. C’est sans tristesse et sans angoisse que j’ai vu ainsi mon cœur me rappeler qu’il bat depuis longtemps, et qu’il est fatigué. Rien que de très banal, de très attendu.

Dès que j’aurai repris des forces, je reviendrai à ce blog. Mais sa teneur sera différente : ce sera une chronique, non plus technique mais spontanée, intime, sans apprêts, de cette nouvelle étape.

Parler du silence ! Eh oui, car on ne peut se passer de mots. J’ouvrirai aux lecteurs l’intimité qu’autorise le « Grand Âge ». Certains regretteront que j’abandonne la technique et l’actualité pour aller à autre chose qu’il faudra ‘’laisser venir’’. Mais si l’on veut être honnête jusqu’au bout de sa vie, il faut savoir changer son regard quand elle fait signe qu’il est temps.

« Nous avons marché sur les routes lointaines, nous avons connu l’ombre, nous avons connu le feu où Dieu l’aveugle luit. Nous vous suivrons, aile du soir » (2).

                              M.B.  4 mars 2021
 (1) Voyez dans le blog la catégorie « La question Jésus »
(2) Saint-John Perse, Chronique. Voyez dans le blog Le monde de Saint-John Perse

LE CORAN DES HISTORIENS (Mohammad Moezzi) : UNE AVANCÉE DÉCISIVE POUR L’ISLAM ?

La seule autorité qui rassemble tous les musulmans c’est le Coran, apparu fin 8e siècle dans une langue – l’arabe archaïque – qui n’avait pratiquement aucun antécédent littéraire. Pour les croyants, ce texte est matériellement la parole d’Allah dictée à un certain Muhammad qui serait mort en 632. Les exploits de cet homme ne sont mentionnés dans aucune des Chroniques & Annales contemporaines, alors que l’époque est plutôt bien documentée. Quatre générations plus tard Ibn-Ishâq reçut du calife abbaside al-Mansûr l’ordre de composer une « Vie du fondateur de l’islam ». Un siècle après lui, Ibn-Ichâm († 833) prit connaissance de l’œuvre d’Ibn-Ishâq avant qu’elle ne disparaisse, pour écrire la Al-Sirâ al-Nabawîya, biographie officielle de Mahomet constamment reprise jusqu’à nos jours. Lire la suite

LA CIVILISATION OCCIDENTALE PEUT-ELLE MOURIR ? (I) L’Occident et le christianisme : triomphes et déclin

Depuis près d’un siècle, aux yeux de tous les observateurs, l’Occident connaît une crise sans équivalent dans sa longue histoire. Une crise économique, sociale et politique, qui cache en fait une incertitude de plus en plus perceptible sur son identité et sur sa civilisation. L’historien sait que sur notre planète, toutes les civilisations sont nées en même temps qu’une religion. Laquelle accompagnait cette naissance en produisant des valeurs communes, une culture commune et un art de vivre en commun. Voyez par exemple Sumer, la Mésopotamie, l’Égypte et la Grèce anciennes, les amérindiens, etc.

Lorsqu’une de ces religions s’étiolait, la civilisation qui s’était bâtie autour d’elle mourait. Ou bien… est-ce l’épuisement de la civilisation qui provoquait l’effacement de sa religion ? Quoi qu’il en soit, religions et civilisations ont toujours été intimement liées. « On ne peut pas regarder au fond de l’actualité si on ne regarde pas d’abord au fond de l’Histoire » (1). Aussi, pour mieux comprendre la crise qui frappe aujourd’hui l’Occident, je vous propose d’abord un survol de la religion qui lui est organiquement liée, le christianisme. Nous allons prendre un recul qui vous sera peut-être inhabituel : je ne suis pas ici pour répéter ce que vous savez déjà, mais pour vous inviter à interroger l’Histoire. Lire la suite

OCCIDENT : SORTIR DE LA CRISE ?

C’est à un groupe d’amis Belges, et avant de les rencontrer, que j’ai envoyé ce qui suit

 Le christianisme est la semence qui a donné naissance à l’Occident, il y a 17 siècles. Aujourd’hui cette religion traverse une crise profonde, et l’Occident avec elle. $

I. Foi, autorité et vérité

Les religions s’appuient sur la foi. La foi énonce des vérités, qui sont pour les croyants des certitudes. D’où ces « vérités-de-foi » tirent-elles leur autorité ? De l’Église qui  prétend les puiser dans des textes « sacrés ». Qui donc a sacralisé ces textes pour leur donner l’autorité qui est la leur ? L’Église, la même qui tire d’eux son autorité.

Lisez bien ce raisonnement : ses propositions s’enchaînent de façon implacable, c’est un serpent qui se mord la queue. Tout aussi implacable est le monde auquel il a donné naissance : le monde des religions, aujourd’hui secoué par une succession de crises inédites – et mortelles pour les civilisations qu’elles ont engendré Lire la suite

LA RECHERCHE SUR JÉSUS DÉRAPE : Christian Amphoux et le « grand n’importe-quoi »

 Au lendemain de sa mort, Jésus a été manipulé. On en a fait un messie et un dieu (ses disciples), puis un magicien venu d’un autre monde (les Gnostiques), un philosophe stoïque ou épicurien (les rationalistes), un anarchiste, féministe et premier des communistes (les politiques), un hippie altermondialiste (le new âge)… Jésus étant passé par toutes ces sauces au cours des siècles, on croyait avoir tout vu.

Eh bien, non ! On n’avait pas encore vu M. Christian Amphoux. Lire la suite