« UN HOMME NOMMÉ JÉSUS » sur France 2: cinq ans après

Rediffusion hier sur France 2 du film Un homme nommé Jésus, présenté par Stéphane Bern mais écrit et réalisé en 2013 par Roland Portiche qui faisait appel à une dizaine de spécialistes, dont votre serviteur. Mais suivi cette fois-ci d’une longue seconde partie, qui n’existait pas dans la version de Roland et dont il n’est pas l’auteur.

I. Le film originel a été repris tel quel par France 2. Je n’ai rien à ajouter à ce que j’en disais au lendemain de sa première diffusion, et vous renvoie à l’article  Après l’émission « Un homme appelé Jésus » sur France 2 avec tous ses liens, ainsi qu’à l’article La « résurrection » en question : après l’émission de Stéphane Bern.

Sauf que j’ai été encore plus agacé d’entendre un laïc, par ailleurs historien de talent, ressasser des poncifs du dogme et de la piété comme s’il ignorait totalement les travaux des chercheurs. Jean-Christian Petitfils s’est fait le porte-parole de la sacristie des traditionnalistes, c’était peut-être nécessaire ?

On se souvient de la série de Mordillat et Prieur diffusée sur Arte, Corpus Christi (1996), suivi de Jésus contre Jésus (1999), Jésus après Jésus (2004) et  Jésus sans Jésus dont j’ai rendu compte ici en 2008. Très austère, elle laissait parler les chercheurs en plans fixes pendant des heures. En choisissant d’illustrer son film par les images tirées du Jésus de Franco Zéffirelli, on pourrait dire que R. Portiche détourne le spectateur des contributions des chercheurs. Mais il aboutit à un spectacle agréable à regarder, et la TV c’est du spectacle.

II. La 2e partie ajoutée à son film est un panorama de l’expansion du christianisme jusqu’à Clovis. Elle effleure à peine les raisons profondes de cette expansion, ses méandres, les obstacles qu’elle a rencontrés, sa violence et les persécutions perpétuées par les chrétiens contre ceux qui ne s’alignaient pas sur le dogme devenu officiel.

Ce qu’on en retient c’est un panégyrique de Clovis, devenu roi de France grâce à son adhésion au christianisme dominant. Dans le contexte actuel, cette 2e partie m’a semblé mal venue. Alors que la laïcité continue d’agiter les esprits français, que nous sommes confrontés à la violence de l’islam, était-ce le moment d’un coup de projecteur sans nuances sur Clovis, sur l’alliance entre le trône et l’autel, les racines chrétiennes de notre pays ?

Ceci est un autre sujet, qui méritait mieux. Quelques phrases conclusives auraient suffi à remettre Clovis et les martyrs de Lyon dans un contexte plus vaste, celui d’une France qui a enrichi son héritage chrétien au cours des siècles par de multiples apports. Ce commentaire n’a pas été dit, c’est dommage.

                                                                             M.B., 6 mai 2018

P.S. : à ceux que la question intéresse et qui souhaitent une présentation agréable à lire de la recherche récente sur Jésus, je recommande la lecture de mon roman Jésus, mémoires d’un Juif ordinaire (Dans le silence des oliviers) , publié en 2011 chez Albin Michel

 

 

4 réflexions au sujet de « « UN HOMME NOMMÉ JÉSUS » sur France 2: cinq ans après »

  1. Roland Leblanc

    Merci de suggérer ce sujet important; d’en faire commentaire, et commentaires.
    Puissiez=vous écrire sur un thème qui rallie aux sources véritables; comme je vous le propose en cette tentative de titres de livre: « d’Abraham et Lech Lecha »
    Si vous êtes intéressé à plus de détais sur ma façon de voir, svp me contacter à : rolandleblanc1148@gmail.com
    Merci
    Roland ♀

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    1. Michelbenoît-mibe Auteur de l’article

      Avez-vous écrit quelque chose qui résume votre « façon de voir » ? Si oui, références ?
      Merci, M.B.

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  2. Jorge PEREIRA DA COSTA

    J’ai été un spectateur attentif hier soir sur France 2 de l’émission pour laquelle vous nous aviez opportunément conseillé la découverte. L’étendue du sujet et les « chocs » qui découlent de son traitement, traduisent le besoin incontestable de favoriser l’émergence de la vérité historique, autant que faire se peut, car pléthore de courants chrétiens (et particulièrement catholiques) persistent à refuser, bec et ongles, toute version pouvant laminer les approches dogmatiques dot sont empreintes la plupart des religions. Un seul regret ! Ne pas vous avoir vu plus souvent, compte tenu du patrimoine littéraire sur le sujet, dont vous êtes le générateur de référence ! Je suis certain qu’un recueil de vos affirmations et concomitants argumentaires attachés, sous forme DVD, pourrait susciter et promouvoir, une plus grande découverte de la part du grand public. L’orientation de l’intervenant Jean-Christian Petitfils n’a pas apporté, à mon humble avis, de plus-value dans ce débat ! Son incontestable érudition est voilée par ses positions clairement en phase avec la tradition catholique.

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    1. Michelbenoît-mibe Auteur de l’article

      Certes, j’apparais assez peu. Mais le miracle, c’est qu’on ait fait appel à moi ! Je ne rentre pas dans le jeu médiatique pour 2 raisons : 1° J’ai appris à lire les textes sans être entravé par les dogmes, et je vais au bout des conséquences 2° J’entretiens une relation personnelle avec Jésus, qui n’est pas pour moi (seulement) un objet d’étude.
      Merci, M.B.

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