Petit américain pauvre, entré à l’âge de 18 ans dans l’abbaye bénédictine de St Vincent (Pensylvanie), Rembert Weakland a été élu abbé à 35 ans. Cinq ans plus tard, il était mis par ses pairs à la tête de l’Ordre bénédictin, Primat résidant à Rome (où j’ai vécu à ses côtés pendant 4 ans).
À l’âge de 50 ans, Paul VI le nomme archevêque de Milwaukee. Pendant 25 ans, il jouera un rôle considérable dans l’Église américaine et dans l’Église universelle – qu’il connaît parfaitement pour avoir longuement voyagé sur les cinq continents.
Pianiste et fin musicologue, polyglote d’une immense érudition religieuse, philosophique, littéraire et historique, il a publié son autobiographie (1). Un témoignage bouleversant sur la crise de l’Église catholique (et, à travers elle, de l’Occident) dont il raconte les péripéties, vécues au jour le jour, depuis son diocèse américain.
Mgr Weakland trace un portrait incisif de (saint) Jean-Paul II, dont le long pontificat coïncida avec son ministère d’archevêque. Un bilan sans complaisance, qui permet de mieux comprendre les ressorts cachés du déclin de l’Église catholique. Et de mieux mesurer l’ampleur de la tâche à laquelle s’attelle le pape François, confronté à une institution qui refuse obstinément toute remise en question.
Son livre crie une vérité rarement dite sur un pape populaire et canonisé par les foules. En voici quelques extraits, traduits par mes soins.
« Ma première réaction à l’élection du Cardinal Wojtyla fut enthousiaste. Pour l’avoir souvent rencontré quand j’étais Primat des Bénédictins, je le tenais en haute estime. […] Jamais je n’ai perdu mon admiration pour ses talents et ses dons, même si – au fil des ans – j’ai trouvé que son style et sa façon de diriger une Église d’un milliard d’êtres humains était oppressive, et beaucoup trop centrée sur sa propre personne.
« Les années passant, j’étais de plus en plus déçu : les espoirs que je nourrissais au début de son pontificat ont tous été trahis.
I. Un pape à deux visages
« De toute évidence, Jean-Paul II était un très saint homme. Il possédait toutes les capacités d’un leader mondial. Dans un univers où l’Église catholique perdait de plus en plus sa signification, il a creusé une niche où il a pu faire preuve de son magnétisme personnel et de sa forte volonté : en ce moment précis de l’histoire, son élection venait à point nommé.
« Il comprenait le communisme et savait comment le combattre. Il a développé le message social du catholicisme : sa critique du capitalisme marquera son héritage. Mais il n’a pas su étendre cette doctrine sociale à un monde interculturel et globalisé, entrevu par son prédécesseur Jean XXIII.
« Son soutien de l’œcuménisme et du dialogue interreligieux était sincère : à la suite de Vatican II, il a voulu cicatriser les plaies nées de la Réforme et du schisme avec l’Orient.
« Mais dans ce dialogue, il laissait de côté nombre de points non-résolus, continuant malgré tout à avancer vers une certaine forme d’unification : par exemple, dans son dialogue avec l’Église Orthodoxe il n’a jamais abordé les questions du mariage des prêtres, du divorce ou de la contraception, sur lesquelles il maintenait une position très stricte à l’intérieur de l’Église catholique.
« En reconnaissant l’antériorité de l’Alliance entre Dieu et le peuple juif, il faisait un pas vers le judaïsme : mais dans cette démarche, il mettait entre parenthèses la position catholique, selon laquelle le salut vient par Jésus-Christ.
« Avec une énergie incroyable, il a affirmé que l’Église devait s’ouvrir aux diverses cultures du monde. Il a nommé de nombreux évêques « indigènes ». Dans ses multiples voyages, il semblait admettre le besoin pour l’Église d’incorporer toutes les cultures, notamment dans leurs expressions liturgiques. De cela, nous devons lui être reconnaissants.
« Mais il n’a jamais donné aux Églises de ces peuples la liberté complète d’intégrer leurs cultures locales, parce que cela les aurait conduites à un clergé marié et à d’autres changements dans la discipline catholique.
II. La face cachée d’un pape
« Tout bien réfléchi, les aspects négatifs de son pontificat l’emportent sur ses aspects positifs.
« J’ai admiré sa façon de faire face à la menace communiste, mais il n’a jamais déployé la même énergie pour lutter contre les dictatures de droite, spécialement en Amérique Centrale et du Sud. J’ai souvent entendu des évêques de ces pays se plaindre que le seul endroit où l’Église était autorisée à affronter l’injustice politique, c’était la Pologne.
« En Amérique Latine, la question du mariage des prêtres a bloqué toute possibilité de prendre en compte les besoins d’une immense population catholique, laissant le champ libre aux Églises pentecôtistes et évangéliques américaines, plus ouvertes aux laïcs.
« Mon espoir d’un renouveau de la recherche théologique et philosophique a été cruellement déçu. Au contraire, les tensions entre les théologiens et le pape n’ont cessé de croître. Il fut vite évident que seuls certains théologiens avaient la cote, ceux qui soutenaient le point de vue particulièrement étroit qui était le sien : les autres étaient réduits au silence. Aux Synodes des évêques, seuls pouvaient prendre la parole des théologiens qui ne s’opposaient jamais à sa pensée. Le dialogue était acceptable à l’extérieur de l’Église : jamais à l’intérieur.
« Une autre immense déception a été sa conception et son approche de la sexualité humaine. Beaucoup diront que ses points de vue dataient de l’époque Victorienne. Pourtant, on était surpris de constater la fréquence de ses allusions à la sexualité. En fait, pendant son pontificat de nombreux laïcs ont dit à quel point ils en avaient assez d’entendre sans cesse parler de sexe et de problèmes sexuels, du haut de la chaire de Pierre et venant d’un célibataire.
« Parce que son idée de la sexualité ressemblait à un courant souterrain qui apparaît ou disparait à la demande, il n’a jamais touché les cœurs de ceux pour qui la vie et la psychologie humaines sont plus complexes qu’il ne le disait, et la sexualité plus ambigüe.
« Mais l’aspect négatif le plus sérieux de son pontificat a été sa tendance constante à la centralisation, et sa méfiance envers le reste de l’Église. En paroles, il n’a jamais renié le rôle collégial des évêques : mais dans les faits, son style nous a ramenés aux temps de Pie IX (2) : il conférait une importance exagérée à la personne et à l’enseignement du pape, à l’exclusion de pratiquement toute autre idée que les siennes. Dans les faits, la réception de chacune de ses paroles comme doctrine officielle de l’Église a créé une atmosphère contraire à la Tradition catholique des siècles passés.
« Les degrés de certitude que cette Tradition attribue à chaque doctrine ont sombré dans l’oubli : avec la publication du Catéchisme de l’Église catholique (3), tout a été uniformisé dans un enseignement officiel unique.
« J’ai souvent relevé une tendance, au Vatican, à appeler « idéologique » toute conception contraire à celle du pape. Ce terme a servi à stigmatiser les éventuelles oppositions au Magistère central.
« Dans son administration, Jean-Paul II a particulièrement favorisé le rôle des cardinaux : bien que ce soit étranger aussi bien à l’Écriture qu’à la Tradition, il a donné à leur petit groupe le pas sur l’ensemble du Collège des évêques, portant ainsi gravement atteinte au principe de la collégialité.
« Souvent, quand la Conférence des évêques des USA se trouvait dans une impasse face à l’administration vaticane, les cardinaux américains étaient convoqués à Rome, et eux seuls étaient écoutés. Il prenait les décisions lui-même, sans jamais discuter directement du problème avec l’évêque concerné.
« Je crains que le pape n’ait jamais compris à quel point il était étonnant et incongru de conférer le chapeau de cardinal à ceux qui étaient en accord avec ses positions, et ensuite de les prendre pour uniques conseillers ! Ce faisant, il s’interdisait d’entendre des points de vue différents, qui auraient pu lui être utiles ainsi qu’à l’Église universelle.
« Et j’ai été déçu que le pape et son administration ne fondent pas leurs décisions sur une recherche approfondie. […] J’ai toujours eu l’impression qu’on donnait plus de poids à des missives réaffirmant les idées préconçues, plutôt qu’à des études sérieuses et valables. Je n’ai cessé de constater que ses décisions et celles de ses collaborateurs étaient prises de façon anecdotique, d’après des rumeurs, des lettres, des plaintes et des articles de presse – le tout, non vérifié.
« J’ai été déçu que le pape Jean-Paul II ne sache pas faire la part entre les dévotions privées et l’essence de la vie spirituelle de l’Église, qui est la Bible et les sacrements. Paul VI avait toujours pris garde de ne pas imposer à l’Église universelle sa dévotion intime et sa sensibilité personnelle : Jean-Paul II n’a pas eu ce scrupule.
« Ses nominations aux postes de responsabilité ont toujours constitué pour moi un mystère. Certains des promus étaient de toute évidence les meilleurs, mais d’autres étaient visiblement et pitoyablement incompétents. La motivation de son choix était claire : il exigeait une loyauté absolue à sa personne et à ses prises de position sur les sujets importants. Une des faiblesses les plus flagrantes de son pontificat fut le carriérisme qu’il engendra. Inutile d’être un génie comme Machiavel pour écrire un Manuel de l’Avancement sous ce pontificat : les qualités de leadership étaient secondaires, la loyauté seule comptait. Comme il déléguait de plus en plus de responsabilités à l’administration vaticane, il a créé une barrière de plus en plus infranchissable (et insupportable) entre lui et les évêques locaux.
« Je me suis toujours interrogé sur la solidité des fondements théologiques et philosophiques de ses écrits et allocutions. Il semblait s’appuyer sur les Écritures, mais utilisait la Bible comme une béquille pour ses longs discours, qui allaient bien au-delà du sens des textes. Je n’ai jamais compris quelles étaient les racines phénoménologiques de son enseignement – si toutefois phénoménologie il y avait.
« Ce qui m’a le plus surpris fut son intolérance face à des façons de voir opposées aux siennes, spécialement face aux théologiens : la vigueur avec laquelle il a réagi pour les supprimer l’un après l’autre, et le secret employé pour ces procédures d’élimination. […] J’avais espéré qu’ayant vécu sous les régimes nazi et communiste, il serait plus sensible à la justice, et à la nécessité de procès ouverts et transparents, même dans les domaines du discours théologique.
III. Un pape myope devant les signes des temps
« Contrairement à Jean XXIII, le pape Jean-Paul II n’a pas réussi à discerner les signes des temps. Pour Jean XXIII, l’un des signes de notre temps était l’aspiration de tous les peuples à pouvoir dire leur mot sur les décisions qui concernaient leurs existences. Jean-Paul II ne nourrissait que des craintes envers le processus démocratique, et c’est tardivement qu’il accepta (à reculons) que la démocratie puisse être la meilleure forme de gouvernement civil.
« Pour lui, la démocratie était faible, indécise, compromise par le désir de plaire à la majorité : elle n’avait pas sa place dans l’Église – même si son élection, à lui, avait été démocratique. Son modèle de papauté était celui de la monarchie éclairée, récompensant ses fidèles et réduisant au silence toute voix divergeant de l’unité – telle qu’il l’avait définie. Il n’a pas su lire les signes des temps, spécialement les ouvertures de Vatican II vers un gouvernement plus participatif à tous les niveaux de l’Église. Discerner l’action de l’Esprit dans l’Église en tant qu’ensemble ? Cela n’était pas inscrit sur son agenda.
« Dans la période troublée qui a suivi le Concile Vatican II, cet échec est sans doute la plus grave des occasions manquées ».
Est-ce que ce portrait ne ressemble pas à celui de tant d’hommes politiques rendus aveugles par le pouvoir, enfermés dans de leurs certitudes, incapables de discerner les signes de notre temps, esclaves de la Pensée Unique et manquant les occasions, pour nous conduire vers le précipice ?
M.B., 09 avril 2016
(1) A Pilgrim in a Pilgrim Church, www.eerdmans.com, pages 402 à 408. Sous-titres et surlignages sont de ma responsabilité.
(2) Dogme de l’infaillibilité pontificale, 1870.
(3) Promulgué en 1992.
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Quel gachis apres les espoirs et l’esperance suscitee par VATICAN 2!! Avec Jean Paul 2 puis Benoit 16, on est revenu 50 ou 100 ans en arriere dans bien des domaines, en particulier sur toutes les questions de societes ainsi que dans les grands debats et themes theologiques. A lire aussi : peut on encore sauver l’Eglise? De Hans Kung qui reprend ses questions et fait part de sa deception face aux prises de position du magistere romain. Et je me rappelle de l’interdiction d’enseigner qui a frappé Eugen Drewermann, ou encore la mutation pour Parthenia de mgr Jacques Gaillot, entre autres… comme vous dites, cher Michel, il est peut être finalement plus utile de sortir de l’Eglise et des églises pour témoigner de sa foi, sans la peur d’être baillonnė par le pouvoir ecclesiastique en place. Et dans tout ça, comment vivre et faire vivre le message évangėlique dans notre monde d’aujourd’hui? L’Eglise catholique a raté quelque chose de primordial et aura du mal à s’en remettre. Amitiės.
L’Église a raté le tournant du filioque (séparation d’avec l’Orient orthodoxe) puis de la Réforme luthérienne : imaginez une Église réformée, unie, régnant de Vladivostok à San Francisco, de Reyjkavik au Cap ! Puis le tournant de Vatican II, et aujourd’hui celui de la mondialisation.
Le « Jesus mouvement » (retour à Jésus avant l’Église) n’a pas pris. Qu’importe, continuons à labourer avec notre petit motoculteur.
M.B.
Votre rêve « d’une Église réformée, unie, régnant de Vladivostok à San Francisco, de Reyjkavik au Cap », reste un cauchemar pou d’autres à qui cela inspire autant de sympathie que le nouveau califat et pour les mêmes raisons.
Sauf que l’Église catholique, depuis longtemps, n’appelle plus au génocide des croisés au nom de Dieu, ne torture plus, n’exécute plus, ne terrorise plus. Et depuis 1965, reconnaît même officiellement la liberté religieuse et la valeur des autres religions.
M.B.
C’est vrai. Mais l’Eglise reste une institution humaine et l’expérience nous montre que, de tous temps, le pouvoir absolu corrompt absolument. Alors est-ce une chance que cette unité ait été manquée, ou une intervention du Mal conscient de la force qui aurait pu alors s’opposer à Lui ?
Comme on dit quand on ne sait pas – ou ne veut pas – répondre, « ah! c’est une bonne question ! »
M.B.
Simple laïc se retrouvant surpris loin de l’Eglise qui l’a nourri, comme bien d’autres, je pense, je suis heureux de retrouver dans cet ouvrage la confirmation d’intuitions et ressentis que j’étais bien incapable de justifier. Il me semble que Jean-Paul II est l’exemple type de l’ambivalence et l’interpénétration entre les pouvoirs spirituel et temporel dont on ne sortira guère avant la fin des temps (si tant est qu’elle arrive …) Sur le sujet, un livre intéressant: le pouvoir et la sainteté de Jean Ferniot. En ce sens le pape François m’apparaît courageux mais le problème est hélas d’une taille incommensurable. Je n’en attendrai donc pas des miracles, mais c’est un rayon de lumière inespéré dans notre monde secoué de violences.
Louis Belon
La question qui ne finira jamais, c’est celle d’une humanité soumise aux attaques du Mal. Plus on vise haut, plus on est fortement attaqué. Les meilleurs sont ceux qui souffrent le plus. Voyez ma réponse au commentaire précédent de « Nadab ».
M.B.
« L’homme n’est ni ange ni bête, et le malheur veut que qui veut faire l’ange fait la bête » (Pascal).
Cher Pascal ! Mais c’est aussi vrai de ceux qui, sans prétendre être des anges, veulent suivre un idéal exigeant.
M.B.
Je partage l’analyse de Mgr Weakland. Effectivement chez Jean-Paul II aucun renouveau de la recherche théologique et philosophique. Une opposition aux signes du temps, à s’ouvrir à la science moderne tout en donnant, le change.
Effectivement on peut ajouter aux aspects négatifs la position de Jean-Paul II sur la question de l’environnement. Dans mon domaine, celui de la, relation Eglise-écologie, j’ai pu noter (Le christianisme à l’ère écologique « Tu aimeras ta planète comme toi-même », L’Harmattan, 2013, p. 30)
« Il n’y aurait pour le pape d’autre autorité que lui-même : Jean-Paul II qui cite Jean-Paul II qui cite Jean-Paul II, etc. Pour parler théologiquement de l’environnement, il faut préalablement faire état des lieux, comprendre et respecter le fonctionnement de la nature, cerner les crises, analyser les scénarios. Jean-Paul II n’utilise pas les concepts propres à l’écologie. On peut penser que la méthode qu’il mettait en œuvre correspondait davantage à sa propre personnalité qu’à l’exigence de sa fonction. D’où le ton souvent moralisateur. »
(Autres critiques sur le thème de l’écologie pages : 42, 54, 76 voir index)
Rien à voir avec l’encyclique du pape François sur l’écologie (mai 2015), celui-ci s’engage subtilement et courageusement face à l’attitude traditionnellement anti-nature de l’institution-Eglise sur la question de l’environnement. Il lance un ballon d’essai…
Bonjour,
Mais enfin quoi ? Même un évêque (américain il est vrai…) peut mettre en doute l’infaillibilité du pape ?
C’est à mourir de rire ou de honte pour la « très sainte église catholique » (sic), dont l’un de ses plus fidèles représentants s’interrogeait tout récemment sur la question de savoir si la pédophilie est un péché ou non !…
Encore des exemples ? Mais nous les avons (et les avons eus…) tous les jours sous les yeux !…
Bref, il est urgent de sortir à tout jamais des églises pour retrouver la possibilité de penser librement.
Cher Michel Benoit vous en êtes un vivant exemple !
Amicalement,
H de D.
« Les Églises (catho, musulmane, etc.) mènent à Dieu à condition d’en sortir ».
M.B.
Bonne formule !
Bonsoir,
Jean-Paul II a eu un éphémère prédécesseur qui a donné lieu à bien des rumeurs. http://bouquinsblog.blog4ever.com/au-nom-de-dieu-on-a-tue-le-pape-david-yallop
Jean-Paul II a aussi ouvert en grand les vannes de la canonisation (avant lui tout était soigneusement vérifié et au moindre doute on renonçait…). C’est ainsi que le douteux fondateur de l’Opus Dei est arrivé sur les autels… voir http://bouquinsblog.blog4ever.com/l-opus-dei-enquete-sur-benedicte-et-patrice-des-mazery
Jean-Paul II a aussi un jour baisé le Coran, sans qu’aucun personnage représentatif de l’Islam ne baise l’Evangile.
Mais il a aussi lancé la première règle à appliquer face à une dynamique totalitaire : « N’ayez pas peur… ».
Eh oui, il était « bifrons », à double face comme chacun de nous. Mais nous ne sommes pas papes.
M.B.
ce qui manque ce sont des preuves et des exemples de ce qui est avancé ici
Vous trouverez preuves & justifications dans l’ouvrage de Mgr Weakland, dont je ne publie ici qu’un extrait.
M.B.
Mais savez-vous bien qui est monsieur Weakland et comment et pourquoi il a quitté son archevêché ? Vous êtes amusant, par restant d’esprit de corps, de goût pour l’uniforme et les flonflons du grégoriens, vous nous feriez oublier comment et pourquoi il a dû abandonner ses fonctions, votre cher camarade.
Oui. Une fois évêque il a eu une liaison homosexuelle avec un adulte qui l’a fait chanter. Affolé, il a d’abord payé avant de se dénoncer dans une confession publique, et il raconte dans son livre quelle immense solitude l’a conduit à cette chute. Témoignage bouleversant d’un homme qui n’était pas rentré dans une abbaye pour devenir un jour homosexuel. Voyez mon précédent article sur ‘L’Église et la pédophilie », et posez-vous comme moi la question : qui est responsable, quand des hommes sincères et droits chutent ainsi ? Puis relisez l’épisode de la femme adultère dans l’évangile de Jean. Il est facile de condamner et de jeter la pierre, quand on oublie qu’on est soi-même fragile et soumis aux attaques du Mal.
M.B.
Je ne reproche pas à votre ex-collègue d’être homosexuel ou de « l’être devenu », comme vous dites, mais d’avoir dépensé pour payer son maître-chanteur, des fonds qui ne pouvaient en aucune manière lui appartenir.
Au demeurant, je le crois aigri de n’avoir pas obtenu le bel uniforme rouge avec le grand chapeau à l’époque – ce que d’aucuns pensaient tout à fait probable.
Il était vivement conscient d’avoir dû dépenser l’argent du diocèse pour essayer de s’extraire d’un gouffre dont il ne voyait pas le fond. Il s’est agenouillé publiquement devant ses ouailles pour leur en demander pardon.
Aigri par une ambition frustrée ? Absolument pas. Il a été le premier surpris de son élection au poste de Primat de l’ordre bénédictin à 35 ans. Je l’ai souvent entendu dire qu’au terme de ce mandat, il serait heureux de pouvoir gagner sa pitance en tenant l’orgue à des mariages. Sa nomination d’évêque, il l’a apprise à Rome au cours d’un Congrès où j’étais traducteur : j’ai été témoin de sa stupéfaction et de son embarras. A Milwaukee, son engagement résolu aux côtés des plus petits lui barrait l’avancement dans la hiérarchie ecclésiastique. L’homme que j’ai connu n’était pas guidé par son ambition personnelle.
M.B.
Au passage, en lisant au plus près l’épisode de la femme adultère chez mon saint patron, je trouve que ce ne sont pas les gens qui renoncent à lapider (le texte ne dit nulle part qu’ils en avaient l’intention), c’est Jésus lui-même, au départ plus fondamentaliste (pas un iota ne passera…) que les pharisiens (faut-il connaitre ces derniers autrement que par l’Evangile). http://daruc.pagesperso-orange.fr/divers/qp.htm
Eh bien, il faudrait le relire de + près ! En replaçant cet épisode dans le déroulement de la jurisprudence juive de l’époque : qui décidait d’une lapidation, selon quelle procédure était-elle exécutée (acteurs, lieu).
Alors, Jn 8, 1-11 prendrait pour vous tout son sens.
M.B.
Il reste à trouver des cas d’application concrète (je n’en ai pas vu chez Josèphe) et expliquer pourquoi ces gens le consultent (ce n’est pas lui qui intervient) plutôt que de faire directement ce qu’ils estiment devoir faire, pourquoi ils y renoncent alors que sa réponse était plus dilatoire qu’autre chose, et surtout en quoi ils voulaient le piéger.