Dans mes derniers ouvrages (voir les sources dans L’évangile du 13e apôtre), j’affirme sans hésiter que Jésus était nazôréen : il me faut revenir sur cette affirmation.
On sait qu’il existait à son époque une secte juive de ce nom. Au 4e siècle après J.C., Épiphane écrit: « Ils s’appellent eux-mêmes nazaraïoi. Il y eût en effet une secte des nazaraïoi avant le Christ, et elle ne connut pas le Christ ». Pline l’Ancien (né en l’an 23) signale, en Syrie, une « province des Nazerini », nazerinorum. L’hébreu n’utilisait pas les voyelles : nazôréens, nazâréens, nazîréens, l’appellation hébraïque varie selon les versions grecques, mais le Nouveau Testament semble formel : Jésus aurait été perçu, de son vivant, comme membre d’un groupe portant ce nom.
Quelle que soit l’orthographe, cette secte est donc antérieure à Jésus. Épiphane avoue ne pas savoir à quel moment elle a pris naissance : il pense qu’il faut les distinguer des nazîréens de l’Ancien Testament, auxquels Jean-Baptiste lui-même aurait appartenu.
Est-ce en tant que disciple de Jean-Baptiste que Jésus aurait été nazîréen ? C’est-à-dire que ses parents auraient prononcé pour lui, à sa naissance, le vœu de nazirat ? Les nazîrs ne devaient ni couper leurs cheveux, ni boire de l’alcool – et l’on voit qu’à Cana, Jésus semble être le seul de la noce à être resté sobre. On sait aussi avec certitude que son frère Jacques était nazîr : si le cadet l’était, l’aîné devait l’être également.
Mais les nazîréens ne doivent pas être confondus avec les nazôréens, rappelle Épiphane. On revient au point de départ : Jésus était-il nazôréen ?
Il a été formé par des pharisiens provinciaux avant de devenir disciple de Jean-Baptiste. Puis il se sépare de son maître, adopte une attitude et un enseignement très différents de ceux du Baptiste, et s’éloigne des pharisiens ses premiers maîtres. Il se veut totalement indépendant, continuateur mais aussi rénovateur du judaïsme. Cette volonté d’indépendance, cette conscience d’apporter quelque chose de nouveau qui accomplit (et dépasse) la religion de son enfance, sont-ils compatibles avec son appartenance à l’une des sectes juives, par ailleurs mal connue ?
Un indice permet peut-être d’y voir plus clair. Les Actes des apôtres 24,5 – et ils sont les seuls – désignent Jésus comme « chef de file de la secte des nazôréens ». Désignation hautement improbable, quand on sait que Jésus a refusé d’être assimilé à l’une quelconque des sectes juives de son époque, Zélotes, Hérodiens ou Esséniens.
Voici donc ce qui a pu se passer.
Les Actes sont écrits vers l’an 80, quand fait rage la controverse (qu’ils décrivent) entre Juifs et ‘’grecs’’ convertis à la nouvelle religion. A Jérusalem, on est judéo-chrétien, c’est-à-dire qu’on veut rester Juif, tout en étant disciple du Christ. Comme le dira plus tard Jérôme, ils « veulent être à la fois Juifs et chrétiens, mais ils ne sont ni Juifs, ni chrétiens ».
Ces judéo-chrétiens, il les identifie sans hésitation : il les appelle nazôréens, et c’est en Syrie que Jérôme les a fréquentés.
D’où mon hypothèse, qui me paraît mieux correspondre à ce que nous savons de Jésus, de la formation du Nouveau Testament et des tensions qui traversèrent l’Église chrétienne jusqu’au 5e siècle.
Jésus, de son vivant, n’aurait été membre d’aucune des sectes juives répandues en Palestine : il trace une voie nouvelle, c’est un pionnier, un solitaire.
Après sa mort, les premiers convertis se déchirent : faut-il d’abord être Juif, pour pouvoir devenir chrétien ? Se faire circoncire, pour pouvoir être baptisé ?
A Jérusalem, les judéo-chrétiens répondent « oui », et se heurtent violemment à Paul de Tarse qui ne veut pas entendre parler de judaïsation comme préalable au baptême.
Certains de ces judéo-chrétiens sont les nazôréens. Comment se rattachent-ils à la secte juive antérieure du même nom, et que signifierait ce rattachement ? La question reste sans réponse.
Mais c’est après-coup, quand on écrit la version finale du Nouveau Testament (entre l’an 70 et 90), qu’on fait de Jésus le « chef de file de la secte des nazôréens » : victoire des judéo-chrétiens sur leurs opposants ‘’grecs’’, et victoire ambigüe puisque la version grecques des évangiles trébuche partout sur le nom exact de la secte.
Nazôréens, nazîréens, nazaréniens ? C’est chez Matthieu qu’on trouve cette dernière orthographe, car il se croit obligé de faire de Jésus un habitant de Nazareth – pour éviter d’en faire un nazôréen, comme les autres
Auteur du noyau initial de l’évangile selon s. Jean (cliquez), le Disciple que Jésus aimait est le seul qui ajoute sur l’écriteau de la croix la mention « Jésus le nazôréen » – mention totalement improbable, les autorités romaines ne s’intéressaient pas à l’appartenance d’un condamné à une secte juive, dont ils devaient d’ailleurs tout ignorer. L’écriteau de la croix portait seulement, comme c’était la jurisprudence, le motif de la condamnation : « Jésus, [qui s’est fait] le roi des Juifs ».
Son insistance à qualifier Jésus de nazôréen m’a permis de suggérer que ce disciple aimé de Jésus était, lui, judéo-chrétien sous cette appellation. La communauté qu’il a regroupée autour de lui, et qui nous transmettra son témoignage dans l’évangile dit Selon s. Jean (cliquez), serait la communauté des nazôréens à laquelle font allusion les Actes des apôtres. Ce sont peut-être les « faux-frères » dont Paul parle, avec rage, dans son Épître aux Galates.
Ces nazôréens, Jérôme les rencontre en Syrie à la fin du 4e siècle.
Et on les retrouve dans le Coran, sous la transcription arabe nasâra. Dans mon étude à paraître, je mets en lumière le rôle considérable qu’ils ont joué dans la naissance du Coran.
Pardon à mes lecteurs : il est vraisemblable que Jésus n’était pas nazôréen. Après la mort de Jean-Baptiste, il devient enfin lui-même dans son comportement comme dans son enseignement. Lui-même, c’est-à-dire totalement original. Il ne se rattache ni aux nazôréens, ni aux pharisiens, ni aux esséniens : il se rattache exclusivement à Celui qu’il appelle Abba, et qu’il a découvert au désert (cliquez).
Abba, ce n’est pas un nouveau nom de Dieu, une autre définition de l’Invisible (cliquez). Par ce mot, Jésus indique seulement quelle était la nature de sa relation avec le Dieu de Moïse.
Une relation totalement inédite dans le judaïsme, celle d’un enfant qui s’abandonne avec une totale confiance dans les bras de son papa – ou de sa maman (cliquez).
Les chrétiens ne sont donc pas les héritiers spirituels des nazôréens, à travers Jésus qui en aurait fait partie. En revanche, le Coran est imprégné de ce qu’était devenue l’idéologie messianiste de ces judéo-chrétiens, au 7e siècle et en Syrie.
Mais ceci est une autre histoire, de violence et de sang.
Bonjour,
En Actes 24:5, ce n’est pas le Seigneur Yeshoua qui est le chef de la secte des Nazôréens, mais l’apôtre Paul !
Bien cordialement
en effet. Au début de mes recherches, j’ai d’abord cru que Jésus faisait partie des Nazôréens, secte juive dont on sait très peu de choses. Puis cette explication m’a paru ne pas coller avec ce qu’on sait de Jésus, qui s’est toujours nettement démarqué des sectes juives de l’époque. Mon hypothèse actuelle (?) est que ce titre lui a été attribué a posteriori par les auteurs du N.T.
Difficile de conclure quand on a peu de sources !
Merci, M.B.
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Je lis des mots vilains qui n’ont pas leur place ici et qui disqualifient leurs auteurs.
Si on a des arguments à opposer à ceux de l’auteur, on les donne, et de manière courtoise.
Concernant les nazôréens, j’y vois moins la trace d’une « secte » qu’une appellation concernant un mouvement de résistance messianique à Rome, depuis l’arrivée de Pompée en -63.
A l’évidence, parmi les très rares choses que nous savons à propos de Jésus figurent celles-ci :
– il était originaire de Galilée : on voit clairement dans les évangiles que cela a posé un problème
– il a été condamné à mort par les Romains pour des faits qui ont tout à voir avec la subversion.
Je pense (avec Reza Aslan) que les nazôréens désignaient plutôt un mouvement de résistance galiléen proche des zélotes. Cette hypothèse explique la plupart des anomalies qui pullulent dans les évangiles.
1- Répondre par la courtoisie aux « mots vilains » est une jouissance dont je me délecte.
2- J’ai trouvé 1 seul texte juif qui parle des nazôréens comme d’une tendance du judaïsme, vers le 2e siècle avant J.C. Non pas des terroristes mais des héritiers du mouvement « Nazîr », comme les Pharisiens. Les autres textes viennent d’auteurs chrétiens du 3e ou 4e siècle après J.C.
3- Jésus refuse à plusieurs reprises d’être assimilés aux « lestai » = Zélotes
4- Sur son arrestation & condamnation, voyez « Jésus, mémoires d’un Juif ordinaire » : j’y propose une hypothèse qui tient la route.
Merci, M.B.
À l’évidence, le personnage qui a inspiré celui de Jésus était bien un nazôréen. Et cela se voit clairement dans les textes : partout où nous lisons « Jésus de Nazareth » figure un autre mot dans les plus anciens témoins.
Ex : papyrus Bodmer II p66, évangile selon Jean : sur le titulus est écrit Jésus le Nazôréen.
Le TO, texte occidental dont le meilleur témoin est le codex de Bèze est certainement la version la plus primitive que nous connaissons. Dans presque toutes les occurrences, il est question de nazôréen, nazaréen, etc. Comme l’hébreu ne connaît pas les voyelles, les scribes hésitent : en 4ème lettre du mot, on trouve un alpha, un omicron ou un oméga. En fait, ils ne savent pas.
La meilleure illustration provient de Mt 2,23 : de retour d’Égypte, Joseph va s’établir « dans une ville dite Nazareth afin que fût accompli ce qui fut dit par les prophètes qu’on l’appellera Nazôréen » (version BJ).
Concrètement, le rédacteur de Matthieu a sous les yeux une source qui dit nazôréen, et il ne comprend pas la signification de ce mot. Il en fait une localité, de bonne foi ou pas.
La conclusion est limpide : Jésus « de Nazareth » est une invention car la mention Nazareth est tardive. Et les bibles actuelles (Ségond par exemple) qui répètent cette fable sont mensongères.
Nous sommes dans un « angle mort » de l’Histoire. Il semble qu’il y ait eu une secte des nazôréens dans le judaïsme post-exilique, mais on n’en a qu’une attestation, tardive. Et l’on constate que Jésus n’a jamais revendiqué son appartenance à l’une ou l’autre des 5 sectes ou mouvements juifs de son époque. –> on a des hypothèses, rien de +
M.B.
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Ainsi donc les moines tibétains peuvent être taxés de suppôts d’Hollywood…
Comme quoi toute ouverture d’esprit a ses limites….
Vous montrez un état d’esprit sain puis vous réagissez comme un faquin, un malpropre, vous employez des mots blessants, foutaise dites-vous, vous ne valez guère mieux que les curés qui excommuniaient, tiens !
Je ne vous salue pas, môssieur.
Verba volant
M.B.
Qui a eu le cerveau lavé ne peut retrouver son autonomie de pensée.
Oui, c’est vrai, les mots s’envolent. Et si les con volaient aussi ? Vous seriez chef d’escadrille, mon pauvre garçon.
De toute façon, si les cons volaient il ferait nuit, comme règne la nuit dans votre esprit. .
Arrêtons là cet échange plein de nuances et de bienveillance. J’ai bien compris le fond de votre pensée, et l’estime dans laquelle vous me tenez. Plus, ce serait trop.
M.B.
Jésus n’est pas venu « réformer » le judaïsme. Il n’est pas venu fonder une religion. Cela ce fut la tâche de Paul de Tarse. Vous parlez de la vie de Jésus comme si vous la connaissiez dans sa continuité alors que vous ne savez à peu près rien de son enfance, en fait très peu de choses jusqu’à ses vingt-neuf à trente ans, si l’on considère sa naissance en l’an zéro tel que nous l’avons conservé depuis l’évaluation erronée par un moine du 4 ème siècle. On sait à présent qu’il est né six ou sept ans auparavant… En fait, on n’a aucune trace de son existence en Galilée ou à Jérusalem entre ses douze ans et ses… disons vingt-neuf ou trente ans, de qui est un long manque quand on veut parler de lui. Or il laisse une trace attestée importante au moins au Cachemire et au Ladak, chez les brahmanes et les bouddhistes, et même en Afghanistan où demeure une secte intitulée les « suiveurs de Issa ».
Il est revenu au pays apporter l’unicité aux dualistes juifs. Sa notion du « Père », du lien avec le Père, c’est l’évocation de la part divine en chacun de nous, de notre Lumière intérieure que nous devons contacter pour nous rapprocher de notre âme. Il était porteur de la Gnose, de l’enseignement de l’école des Mystères égyptienne, l’Oeil d’Horus, de la synthèse enfin du brahmanisme, forme primitive de l’Hindouisme actuel, du bouddhisme, toutes philosophies issues de la Loi du Un atlante. Bref, Jésus invitait à suivre une philosophie religieuse qui n’avait aucun besoin d’église puisque le travail à faire sur soi-même était entièrement personnel, prise de conscience de soi, recherche du lien avec la Lumière intérieure, la part divine de chacun, l’âme, la Source, enfin réalisation de soi en allant vers le Soi pour se joindre au Grand Tout, la cause du Grand Tout, l’Esprit Créateur de toutes choses, de l’Univers.
Quand vous dites qu’entre 70 et 90 le nouveau testament était écrit, il y eut 34 évangiles écrits dont ne furent conservés que les quatre actuels par le concile de Nicée organisé par qui, le Pape ? Non, par l’empereur romain Constantin qui avait autorité sur les évêques réunis, et qui fit remodeler lesdits quatre évangiles retenus et considérés comme faisant seuls partie du canon au concile de Laodicée en 363 afin de les faire coller à son besoin d’un outil de pouvoir pour réunifier son empire chancelant. La cohésion par le maintien de la « loi » allait à partir de là être effectué par les prêtres et non plus par le seul glaive !
Il est à noter que l’évangile de Thomas retrouvé parmi les documents de Nag Hamadi découverts en 1945 est antérieur à tous les autres évagiles puisque cité (au moins un logion) par Paul de Tarse en 53. Il est gnostique et évoque le Père comme la part divine à découvrir en nous-mêmes.
La religion catholique actuelle découle également de l’intervention de l’empereur byzantin Justinien 1er qui, contre la volonté du pape d’alors, un certain Vigile, réunit le 5 mai 553 un nouveau concile lors duquel, comme Constantin, il imposa ses vues aux évêques qui lui étaient soumis. En résulta l’anathème contre qui continuerait à croire en la résurrection appelée « la préexistence des âmes » et l’autoréalisation, la prise de conscience de don Dieu intérieur, appelée « apocatastase » par les Pères de l’église, toutes deux découlant de l’enseignement de Jésus, attestant donc du caractère spirituel gnostique, égyptien par l’éécole des Mystères, et oriental par le bouddhsme et le brahmanisme.
Ce qu’est devenue l’église n’a alors plus grand chose à voir avec l’enseignement de Jésus/Yeshoua, enseignement qui n’avait rien à voir avec celui des Hébreux, l’ancien testament. C’est encore Paul de tarse qui voulut relier l’action de Jésus aux paroles des prophètes juifs, bien maladroitement d’ailleurs. Les généalogies opur rattacher Jésus à la maison de David sont d’ailleurs non concordantes dans les deux évangiles canoniques dans lesquels elle est citée.
Ouh la là ! Si vous aviez lu « Dieu malgré lui », « Jésus, mémoires d’un Juif ordinaire » et « Aux sources de l’évangile selon saint Jean », ouvrages où je fais la synthèse de 100 ans de recherche exégétique & historique sur Jésus, vous abandonneriez pas mal de ce qui précéde. Par exemple :
1- « Jésus avant 30 ans serait allé en Inde », etc. : un Jésus d’Hollywood peut-être. Celui des évangiles, c’est pure invention.
2- « Jésus apporte l’unicité aux dualistes juifs ». Le judaïsme orthodoxe (celui dans lequel vivait Jésus) n’a jamais été dualiste !
3- « Jésus porteur de la gnose égyptienne » : foutaise. Il faut n’avoir pas ouvert un évangile pour penser cela
Etc, etc… Je vous conseille de mieux vous informer.
Bon courage, M.B.
Vous affirmez sans étayer, sans même vous interroger. Excusez-moi, je vous avais cru moins… con.
Je suis, en effet, très con. Mais je ne souffre pas de la solitude en ce domaine.
J’affirme sans étayer, dans la fenêtre d’un blog, ce que j’ai étayé dans 6 ou 7 ouvrages « scientifiques » qui m’ont pris 40 ans de travail. Dois-je recopier ici ces centaines de pages ? Allez les lire…
M.B., con à votre service
Je parlais de dualisme par opposition au monisme.
Pensez-vous que les moines tibétains aient un quelconque rapport avec Hollywood ?
Quand à la gnose, réfutez-vous que les documents découverts à Nag Hamadi, dont l’évanglie de Thomas, sont gnostiques ?
1- Dualisme, monisme : notions d’origine hellénistique qui n’ont rien à voir avec les synoptiques.
2- Les moines tibétains, non. Mais la fable selon laquelle Jésus aurait séjourné en Inde ou au Pakistan, et en aurait ramené des enseignements crypto-bouddhistes, oui.
3- Bien sûr, Nag Hamadi est une bibliothèque gnostique. Mais ce qui s’y trouve écrit n’a rien à voir avec le Jésus des évangiles, en tout cas pas les synoptiques (pour le 4° évangile, on peut en discuter, voyez mon essai sur le sujet cité 1ere réponse).
Bonne route ! M.B.
Merci de me souhaiter bonne route, vous qui vous êtes arrêté en si bon chemin. L’église catholique a beau vous avoir éjecté, elle a laissé en vous des traces indélébiles, vous êtes braqué. Pourtant je lirai sans doute vos bouquins. J’ai beaucoup apprécié votre article intitulé « Jésus à la lumière de la recherche contemporaine (Jésus et le bouddha) ».
Vous avez recherché tout une partie de votre vie à élucider qui est l’homme Jésus et le Jésus du premier évangile passé à l’écrit, celui de Thomas, ne vous intéresse pas parce qu’il ne correspond pas aux évangiles synoptiques ! On tourne en rond, non ? Les évangiles synoptiques font partie de la machine de pouvoir mise au point par des empereurs romains pour tenir les peuples sous leur joug par le biais de l’église complice, et vous le savez fort bien.
Cela fait pour ma part cinquante-quatre ans que je me passionne sur le sujet . A 14 ans je remettais déjà en cause l’enseignement qui m’était dispensé au catéchisme par des prêtres, après des moines dominicains. Je sentais par intuition que des tas de choses ne collaient pas dans cette religion, que bien des mystères cachaient des mensonges, des détournements de sens. Sans doute ai-je été aidé en cela par le fait que je suis né d’un père très protestant et d’une mère très catholique. Cela m’a fait prendre beaucoup de recul par rapport aux dogme encore plus tôt, dès mes huit ou neuf ans.
Quand je dis que je me suis passionné, ce n’est pas un vain mot, si cette passion-ci fut plutôt calme (si, j’insiste…) Je suis autiste Asperger, et quand quelqu’un comme moi se passionne pour un sujet, il lui faut avoir accès à tout ce qui peut se trouver qui l’aborde et possiblement l’éclaire.
Je vous souhaite bonne fin d’ouverture, il y a encore du travail. Mais n’est-ce pas ce qui nous fait vivre, avec l’espoir ?
En effet.
L’évangile de Thomas a été mis par écrit au début du 2e siècle, à une époque où le gnosticisme commençait à infester les traditions pré-évangéliques autour du bassin méditerranéen. Il n’apporte rien aux synoptiques, si ce n’est du relief.
Les synoptiques sont mis par écrit un peu avant 70 pour Marc, autour de 80 pour Lc et Mt. Les empereurs romains n’ont rien eu à voir avec leur écriture. Ni même dans le choix de 4 parmi les nombreux évangiles ou Actes des apôtres écrits entre le début du 2e siècle et le 4°. L’action de 2 empereurs, Constantin et Théodose, s’est faite sentir dans la définition du dogme de l’Incarnation (Nicée et Éphèse), pas dans le choix des évangiles.
La route a été longue : continuons
M.B.
J’oubliais : j’ai rejeté la religion, toute religion, mais Jésus a toujours éclairé mon chemin. J’ai pris depuis longtemps l’habitude de dire qu’il est mon guru. C’est plus aujourd’hui le cas que jamais, car depuis quelques temps, récemment, j’ai beaucoup appris, notamment par les logia de l’évangile de Thomas et ses divers commentaires, et par vous aujourd’hui même avec votre article-enquête sur sa personnalité humaine. Merci, donc.
L’évangile de Thomas est « contaminé » (du moins certains logia) par une forme de gnosticisme. Allez à Marc, Luc & Matthieu, c’est plus sûr. Et pour (ré)apprendre à les lire, les bouquins d’un certain Michel Benoît (parmi d’autres) sont utiles.
Bonne route
M.B.
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