AIMER ( Les  »neiges d’antan » I )

                                            (Prononcé en 1981 dans une paroisse de la banlieue parisienne,                                                        devant une assemblée de parents & leurs adolescents)

Nous venons dans cette église pour ‘’Dieu’’, comme si ça allait de soi. Mais selon l’âge que nous avons, nous ne mettons certainement pas la même chose dans ce mot-là.

Nous autres, les adultes, nous cherchons plutôt comment rencontrer celui qu’on appelle ‘’Dieu’’. Et ça concrètement, au quotidien.

Les jeunes, je crois qu’ils n’en sont pas là. La plupart du temps ils se demandent d’abord : « Est-ce que c’est vrai, que Dieu existe ? » Et puis : « Ce Dieu, qui est-il ? »

À votre première question mes amis, je suis désolé, il n’y a pas de réponse. On ne prouve  pas ‘’Dieu’’, on ne peut pas faire la preuve que ‘’Dieu’’ existe, comme on fait la preuve d’un problème de maths.

D’ailleurs, c’est vrai aussi d’un tas d’autres choses. Par exemple, comment peut-on prouver que l’amour existe, et que ça vaut la peine d’aimer ? La seule façon de convaincre quelqu’un, c’est de lui montrer des gens qui s’aiment. Quand on a vu des gens qui sont transformés parce qu’ils aiment quelqu’un, et à quel point ça peut changer leur vie, éclairer leur regard et agrandir leur joie, alors on a envie de devenir amoureux.

Avec ‘’Dieu’’, je crois que c’est un peu pareil. Si tu veux une preuve que ‘’Dieu’’ existe, cherche des gens qui l’ont rencontré, et qui essayent d’en vivre. Tu verras qu’ils restent tous pleins de défauts, pas forcément toujours meilleurs que les autres… Mais si tu regardes bien, tu apercevras sûrement un jour ou l’autre quelque chose en eux, quelque chose de leur vie, qui n’existe que parce que ‘’Dieu’’ existe.

La première preuve de ‘’Dieu’’, pour un jeune, c’est presque toujours d’avoir rencontré un témoin. Des gens simples et ordinaires qui ont fait eux-mêmes cette rencontre. Souvent ils ne savent pas en parler, ni dire ce qui se passe en eux, ni comment c’est venu un jour. Et c’est sans le savoir qu’ils sont un témoignage que ‘’Dieu’’ existe.

À la deuxième question, « Qui est Dieu ? », il y a depuis des siècles des gens qui ont une réponse. Ce furent d’abord des Juifs, puis des chrétiens, et un tas d’hommes et de femmes répandus sur la planète qui n’ont jamais lu la Bible. Ils disent que ‘’Dieu’’ a un nom propre, un nom comme chacun de nous, par lequel on peut l’appeler. Et le nom propre de ‘’Dieu’’, c’est « celui-qui-aime ».

Qui est ‘’Dieu’’ ? C’est quelqu’un qui aime. Quand on sait ça, on sait l’essentiel. Toute la Bible est une espèce d’immense bouquet de fleurs autour de cette fleur unique, le nom propre de ‘’Dieu’’, « celui-qui-aime ».

Qui aime toujours, sans perdre patience, sans abandonner, avec fidélité.

C’est justement parce que ‘’Dieu’’ nous aime le premier, et à la folie, c’est pour ça qu’il pose à ceux qui le cherchent la même question que Jésus posait à Pierre. Une question d’amoureux timide : « Et toi, m’aimes-tu ? M’aimes-tu vraiment ? »

Pense-donc ! Le très-puissant créateur des univers, des soleils et des étoiles, se fait tout-petit pour te demander : « Et toi, est-ce que tu m’aimes aussi ? »

Et puis ‘’Dieu’’ se tait. Et il guette notre réponse.

Comme nous le disait l’autre jour un troisième, « les croyants n’aiment pas comme les non-croyants ». C’est vrai, pour nous autres le mot aimer se conjugue avec d’autres mots, sans lesquels il n’aurait pas de sens : aimer se conjugue avec patience et discrétion, avec attention aux autres et respect des autres. Avec le pardon, qui supporte que l’autre se trompe et cherche lentement sa voie. Aimer… avec joie et sourire, même quand il pleut dans le cœur. Et aussi peut-être avec violence, car il faut parfois se faire violence pour aimer vraiment.

On pourrait continuer longtemps cette liste, car il y a autant de façons d’aimer que de personnes. Pensez à ce que ça serait, si nous tous qui sommes ici, nous mettions ensemble toutes nos différentes façons d’aimer !

C’est pour ça que nous nous réunissons, que nous faisons des choses ensemble. C’est pour ça que les quatrièmes/troisièmes vont partir en camp bientôt. Dans votre sac à dos, n’oubliez pas de glisser trois choses :

  • La première preuve que ‘’Dieu’’ existe, ce sont des témoins qui l’ont rencontré, et vous êtes tous un peu témoins les uns pour les autres.
  • ‘’Dieu’’ a un nom propre, il s’appelle « celui-qui-aime»
  • Aimer, ça s’apprend concrètement au cours de toute une vie. Et tous ceux qui ont essayé disent que ça vaut le coup.

Alors bonne route, et bon camp !

(Pour le contexte de cet article, voyez Aux lecteurs)
                                                                       M.B., 22 oct. 2022

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