Y A-T-IL DES SIGNES DE L’AU-DELȦ ? (II)

En 1975 le Dr. Raymond Moody publia une enquête sur La survie de la conscience après la mort du corps. Il décrivit un ensemble de phénomènes ressentis par des personnes ranimées après constatation de leur mort clinique et les appela NDE, « Near Death Experience » – en France EMI, « Expérience de Mort Imminente ».

Haraldsoon et Osis décidèrent d’élargir son étude pour lui donner une base plus scientifique. Ils lancèrent une gigantesque enquête, menée conjointement aux USA et en Inde sur des milliers de cas d’EMI. Leurs conclusions confirmaient les travaux de Moody, j’en ai rendu compte dans ce blog.

Des chercheurs de tous pays, venus de disciplines différentes, se lancèrent alors sur le sujet. Des dizaines d’ouvrages, d’articles, de monographies furent publiés, confirmant la réalité des EMI. On parla alors plutôt d’EMP, « Expériences de Mort Provisoire », car les propriétaires d’un cœur arrêté et d’un électroencéphalogramme plat n’étaient pas en état de ‘’mort imminente’’ : ils étaient morts, et souvent depuis plusieurs minutes quand des réanimateurs les ont repêchés.

En Occident, où les techniques de réanimation sont avancées, on fit des statistiques : en 1999, au moins 60 millions de personnes sont revenues de la mort. Environ 20% de ces personnes, psychiquement saines, de cultures et religions différentes, disent avoir vécu une EMP – avoir « vu et/ou entendu des choses » pendant leur mort provisoire. Bien que la médecine officielle rejette cette découverte, on ne peut plus nier aujourd’hui qu’il existe une conscience après l’arrêt cardiaque.

Une conscience indépendante de l’activité neuronale.

La fin d’un tabou

Pourtant en 2007, d’après un sondage CSA-Le Monde des Religions, 55% des Français et 26% des catholiques affirmaient qu’il n’y a rien après la mort. C’est que pendant des siècles, un tabou a entouré l’existence d’une vie dans l’au-delà : c’était le domaine des religions, donc de l’obscurantisme. Au nom de la raison raisonnable, une majorité des français rejetait absolument l’idée d’un au-delà. L’admettre, c’était charlatanisme ou dérèglement mental.

Au-delà de la conscience neuronale

C’est que les expériences d’EMP, dont on parlait de plus en plus, ne sont pas de type rationnel. Ceux qui les ont vécues n’ont pas été touchés dans leur cortex cérébral, qui était ‘’débranché’’. Le contact a eu lieu dans une partie de nous-mêmes que la psychologie moderne découvre peu à peu mais que la Bible connaît depuis longtemps, et qu’elle appelle le « cœur ».

Pour cette très ancienne tradition, le cœur est le sujet d’une activité sans élaboration intellectuelle. Elle informe notre sensibilité, notre volonté, notre conscience morale dans sa dimension spirituelle. Le ‘’cœur’’ est le siège des émotions, joie et tristesse, et des passions, amour, colère et désespoir.

C’est le cœur et non la raison qui est touché et mis en mouvement par les EMP. Ceux qui les reçoivent les vivent comme des évidences, impossibles à démontrer parce que non-cérébrales. Ce n’est pas dans leur cerveau qu’ils ont expérimenté que la vie continue après la mort, qu’ils ne disparaîtront pas mais vivront autrement. Il n’y a ni élaboration intellectuelle ni analyse rationnelle. C’est pourquoi ils éprouvent une grande difficulté à communiquer, surtout avec ceux qui sont fermement enracinés dans leur scepticisme.

Et chez eux, toute crainte de la mort disparaît.

Les contacts avant la mort

Au début des années 2000 s’ouvrit un nouveau domaine de recherche. Des malades encore vivants disaient avoir ‘’rencontré’’ un de leurs proches défunt, ou (plus rarement) un personnage de leur religion. Cette fois-ci ce n’était plus à l’occasion d’une ‘’mort provisoire’’ que le phénomène se produisait, mais dans les instants ou les quelques heures précédant la mort : ils ‘’voyaient’’ ou ‘’entendaient’’ quelque chose. Ils avaient encore assez de lucidité et de force pour le dire, puis ils mouraient.

Quand on s’aperçut que ces ‘’contacts avec les morts et l’au-delà’’ touchaient également des personnes qui n’étaient pas sur le point de mourir mais avaient perdu un être cher dans des circonstances douloureuses, les chercheurs se mirent au travail. Et découvrirent que ce phénomène était beaucoup plus fréquent qu’on ne croyait. Ils l’appelèrent « Vécu Subjectif de Contact avec un Défunt » (VSCD).

Un deuxième tabou venait de tomber.

Voir, entendre et percevoir

Ces ‘’visionnaires’’ n’étaient ni en phase terminale ni en état de transe. Ce n’était pas un rêve, ils voyaient avec leurs yeux ouverts. Le plus souvent la ‘’vision’’ était fugitive, ne durait qu’un instant. Ainsi ma sœur, équilibrée et parfaitement incroyante, aperçut brièvement, sur le rideau de sa chambre, la silhouette de notre mère au soir de sa mort,

Des exemples comme celui-là sont innombrables, mais les témoins n’en parlent jamais. Quand elle me raconta sa ‘’vision’’, ma sœur ajouta : « Tu es bien le seul à qui je puisse le dire ». Et depuis ce jour, elle sait – sans pouvoir se l’expliquer – qu’il y a une forme de vie après la mort.

Plus fréquentes sont les ‘’perceptions’’ de la présence d’une personne défunte. De manière inexplicable, quand un être aimé vient de mourir, on ‘’sent’’ sa présence près de soi ou autour de soi. Qu’est-ce qui nous donne la certitude que c’est bien elle ou lui qui est là ? Le fait que cette évidence s’impose hors de tout questionnement, de toute réflexion.

J’ai remarqué que souvent ces ‘’visions’’ ou ces ‘’perceptions’’ étaient reçues peu de temps après la mort des défunts. Cela m’a rappelé l’expérience des tibétains, pour qui une période de transition d’environ trois jours précède le moment où un mort quitte définitivement ce monde pour entrer dans un autre. Au Tibet, c’est pendant cet intervalle que nombre de visions ou communications avec un mort se produisent.

Et j’ai pensé aux évangiles, qui racontent plusieurs apparitions de Jésus à ses disciples dans les trois jours qui suivirent sa mort. Ces apparitions étaient ordinaires, comme si Jésus avait voulu reprendre et prolonger avec eux le cours de leur vie familière interrompue par la crucifixion. D’autres apparitions suivirent, depuis Paul jusqu’aux mystiques contemporains : elles ont toujours eu lieu dans des circonstances et avec des résultats extra-ordinaires.

Il y a aussi les paroles de défunts ‘’entendues’’ par leurs proches. Ce même soir de la mort de ma mère, je l’ai distinctement entendue m’appeler deux fois depuis la chambre où elle avait vécu son agonie. Je n’étais ni ivre, ni drogué, ni dans un demi-sommeil. J’ai entendu avec mes oreilles.

Il y a enfin les ‘’paroles intérieures’’ : des messages directement ‘’entendus’’ sans passer par les oreilles, sans qu’on y soit pour quelque chose. Une perception nette, parfaitement identifiable, avec parfois la reconnaissance  de la voix du défunt.

 Un changement radical

L’un des signes de l’authenticité de ces perceptions indépendantes de l’activité neuronale, c’est que ceux qui les reçoivent en ressortent transformés. Dans le cas des EMP c’est l’accès à une vie spirituelle intense, absente ou ignorée jusque-là. Accompagnée, je l’ai dit, d’une grande paix intérieure et de la fin de toute peur de la mort.

Les personnes vivantes ayant un contact avec leur défunt ressentent une joie intense, bien sûr, mais aussi l’effacement de la culpabilité qui suit souvent la perte d’un être aimé.

La réconciliation avec soi

« Entendre la parole de mon fils, suicidé à l’âge de 22 ans, m’a fait reprendre pied dans la vie », avoue Lytta Basset (1). Elle a réussi à se pardonner le mal qui (pensait-elle) avait provoqué ce suicide. Réconciliée avec elle-même, elle a pris une assurance qui lui a permis de témoigner : « Après un contact avec l’au-delà, on évolue spirituellement pour atteindre des niveaux de conscience de plus en plus élevés… même le pire criminel… est encouragé et aidé à s’élever en acceptant sa responsabilité ».

Ne plus avoir honte

Depuis quelques siècles, bien que ne représentant qu’une partie de la population mondiale, l’Occident a développé et diffusé une rationalité allergique à  tout ce qui ne peut pas être prouvé par une argumentation de type a + b. Or la perception de l’au-delà n’a jamais été une affaire d’arguments, mais de témoignages. Et d’intuition scientifique : depuis 50 ans quantité de chercheurs de haut niveau, physiciens, astrophysiciens (2), médecins, membres du personnel soignant, disposent d’assez d’observations pour établir l’existence de l’au-delà. Mais pour un sceptique, fermé à toute spiritualité, aucune de ces preuves n’est suffisante.

C’est cette condition – une ouverture à la spiritualité, laïque ou religieuse –  qui préexiste chez les personnes ayant reçu des contacts avec l’au-delà, sous l’une ou l’autre forme. Personne ne peut provoquer ces contacts, qui n’ont rien à voir avec une hallucination sous l’effet de la drogue. Mais si vous y êtes attentifs, en vous ou autour de vous ils se produiront peut-être. Alors, n’ayez pas honte de le dire, et devenez témoin à votre tour.

                                                               M.B., 20 août 2023
(1) Lytta Basset, pasteure protestante, a été en communication avec son fils pendant plusieurs années après son suicide. Elle raconte cette expérience dans Cet au-delà qui nous fait signe, Albin Michel, 2022. Je me suis inspiré ici de ce livre. On y trouvera un début de bibliographie.
(2) Voyez dans ce blog (mot-clé Bolloré) la série d’articles publiés après le livre de M.Y. Bolloré et O. Bonnassies, Dieu, la science, les preuves, Trédaniel, 2021. Bien que sa seconde partie soit très orientée par un catholicisme traditionnaliste, la première partie (scientifique) est excellente.

7 réflexions au sujet de « Y A-T-IL DES SIGNES DE L’AU-DELȦ ? (II) »

    1. Michelbenoît-mibe Auteur de l’article

      Puis-je me permettre ? Un délire est un délire, c’est hallucinatoire, déconnecté du réel qu’il enjolive ou déforme. Une expérience mystique met en relation avec un aspect de l’Invisible, qui est « plus que réel ».
      Comme Omo lave plus blanc que blanc.
      M.B.

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      1. Jean Roche

        J’ai connu, il y a longtemps, une interne en hôpital psychiatrique qui s’angoissait à l’idée que les patients qu’elle avait en charge pour délire mystique pourraient être d’authentiques mystiques.

        Je me souviens aussi (peut-être que je l’ai déjà cité sur ce blog) d’un dessin qui se voulait didactique, par quelqu’un qui connaissait la question. On y voyait deux hommes, le premier sanglé dans une camisole de force, furibond, et le deuxième suspendu tout nu par les pieds, visage épanoui. Avec ce dialogue : « Pourquoi vous-appelle-t-il mystique, et moi psychotique ? – Un mystique sait à qui ne pas parler« .

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        1. Michelbenoît-mibe Auteur de l’article

          Modestement, j’ai appris à connaître quelques grands mystiques – des vrais ! La philocalie (condensé des Pères d’Orient), François d’A., Thérèse d’A. et l’autre de Lisieux, etc. Ce qu’ils ont vécu n’a RIEN à voir avec le délire ! Votre interne aurait dû lire Th. d’A., qui donne des critères très précis de la vraie (et de la fausse) vie mystique.
          M.B.

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  1. Camus Christian

    Les travaux les plus intéressants sur la question sont sans doute les observations de Ian Stevenson ainsi que l’analyse qu’en a fait Jim Tucker. Cela peut constituer une preuve qui satisfait les exigences des sceptiques et il est curieux que cela ne serve à rien.

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