Repéré pour vous cet entrefilet dans Le Monde du 3 avril 2015 :
Le Coran au Collège de France
« Plusieurs versions manuscrites du Coran ont circulé pendant près de trois siècles avant qu’un texte canonique ne s’impose sous le contrôle du califat abbasside, à Bagdad, au début du X° siècle. En quoi diffèrent-elles ? Qui en sont les auteurs ? Des influences politiques, religieuses, les ont-elles marquées ?
« La toute récente création d’une chaire « histoire du Coran, texte et transmission » au Collège de France va permettre d’en savoir plus. Le titulaire est François Déroche, grand spécialiste des manuscrits arabes. Selon lui, la découverte, en 1972, à Sanaa, au Yémen, de parchemins et d’un palimpseste inconnu du Coran, datés de 657 à 690, a considérablement enrichi la recherche. Ces documents permettent de mieux identifier la façon dont le texte a été peu à peu construit, ses variantes, les passages qui ont été écartés.
« Dans la tradition, le Coran, verbatim de la parole d’Allah révélée à Mahomet par l’archange Gabriel, est « incréé » et « éternel ». Mais il a ensuite été transmis oralement par plusieurs personnes, recopié, réécrit. Il a donc une longue et riche histoire. « Le rythme élevé des modifications qui l’affectent au cours des trois premiers siècles est extrêmement significatif« , explique François Déroche. Ces altérations donnent des indications précieuses sur l’histoire des idées et sur l’histoire politique des débuts de l’islam ».
Oui, le Coran n’est pas né en une fois, il s’est « peu à peu construit« , il n’est pas tombé du ciel dans l’oreille du prophète Muhammad. Il a une longue histoire littéraire dont j’éclaire les débuts dans Naissance du Coran (page 69 en note, je mentionne la découverte faite à Sanaa en 1972).
La création de cette chaire (et son annonce dans un grand quotidien) eût été inconcevable il y a dix ans. Elle montre que la recherche que j’appelle de mes vœux dans ce blog (1) commence. Sachant toutefois qu’entre le Collège de France et les djihadistes, il y a bien plus que quelques milliers de kilomètres : il y a l’épaisseur d’une culture et des ambitions féroces, qui interdisent cette recherche en terre d’islam.
M.B., 4 avril 2015
(1) Voyez les articles dans la catégorie « L’islam en questions », notamment la série « Les musulmans dans l’impasse ».
Je viens de vous relire, Michel
Officiellement la parole d’Allah n’est-elle pas précisément « tombée du ciel « comme vous le niez par la bouche de Djibril ?
Pour ce qui est d’Isho bar Yawsep que les musulmans appellent Issa, c’était un peu plus crédible car il y a (urait)
eu de nombreuses témoins de ses propros et il a formulé très peu de prescriptions originales.
« Officiellement », le Coran est tombé dans l’oreille de Muhammad, etc. Officiellement, Jésus est le fils d’une vierge et de l’Esprit-Saint.
Un historien-exégète n’est pas un « officiel ». Il se coltine avec des textes & des réalités historiques.
M.B.
oui mais qu’en est il du soufisme?
Un courant (parmi d’autres) de l’islam. M.B.
Et sauf erreur, ce courant est considéré comme hérétique par tout « bon musulman »
Est-ce parce qu’il se préoccupe plus d’Allah et del’amour que chacun doit avoir pour Lui que de son prophète ?
Faudrait leur demander. J’imagine que c’est plutôt pour leur interprétation du Coran ?
M.B.
Que peut faire un musulman cultivé et sincère vivant dans un pays arabe dont les chefs sont pratiquants sincère ou par opportunisme, et qui n’a pratiquement que des relations pratiquantes et qui découvre qu’on l’a trompé ?
Je pense tout particulièrement à des amis gazaouis pour qui leur religion est un sédatif, un anti-douleur et un anti-dépresseur tout à la fois.
Bonjour,
Sur les multiples zones d’ombre du recueil et de la mise en forme du Coran, résumé du livre d’un (apparemment) pieux musulman : http://bouquinsblog.blog4ever.com/nous-n-avons-jamais-lu-le-coran-youssef-seddik (toutefois, il s’arrête à la recension d’Othman).
Une contestation d’inspiration chiite : http://bouquinsblog.blog4ever.com/livre-de-sulaym-ibn-qays