PEUT-ON ENCORE ESPÉRER ?

Depuis sa naissance, l’humanité s’est trouvée de bonnes raisons d’espérer.

1. La mort, espoir d’une vie

Le premier, Paul de Tarse a marqué le christianisme en enseignant que la vie ne vaut que par la mort, que le bonheur n’est pas ici-bas mais dans l’au-delà. La mort cessait d’être crainte pour être désirée : « Pour moi dit-il, mourir est un gain ». (1)

Il avait sans doute reçu cette philosophie d’abord de son éducation grecque. En milieu juif, elle s’était radicalisée dans les écrits esséniens qui associent la mort à un messianisme échevelé : mourir, pour les Fils de Lumière, c’est anticiper le retour du Messie et aller au paradis. J’ai montré que ces écrits étaient à l’origine de la mystique du chahid, le martyre pour Allah, inscrite en lettres de feu dans des versets du Coran qu’invoquent les islamistes. (2)

2. Heureuse souffrance

La conséquence de cette la dévaluation d’une vie dont on n’espère plus rien que sa sortie glorieuse dans la mort, c’est la mise en valeur de la souffrance. Souffrir n’est plus un mal puisqu’on accumule des mérites, des points sur la carte d’entrée au paradis. Souffrir est un bonheur : « Je trouve ma joie dans les souffrances que j’endure… et ce qui manque aux souffrances du Christ je l’achève dans ma chair. » (3) Raisonnement pervers, puisqu’il fait d’un mal la source d’un bien – mieux, il laisse à entendre qu’il manquerait quelque chose aux souffrances du Christ. Le chrétien devient alors un complément christique, par sa souffrance il assure non seulement son salut mais celui du monde entier. L’inquisiteur torturait ses victimes pour sauver leurs âmes, il les brûlait pour purifier la planète.

Après avoir déserté l’instant fugitif de la vie, l’espoir de moins souffrir ici-bas était refusé aux souffrants. De cette épuration il sortait plus fort, puisque rejeté dans l’imaginaire et le rêve : plus on souffrait, plus la mort était proche, et plus l’espoir permettait de vivre. C’était l’unique remède, mais puissant puisqu’il faisait supporter tous les abus, tous les crimes, tous les maux de cette vallée de larmes dans laquelle on cheminait les yeux fixés sur un sommet promis, mais invisible.

3. Les Éveillés

Au 5e siècle avant J.C., le Bouddha Siddharta Gautama découvre que la souffrance est un mal absolu, qu’elle est (avec le désir) la cause des attachements d’où proviennent tous les maux. Pour l’anéantir à sa racine il propose une méthode simple : la méditation.

Méditer, c’est apprendre à maîtriser le flux des pensées pour positiver les paroles et les actes. Le bonheur du méditant, c’est d’échapper dès maintenant à la souffrance pour vivre en harmonie avec les humains, la nature, le cosmos. Siddharta a été le premier à promouvoir une philosophie du bonheur accessible à tous, dont l’expression politique – la non-violence – a eu tardivement l’influence symbolique que l’on sait.

Jésus a rencontré la souffrance à chaque instant de sa courte vie publique, et il l’a eue en horreur. Guérir les malades, soulager les consciences, accueillir sans réserve les rebus de la société… Son programme tient en un seul mot : « Heureux ! » Ce sont les Béatitudes par lesquelles il se montre très proche de Siddharta : le bonheur n’est pas pour plus tard, il est pour maintenant – à condition de développer en soi le meilleur de l’humain.

Cet espoir a fait vivre, jusqu’à aujourd’hui, des générations successives.

Jésus n’a pas enseigné la méditation, mais il la pratiquait à l’étonnement de ses suiveurs. Comme le Bouddha il a clairement identifié l’enchaînement pensées-paroles-actions, c’est sa doctrine du cœur : du cœur, dit-il, sortent les pensées, les paroles et les actions mauvaises. C’est donc le cœur qu’il faut purifier (4).

4. La Révolution française

Vient au terme d’un siècle de réflexion philosophique et proclame le droit universel au bonheur. L’espoir se déplaçait enfin de l’au-delà à la vie présente, pourquoi a-t-il été cruellement déçu ? Parce que les révolutionnaires pensaient que l’égalité entre les citoyens suffirait à résoudre toutes les tensions, et que l’Homme – puisqu’il est naturellement bon – trouverait dans sa liberté le secret de la fraternité.

On connaît la suite, terreur, haines, destructions, génocide vendéen, reprise en main par un dictateur, boucheries européennes.

Marx s’est inspiré de cette utopie sur le plan économique : la classe productive doit prendre le pouvoir sur la classe possédante, ce sera le bonheur (demain) quand les prolétaires dirigeront la société.

Deux utopies qui avaient en commun la même foi absolue dans le progrès illimité.

5. Échec au progrès

Nous commençons tout juste à admettre que non, le progrès ne sera pas illimité, que nos descendants vivront moins bien que nous. Parce que le progrès des 19e et 20e siècles reposait entièrement sur l’extraction des richesses naturelles de la planète, et qu’elles sont sur le point de s’épuiser. Qu’adviendra-t-il quand le pétrole, le bois, l’eau, les métaux seront rares, l’air, le sol et la mer pollués et stérilisés, les terres cultivables insuffisantes pour nourrir 9 milliards d’humains ? Quand les changements climatiques auront modifié en profondeur les habitats, déplacé ou détruit des pans entiers de sociétés ?

À cela s’ajoute un phénomène nouveau, la transformation de la violence. Jusqu’en 1945, les guerres opposaient état contre état, armées contre armées. Après avoir tout cassé, on pouvait signer une paix entre belligérants et chacun reconstruisait jusqu’à la suivante. Tout a changé avec la diffusion des guerres asymétriques : quelques hommes décidés, heureux de mourir pour Dieu et le paradis, tiennent désormais en échec des superpuissances et leurs armées traditionnelles suréquipées.

La troisième guerre mondiale a commencé, elle se déroule sous nos yeux. Parce qu’elle emprunte des modalités encore jamais vues, nous ne l’identifions pas comme telle et nous rejetons sa hantise hors de nos frontières, où elle porte ses ravages sans nous atteindre physiquement – pour l’instant.

6. Apocalypse now

Guillaume Hervieux (5) me rappelait qu’en 2000 ans d’histoire, l’apocalypse a déjà été annoncée 168 fois et que le monde tourne toujours. Oui, mais c’étaient des apocalypses « classiques » qui extrapolaient à partir de situations connues et dans des schémas littéraires codifiés par la tradition.

Or la situation actuelle nous est inconnue, jamais encore l’humanité n’a vu se réaliser en si peu de temps la conjonction entre changement climatique, guerres asymétriques, fin programmée de la croissance et du progrès, qu’aggrave le dés-espoir d’un Occident orphelin de ses valeurs et confronté au réveil d’un djihadisme planétaire devenu insaisissable, extension de réseaux Internet incontrôlables. Aucun point de comparaison avec le passé, aucune tradition à la rescousse, aucune expérience sur laquelle s’appuyer : la machine est devenue folle, nous ne maîtrisons plus un destin que nous conjurons à coup de conférences internationales.

Hyperinformée, l’humanité sait tout mais ne comprend rien. Comme la noblesse d’Ancien Régime elle va vers son échafaud les yeux ouverts,  la tête haute, après le dernier bon repas pris à la Conciergerie.

Peut-on encore espérer ?

Espérer dans un bonheur collectif : paix, prospérité, progrès universel et sans fin ?

Mais le bonheur collectif n’a jamais existé que dans notre imaginaire. Siddharta et Jésus l’avaient compris : ils ne se sont jamais engagés politiquement, n’ont rien dit de l’esclavage, de l’économie, de la finance, de la guerre (6). L’idée même d’un progrès collectif illimité leur était étrangère. Avec force, ils ont tracé un programme de bonheur individuel. Et s’ils ont pu observer un jour une tache d’huile qui s’étendait sur une surface inhospitalière, ils n’en ont tiré aucune conclusion. L’un et l’autre ont rencontré Le Mal, ils l’ont identifié et combattu tout au long de leur vie. La victoire collective du Bien sur Le Mal par contagion et extension, ils semblent ne l’avoir pas envisagée. À la suite des paraboles du grain de moutarde et de la mesure de levain, la parole « Le Royaume est parmi vous » peut aussi se traduire « le Royaume est en vous ». Et le testament de Siddharta à ses disciples est laconique : « Souvenez-vous que chacun de vous est une île. »

Un bonheur à portée de main – au singulier.

                                                           M.B., 6 juillet 2015
(1) Philippiens 1, 21 .
(2) Voir Naissance du Coran, aux origines de la violence, chapitre 19.
(3) Colossiens 1, 24, traduction TOB.
(4) Mt 15, 18. Voir Jésus, mémoires d’un Juif ordinaire (Dans le silence des oliviers)
(5) Co-auteur de La porte du Messie.
(6) Dans quelques paraboles, Jésus semble accepter sans réticence le système capitaliste brutal de son époque. Et si Siddhârta conseille à un roi local de ne pas entrer en guerre, il ne condamne pas la guerre en général.

14 réflexions au sujet de « PEUT-ON ENCORE ESPÉRER ? »

  1. NM

    Peut on encore espérer?
    La convergence d’effets négatifs est sur le point d’atteindre un paroxysme au 21 èmes siècles:en vrac:destruction des biotopes,réchauffements climatique,conflits asymétriques,fondamentalismes de tout bords,transhumanisme,famines, épidémies mondiales etc…
    Si l’humanité veut survivre elle se doit, non pas de se réfugier dans un messianisme technologique(transhumanisme,robotique,IA),mais de conquérir sont libre arbitre.
    Encore faut il être réaliste,est ce que l’humanité peut atteindre un tel état dans les prochaines décennies,? La réponse est malheureusement un non catégorique.
    Les grand maitres de sagesse,de Siddhartha Gautama à Ramana Maharshi ont tous insisté sur la notion de salut individuel,non par égoïsme mais par simple logique:les efforts nécessaire à notre libération sont gigantesques,il ne serait être transposable à tous,les déterminismes qui nous commandes sont trop forts pour qu’un changement de paradigme puisse se réaliser en groupe.
    D’autre part les dernières découvertes scientifiques laisse entrevoir des possibilités qui peuvent nous amener à comprendre les grands Maitres de sagesse:l’espace temps serait dynamique,il coexisterait une myriades d’autres univers parallèles au sein d’un méta-univers quantique.
    Dans un tel cadre, passés et futurs seraient simultanés à notre présent,un présent illusoire fixé par notre conscience,résultante implacable de l’augmentation d’entropie de l’Univers.
    De ce point de vu là,nous devons reconsidérer notre moi limité et conditionné pour atteindre le véritable Soi,qui correspond à ce vous nommer « l’au delà du visible ».
    A partir de cette prise de conscience,il est nécessaire de considérer nos vies comme étant totalement illusoires( ce qui dois nous poussez à la responsabilité et non à l’apathie ou au suicide!),comme un simple scénarios parmi des trilliards d’autres.
    Une fois ce point compris il est nécessaire de prendre la décision de se réaliser « ici et maintenant » sans quoi nous sommes condamné à un éternel recommencement.

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  3. jean-pierre castel

    Bonjour Michel,
    Une jolie maxime de Giorgio Agamben (que je ne connais pas par ailleurs, un grand philosophe talien contemporain me dit-on) ne dépaprerait pas dans cet hymne à la joie : « La pensée, c’est le courage du désespoir ».
    Plus banal: l’homme est capable du meilleur et du pire, réjouissons nous du meilleur?
    Hervieux Guillaume dit : Bouddha veut faire naître au « je suis ». J’avais compris au « non soi », ce qui est le contraire du « je suis »? Je pose la question non par pédanterie mais parce que je n’ai rien compris au « non soi » et n’ai pas le courage ou l’envie d’aller y voir de plus près, mais suis plutôt en demande d’un texte de vulgarisation accessible sur la question. Je connais le parallèle du » je » avec le « il » de « il pleut », mais c’est un peu court. Parce que mon corps, ou au moins mon ADN, il a bien une certaine invariance?
    Bien amicalement, JP

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    1. Michelbenoît-mibe Auteur de l’article

      « Je pense, donc je désespère » ? Je ne suis pas loin d’approuver.
      Aucun texte de vulgarisation accessible sur la pensée de Siddharta. Le « Que sais-je » de Walpola Rahula, « L’enseignement du Bouddha », Points-Seuil SA 13 est le mieux, mais c’est trapu.
      Il ne s’agit pas d’accéder à un non-soi, mais au soi profond par l’élimination des parasites (désirs, aversions).
      Rappelez-vous la devise de St François de Sales, répétée chaque matin : « Aujourd’hui, je commence ».
      Amicalement, M.B. (penseur désespéré)

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  4. Louis Belon

    L’objectif de Paul de Tarse n’était pas la création d’une nouvelle religion, mais de « purifier » le judaïsme de l’hypocrisie de beaucoup trop de ses membres. Jésus n’avait pas l’intention non plus d’établir une nouvelle religion, et pourtant depuis 2000 ans une Eglise s’est développée en prenant appui sur eux. Quoi d’étonnant, dès lors, si aujourd’hui elle vacille ? Comme les autres religions du Livre, cette Eglise prétend détenir seule la Vérité; or le contraire de la vérité n’est pas le mensonge, mais la certitude. Une réforme vraie supposerait l’abandon de cette certitude: est-ce possible ? Peut-on envisager une religion qui ne soit pas de certitude mais d’appel ? Une religion qui ne prétende pas organiser et diriger la société mais, apprendre aux hommes que, s’ils se convertissent, ce n’est pas dans le but d’en convertir d’autres à leur tour mais de prendre conscience qu’elle n’est qu’une force et une motivation à se mettre à leur service pour ensemble essayer de construire cette société. Jusqu’à présent tous ceux qui se sont engagés dans cette voie se sont trouvés exclus de leur communauté et cependant leur démarche n’a pas été vaine car elle rencontre sans cesse un écho. Que cet écho s’amplifie, là réside l’espoir, si mince soit-il.

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    1. Michelbenoît-mibe Auteur de l’article

      1- L’objectif de Paul était bien de créer une religion autre que le judaïsme, appuyée sur les Églises qu’il fondait en Asie Mineure : il le dit et le répète. Quelle religion ? Là, il a évolué, et ce sont ces Églises qui les premières ont franchi le pas de diviniser Jésus.
      2- La « religion d’appel » que vous appelez de vos voeux n’est-elle pas ce que Jésus proposait ? Voyez « Jésus, mémoires d’un Juif ordinaire ». Évidemment il s’est trouvé « exclu de sa communauté », l’ambition des Églises étant d’appeler pour enfermer.
      3- Je ne sais pas si l’écho lancé par Jésus s’amplifie (il semble que non), mais il continue de nous atteindre à travers les siècles. Bonheur pour ceux qui le reçoivent !
      M.B.

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  5. Dominique LEBASTARD

    « Espoir, machine à souffrir »(1)

    Face à la dureté de l’existence, aux difficultés de tous ordres, économiques, matérielles, relationnelles ,et surtout face à notre interrogation sur l’évolution qualitative du monde, l’Homme veut espérer « envers et contre tout ».
    Il espère « qu’un jour ! » les conditions de son existence seront plus favorables.
    Il espère « qu’un homme » (son patron, son conjoint, un politique ou un sage), « qu’un évènement » (une thérapie, un divorce, une guerre ou une catastrophe), ou un autre déclencheur provoqueront tôt ou tard un changement et qu’enfin les conditions seront réunies pour une existence heureuse. Il s’active et obtient effectivement quelques menus résultats.

    Mais l’expérience montre que » le bonheur ne se travaille & ne s’acquiert pas en visant le niveau collectif » ou les conditions d’existence ; force est de constater que cet espoir est déçu.
    Force est de constater un jour : « Espoir, machine à souffrir. »(1)
    Alors ?
    Qu’advient-il si je lâche cet espoir ? Qu’advient-il si j’accepte de traverser le désespoir ?
    ???
    Ai-je quelque chose à perdre si c’est une illusion que je perds ?
    Est-il possible d’être heureux avec mes conditions d’existence actuelles, telles qu’elles sont ?
    La réponse peut se faire attendre et n’est pas garantie.

    Pourtant, même si c’est avec tristesse, mon regard interrogateur ne se tourne-t-il pas vers mon intériorité?
    D’où peut monter cette réponse : « Désespoir, machine à s’ouvrir. »(2)

    (1) La première fois que j’ai entendu cette phrase, elle était prononcée par Mr Olivier Imbert.
    (2) Cette réponse a jailli de la bouche de Mr Georges Delhommeau

    Répondre
    1. Michelbenoît-mibe Auteur de l’article

      Étant donné son mode de transmission et son ancienneté, nous ne pouvons pas savoir si Siddharta a connu le désespoir ou l’espoir : dans les écrits qui nous sont parvenus, il semble très sûr que sa voie d’anitcha (impermanence) mène à l’absence de souffrance. Est-ce ce que nous appelons le bonheur ? Je n’en suis pas entièrement convaincu.
      En revanche, Jésus a connu l’espoir au début de sa vie publique, mais dans ses derniers moments ses échecs semblent avoir fait place au désespoir ou plutôt à la résignation.
      Je n’aime pas l’expression « espoir = machine à souffrir ». « Désespoir = machine à s’ouvrir » me convient mieux, mais il faut trouver la clé de la porte. Parmi les Éveillés, Siddharta et Jésus me semblent avoir eu cette clé en mains, Jésus mieux que Siddharta à cause de sa découverte de « Abba ». Sur ceci, voyez mon essai « Jésus, mémoires d’un Juif ordinaire ».
      M.B.

      Répondre
  6. Henry Corre

    Bonjour Michel,
    analyse juste mais un peu pessimiste! Pas un mot sur le karma ? Le but du Bouddha Siddharta Gautama n’est-il pas de « casser » les cycles de réincarnation pour ne plus revenir sur cette terre de souffrance?
    Amicalement
    HC

    Répondre
    1. Michelbenoît-mibe Auteur de l’article

      Pessimiste, ou lucide ? J’ai voulu signaler que pour Siddharta comme pour Jésus, le bonheur ne se travaille & ne s’acquiert pas en visant le niveau collectif (politique, social, économique…) mais le niveau individuel. Question hors-contexte : la collectivité est-elle le terrain de jeu sans entraves du Mal (Mara, Satan) ?
      M.B.

      Répondre
      1. Hervieux guillaume

        Oui, la collectivité est le terrain de jeu de Mara/satan:
        Marc 5,9 et Luc 8,30 « Légion est mon nom…car nous sommes plusieurs »
        Le (Mara/Satan) en fait, en donnant ce nom s’identifie. Parce que « légion » est un mot du langage militaire, une expression idiomatique dénotant un large nombre. Le rôle de Jésus comme de Bouddha est de faire naître au « je suis » en chacun. pas un individu égoïste du type occidental mais un être conscient de son lien divin et de sa relation indélébile avec les autres. Tant que cela n’est pas fait , nous sommes prisonnier de « légion ». nous sommes un porc dans un troupeau de porc obéissant aux ordres et aux instincts du cerveau collectif animal, (sans réfléchir comme à la légion). Prisonnier de « Légion », nous sommes comme indifférencié, non conscient de notre lien spirituel ni de notre identité profonde et de nos talents, donc manipulables à souhait. L’idéologie d’un salut collectif provoquée sans changement individuel spirituel est non seulement une illusion mais extrêmement dangereuse pour l’humanité (communisme, islamisme, messianisme..). Pour en sortir, il faut entendre la parole de Jésus, ou de Bouddha :
        « Le royaume est en vous ». Oui. « entos » en grec, ce qui veut dire ; « dans l’intimité de l’intimité ». Mot utilisé deux fois seulement dans l’Evangile. L’autre fois c’est pour indiquer qu’il faut nettoyer l’intérieur de notre coupe.
        Mais le drame de la religion chrétienne telle qu’elle est pratiquée aujourd’hui dans son immense majorité c’est qu’elle est trop centrée sur le rituel, la morale, le politique….et que la tradition spirituelle n’est plus enseignée que dans les monastères. (contrairement au bouddhisme ou au Yoga et c’est pour cela que c’est attirant pour les occidentaux). Il faut faire sortir cette tradition spirituelle millénaire des monastères catholiques et retrouver le chemin de l’enseignement ésotérique (intérieur) qui est sous nos yeux par exemple dans les cathédrales gothiques (enseignement symbolique). Sans cela, nous courrons à notre perte.
        A notre époque, le changement social se fera par le bas, pas par le haut. Si l’on attend des décideurs politiques et autres financiers et industriels qu’ils changent quelque chose, on peut attendre longtemps. C’est par des initiatives personnelles et de petits groupes motivés que nous ferons bouger. Exemple : l’agriculture bio circuit cours, co-voiturage…ce ne sont que des initiatives citoyennes de gens qui ont pris conscience du problème. CQFD. la boule de neige grossira à chaque tour.
        C’est ce qui me donne une raison d’espérer.
        Les traders disent en parlant d’une action: « on attrape pas un couteau qui tombe », ce qui signifie que l’on achète pas une action qui se casse la gueule. On attend qu’elle soit tombée complètement. Sommes-nous des traders ?
        Non ! même si collectivement il y a des raisons d’être découragé, il y a des raisons d’espérer. Il y a des couteaux qui tombent, mais qui crient à l’aide. Je remercie encore du fond du coeur les gens qui sur ma route m’ont aidé à me relever lorsque j’étais en difficulté alors que d’autres me regardaient tomber en me critiquant. Je remercie encore les auteurs des livres que j’ai lu et qui m’ont édifiés. Sans eux, je ne serai qu’un point de plus insignifiant dans ce troupeau de porc, certainement désespéré, peut-être drogué et malade. Il y a des raisons d’espérer, pour la brebis égarée qui cherche et appelle le berger, au milieu du troupeau de porc qui court à sa perdition.
        A nous de jouer, chacun notre rôle en fonction des talents que Dieu nous à donnés (ou que nous avons acquis dans les vies antérieures). Bien à vous Michel.
        Guillaume

        Répondre
        1. Michelbenoît-mibe Auteur de l’article

          Merci de ce commentaire, qui déploie et explicite ce que j’ai rassemblé en peu de mots. Vous confirmez que deux des + grands éveillés ont situé le combat contre Le Mal au niveau individuel. Problème : les individus semblent de + en + démunis face au collectif, sur lequel ils n’ont plus prise, qui a le pouvoir, pense et décide pour eux. C’est le règne de la « Pensée Unique », cf articles dans ce blog.
          Amicalement, M.B.

          Répondre
          1. Debanne

            Bonjour,

            Espérer, oui mais espérer quoi ? Autrement dit : »attendre quelque chose comme devant se réaliser » ?
            Votre démonstration historique est très intéressante. Néanmoins, les catégories de pensées des époques que vous exposez ne sont pas transposables telles quelles à celles contemporaines. Subsumer des déclarations très anciennes en tentant de les appliquer aujourd’hui est extrêmement risqué du point de vue dialectique. Ainsi, les catégories de l’entendement de Jésus ou de Siddartha, en tant qu’elles sont historiquement datées auraient bien du mal à coïncider avec notre réalité sociale et donc culturelle/intellectuelle actuelle.
            Aussi, on peut penser que le verbe « espérer » à leurs époques respectives avait une tout autre acception que celle que l’on y accorde généralement aujourd’hui. A ceci près, et on le voit dans les quelques commentaires, que nos conceptions sur le thème diffèrent quelque peu… On pourrait ici faire le parallèle avec la notion du « beau » chez Kant… On ne s’accorde pas tous à son sujet…
            Oui, nos structures mentales sont le résultat de l’incorporation des structures sociales. Ainsi, nos références intellectuelles/culturelles actuelles sont d’une autre nature -et pour cause- (ont peut-être un sens approchant ?…), de celles des époques historiques que vous énumérez, mais c’est à peu près tout. Il faut tout un effort de traduction, de transposition, de restitution sémantique et donc d’approximation pour tenter de comprendre un peu mieux de quoi il s’agissait au temps de ces deux personnages illustres.
            Aussi, que diraient-ils à ce sujet s’ils vivaient encore aujourd’hui ? Personne n’en sait rien ! Et ce n’est pas un reproche bien sûr.

            Pour ma part, ayant compris très tôt le sens de la vie, autrement dit, que nous étions destinés à mourir, je me suis abstenu rapidement d’espérer. J’ai plutôt développé des « attentes raisonnables »…
            Quant on voit ses parents disparaître définitivement, ses proches, ses meilleurs amis, ses connaissances par cette absurde destinée de la vie que peut-on espérer ? Pour mon compte rien !
            Quand je me recueille sur la tombe de mes parents au cimetière, je me rends compte que j’ai connu presque tous les gens qui y sont enterrés (j’habite la campagne). Aussitôt, des quantités de souvenirs me reviennent à leur sujet. Et fondamentalement, chacun à sa manière me manque. Où peut être l’espoir dans ce constat ? Oui, la vie est une succession de deuils, de douleurs affectives à surmonter ou pas…
            Heureusement, la Connaissance, les progrès quotidiens des Sciences (merci Bachelard !) et l’Art (mais pas le « non-art contemporain » qui n’est qu’un « déchet de la décadence intellectuelle actuelle de certains milieux de gauche branchés… »), m’ont servi de « consolation » pour supporter la vie.
            Je suis quelqu’un de profondément désespéré intellectuellement par le but ultime de la vie même si je ne suis pas triste.
            Aussi, si la vie doit disparaître à la surface de la Terre par l’irresponsabilité des hommes, qu’y a-t-il de si dramatique qui ne soit pas déjà en cours depuis le début des temps ?
            Nous sommes condamnés à mourir, c’est l’antithèse du sens de la vie ! Alors un peu plus tôt, un peu plus tard, où est la différence ?
            Par ailleurs, si la mort est la porte d’entrée dans des « résurrections successives terrestres », quel en est l’intérêt : souffrir à nouveau ? De grâce !
            N’ayant pas demandé à vivre, je préfèrerais, et de loin, que la mort soit une anesthésie définitive.

            H de D.

            Répondre
            1. Michelbenoît-mibe Auteur de l’article

              1- « Effort de traduction » : c’est le sens même de la tradition. On reçoit des données d’un passé + ou – lointain, et on essaye de les adapter. De même que notre tube digestif reçoit des protéines déjà construites, les déconstruit puis les reconstruit pour les faire nôtres. Le passé doit être digéré, l’herméneutique est le tube digestif des idées & expériences du passé.
              2- Les Éveillés sont des gens qui ont fait l’expérience de l’au-delà du visible. Ce qui les unit tous, c’est la conviction née de l’expérience que la vie ne s’arrête pas à la mort. Ensuite, la différence des cultures intervient. Nous choisissons l’un ou l’autre selon la culture dans laquelle nous avons été formés. Né dans une culture chrétienne, l’expérience vécue & transmise par le Juif Jésus me convient bien. Surtout quand elle rejoint celles de Siddharta, cf la 2e partie de mon livre « Dieu malgré lui ».
              Merci, M.B.

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