L’ÉNIGME AMÉRICAINE

Comment 70 millions de personnes (près de 50% des électeurs) ont-elles pu voter pour la vulgarité, le mensonge, l’agressivité permanente, le mépris affiché des institutions américaines ? Comment ont-elles pu se choisir un président-candidat poursuivi devant les tribunaux pour agressions sexuelles et fraude fiscale ?

Cette question, je l’ai posée à un ami qui a fait ses études aux USA, s’y est marié, y a travaillé dans des centres de recherche, a été huit ans administrateur d’une société cotée au NYSE (1) avec filiales dans 10 villes américaines, à Paris et Londres (bonne base de comparaison).

Pour ce que cela vaut, voici un écho de notre échange. Aucune légitimité ni références académiques. Des observations au ras du sol américain.

Un peuple éduqué ? 

Pour le primaire et le secondaire, l’éducation nationale américaine est à l’os depuis longtemps dans la plupart des états. Il y a quelques années, certaines écoles publiques de New York n’avaient pas assez de chaises ni de tables pour tous les élèves, et pas d’argent pour remplacer les vitres cassées. Les salaires des maîtres et professeurs sont bas, leur motivation incertaine.

Les programmes sont très étroits. Par exemple, histoire, géographie, littérature, langues ne sont enseignés qu’à la marge, et sont délaissés par la majorité des enfants. À ce niveau – primaire, secondaire – l’éducation n’est pas axée sur l’esprit critique. Les élèves cochent des cases, mais n’apprennent pas à réfléchir. Sonia Sotomayor raconte (2) qu’en arrivant à l’université de Princeton, son premier devoir de séminaire a été rejeté comme insuffisant : « C’était une enfilade d’informations et d’idées intéressantes, mais il n’y avait aucune structure argumentaire, pas de raisonnements, pas de conclusion ». Elle a brutalement pris conscience qu’elle n’avait jamais eu de jugement personnel. Les leçons de l’école étaient comme un chapelet de saucisses, il ne suffisait pas de les régurgiter, il fallait les digérer, les organiser, en faire une pensée.

S’ils sortent incultes de l’éducation nationale, les enfants qui en ont les moyens peuvent se former dans les prestigieuses universités de New York, Washington, Boston, Chicago et San Francisco. Là, ils peuvent parvenir à un excellent niveau. En dehors de ces centres universitaires pour élites friquées, les USA sont un immense désert culturel.

Car la majorité des jeunes américains ne va pas plus loin que le secondaire. Ils en sortent avec beaucoup de certitudes et d’idées toutes faites, peu de curiosité, peu d’ouverture. Leur libre arbitre est atrophié, immature, remplacé par une crédulité associée à une naïveté confondante.

Cette carence éducative de masse est à l’origine de tout le reste.

Des Robinson Crusoé planétaires ?

Comme Robinson échoué sur son île déserte, ces Américains de la base ignorent ce qui se passe dans le reste du monde – d’ailleurs, ça ne les intéresse pas. Ce n’est que quand il a été élu président que George W. Bush a dû se  préoccuper d’un passeport. Mais contrairement à Robinson, cette frange de la population manifeste un profond mépris pour tout ce qui n’est pas elle – pour tout ce qui n’est pas américain. Ignorante de ce qui l’entoure, elle est convaincue que son pays est la référence du monde libre – alors que ces gens-là présentent toutes les caractéristiques d’un Pays en Voie de Développement : absence de soins, mortalité infantile élevée, malnutrition, logements précaires, énormes écarts de richesses, insécurité, infrastructures déficientes…

Les zones côtières, plutôt cosmopolites, sont plus évoluées et ouvertes sur le monde. Mais dès qu’on pénètre de 50 km dans les terres, on est chez les hillbillies (3).

La religion au pouvoir ?

Dans un pays fondé au XVIIIe siècle par des puritains, la religion est omniprésente. Son emprise sur la population est d’autant plus forte que la culture générale et l’esprit critique sont absents dès l’école. Apparus à la fin des années 60, les télévangélistes conquièrent des foules immenses et amassent des fortunes considérables. Depuis Bill Graham les « églises » et sectes n’ont cessé de se développer. Certaines sont à la tête de puissantes multinationales en Amérique du Sud, aux Philippines. Le dollar est la deuxième religion américaine, dans une société du paraître et de la bien-pensance.

Cette religion n’a aucun scrupule à se mêler de politique. Comme pour les musulmans, pour les évangélistes américains la loi de Dieu est supérieure à la loi des hommes. Ils sont à l’origine du virage d’une partie des Républicains vers un mélange de populisme et d’extrême droite.

Tout cela, Trump a su l’agréger dans une forte dérive identitaire qui place l’émotion avant la raison, le credo avant le cogito, et s’épanouit d’autant mieux que l’esprit critique est mis en veilleuse. Il a ainsi flatté le ressentiment et la frustration des « identités navrées » américaines (4). Que 70 millions d’électeurs aient pu basculer du manque d’esprit critique dans l’indifférence totale à la décence et à la vérité, cela reste un mystère très inquiétant pour l’avenir des démocraties dans le monde.

Aux armes, citoyens !

L’Amérique est une île-continent. En l’absence de menaces à ses frontières, elle devrait être aussi paisible que la Suisse à l’abri de ses montagnes. Au contraire, c’est le pays le plus violent du monde. Après l’évangélisme et le dollar, la troisième religion américaine est le culte des armes. Au fur et à mesure que les Américains se désengagent militairement du reste du monde, ils achètent des armes pour se protéger d’un ennemi intérieur : la peur. Peur du nègre, du latino, de l’étranger en général… peur de l’autre. La violence, péché mortel pour la Bible, est tacitement prêchée et entretenue par les évangélistes américains et leurs puissants lobbys.

Une Bible américaine

S’ils les transgressent allègrement avec le soutien des autorités, les Dix Commandements sont le résumé et la quintessence de toute la Bible. Mais les Américains ont une seconde Bible, égale à la première en autorité comme en vénération : la Constitution américaine. Elle a été écrite au moment où les USA n’étaient que 13 États, peu peuplés, agricoles, sans autorité centrale. Un monde de fermiers et d’outlaws érigés depuis par Hollywood en exemples et vénérés en icônes. Pour les Américains, l’idée de mettre à jour cette Constitution archaïque approche du blasphème religieux. Depuis qu’avec la dernière élection ils sont passés tout près du précipice, quelques Américains éduqués commencent à parler d’un toilettage de la Constitution : ils sont une infime minorité.

Un rêve toujours vivant

Partir de rien pour arriver au sommet, le ‘’rêve américain’’ a fédéré les millions d’immigrants qui ont quitté leur lointain pays pour qu’il devienne réalité sur une terre vierge. Un pays sans État tatillon ou autoritaire qui empêcherait de vivre les colons lancés dans l’aventure. Si Trump n’avait pas réussi à faire croire à ses électeurs qu’il s’était fait tout seul et par lui-même – alors qu’il a hérité d’une fortune qu’il a dilapidé – s’il ne s’était pas présenté contre l’establishment dont il est issu et qu’il n’a jamais quitté, il n’aurait pas été élu.

Trump a réussi son coup en 2016 parce qu’il a su séduire, avec beaucoup de talent, cette partie de la population plutôt rurale, vieillissante, peu éduquée, fermée sur elle-même, religieuse, peureuse, qui l’a élu. Ils avaient trop besoin d’un superman en qui croire.

Mais en 2020, tout a changé : 60 % des moins de 40 ans, 55 % des diplômés, 60 % des habitants des villes ont voté contre lui.

Au jour où j’écris, le score total est de 50, 6 % pour Biden.

Alors, la moitié de la population américaine (re)devenue raisonnable ?

On a trop besoin d’y croire.

                                          M.B., 11 novembre 2020
(1) New York Stock Exchange : Bourse américaine.
(2) My beloved world, autobiographie, Alfred Knopf éditeur, New York 2013.
(3) Équivalent français approximatif : « Péquenaud ». Mais le sens de ce terme a été élargi aux USA pour désigner toute personne fortement inculte et grossièrement attachée à ses pénates rurales.
(4) Voir Laurent Dubreuil, La Dictature des identités, Gallimard, 2019.

25 réflexions au sujet de « L’ÉNIGME AMÉRICAINE »

  1. Fovet François

    Bonsoir
    Le constat dressé sur les causes de la déliquescence relative de la société américaine par M Castel me semble assez juste et c’est bien de l’avoir rapporté car il décrit une situation en observateur averti, donc avec justesse comme pourrait le faire un médecin légiste au cours d’une autopsie.
    Dans cette veine, si j’ose dire, celle de l’Europe serait tout aussi révélatrice dans son genre et à plus d’un titre.
    Ayant pas mal voyagé aux USA dans les années 80-90, les prémices de tout ceci étaient déjà bien ancrées, bien « palpables » mais c’était quand même une autre époque avec une situation économique différente moins « mondialisée » avec un affrontement Est-Ouest plutôt prégnant où le « bien » commençait enfin à triompher du « mal ». L’Amérique d’alors défendait des « valeurs » et s’affichait en modèle crânement comme le héraut et le seul vrai défenseur du monde libre.
    Nous n’en sommes plus là. Les crises politiques, sociales et économiques se succèdent désormais à un rythme plus soutenu depuis avec leurs cortèges d’angoisse, de peurs minant peu à peu l’édifice et permettant l’émergence de courants, de pensées (?) , délétères et l’accession au pouvoir, même aux USA – ce qui était impensable -, de dirigeants populistes, grossiers, minables,menteurs et dangereux. L’Amérique se replie, se recroqueville sur elle même, sur ces vieux démons isolationniste et nationaliste dans l’indifférence parfois ou avec l’assentiment enthousiaste d’une partie de sa population continuellement exhortée – notamment par tweet – à se poser en victime de tout et n’importe quoi et particulièrement de ce qui lui est étranger, sans quasi jamais remettre en questions par absence de sens critique, la véracité du prêche présidentiel, en s’y consolant même.
    Ce qui est embêtant ici, finalement et ce qui nous heurte, c’est de constater que l’ encore première puissance économique mondiale considérée depuis toujours comme un parangon de démocratie puisse être d’une part dirigée par un détestable pantin indigeste et d’autre part et surtout que celui ci soit soutenu et encore « désiré » par 50% de sa population. Donc les choses s’accélèrent et s’aggravent manifestement aux USA depuis 2016.
    Les civilisations, comme les empires, sont mortelles mais les agonies peuvent être longues et douloureuses parfois entrecoupées d’heureuses périodes de rémission plus ou moins salvatrices. En tout état de cause, l’Amérique est bien malade en ce moment et elle n’est pas la seule, comme le suggère indirectement ebeth dans sa critique. Mais peste ou choléra,d’un coté ou de l’autre de l’atlantique, peut importe en fait, seuls les remèdes et leurs efficiences comptent désormais.

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    1. Michelbenoît-mibe Auteur de l’article

      oui, les civilisations sont mortelles. Mais jusqu’ici, ces civilisations étaient cantonnées dans une partie (même vaste) de la planète. Ce qu’on voit apparaître, c’est la possibilité d’un effondrement mondial. Du jamais vu. Si cela se produit, qui donc tirera les marrons du feu ?
      M.B.

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  2. P.K.

    Bonjour Michel,

    J’ai transmis votre article à un ami français, chercheur au CEA, marié à une américaine et dont les deux fils vivent à Chicago.

    Voilà son commentaire :

    « Il y a des faits avérés dans ce qui est dit, mais leur présentation est caricaturale.

    S’il est vrai que le système éducatif est mal en point depuis l’avènement de Reagan et de la doctrine économique dont il était le fourrier avec Thatcher, dire qu’en dehors des universités citées, le reste du pays est un désert culturel est faux. Et le système éducatif a de beaux restes.

    La preuve en est donnée par une littérature et un cinéma assez vaillants.
    Beaucoup de leurs auteurs sont issus ou vivent dans ce milieu des Etats Unis (Michigan, Montana, Colorado, New Mexico, Texas, Florida,,…) et cette Amérique n’est pas peuplé que de hillbillies.

    Et même dans l’Amérique rurale ou dans l’électorat de Trump il y a des gens capables de raisonner comme chez nous, porteurs d’un message autre que la vulgarité du personnage.

    Mais il faut un peu de bienveillance et d’attention pour arriver à le discerner. »

    Répondre
    1. Michelbenoît-mibe Auteur de l’article

      Merci, vous avez bien fait.
      je rappelle (c’est dit au début) que cet article découle d’un échange avec ami qui, etc.
      et que je résume cet échange « Pour ce qu’il vaut, etc. »
      M.B.

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      1. P.K.

        Je ne sais Michel, si « j’ai bien fait » d’apporter cette pondération à votre discussion avec JP Castel… En effet cet article nous ouvre un peu les yeux.

        Ma génération (né en 45), a vécu sa jeunesse dans un monde bisounoursien…
        Il y avait bien la guerre au Vietnam… mais c’était loin !
        Dans les années 70, on pouvait aller sans crainte dans presque tous les pays du monde.
        La pratique catho avait été abandonnée par beaucoup avec cette encyclique délirante sur l’interdiction de la contraception (depuis on découvre avec SODOMA toute la perversité des monsignori qui dirigent de fait le Vatican…)

        Mais Régis Debray nous a rappelé hier dans « Réplique » que les religions réinvestissaient plus que jamais la planète : évangélisme en Amérique, indouisme en Inde, bouddhisme en Indonésie, et bien sur islamisme dans tous les pays musulmans qui n’osent y résister…

        Bref… merci pour cet article.
        Eventuellement pourriez-vous (puisque c’est votre spécialité…) nous éclairer un peu sur les ressorts profonds de cette vague évangéliste : quelle est son fondement, comment s’inscrit-elle dans notre histoire etc.

        Répondre
        1. Michelbenoît-mibe Auteur de l’article

          Beaucoup de livres ont été écrits sur les évangélistes. Je ne les ai pas lus, mais j’ai rencontré ce mouvement en Afrique. A suivre.
          Oui, nous sommes entrés dans un nouveau monde, dont M. Trump est l’illustration. Inquiétant et écoeurant
          M.B.

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          1. Gris

            M. Benoît,
            Vous avez écrit « …M. Trump est l’illustration. Inquiétant et écoeurant ».
            Vous prenez donc parti sur un certain nombre de critères de l’individu et non de sa politique pour « juger » d’une partie de l’Amérique en l’occurrence son peuple.
            Je vous communique un autre point de vue qui prévaut sur des opinions individuelles qui ne sont et ne seront en rien représentative d’une population. Pourquoi je la qualifie de prévalente ? Car elle se situe sur une observation détachée de certaines émotions qui nous poussent à juger, sur une analyse détaillée par la neutralité professionnelle (bien entendu aucune observation n’est neutre ou objective à 100%).
            Laissez aux lecteurs de votre blog apprécier ce qu’un militaire du renseignement peut apporter comme réflexion sur la géostratégie qui, en retour, permet de mieux percevoir la mentalité américaine ainsi que celle du Président Trump (et pas que celle de Donald !) :
            https://reseauinternational.net/elections-aux-usa-lettre-du-general-francais-2s-dominique-delawarde-a-ses-amis/

            Répondre
            1. Michelbenoît-mibe Auteur de l’article

              Merci. Je recommande à tous mes lecteurs de CLIQUER sur le lien en fin de commentaire. Ils y trouveront l’opinion très intéressante d’un général bien informé.
              Certes, il est très difficile de savoir « ce qui se passe » et « comme ça s’est passé » en politique : la presse américaine & européenne n’est pas objective, on le sait. Mais il y a des événements qui ne dépendent pas de la presse, par exemple le retrait des accords de Paris. Et bien d’autres. De même le mépris affiché de M. Trump pour tout ce qui n’est pas lui.
              Concernant les soupçons de fraudes électorales, je note que le général Delawarde dit qu’il « soupçonne », sans apporter aucune preuve.
              Alors, amis, faisons ce que nous pouvons avec les médias dont nous disposons, sachant que, informations vraies ou fausses, nous serons toujours plumés.
              M.B.

  3. Gris

    Hello !
    Je ne suis pas polytechnicien, un petit agro comme vous qui a bourlingué aux States en stop quelques mois et traversé tout le continent quand Mitterrand est passé en 81.
    J’ai fait quelques mois d’études aussi en Pennsylvanie 2 ans plus tard.
    Et puis aussi plus tard un voyage de longue durée pour découverte plus « intime » sur les spiritualités du nouvel âge, enfin je regardais ce qui se passait de nouveau en Californie dans les sceinces noétiques en tant qu’observateur à la Edgar Morin. Non, j’ai pas fumé par contre.
    Je n’ai pas vu sur la côté Est ou Ouest des gens moins influençables que des « red neck » : chacun ses croyances. Je n’en dirais pas plus non plus des français à l’étranger dont le jugement sur ces « abrutis d’américains » que des « prof », hautains de leur supériorité d’Education Nationale, osaient proférer entre eux en langue française se croyant à l’écart de toute oreille indiscrète.
    Le monde de la raison n’est pas l’apanage des démocrates quand on observe l’agressivité des milieux Hollywoodien et l’hostilité de minorités manipulées par les médias qui sont « éduqués », eux !
    Bref, opinion contre opinion qui ne vaut pas grand chose, il reste à regarder des faits ou des bilans en marge des caractères d’humains par trop humain. Il est louable d’analyser. Pourquoi pas s’instruire de certaines remarques sur les actions et non le délit de sale gueule d’un Président en regardant le bilan qu’on peut en tirer comme l’a fait François Asselineau pour cette présidentielle :
    https://www.upr.fr/actualite/biden-president-la-reaction-de-francois-asselineau/
    Zemmour présente aussi un nouveau clivage qui se répand dans nos sociétés occidentales et qui s’apparente à celle des réactions tribales, mais ceci est un autre débat.
    Progressiste/populiste que de jugements de valeur !

    Répondre
  4. Radis noir

    Où est l’esprit critique dans cet article ?
    Où sont les questions ?
    Je regrette vos contributions théologiques a l’origine de votre blog.
    Vous n’êtes pas pertinent dans le commentaire politique.
    Retrouvez votre liberté de ton et votre originalité .
    Navrant
    Amicalement

    Répondre
    1. Michelbenoît-mibe Auteur de l’article

      Je vous remercie d’avoir réagi franco de port.
      1- Comme je le dis en commençant, il s’agit d’un échange avec un ami qui a une bonne expérience de terrain aux USA. Je ne cherche ni à critiquer, ni à commenter : un témoignage « pour ce qu’il vaut », pour susciter la réflexion des lecteurs.
      2- Oui, je suis un peu pertinent en exégèse, histoire & théologie. Pas en politologie ni en économie. Mais je suis un citoyen. Qu’est-ce qu’une théologie qui refuserait de s’intéresser aux événements de la vie de la cité (« polis ») ? Les grands théologiens du passé et du présent ont toujours parlé à « la Cité des Hommes ».
      3- En revanche, je me garde bien d’entrer dans la dispute polémique. Cet article, si vous le lisez « pour ce qu’il vaut », apporte des éléments factuels.
      Votre réaction, et d’autres à venir, montre à quel point nous sommes les nerfs à vif, inquiets, sur la défensive. Ceci est bien préoccupant
      Amicalement, M.B.

      Répondre
  5. Jean-Pierre CASTEL

    Au-delà même de la décence et de la morale, sur le strict plan de la rationalité, son bilan, par quelque bout qu’on le prenne et à condition de dépasser le court terme immédiat, me paraît catastrophique par rapport à n’importe quel critère : il a objectivement renforcé tous les ennemis de l’Amérique, et sur le plan économique, il a fait de la relance alors que la machine tournait déjà à son maximum, sans parler des violences qu’il a attisées à l’intérieur même des USA.
    Aux explications sur 40%, j’ajouterais je crois la forte dérive identitaire, et l’agrégation des identités que Trump a su réaliser. L’identitarisme, qui place l’émotion avant la raison, le credo avant le cogito, s’épanouit d’autant mieux que l’esprit critique est mis en veilleuse. Mais du manque d’esprit critique à l’indifférence totale à la décence et à la vérité, il reste un gap bien difficile à expliquer. Peut-être le caractère politiquement incorrect de Trump qu’il pousse au paroxysme avec ses contre-vérités est-il ce qui flatte le ressentiment et la frustration de ces « identités navrées » (expression empruntée à Laurent Dubreuil auteur de La Dictature des identités, 2019),.

    Répondre
    1. Michelbenoît-mibe Auteur de l’article

      Je signale que l’auteur de ce commentaire, Jean-Pierre CASTEL, est polytechnicien et a une longue expérience de terrain des États-Unis. Mon article est l’écho des échanges que j’ai eu avec lui. Son témoignage m’a semblé intéressant dans un blog qui prétend à la liberté de pensée.
      M.B.

      Répondre
  6. ebeth

    Comment 70 millions de personnes (près de 50% des électeurs) ont-elles pu voter pour la vulgarité, le mensonge, l’agressivité permanente, le mépris affiché des institutions américaines ? Comment ont-elles pu se choisir un président-candidat poursuivi devant les tribunaux pour agressions sexuelles et fraude fiscale ?

    Franchement on devrait balayer devant notre porte avant de parler comme ça…
    En Tsarfat, on a également :
    Vulgarité, mensonge, agressivité permanente (envers les gueux, ou envers les patriotes, qui ne sont pas forcément des attardés, mais qui gardent simplement la mémoire, c’est pas réservé aux « élus » il me semble…)
    Quant au mépris affiché des institutions US… (pourquoi, elles sont respectables ? c’est blasphème d’en douter ?), à la limite c’est leur problème pas le nôtre. Y a qu’à voir la respectabilité de nos institutions, si là-bas, c’est pareil, alors il a raison, et plutôt deux fois qu’une.
    Agressions sexuelles et fraudes, allez admettons qu’on gobe que c’est Satan en personne le mec, mais le Biden, il est comment lui ? Obama le va t-en guerre prix nobel avant même l’investiture ? Et la Clinton ? Comment les gens ont-ils pu choisir Trump ? C’est une blague !
    Combien de guerres a fait Trump, déjà ?
    Trump s’est-il payé des allers-retours à répétition dans le jet d’Epstein ?
    N’a-t’il pas amélioré l’économie et la condition de « défavorisés » ?
    Bon bref. Sidérée parce que je viens de lire. Les pro-trump sont des débiles, on dirait la télé !!!
    (c’est vraiment pas un compliment). Je me sens même pas visée puisque je m’en cogne des états unis (moi non plus j’ai pas de passeport, donc je méprise les autres peuples si j’ai bien compris…. tout comme je préfère mon pays donc j’ai la trouille ou la haine de l’autre, j’ai bon ?), mais je sais que « mon » pays, ce qui fut mon pays à un moment, je veux dire, dépend d’eux. Il faut être aveugle, et pas qu’un peu, pour rater les mises en scènes grotesques sur trump, et sur biden aussi d’ailleurs. Consternée par ce nouvel article.

    « Trump a réussi son coup en 2016 parce qu’il a su séduire, avec beaucoup de talent, cette partie de la population plutôt rurale, vieillissante, peu éduquée, fermée sur elle-même, religieuse, peureuse, qui l’a élu. Ils avaient trop besoin d’un superman en qui croire ».
    Traduction : déjà, il gagne pas les éléctions, « il réussit un coup » (le même genre de coup que georges soros ? que joe bidon ?)
    il a su séduire (tel le serpent olala) avec talent (ou talents, on sait pas), des culs-terreux, des séniles, des débiles, réfractaires, obscurantistes/superstitieux, et donc trouillards, ben ouais c’est des débiles ET des lâches les mecs.

    Ils avaient trop besoin d’un superman en qui croire.
    Je ne ferai aucun commentaire là-dessus, mon frère…

    Répondre
    1. Jean-Pierre CASTEL

      A Ebeth,
      je cherche à comprendre pourquoi Marine Le Pen choisit une stratégie de dédiabolisation, autrement dit de respectabilité, alors que Trump fait tout l’inverse. Croyez-vous que Marine Le Pen fait fausse route, ou que cette différence de stratégie correspond à une différence sociologique et culturelle entre les deux peuples ?

      Répondre
      1. Jean-Pierre CASTEL

        Seriez-vous d’accord avec le « Ce qui m’intéresse, c’est qu’il a redonné de la fierté à la nation » d’un de nos ténors de la politique nationale ?

        Répondre
        1. Michelbenoît-mibe Auteur de l’article

          Ce que j’ai apprécié dans nos échanges, c’est votre témoignage de terrain, vécu, factuel. La question que vous posez maintenant est de l’ordre de l’opinion personnelle : je m’efforce dans ce blog de m’appuyer sur des faits, pas mon opinion (mais le choix des faits est toujours très personnel !).
          M.B.

          Répondre
      2. ebeth

        Bonjour monsieur

        Croyez-vous que Marine Le Pen fait fausse route, ou que cette différence de stratégie correspond à une différence sociologique et culturelle entre les deux peuples ?

        Je ne sais vous répondre catégoriquement, mais : MLP ne fait aucune fausse route, à mon humble avis de non-spécialiste, mais d’observatrice attentive, elle n’est qu’une girouette, et encaisse l’argent. Elle suit le vent, se soumet à certains dictats, elle est incompétente, elle joue un rôle, elle n’y croit pas elle-même. D’après moi, elle a été mise dans un bain qu’elle n’a pas pu éviter. La droite catho la méprise. La plupart de mes connaissances voteraient pour une chèvre plutôt que pour elle.
        Les droitards votent pour elle par désespoir, pour « faire barrage à », un peu comme les gauchos qui font barrage à la « haine ». Certains parlent d’opposition contrôlée, cela me paraît approprié pour son cas. Chez les plus pauvres, type gilets jaunes, c’est partagé entre elle et Mélenchon. Je n’ai qu’un ami enseignant d’université qui a admis en chuchotant voter pour elle, le reste est macroniste ou mélenchoniste.
        Du côté américain, je n’ai pas de connaissance, je n’y ai pas voyagé, je n’y ai pas de contact.
        Mais… Je pense que Trump a compris une chose essentielle : on ne se comporte pas en colombe quand on se bat contre des serpents.
        Ca, c’est accessible à tout le monde. Il a dû comprendre les techniques de diabolisation, et au lieu de les craindre, les a dénoncées et moquées. On ne plaît jamais assez à ces gens-là de la pensée unique du marché unique de la loi unique, qui tiennent les médias, entre autres.
        On peut être le plus diplomate, le plus lisse, le plus courbé possible, ce n’est jamais assez. Il l’a compris. Il ne jouera pas ce jeu. Enfin apparemment. Ca reste à vérifier sur le long terme.
        Je n’ai pas twitter, mais il paraît qu’il n’arrête pas (90 million d’abonnés je crois).
        Je ne vis pas là-bas, mais j’ai vu comment les médias lui ont coupé le micro, comment les réseaux lui censurent ses tweets, comment toujours les médias annoncent sa défaite alors que les recours juridiques se multiplient, que les fraudes semblent prouvées.
        En gros, ce serait plus une question d’épaules, de culot, de caractère, que de stratégie, de société, ou de culture. Aussi, il y a ce truc du « spectacle » chez eux. Ils ont tous leur mise en scène, lui, a « choisi » celle-ci. On peut penser également que Trump est un gros beauf parvenu, il doit avoir une certaine intelligence stratégique et/ou de bons conseils, je crois qu’il a une finesse qui échappe à beaucoup.
        Il n’est pas plus vulgaire que nos propres dirigeants, qui ont atteint des sommets. En tout cas, les médias n’ont pas réussi à me le faire haïr, malgré tous leurs pathétiques efforts, et beaucoup d’américains, de toutes classes, de tous milieux, de toutes races, semblent satisfaits de son premier mandat.
        Maintenant est-il un pion sincère et utilisé pour sa sincérité, ou un vrai dirigeant très intelligent, très éclairé qui va en envoyer une paire en prison ? A voir. Je penche pour la première proposition, un scénario habituel. En tout cas, des choses se préparent là-bas. Voir Sydney Powell et son histoire de « lâcher le kraken », et ce général Flynn et son histoire de lettre.
        Heureusement qu’on a ce divertissement, ça nous change du covid.

        BAV.

        Répondre
        1. Michelbenoît-mibe Auteur de l’article

          je ne prends jamais parti, sauf à partir d’éléments que j’ai pu contrôler moi-même. Voyez l’article de Dominique GRIS + bas, le lien qu’il donne et mon commentaire.
          bon divertissement !
          M.B.

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  7. Jean Roche

    Bonsoir,
    Il me semble que c’est sur tous les plans que leur situation intérieure se dégrade. L’espérance de vie a commencé à baisser, plusieurs années de suite, sous Obama. C’est beaucoup plus significatif que tous les indicateurs économiques qu’on voudra. On se souvient du pourrissement interne de l’URSS à la fin.
    Les partisans de Trump soutiennent qu’il a resserré des boulons qui en avaient grand besoin pour l’économie et la sécurité, que cela a suscité une embellie dans la vie quotidienne, qui a fait notamment que Trump a recueilli bien plus de voix de Noirs et de Latinos qu’en 2016. Je ne sais pas si c’est vrai mais ça me semble au moins à vérifier avant de tomber dans un racisme anti-américains.

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    1. Michelbenoît-mibe Auteur de l’article

      N’étant pas un économiste, je n’ai fait que rapporter des échanges avec un connaisseur des USA, et je l’ai fait « pour ce que ça vaut ». Pour provoquer la réflexion.
      Les anciens empires ont tous disparu. L’URSS aussi. Est-ce le tour des USA ? Et après eux, à qui le tour ? Voilà des interrogations sans réponse toute faite.
      M.B.

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    2. Michelbenoît-mibe Auteur de l’article

      N’étant pas un économiste, je n’ai fait que rapporter des échanges avec un connaisseur des USA, et je l’ai fait « pour ce que ça vaut ». Pour provoquer la réflexion.
      Les anciens empires ont tous disparu. L’URSS aussi. Est-ce le tour des USA ? Et après eux, à qui le tour ? Voilà des interrogations sans réponse toute faite.
      M.B.

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