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A propos Michelbenoît-mibe

Biologiste de formation, moine bénédictin pendant 20 ans, Michel Benoît a ''été quitté" par l'Église pour raisons idéologiques. Chercheur, historien, exégète, écrivain, il s'intéresse à tout ce qui touche au fait religieux en relation avec les questions de société.

« LE SILENCE DES OLIVIERS » : une recension de Pascal Jacquot

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           « Je viens de terminer la lecture du livre Dans le silence des oliviers de Michel Benoît et je voudrais exprimer succinctement mes réactions.

          « Dans un premier temps, je me suis dit que ce récit présenté en roman n’attirerait ni les amateurs d’extraordinaire, ni les chercheurs de spiritualité.

          « Mais rapidement, au fur et mesure de la lecture, je me suis laissé fortement impressionner par ce cheminement vécu en direct, par les questionnements, les épreuves, les appels portés par Jésus.

          « J’ai apprécié à travers la progression dans le temps tout ce qui permet de mieux comprendre ses réactions, son évolution, ses craintes, ses doutes, sa souffrance, sa grande solitude … Avec « Le Mal » puissant qui reste toujours actif et sape les efforts. Avec la méditation dans le silence qui est la base de l’écoute et du cheminement. Sans s’appuyer sur des miracles qui ne sont que des phénomènes naturels ! Et surtout, sans trahir la Parole.

          En préservant la sobriété des citations évangéliques mais en plaçant cette Parole dans son cadre géographique et historique concret, on devine mieux ce qui a pu réellement se passer …

           « C’est une analyse profonde, sérieuse, à la fois claire, précise et très judicieuse, qui traduit une ambiance, une époque et présente un message crédible qui ne tombe pas du ciel mais se construit progressivement à travers des évènements humains.

          Le tout dans un style facile, agréable, non prétentieux et non réservé à une élite …

           « Après le livre Dieu malgré lui qui a été pour moi une révélation, ce roman rassemble une recherche et met en scène des hypothèses mûries, notamment celle du 13° apôtre, le « disciple bien aimé ».

          « Il traduit concrètement une démarche pour mieux en cerner la vraisemblance tout en valorisant la portée exceptionnelle du témoignage de l’homme Jésus, un grand prophète, un croyant engagé mais certainement pas un dieu.

          Ce travail portera ses fruits car les hommes bienveillants qui cherchent à accueillir le bonheur avec leur cœur peuvent entendre facilement cette approche. »

                                    Pascal JACQUOT

               (Publié sur le site écoute et partage)

UNE RECENSION ANGLAISE DU « SILENCE DES OLIVIERS »

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On peut lire sur le site thegoodbookstall.org.uk cette critique de la version anglaise du Silence des oliviers (cliquez, et aussi cliquez)

récemment parue chez Alma Books (London) sous le titre

                          The silence of Gethsemane

 

« Ce roman est un défi (A challenging novel).

 « Tout d’abord, comment raconter la vie publique de Jésus à la première personne, alors que tout le monde sait que cet homme n’a jamais rien écrit ?

 « Et puis, au fur et à mesure que vous lisez, vous vous rendez compte que ce roman tourne autour du « Jésus historique », et non du Dieu incarné. Nulle part il ne dit « je suis le fils de Dieu ». On découvre un homme qui prend conscience de sa relation avec le Dieu d’Israël, et de ce qu’il va devoir dire et faire  pour exprimer cette conscience devant ceux qu’il rencontre, et qui le considèrent comme un rabbi.

 « J’ai trouvé que la narration attentive de cette prise de conscience était particulièrement stimulante. Elle concerne chacun de nous parce qu’elle part de l’humanité de Jésus, et non de sa supposée divinité.

 « J’ai particulièrement apprécié le coup de projecteur porté sur la société juive et les lois religieuses de l’époque, qui permet enfin de comprendre comment Jésus a transformé radicalement la mentalité et la pensée juives, pour en faire ce qui aurait pu devenir le christianisme.

 « Le style adopté par l’auteur est intéressant : il permet au lecteur une lecture fluide, qui facilite l’assimilation d’un point de vue original sur une intrigue (la vie et l’enseignement de Jésus) qu’on croyait connaître, tout comme il stimule la réflexion sur une multiplicité de thèmes abordés de façon très vivante .

 « Scientifique devenu moine bénédictin (il a dû quitter pour « non-conformité idéologique »), l’auteur ne nous donne pas là une nouvelle biographie, routinière et attendue, de Jésus.

« Vous seuls, lecteurs, aurez à décider si vous acceptez le défi d’un regard raffraîchissant sur l’homme appelé Jésus »

                                                         Traduit de l’anglais par M.B.

DANS LE SILENCE DES OLIVIERS : trois réactions anglaises

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            Dans le site newbookmag.com / Alma Books, on peut lire ces trois recensions du Silence des Oliviers, traduit en anglais sous le titre The silence of Gethsemane

 Jan Stoyanov :

           « J’ai très vite été transporté comme à l’intérieur des pensées du narrateur – qui est ici l’homme Jésus.

          « D’un point de vue historique, les descriptions de son contexte quotidien sont vivantes et fascinantes : je me suis trouvé à ses côtés, sachant ce qu’il pouvait ressentir ou penser quand il était confronté aux événements de sa vie publique.

           « Le livre est superbement écrit : documenté, vibrant, incroyablement détaillé et historiquement pointu. Jamais encore je n’ai lu un récit aussi évocateur et éclairant de la vie de Jésus replacée dans son époque.

           » Peurs, trahisons, souffrance – et pour finir, acceptation d’une issue connue comme inévitable  : tout cela m’a tenu éveillé, j’ai lu jusque tard dans la nuit.

           « Voilà un livre que je relirai souvent. J’en ai aimé chaque passage, et en le refermant j’ai eu l’impression d’avoir rencontré personnellement son héros. »

 Clare Turner :

           « L’auteur soutient que Jésus était un homme exceptionnel et un prophète, mais pas un dieu. Qu’il y avait à ses côtés un treizième disciple, qu’il appelle ‘’le Judéen’’. Et que les apôtres, surtout Pierre et Judas, étaient bien différents de ce qu’on nous a toujours fait croire.

          « Il se donne enfin pour tâche de découvrir l’enseignement personnel de Jésus, au-delà de tout ce qu’on a pu lui faire dire.

           « Étant moi-même une chrétienne engagée, je m’attendais à détester ce livre : eh bien, il n’en a rien été. L’écriture est alerte, Jésus devient un personnage vivant et crédible. La façon dont l’auteur replace dans leur contexte des histoires qu’on croyait si bien connaître est merveilleuse.

           « De façon inattendue et quelque peu ironique, ma foi a été confortée par l’homme que j’ai rencontré dans ces pages.

          « Ceci dit, il est clair que le point de vue de l’auteur pourra désorienter certains. »

 Kim Smith :

           « L’histoire se passe dans le jardin de Gethsémani, et l’auteur explore la rêverie, les pensées, les réflexions et les sentiments d’un Jésus qui jette sur sa vie passée un regard rétrospectif.

            » Il est seul au milieu des oliviers, et sait ce qui va lui arriver : l’attente angoissée de son arrestation donne au récit une tonalité incroyablement émotionnelle.

          « Le portrait du personnage est très bien rendu – même si c’est un peu bref, mais ceci est un livre court.

           « La description des événements remis dans leur contexte donne une image très claire des modes de vie locale, depuis les choses les plus ordinaires jusqu’aux règles contraignantes fixées par la tradition juive de l’époque.

           « Ce livre est un bon choix pour un groupe de lecture comme le nôtre : il y a beaucoup à découvrir, à penser et à discuter. »

                                        (Traduit de l’anglais par M.B.)

LAURENT VOULZY lecteur de « Dieu malgré lui »

Voulzy + Dieu malgré lui

                                                                                                                        Laurent Voulzy

en train de lire « Dieu malgré lui ».

(Malgré le confort, il ne semble pas somnoler sur le livre)

UN NOUVEAU LIVRE DE MICHEL BENOIT : L’Évangile du treizième apôtre – Aux sources de l’Évangile selon saint Jean (I.)

Publié le par Michel Benoit

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            Quatre livres déjà parus (1) ont tiré de l’oubli un homme présent dans l’entourage de Jésus le nazôréen, que j’ai appelé le treizième apôtre dans Dieu malgré lui

          Pour conclure cette série, j’ai voulu mettre à disposition du public le long travail de recherche historique & exégétique qui a précédé l’écriture de ces ouvrages, et l’a rendue possible.

          Publié chez l’Harmattan, c’est un texte court (100 pages), de lecture facile malgré sa technicité.

           Voici sa présentation en couverture :

           Aucun des auteurs des quatre évangiles n’a connu Jésus personnellement.

          Aucun ? Peut-être pas. On sait maintenant qu’un treizième homme faisait partie de son entourage, le mystérieux disciple bien-aimé. Un treizième apôtre dont le témoignage oculaire est parvenu jusqu’à nous, grâce au récit d’un groupe peu connu, les nazôréens.

           Après avoir publié plusieurs ouvrages sur ce témoin capital gommé par l’Histoire, Michel Benoît cherche à exhumer ce récit actuellement enfoui dans l’Évangile selon saint Jean.

          Travail de restitution précis et minutieux, qui permet de découvrir un autre Jésus que celui des apôtres : Jésus avant le Christ. Son visage apparaît infiniment humain, démaquillé de tout ce que l’Église a plaqué sur lui pour en faire le fondateur du christianisme.

           Une approche qui renouvelle complètement notre compréhension d’un texte fondateur de l’Occident et de sa culture.

           Catholiques ou protestants, les spécialistes professionnels feront la moue devant cet essai : « Quoi ! Moins de mille pages, pas de notes compliquées, pas de langue de bois, pas d’énorme bibliographie ? Pas sérieux ! »

           C’est que la vulgarisation n’a rien de vulgaire. Elle suppose un grand respect du public non-spécialisé, une documentation considérable, un effort constant pour dire l’essentiel en peu de mots, et sans étalage d’érudition.

           Elle suppose surtout d’avoir lu et assimilé les travaux des chercheurs qui ont précédé : inutile de refaire tout le chemin qu’ils ont parcouru. Parmi d’autres, Boismard, Jeremias, Brown, Meier, sont les autorités sur lesquelles je me suis appuyé, pour faire progresser la recherche sur l’un des textes les plus commentés de l’Histoire du christianisme.

           « Le pédagogue, disait Socrate, est celui qui aide à poser les bonnes questions ». Puisse cet essai vous donner à penser, vous aider à chercher, stimuler votre réflexion et votre méditation. Ouvrir des portes, vous donner enfin un outil de plus pour partir à la découverte d’un témoin capital du mystère divin et de la nature humaine, le Juif Jésus.

                                Infos pratiques :

 Vous pouvez commander ce livre chez votre libraire, ou par Internet sur Amazon, ou encore directement sur le site de l’Harmattan, www.editions-harmattan.fr.

 Ou sur sa fiche dans ce site

http://www.editions-harmattan.fr/index.asp?navig=catalogue&obj=livre&no=39464.

 Contact promotion chez l’éditeur : marianne.ravaud@harmattan.fr.

                                                 M.B., 17 février 2013

(1) Dieu malgré lui, Le secret du treizième apôtre, Jésus et ses héritiers, enfin Jésus, mémoires d’un Juif ordinaire (c’est Dans le silence des oliviers, paru en Livre de Poche sous ce nouveau titre fin mars 2013)

L’ÉVANGILE DU TREIZIÉME APOTRE (II) : une critique

          L’évangile du treizième apôtre commence à être lu, quelques critiques me parviennent.

          Voici l’une d’elles : « Votre texte tient très bien debout, mais c’est descriptif et sans message. On dirait que c’est écrit seulement pour se justifier, et corriger des inexactitudes ».

 Qu’est-ce que l’exégèse ?

           Pour la première fois, je publie un ouvrage d’exégèse.

          L’exégète se penche sur un texte du passé, né dans un contexte, une culture anciens et disparus, écrit dans une langue morte ou étrangère. Il cherche à comprendre ce que ce texte peut vouloir dire pour nous, dans notre contexte, notre culture actuelle et la langue que nous parlons.

          L’exégèse est une des disciplines de l’Histoire : de même que l’historien cherche la vérité des faits, l’exégète cherche la vérité des textes.

          C’est un archéologue des mots : après les avoir identifiés, il cherche à les comprendre en les replaçant dans la strate historique dont ils proviennent.

           Depuis un siècle et demi, les exégètes bibliques ont mis au point une panoplie d’outils, des critères de lecture qui se révèlent performants. J’en ai donné ailleurs la liste (cliquez), ils sont évalués dans le Tome I de J.P. Meier (1), ce sont eux que j’ai utilisés pour extraire du Quatrième Évangile, dit selon saint Jean, un texte enfoui, noyé dans ce monument fondateur du christianisme.

 Une reconstitution ?

           Identifier, à l’intérieur de ce texte archiconnu, écrit par plusieurs mains anonymes au tournant du 1e siècle après J.C., un autre texte dont l’auteur serait le disciple bien-aimé de Jésus, qui n’est nommé que dans ce Quatrième Évangile.

          Pour procéder à cette extraction, créer de nouveaux outils, des critères de lectures adaptés à cette chirurgie-là, particulièrement délicate et fine.

          Est-ce de la chirurgie plastique, aboutit-on à un nouveau texte, reconstitué à partir de l’ancien ?

          Non, c’est un accouchement. Sorti de la maternité, le texte paraît nouveau parce qu’il a été débarrassé, nettoyé de l’amas de mots qui l’enveloppait et le rendait quasi-invisible dans ce placenta.

 Un nouvel évangile ?

           Les trois autres évangiles sont des ouvrages théologiques, et même polémiques.

          Des souvenirs, des paroles de Jésus ont été regroupés, triés, corrigés, amputés ou amplifiés, pour répondre à l’ambition des premiers chrétiens : créer une nouvelle religion, en inventant un nouveau dieu.

          Cela s’est fait progressivement : écrit le premier, Marc ne divinise pas encore Jésus, comme le feront plus tard Matthieu et Luc – qui déclare avoir soigneusement composé son texte.

          Chacun de ces trois évangéliste a inscrit sa théologie propre, en même temps que celle du milieu dans lequel (et pour lequel) il écrivait, non seulement en transformant plus ou moins certains dires et certains faits de Jésus, mais en les présentant de façon « ordonnée », comme le dit Luc.

          Or le texte que j’exhume du Quatrième Évangile n’a pas d’ordonnancement, pas de structure élaborée. C’est un recueil de quelques souvenirs d’un habitant de Jérusalem, qui témoigne de ce qu’il a vu et entendu lorsque Jésus quittait sa Galilée natale, pour monter dans la Ville de David.

          Le titre de mon petit livre est donc inexact : L’évangile du treizième apôtre aurait pu s’appeler Quelques souvenirs d’un témoin oculaire de Jésus à Jérusalem.

Une description

           Les lecteurs découvriront que ce qui est exceptionnel dans ce texte – à vrai dire, unique dans l’Histoire des Religions – c’est que l’auteur se contente de décrire ce qu’il a vu. Il se refuse absolument à toute interprétation morale, religieuse, philosophique ou théologique, des événements dont il a été le témoin, et de la personne qui est à l’origine et au centre de ces événements.

          Nous sommes tellement habitués, déformés par l’énorme édifice de pensées, de théories, de dogmes, de controverses qui collent depuis le début à la peau de Jésus, que nous voilà tout déconcertés. Quoi ? Ce disciple anonyme a vraiment rencontré personnellement Jésus, il a vraiment vu ce qu’il raconte, son témoignage est le seul de première main que nous possédions… et il n’en tire aucune conclusion, aucun message, aucune théorie, aucune théologie ?

          Eh non ! Il se contente de nous mettre en présence du Galiléen.

          Il semble avoir été tellement séduit, subjugué par l’homme qu’il voyait évoluer en Judée, dont il est sans doute devenu un ami proche, qu’il se refuse de nous dire autre chose que : « Venez, et voyez ».

 Une critique ?

           La critique de mon lecteur est donc le plus beau compliment qu’il pouvait me faire.

          Oui, ce livre est descriptif et sans message : au lecteur, et à lui seul, il appartient d’en tirer un message à sa taille. Ajouter mon message à l’absence de message du disciple bien-aimé, c’eût été le trahir (et trahir l’homme qu’il décrit) : c’eût été faire de la mauvaise exégèse.

          Oui, c’est une justification de tout ce que j’ai publié jusqu’ici : mes romans (cliquez et cliquez) sont tous nés de cette exégèse.

          Oui, c’est écrit pour corriger des inexactitudes : celles qui forment sur le visage de Jésus l’épais maquillage du dogme que nous connaissons, et qui nous étouffe.

           Prenez le temps de lire ces cent petites pages. « Venez, et voyez » : je n’ai pas cherché à voir à votre place.

                                                             M.B., 5 mars 2013

 Comment se procurer L’évangile du treizième apôtre : cliquez

 (1) John P. Meier, Un certain Juif, Jésus – (I) Les données de l’Histoire, Cerf, 2004.

« JÉSUS, MÉMOIRES D’UN JUIF ORDINAIRE » au Livre de Poche

Publié le par Michel Benoit

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           Dans le silence des oliviers, publié par Albin Michel en 2011, sort au  »Livre de Poche » sous un nouveau titre, Jésus, mémoires d’un Juif ordinaire.

           Il s’agit du même texte, seul le titre a changé. Pourquoi ?

          Parce que ce roman se présente bien comme un retour sur sa vie passée, au moment où Jésus sait qu’il va être arrêté. Il se remémore les événements qui l’ont conduit à tout quitter pour vivre en prédicateur itinérant, faisant exploser son horizon de Juif pieux.

           Un roman, mais basé entièrement sur la Quête du Jésus historique (cliquez).

          Un roman historique, ou plutôt exégétique. Ce n’est pas une  »vie de Jésus » (cliquez), mais une évocation soigneusement documentée de ce qu’il a voulu faire, et dire (cliquez).

          Traduit en anglais sous le titre The silence of Gethsemane (cliquez).

           Un petit livre, agréable à lire, dans lequel j’ai voulu condenser quarante ans de recherche sur la personne de celui qui est à l’origine de notre civilisation occidentale.

          Cette recherche, on en trouvera l’illustration dans un autre petit livre qui vient de paraître, L’évangile du treizième apôtre (cliquez).

           En voici la quatrième de couverture :

           Aucun Juif n’est ordinaire, quand il assume l’héritage des prophètes du judaïsme.

          Ni quand il prétend porter cet héritage à son accomplissement.

          Tel fut Jésus le Galiléen.

           Dans la nuit de Pâque, caché au milieu d’un jardin d’oliviers, il sait qu’il a été trahi, qu’il va être arrêté. Seul face aux étoiles, il revit les événements qui ont façonné sa vie : la rencontre de Jean-Baptiste, le séjour au désert, ses deux années d’itinérance…

          Il se rappelle le surgissement progressif d’un message original et neuf, incompris de ses proches et rejeté par les autorités juives.

           Michel Benoît évoque avec limpidité et érudition la formidable présence d’un Jésus qui aurait pu faire naître un monde différent, s’il avait été entendu.

           Si ce petit livre vous a plu, faites-le connaître autour de vous…

                                M.B., 23 mars 2013 .

APRÉS L’ÉMISSION « UN HOMME APPELÉ JÉSUS » sur France 2

          C’était forcément le « grand écart », et le réalisateur Roland Portiche le savait.

          Il savait qu’il ne fallait pas mécontenter les amateurs de mythes et de légendes, tout en ouvrant des fenêtres sur la réalité.

          Respecter les croyants, tout en laissant parler les chercheurs.

          Pari forcément inconfortable, mais pari réussi : une très belle émission, qui a réuni, un soir de départ en vacances, 4,9 millions de téléspectateurs devant l’écran.

          Jésus l’a presque emporté sur Obélix (même heure sur TF1).

           Le fil conducteur est fourni par les images tirées du film, déjà ancien, de Franco Zeffirelli. Un Jésus White Anglo Saxon Protestant d’Hollywood, propre à rassurer nos vieux et enchanter nos enfants. Mais les images de Zeffirelli sont belles, et juste après on nous montre la reconstitution saisissante de ce à quoi pouvait ressembler réellement un Juif contemporain de Jésus.

          Sur ce canevas, R. Portiche a laissé s’exprimer une dizaine d’historiens et exégètes. Tous l’ont fait sans passion, avec rigueur et mesure.

          Tous, sauf un.

           J’ai publié dans ce blog deux articles sur le livre Jésus de l’inénarrable Jean-Christian Petitfils (cliquez et cliquez). Historien de talent (il l’a montré dans un excellent Louis XVI, (cliquez), il perd tout contrôle dès lors qu’il s’agit de Jésus. Oublie ce qu’est le rigoureux travail de l’historien, ignore la critique textuelle, mélange tout pour se faire le porte-parole des catholiques piétistes et fondamentalistes.

          En vrac, il justifie la réalité historique du massacre des Innocents, de l’étoile de Bethléem, fait sans hésiter du dernier repas de Jésus une eucharistie, de sa souffrance « un mystère qui sauve l’humanité », puis s’enflamme en vue du Suaire de Turin (cliquez)… Tout cela est affligeant, plus que les interventions du cardinal Vingt-trois qui est dans son rôle en répétant sa leçon.

           Fort heureusement les autres intervenants font vite oublier ce miel de sacristie. Avec compétence, ils contredisent et corrigent ces propos, dans une convergence de vues d’autant plus frappante qu’ils ne se sont aucunement concertés. Particulièrement appréciables les contributions de Raphaël Draï, professeur à Science-Po qui parle du Juif Jésus en Juif laïc, averti et apaisé (« pour tout Juif, la mort n’est pas une fin »). De Michel Quesnel, prêtre et doyen de faculté théologique, qui n’hésite pas à faire part de ses doutes sur la version ‘’politiquement correcte’’. De Daniel Marguerat, fin connaisseur du Jésus historique, qui n’a qu’un moment d’hésitation au moment où il parle de la ‘’résurrection’’ (cliquez). Du rabbin Marc-Alain Ouakim, pour qui la guérison miraculeuse est d’abord la redécouverte de « la foi en soi-même », de « la force d’exister ».

           Particulièrement intéressantes les vues des fouilles récentes sur les sites de Nazareth, Sepphoris, Capharnaüm (on voit la synagogue où Jésus enseigna !), Magdala, les deux piscines de Bethesda et Siloé, la barque si semblable à celle des apôtres pêcheurs du lac de Galilée. L’escalier du Temple, aux marches inégales pour canaliser la cohue…

           En préambule du film, Stéphane Bern dit qu’il en ressort l’image « d’un Jésus bien différent du catéchisme traditionnel ». Et en conclusion : « Entre la mort de Jésus et le début du christianisme, il s’est passé quelque chose de décisif. Oui, mais quoi ? Sans doute ne le saura-t-on jamais, car tout ne s’explique pas ».

          Certes, le besoin viscéral de mythes est inscrit dans nos gènes, comme en témoignent les peintures préhistoriques, et il ne s’explique pas. Mais on sait très bien aujourd’hui comment Jésus a été transformé en Dieu, son message de prophète juif en idéologie mondiale et conquérante.

          Seulement, ceci est une autre histoire…

           Après la diffusion, Roland Portiche m’a envoyé ce message :

          « Vous êtes sans doute frustré du peu que j’ai retenu de notre longue interview. Il fallait gérer des heures et des heures d’entretiens (une trentaine) très riches et un minutage qui, sans être négligeable (1h43), était tout de même limité. Le résultat est quand même là : cinq millions de français ont découvert hier soir une approche de Jésus un peu différente de celle à laquelle ils étaient habitués. Le but de l’émission n’était pas de TOUT dire en une seule soirée, mais de donner envie au public d’en savoir plus ».

           Frustré ? Sûrement pas. Vous avez ouvert des portes. Vous avez posé des questions : ceux qu’elles intéressent iront lire nos livres, qui sont indiqués sur votre site. Ils verront une fois de plus que tout, dans ce qui est enseigné officiellement, n’est pas toujours vrai.

          Et s’ils découvrent derrière l’icône de la tradition un homme exceptionnel, qui a beaucoup à nous apporter en ces temps de désespérance, vous aurez gagné votre pari.

           Enfin, vous aurez montré ce qu’est la vraie laïcité, puisque vous laissez parler de leurs convictions intimes et irrationnelles un cardinal, un J.C. Petitfils, à côté de chercheurs attachés à la vérité des faits, insatisfaits par nature et par profession.

           Votre émission fait honneur au Service Public.

                                        M.B., 8 mai 2013

 On peut la revoir, avec bibliographies, en cliquant sur

http://www.france2.fr/emissions/secrets-d-histoire/diffusions/07-05-2013_53553

CHOC DES CIVILISATIONS, OU FIN D’UNE CIVILISATION ?

          En 1996, Samuel P. Huntington publiait Le choc des civilisations. Il analysait la confrontation entre « L’Occident et le reste du monde », la civilisation occidentale est les autres. Il montrait qu’un choc était inévitable, et serait ravageur, entre ces deux entités : l’une cernable et définie (l’Occident), l’autre floue et mouvante (le reste du monde).

     L’analyse de Huntington ne prenait pas (ou pas suffisamment) en compte un phénomène majeur, bien exprimé par Élie Barnavi (Les religions meurtrières, Flammarion, 2006 : cliquez) : « Vous croyiez Dieu mort et enterré, ou du moins définitivement chassé de l’espace public… Vous découvrez, effaré, qu’Il revient en force, et avec quel éclat » (p. 9)

     Le retour de Dieu (ou plutôt des religions, car « Dieu » n’est pas plus présent qu’autrefois) est un phénomène nouveau, inattendu, et qui change tout. Nous découvrons que nous nous sommes trompés pendant plus d’un siècle : Dieu n’est pas mort, comme le proclamait Nietzche. Il y a bien un choc, mais c’est un choc entre religions. Comme il en a été pendant des siècles, en fait depuis que l’homme existe en sociétés.

     Pourquoi n’avons-nous pas su analyser et comprendre  ce qui nous arrive ? Parce que l’Europe s’était habituée, depuis le IV° siècle, à habiter l’intérieur d’une civilisation fondée, enracinée dans le christianisme, totalement façonnée par lui. Pour le meilleur comme pour le pire, l’Europe a été chrétienne, officiellement, depuis l’an 380 – date à laquelle l’empereur Théodose décrèta le christianisme religion officielle (et unique religion) de l’Empire romain.

     Cela a duré, inchangé, pendant 17 siècles. Et puis, en 2004, pour la première fois de son histoire, l’Europe déclare officiellement qu’elle ne reconnaît plus son identité dans le christianisme : le projet de Constitution Européenne ne comporte aucune référence chrétienne, malgré la baroud d’honneur mené par 3 pays sur 25 (l’Italie poussée par le Vatican, l’Espagne, la Pologne). L’Europe se définit comme un ensemble de sociétés marchandes, sans socle identitaire commun : ce qui ne suffit pas à faire une civilisation.


     Nous ne vivons donc pas un  « choc des civilisations », entre eux et nous : mais la confrontation entre une civilisation (le Tiers-monde, emmené par l’islam) et une non-civilisation, l’Europe. Laquelle ne représente plus une force capable de s’opposer pour exister, mais un ventre mou que pénètre, avec une extraordinaire facilité, l’islam sous toutes ses formes.

     L’Allemagne, vieille nation chrétienne, vient de prendre la présidence de l’Europe. Elle ne présidera rien, puisque l’Europe ne lutte pas à armes égales contre la civilisation, forte et sûre d’elle-même, qui lui fait face.


                        M.B., janvier 2007

IMPASSE DE L’OCCIDENT : un survol historique.

Au IV° siècle, l’Empire romain était totalement imprégné par le culte solaire de Mithra. Il s’en est fallu de peu que Julien l’apostat, formé au christianisme dans son enfance, n’impose un mithraïsme réformé, avec « médiateur » et trinité solaire, qui aurait pris la place du christianisme alors en formation.
En retour, ce culte a marqué de son influence le christianisme, puisque Jésus est souvent représenté depuis avec les attributs solaires, la liturgie ancienne l’appelle sol oriens (soleil levant), la date du 25 décembre sera choisie comme dies natalis (jour de naissance) du Christ, les églises sont toutes orientées vers l’Est…

Finalement, c’est le christianisme qui l’a emporté, peut-être grâce à son insistance sur la souffrance humaine – négligée par le mithraïsme. Un « Dieu souffrant » sédu isant plus facilement des foules souffrantes qu’un dieu solaire triomphant des ténèbres…

L’évolution du christianisme peut se schématiser ainsi :

– Un Rabbi juif est divinisé pour des raisons essentiellement « politiques », et au contact des religions à mystère de l’Empire. L’influence gnostique est forte (gnose grecque et juive).

– Pendant deux siècles, christianisme primitif et religions orientales cheminent côte à côte, en rivalité de plus en plus vi olente. Irénée est le premier à organiser la confrontation.

– En 313, Constantin publie un Décret de tolérance qui instaure une compétition politique (avantages économiques, fiscaux, exemptions..) entre christianisme et religions anciennes

– Les chrétiens, libérés par cet édit, se déchirent entre eux : sous une apparence dogmatique, ce sont surtout des querelles de pouvoir. Les sectes chrétiennes pullulent, l’Arianisme en tête qui refuse la divinité de Jésus. En 325, un concile partiel (Nicée) fixe la doctrine de la tendance dure (divin isa tion de Jésus), mais les opposants ne l’acceptent pas. L’ Empire se déchire entre un Occident catholique et un Orient Arien.

– Julien se rend compte que l’Empire romain va disparaître s’il perd son ossature religieuse et culturelle. Il tente, vers 360, une restauration du mithraïsme.

– La mort rapide de Julien fait avorter cette tentative. Comme prévu, l’Empire s’effondre.

– Sur ses restes, l’Église chrétienne s’établit par un double mouvement :

  • Persécution des religions anciennes, prise du pouvoir (privilèges politiques et sociaux), puis élimination des rivaux religieux (sauf arianisme). A la fin du IV° siècle, l’Église apparaît seule debout dans un champ de ruines.
  • Consolidation du dogme de l’Incarnation par celui de la Trinité (Chalcédoine, 451) : établissement d’une forteresse dogmatique à laquelle collaborent des esprits à la fois brillants et fanatiques d’Orient et d’Occident.

– Sur ce socle dogmatique se construit lentement l’édifice sacramentel : entre le 8° et le 10° siècle, le couple sacerdoce-épiscopat est bétonné, le célibat des prêtres défini. Autour du 10° siècle, fixation du sacrement de mariage, tissu conjonctif de la société chrétienne.

– Autour du 13° siècle, fixation de l’eucharistie : on conceptualise la transformation de la substance du pain en substance du ressuscité, grâce au recours à la philosophie aristotélicienne qu’on vient juste de redécouvrir.

– Au 11° siècle, schisme orient-occident pour raisons purement politiques. Mais il faudra attendre 1871 pour que la dernière conséquence en soit tirée : la définition du dogme de l’infaillibilité papale. Peu après, échec des conversations entre Newman et les anglicans, où l’on évoque la reconnaissance des ordinations anglicanes – qui aurait réunie à Rome l’Église d’Angleterre et ses colonies, notamment américaines.

– Au tournant du 20° siècle, 1° crise moderniste : l’Église, qui a encore une certaine vitalité intellectuelle (renouveau thomiste des années 20 à 40), réagit. Elle achève l’édifice sacramentel en définissant le « moment » de la transsubstantiation : les par ole s de la consécration et non pas l’épiclèse qui la précède – rejetant ainsi une main tendue de l’Orient, pour qui c’est l’épiclèse qui est le centre de la prière eucharistique.

2° crise moderniste : l’après-guerre. La structure hiérarchique de l’Église est mise en cause par le mouvement théologique (Congar, de Lubac, Rahner…) et social (les prêtres-ouvriers, les nouvelles fondation religieuses)

– Vatican II : ne condamne pas, mais se contente d’entrouvrir quelques portes : ministères, rapprochement avec les chrétiens « séparés »… Bien évidemment, on ne touche pas aux fondements dogmatiques. C’est un Concile « pastoral » : par ce terme qui définit son (absence d’) ambition, l’Église avoue qu’elle n’a plus les moyens de bâtir, ou de re-bâtir, un édifice doctrinal ou idéologique d’envergure.

– Le long règne de Jean-Paul II fige durablement cette pétrification de l’Église : toute recherche est condamnée (théologiens sud-américains, Drewerman), toute ouverture refermée (Gaillot), l’Église se crispe sur la morale sexuelle. Les avancées idéologiques, religieuses (au sens large) et spirituelles se font désormais en-dehors de l’Église : altermondialisme, condition de la femme, écologie, recherches sur l’identité de Jésus, méditation, retour des religions « orientales » (hindouisme, bouddhisme…).

Bref, on est revenu à une situation analogue au IV° siècle, à une différence près : l’Église n’est plus l’ad olescent fougueux d’alors, en croissance irrésistible. C’est un vieillard fatigué, ankylosé par les énormes calcifications idéologiques héritées de ses réactions ponctuelles à des situations nées en des époques successives du passé.
Mais qui, une fois pétrifiées, interdisent tout mouvement.

La chape dogmatique, faite d’éléments superposés au cours des siècles, devient le couvercle d’un cercueil qui enterre l’Église. Elle n’est plus capable que de s’agripper à cette chape, reliquat à la fois fastueux et pesant d’un passé révolu.

Prenons du recul : on voit une grande période de construction dogmatique, entre le 2° et le 4° siècle. Puis une continuation sur la lancée, qui devient par la suite une calcification.

La différence entre les conciles du IV° siècle et Vatican II est parlante : l’Église du XX° siècle a perdu tout élan constructeur, elle n’est plus qu’un conservatoire de son passé. Sa marge d’adaptation à la vie qui continue est très restreinte (quelques bricolages sans envergure) et surtout sans ambition. Au cours du 20° siècle, elle montre clairement qu’elle a perdu tout contact avec la marche de l’humanité, sur le plan religieux et humain.
Conservatisme et perte de contact allant évidemment de pair.

La question se pose : peut-on espérer un retour, dans l’Église, à sa créativité des quatre premiers siècles ? Et quand on connaît l’intrication des ambitions politiques et des objectifs religieux de cette époque fondatrice, est-ce souhaitable ?
Ou bien le besoin de vie religieuse de l’humanité va-t-il désormais s’exprimer hors l’Église, ce qui semble être le cas ?

Et alors : quel rôle notre génération (qui a encore connu une certaine Église) peut-elle, doit-elle jouer, pour que l’effacement de cette structure ne s’accompagne pas de l’effacement de Jésus ?

                    M. B., 10 janvier 2007