LE CHRISTIANISME : MORT, OU CONTINUITÉ ?

« Nous autres religions, nous savons que nous sommes mortelles », aurait pu dire Paul Valéry. Les religions de l’Égypte, de l’Assyrie, de Rome, sont mortes : après 2000 ans, le christianisme – et plus particulièrement le catholicisme – s’acheminent-ils vers leur disparition et leur mort ?

Derrière toute religion, derrière toute grande transformation politique, il y a un homme. Derrière, ou plutôt avant. Un homme, un prophète ou un lider maximo qui fraye la voie. Souvent  incompris de son vivant, toujours exalté et glorifié par ses successeurs qui se servent de son image pour entreprendre ce qu’il n’avait ni envisagé, ni même entrevu. Staline succède à Karl Marx, Hitler à Gobineau, les Dalaï Lamas à Siddhârta, le Prophète de l’islam à un guerrier arabe quasi anonyme… Le Christ à Jésus et le Vatican au Golgotha.

Le Christ après Jésus

Il a fallu 4 siècles pour transformer le prédicateur galiléen en Christ et troisième personne d’une Trinité divine. Pour faire un Dieu de cet artisan des classes moyennes d’un petit royaume inféodé à Rome. Et pour bâtir sur son image déformée un imposant empire qui a dominé le monde, soit directement, soit en transmettant à l’Occident à la fois quelques-unes de ses valeurs et son ambition de conquête.

Revenons au début du 20e siècle. La lecture de la Bible (l’Ancien Testament) était interdite aux catholiques, et les évangiles ne leur étaient offerts que dans leur version latine, incompréhensible au peuple. Le catholicisme était fondamentaliste : on enseignait que la Bible et les évangiles sont la parole de Dieu. On ne critique pas Dieu : l’exégèse historico-critique était inexistante, la Parole sacrée devait être prise à la lettre, la science devait lui être soumise. La condamnation de Galilée pesait toujours sur les croyants.

La principale révolution apportée par Luther a été sa traduction de la Bible en allemand, suivie de peu par la King James version en anglais. C’est pourquoi l’exégèse historico-critique est née au 19e siècle en pays germanophone et anglo-saxon. Il faudra attendre l’encyclique Divino afflante spiritu de Pie XII (1943) pour qu’elle soit autorisée aux catholiques, et le décret de Vatican II Sacrosanctum Concilium (1963) pour que la Bible soit lue en langue moderne aux fidèles catholiques.

Dans la recherche sur le Jésus historique les protestants Allemands et Anglo-américains avaient donc une bonne longueur d’avance sur les catholiques. Quand j’ai commencé à travailler sur ce sujet en 1973 il n’y avait rien chez nous, aucune étude. À Rome je n’avais entendu parler que du Christ, jamais de Jésus. Et le Vatican avait rejeté mon projet de thèse sur le Juif Jésus.

Depuis, des centaines d’ouvrages ont été magnifiquement synthétisés et prolongés par les 4 tomes de John P. Meier parus en France peu après l’an 2000. Dieu malgré lui, paru en 2001, n’a pas pu bénéficier de la recherche américaine : malgré cela, ce livre reste une bonne présentation du Jésus historique et sa deuxième partie, Un Bouddha Juif, est une confrontation entre Jésus et le Bouddha Siddhârta unique en son genre.

Le Juif Jésus n’est pas le Christ-Dieu, son enseignement n’a pas grand-chose à voir avec un dogme chrétien qui plane dans le ciel de l’abstraction : peu à peu, cette idée fait son chemin. Mais ses conséquences sont inacceptables pour un catholique, puisqu’en séparant dans les textes ce que Jésus a dit de ce qu’on lui a fait dire, ce qu’il a fait de ce qu’on lui a fait faire, le dogme s’écroule. Si Jésus n’était pas de nature divine, s’il n’est pas ressuscité, il n’y a plus d’Église catholique, plus de pouvoir sur les croyants, plus de sacrements.

Des croyants orphelins du Christ ?

Et pourtant, la redécouverte de la personne, de la personnalité et de l’enseignement de Jésus, remis dans leur contexte par l’exégèse historico-critique, ne détruit rien, ne démolit rien, au contraire. Rappelons brièvement ici trois exemples, abondamment documenté dans mes ouvrages avec références (1).

Comme tous les Juifs, Jésus attendait la venue d’un Messie qui restaurerait le Royaume mythique de David. Mais jamais il n’a prétendu être ce Messie : interrogé par ses apôtres, il leur interdit de le dire.

Comme tous les Juifs, il se savait et se disait fils de Dieu. Mais en aucun cas, dans sa bouche, ce titre ne pouvait signifier ‘’de même nature que Dieu’’. Se prendre pour Dieu était un blasphème auquel le Juif Jésus, disciple des pharisiens, ne pouvait songer. Interrogé sur ce point par le Grand prêtre, il esquive la question – sans quoi il eût été immédiatement lapidé.

Comme tous les Juifs, Jésus croyait en une résurrection à la fin des temps. En aucun cas trois jours après sa mort, et les ‘’annonces de sa résurrection’’ qu’on lit dans les évangiles ne sont pas de lui mais de l’Église primitive. Pour l’absence de son corps dans le tombeau de Joseph d’Arimathie j’ai suggéré l’hypothèse la plus vraisemblable, l’enlèvement du cadavre à l’aube du 9 avril par des Esséniens pour l’enterrer en ‘’terre pure’’.

Que Jésus ne soit pas Dieu, qu’il ne soit (si j’ose dire) qu’un prophète inspiré, qu’est-ce que cela change pour nous ? Rien. Car le but proposé à chacun par Jésus est de revenir à la maison, comme le fils prodigue. C’est d’entrer après notre mort dans ce qu’il appelle le ‘’Royaume’’, c’est-à-dire l’intimité de « son Père et notre Père ».

Que Jésus ne soit pas ressuscité ne change rien pour nous. C’est mon parcours dans l’enseignement du Bouddha Siddhârta qui m’a fait prendre conscience que « rien ne meurt, tout se transforme. » Comme tous les Éveillés, à sa mort Jésus n’a pas connu de nouvelle naissance. Il a continué à vivre dans un espace-temps dont nous ne savons rien, que toutes les religions ont appelé ‘’le ciel’’ ou son équivalent. La mort n’existe pas, la vie change de nature. Jésus est vivant, autrement, et accessible à chacun d’entre nous, à chaque instant, comme tous les Éveillés qui ont franchi l’étape du parinirvâna.

Devenus orphelins du Christ des dogmes, les chrétiens ne seraient pas pour autant orphelins de Jésus, ni de Marie et de tant d’autres Éveillés. Et encore moins orphelins de leur Père commun, Celui qui n’a aucun nom et que les théologiens appellent ‘’Dieu’.

Père très aimant, plein de tendresse et de compassion à notre égard. Dont la présence est telle, qu’elle suffira à remplir de bonheur une éternité dont nous n’avons pas idée.

Revenir à Jésus ?

Le christianisme ne disparaîtra pas, car il a sur les autres religions un atout considérable : l’existence d’un homme, Jésus, dont la personne, la personnalité, la vie publique et l’enseignement sont de mieux en mieux connus. Une réalité historique incontournable, indiscutable – même si les exégètes discutent encore de tel ou tel point d’interprétation – ce qui est bien normal, l’exégèse n’est pas une science exacte.

La différence avec l’islam est considérable, puisque l’on ne sait presque rien du chef de guerre Arabe dont les historiens musulmans au service des premiers califes ont fait un Prophète, le réceptacle d’un Coran descendu du ciel (2).

Le christianisme ne disparaîtra pas, car derrière son énorme édifice théologique il y a la personne de l’humble prédicateur galiléen. Cet édifice est le seul que connaissent les croyants catholiques, il mobilise et irrigue leur vie de foi. Mais il est aussi la raison principale de la désaffection catholique que nous connaissons depuis deux ou trois générations. Comment faire croire aux jeunes d’aujourd’hui qu’un père a envoyé volontairement le fils de ses entrailles à une mort atroce pour sauver le monde ? Qu’ils doivent boire le sang de ce supplicié à chaque eucharistie, etc. ?

Revenir à Jésus avant le Christ-Dieu ? Mettre au placard 1500 ans de dogmes accumulés ? Impossible, aucun pape ne le fera. En revanche, un pape peut s’en approcher sotto voce, par le biais, sans le dire. D’abord, en choisissant de s’appeler François, comme François d’Assise qui n’était ni prêtre ni théologien et a clamé toute sa vie sa dévotion, non pas pour les dogmes, mais pour la personne de Jésus avec laquelle il avait une relation vivante, quotidienne, quasi-physique. Ensuite, en donnant la primauté aux pauvres, dont Jésus disait qu’ils continueraient sa présence sur terre après son départ. Les pauvres dont nous sommes tous.

Comme ses prédécesseurs le pape actuel est le gardien de l’Église, c’est-à-dire du dogme. Il ne peut pas le rejeter, mais il peut le contourner par ce biais, et il le fait.

Petite lumière dans ce monde crépusculaire.

                                                                                    M.B., 7 février 2016
(1) Dans l’ordre Dieu malgré lui, Jésus et ses héritiers, L’évangile du 13e apôtre. Synthèse dans Jésus, mémoires d’un Juif ordinaire.
(2) Voir Naissance du Coran et la série d’articles consacrés au Coran dans ce blog, notamment « Coran : les choses bougent ».

26 réflexions au sujet de « LE CHRISTIANISME : MORT, OU CONTINUITÉ ? »

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  2. Madeleine

    « L’Ineffable n’est ni homme ni femme, ni père ni mère. Jésus ne le définit pas : mais il propose une autre RELATION entre nous et cet innommable : celle d’un enfant à son père. »

    C’est peut-être vrai dans le discours de Jésus mais c’est cette relation précise, anthropomorphisée comme le dit très justement Jean-Marie, que personnellement je refuse de considérer. Car quel « père » digne de ce nom regarderait ainsi ses « enfants » souffrir autant, d’un bout à l’autre de la planète et sans exclure les riches – M. Schumacher que plus personne n’envie aujourd’hui, les touristes victimes de Daech, etc – et cela sans bouger le moindre petit doigt divin ?

    Et puis dire « Notre Père » sans dire aussi « Notre Mère », est-ce bien raisonnable ? A ce que je sache, il faut être deux pour faire un enfant.

    Alors que si on sort de cet anthropomorphisme, on peut concevoir Dieu comme une source de lumière spirituelle, de pneuma, à laquelle on peut s’exposer pour abreuver notre esprit, tout comme on s’expose au Soleil pour abreuver notre corps à la source de lumière matérielle, sans lui reprocher de bronzer aussi bien le pédophile que le saint, aussi bien le pauvre que le riche.

    Quant au pape François, il est un peu comme Jésus qui pouvait se permettre d’être « pauvre » puisqu’il avait des disciples femmes qui l’assistaient de leurs biens et qu’il mangeait à sa faim, notamment à Béthanie…

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    1. Michelbenoît-mibe Auteur de l’article

      Vous continuez à regarder la chose DU POINT DE VUE DE DIEU – dont on ne sait rien. Ou plutôt dont on ne connaît que les définitions des théologiens. Voyez plutôt la question DE VOTRE POINT DE VUE : il ne tient qu’à vous d’établir avec ce  »Dieu » inconnu une relation d’enfant à son père-mère. Sans le juger sur ce que les théologiens (à commencer par ceux du N.T.) ont pu dire de lui.
      Et qu’est-ce qui vous empêche de dire « Notre mère » ?
      Pour établir une relation, il faut être deux. Ne vous refusez pas à cette relation…
      M.B.

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  3. Jean-Marie

    Il est extrêmement difficile de savoir quels sont les actes et les paroles du célèbre Jésus ou Isho qui sont incontestablement historiques. Voir les difficultés rencontrées par le Jesus Séminar

    Meier est très intéressant mais une faille de se démonstration c’est de considérer que les auteurs des évangiles et autres « citateurs » de ceux-ci avec le soucis du juste mot pour la juste chose. Quand on voit le nombre de personnalités françaises , même du monde littéraire qui ne l’ont pas …

    Faire de Marie une « éveillée », faut pas pousser Michel :-)

    Pourquoi voulez-vous que l’Ineffable, notre Source et Finalité soit paternel ? C’est de l’anthropomorphisme. Aussi logique que de faire des bonnes soeurs des épouses de Jésus.

    Je viens de vivre une fois de plus hier le discours catho à l’occasion de funérailles, il est incohérent

    Une chose est sûre : le discours chrétien, comme celui en théorie d’Isho est incompatible, avec le réincarnationnisme. Or il est au moins incontestable que l’étude sérieuse de cas enfants a permis d’être certain qu’ils étaient des réincarnés.

    Pour le reste, lisez quelques ouvrages solides aussi étonnants et dérangeant soient-ils. Mais, SVP, ne rejetez pas cette réalité sans vous être documenté.

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    1. Michelbenoît-mibe Auteur de l’article

      Le Jesus Seminar a été une tentative (années 70 ?) américaine et avortée.
      L’Ineffable n’est ni homme ni femme, ni père ni mère. Jésus ne le définit pas : mais il propose une autre RELATION entre nous et cet innommable : celle d’un enfant à son père.
      Cela fait 40 ans que je me « documente » !
      M.B.

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      1. Jean-Marie

        L’échec du Jésus Seminar illustre, pour moi au moins, l’impossibilité de discerner ce qui est historique de ce qui est et apologétique dans les quatre évangiles et autres. Mais je n’irai pas jusqu’à nier qu’il y ait eu un « agitateur » suivi par un certain nombre (et pas le mythique douze) d’hommes et de femmes qui a invité à (re)mettre de l’amour et de la tolérance dans ses/nos relations avec YHWH et ses créatures humaines, dans un contexte d’une religion considérée – évidemment ! – comme la seule vraie. Avec bien plus de 1 000 ans d’Histoire passablement légendaire et seulement un peu moins depuis environ 600 ans. Mais de même qu’on nous a appris des conneries sur l’Histoire de France pourtreprises par nos vecteurs d’opinions et/ou de décisions…. cet « agitateur » aurait fait référence à des héros légendaires .

        Meier parle d’un projet également avorté un peu fou d’écrire une sorte de synthèse des évangiles avec des mots et/ou phrases de quatre couleurs différentes selon le niveau de crédibilité.

        « L’Ineffable n’est ni homme ni femme, ni père ni mère. Jésus ne le définit pas : mais il propose une autre RELATION entre nous et cet innommable : celle d’un enfant à son père. » C’est peut-être mon vieil âge, mais là je suis perdu : le Suprême n’est pas père, mais il faut avoir avec lui des relations de type filiales ?

        Je ne mets pas en doute votre soif de documentations tous azimuts. Je voulais dire que toute personne ici ou ailleurs qui trouve farfelu, sinon pire, d’être réincarnationniste devrait d’abord lire quelques ouvrages solides, néanmoins très étonnants, sur le sujet.

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        1. Michelbenoît-mibe Auteur de l’article

          1- Meier cite au passage le Jesus Seminar car il est honnête. Cette tentative tenait plus de l’épicerie que de l’exégèse : on pèse les mots dans une balance, puis on leur colle une étiquette…
          2- Le Bouddha ne parle jamais de réincarnation, mais de « cycle de renaissances ». Ce n’est qu’un aspect de son anthropologie / cosmologie, remarquablement scientifique. Je vous invite à passer quelques années dans le Digha Nikâya (ou le Majhima Nikâya) comme je l’ai fait.
          M.B.

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          1. Jean-Marie

            Merci cher Michel d’avoir cultivé l’ignare que j’étais dans ce domaine aussi. Vous avez donc été jusqu’au Discours à Dasuttara ?

            Même scepticisme de ma part ,non pas sur votre affirmation, mais sur l’historicité de ces textes. Un Michel Benoit écrira peut-être un jour un livre titré « Inexistence du Bouddha – Incohérence du bouddhisme » en recensant tous les bons auteurs critiques comme vous-même et Olaf et Leila Quadr avec Arrund Amine l’ont fait pour l’islam.

            Par souci d’économie de temps, d’argent et d’énergie, aucune chance que le modeste chercheur de la Vérité que je suis se plonge dans ces textes : le bouddhisme est insensément athée, je suis déiste indépendant.

            Par contre j’aimerais lire une critique d’un expert es-bouddhisme pratiquant sur les points de vue réincarnationistes solides version 2016 (incluant la réalité de la physique quantique) en comparaison du « cycle de renaissance » bouddhique un peu court.

            Précisant bien que je suis modestement très loin d’avoir tout lu et tout compris sur ce sujet fondamental susceptible de révolutionner le sociétal et qu’il semblerait bien qu’un « Précis du réincarnationnisme déïste » reste à écrire.

            Répondre
            1. Michelbenoît-mibe Auteur de l’article

              Vous pourriez lire le livre écrit par Matthieu Ricard & un astrophysicien, « L’infini dans la paume de la main ». Sachant que ce n’est pas le meilleur Matthieu, mais que l’astrophysicien est excellent.
              M.B.

            2. Jean Roche

              Ce n’est pas exact de dire que le Bouddhisme est athée. Selon les versions il peut être aussi bien polythéiste, panthéiste, monothéiste, agnostique. Il n’est pas simple de définir ce que ses innombrables variantes ont en commun.
              Et on y dit couramment que l’existence ou non de Bouddha n’a pas d’importance : son enseignement existe et on peut l’expérimenter.

            3. Michelbenoît-mibe Auteur de l’article

              Il y a des bouddhismes comme il y a des christianismes et des islams. L’enseignement du Bouddha Siddhârta, tel qu’il nous est parvenu dans le tipitaka, est sans équivoque : Siddhârta rejette tous les dieux de l’hindouisme. S’il avait connu le Dieu de Moïse, l’aurait-il rejeté ? Histoire-fiction.
              M.B.

            4. Jean Roche

              J’aimerais des références plus précises dans le Tripitaka, parce que ce n’est pas si simple dans ce que j’en ai lu (essentiellement chez Rahula Walpola).

            5. Michelbenoît-mibe Auteur de l’article

              A ma connaissance, une étude extensive n’existe pas en français. Le petit livre de Rahula Walpola est un excellent commentaire du Tipitaka, mais il est très ramassé. Pour les grands maîtres, il faut toujours aller aux sources. La meilleure est la traduction anglaise du Dîgha Nikâya par Maurice Walshe, « Thus have I heard » (Wisdom Publiction London) avec un millier de foot-notes qui aident à comprendre l’original pâli ou sanskrit

  4. Claude Marec (Mr)

    Cher monsieur, merci pour cette analyse. Elle exprime bien et avec la compétence qui est la votre, ce que je perçois. Si l’église catholique peine tant, ce n’est pas par ce que les hommes sont devenus plus méchants qu’avant. C’est bien par le fait qu’ils croient de moins en moins, grâce au développement de la prudente méthodique scientifique, en des dogmes et fables indéfendables.
    Mais il reste la valeur inestimable, merveilleuse, de Jésus et ses semblables…Et de toute l’espérance qu’ils nous donnent.

    Répondre
  5. Jean-Claude Lacaze

    Oui, revenir à Jésus. D’ailleurs une grande partie de son message a été sécularisé, nous le vivons ; le christianisme a enfanté les grands principes modernes : « égalité, liberté de l’individu, fraternité humaine, séparation des pouvoirs spirituel et temporel », ces derniers étaient déjà présents dans l’enseignement du prophète galiléen. Toutefois comme je l’ai écrit « La civilisation judéo-chrétienne, moteur de la modernité, a dans sa construction oublié la nature. Cette dernière se rappelle à nous avec la crise écologique mondiale qui est aussi une crise morale. « (Le christianisme à l’ère écologique ; « Tu aimeras ta planète comme toi-même. » L’Harmattan, 2013)
    Le christianisme traditionnel ne correspond plus à notre situation moderne et contemporaine, il doit s’écologiser. Pour surmonter la crise écologique il va falloir quelque chose d’aussi puissant que l’immense élan de foi qui a fait naître les cathédrales au Moyen Age. Ce quelque chose à présent c‘est accepter Darwin c’est à dire s’ouvrir à l’évolution de l’univers et de la vie ! L’évolutionnisme n’occulte pas le religieux traditionnel mais le transcende. Rappelons que le prophète galiléen il y a 2000 ans, n’était « pas venu abolir mais accomplir » (Matthieu 5, 17) Il s’agit aujourd’hui d’élargir le message altruiste chrétien à notre maison la Terre et à tous ses habitants (un élargissement de la notion de prochain.) L’encyclique du pape François sur l’écologie (mai 2015) va dans ce sens, vous l’indiquez, en s’inspirant de la personne de Jésus, il contourne le dogme, il devance le christianisme à venir, il n’annonce pas une mort du christianisme mais une mutation. Ne soyons pas trop pressé, le temps des hommes n’est pas le temps géologique (le temps profond de Buffon), celui de la Terre notre habitat. Notre futur est un christianisme évolutionniste, car tout évolue, l’univers, les espèces vivantes etc. (cf. Billet d’humeur d’un écologue dans le site « Protestants dans la ville », 28 janvier 2016). Non le christianisme ne disparaîtra pas. Pour Théodore Monod, protestant libéral, un de mes maîtres au Museum, l’histoire de christianisme ne faisait que commencer. N’allait-il pas jusqu’à dire malicieusement « on n’a pas encore essayé le christianisme. Il est grand temps de commencer…»

    Répondre
    1. Michelbenoît-mibe Auteur de l’article

      Une mutation ? Le catholicisme les a toutes et toujours empêchées (vaudois, réforme protestante et même Vatican II)
      Le christianisme a peut-être vécu. Mais le « jésuisme » (comment appeler le retour à Jésus ?) ne fait que commencer.
      Amicalement
      M.B.

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      1. Jean Roche

        « Toutes et toujours empêchées » ? Le Concile de Trente a quand même chamboulé pas mal de choses, le précédent paradigme étant discrédité et usé jusqu’à la corde. Vatican II a essayé de relancer la machine sur d’autres bases, avec un grand optimisme et un grand enthousiasme (je l’ai vécu comme collégien chez les maristes…), ça n’a pas donné les résultats escomptés. Depuis on freine le déclin comme on peut. Ca me fait un peu penser au Roi Lear qui se figure qu’il sera davantage aimé et respecté en renonçant à son pouvoir (Vatican II a largement renoncé à utiliser l’arme des menaces de l’enfer, donc renoncé à un élément essentiel du pouvoir de l’Eglise sur les consciences).

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        1. Michelbenoît-mibe Auteur de l’article

          Le Concile de Trente a lancé la contre-réforme, contre le chamboulement luthérien.
          Vatican II a été lentement, patiemment grignoté par la Curie. Un peu comme l’Église primitive avait grignoté l’enseignement de Jésus (comparaison hasardeuse !).
          M.B.

          Répondre
          1. Jean Roche

            Grignoté, d’accord, mais parce que ça ne répondait pas aux espoirs. Les fidèles étaient largement déboussolés donc démotivés, et ça se traduisait en termes de vocations et pratique religieuses, les indicateurs préférés de l’Eglise.
            Changer solennellement d’avis au bout de presque vingt siècles sur des questions comme le paradis et l’enfer, ça ne renforce pas la crédibilité.
            Cela posé, je ne crois pas que les choses auraient été bien différentes sans Vatican II, mais ça peut toujours se discuter.
            Ce que je pense, c’est que cette histoire est de toute façon au bout du rouleau.

            Répondre
    1. Michelbenoît-mibe Auteur de l’article

      Hélas, je n’ai pas d’ « idées » sur la mutation du catholicisme, cf ma réponse au message précédent de J.C. Lacaze.
      M.B.

      Répondre
  6. Corre Henry

    Mon cher Michel,
    quelle joie de lire cette article!
    J’ai compris,en vous lisant, pourquoi le pape François m’a tout de suite ému, dés ces premières interventions à la tète de notre pauvre église.
    Jésus et son véritable héritage ont été replacé au centre de l’église. Ce qui lui vaut d’ailleurs beaucoup d’inimitiés de la part des traditionalistes, quitte à en faire stupidement un pape « communiste »…
    amicalement
    HC

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