Le problème des musulmans et le nôtre, c’est le Coran.
Qu’il soit pacifique ou fanatique, djihadiste ou modéré, un musulman se définit par sa soumission au Coran (1). Chacun des mots du texte sacré, chacune de ses phrases est pour lui une prescription d’Allah. Indiscutable, incontournable, imprescriptible.
Les politiques, les médias, des écrivains, rabâchent en boucle qu’il nous faut un « islam des Lumières », un « islam compatible avec les valeurs de la République ». Qu’il faut surtout éviter l’amalgame entre bons et mauvais musulmans. Soit ils sont ignorants et ne savent rien du Coran, soit ils nous mentent – soit les deux à la fois. Il n’y a pas de ‘’bons’’ et de ‘’mauvais’’ musulmans, il y a les musulmans coranistes – qui suivent le Coran à la lettre – et les autres.
Cela commence à se dire, de plus en plus ouvertement. J’ai signalé dans ce blog, au fil du temps, quelques-unes des prises de parole qui mettent – enfin – le doigt sur l’abcès. Des voix comme celle du Président Al-Sissi en Égypte, des écrivains comme Boualem Sansal, Mordillat et Prieur, Olaf, Leila Qarb, des journalistes comme Sophie Gherardi, Angelika Neuwirth, Sami Aldeeb, l’universitaire François Déroche, auxquels il faudrait ajouter A. Bidar et sa Lettre ouverte au monde musulman, K. Daoud, M. Arkoun, A. Meddeb, M. Chebel…
Chacun à sa manière dit ou murmure que l’islam sera dans l’impasse, et nous avec lui (2), tant qu’il n’acceptera pas d’entreprendre une lecture historique et critique du Coran. Tant qu’il ne fera pas, pour lui-même, ce que les chrétiens ont entrepris depuis longtemps : une démystification, une démythologisation de son texte fondateur et de son Prophète.
Ce vœu pieux, ce tournant nécessaire dont dépend la paix du monde, quelques chercheurs s’y sont consacrés depuis un siècle. Restés confidentiels, ignorés du public, ce sont tous des non-musulmans – puisqu’il est interdit depuis le XIe siècle aux musulmans d’étudier le Coran de façon historique, critique et laïque. J’ai résumé leurs travaux dans Naissance du Coran, un essai que j’ai voulu court et allant droit au but : d’où vient la violence qui parsème ce texte de bout en bout ?
Dans Le fascisme islamique (Grasset), Hamed Abdel-Samad semble confirmer ce que j’exposais : le Coran prône une forme de totalitarisme. Je rendrai bientôt compte de son ouvrage, voici déjà ce qu’il en dit dans Le Figaro magazine du 10 mars dernier.
« L’islam a un problème avec lui-même, avec l’interprétation de ses textes sacrés. » Pour l’avoir affirmé sans détour, l’auteur, Égyptien vivant en Allemagne, est menacé de mort et a dû être placé sous protection policière. Comme le fascisme, le Coran « partage le monde entre le bien et le mal, entre les élus et le reste du monde. » « L’idée du djihad comme combat pour la cause est aussi vieille que l’islam lui-même », « l’islamiste… ne combat pas pour vivre mais vit pour combattre » ceux qui ne se soumettent pas au Coran et à son Prophète. Dans leur violence aveugle, les islamistes « ne font pas mauvais usage du Coran, ils traduisent seulement en actes ce que le Coran exige. » « Allah, dans le Coran, applaudit les musulmans qui tuent des Juifs [et des chrétiens] », qui pratiquent « l’esclavage, l’assassinat des prisonniers de guerre et l’exécution des peines corporelles ».
C’est pourquoi « il n’y a pas d’islam modéré, mais seulement des musulmans modérés. » « L’islam modéré est un islam qui attend de prendre le pouvoir. Il se montre sous un jour modéré seulement là où il n’a pas (encore) le pouvoir. » Quand il « détient les rênes… alors il pratique les prisons…, l’oppression des minorités, le mépris de la femme et des droits de l’homme.».
Parce que c’est le Coran qui le dit de lui-même, les musulmans le considèrent « comme la parole directe et ultime de Dieu pour les hommes… valable pour tous les temps. » « L’intangibilité du Coran et du Prophète empêchent la conceptualisation historique [et critique du texte], et d’en déclarer [toute une partie] inopérante pour notre vie d’aujourd’hui. Nous avons besoin d’un discours post-coranique et post-prophétique ! »
On ne saurait mieux dire. Souhaitons à Hamed Abdel-Samad longue vie, car aux yeux des musulmans coranistes ces déclarations publiques le condamnent à mort.
Oui, Michel, souhaitons que les musulmans puissent effectuer ce travail difficile de démystification de ce texte fondateur « inspiré par Dieu ».
Mais pour y arriver, il leur faudra admettre que « Dieu soufflant à l’oreille de Mahomet », n’est que l’invention des califes de La Mecque pour asseoir leur pouvoir absolu. Et … ça marche depuis bientôt quinze siècles.
Donc mission quasi impossible, sauf aux marges, car notre monde s’est toujours cherché des religions et des messies, qu’ils soient religieux ou matérialistes.
.
Si certains chrétiens ont pu faire ce travail de différenciation entre le « Christ ressuscité », messie « inventé » et imposé par Paul et Cie, et l’homme Jésus, homme « Éveillé », remarquable et incompris, ce fut, de fait, en abandonnant leur pratique religieuse et non pas en faisant évoluer le christianisme.
Cela ne peut donc être accepté ni compris par les « troupes » chrétiennes et leur clergé, même si la violence n’est plus d’actualité pour les chrétiens, ayant bien donné sur ce point pendant plusieurs siècles… Le Christianisme, pas plus l’Islam ne peuvent évoluer sauf à perdre leur âme !
Le Judaïsme, que je connais peu, de même que l’Indouisme que je connais un peu mieux pour avoir été confronté à sa dureté réelle, sont je pense dans la même veine messianique.
.
Alors que faire ?
Sans doute pas d’attendre que l’Islam évolue.
Il n’évoluera pas plus que le Christianisme, sauf à perdre de sa folie meurtrière.
Espérons plutôt que les individus prennent du recul ; qu’ils comprennent que notre présence sur terre est fort brève et que c’est l’humanité toute entière qui doit s’accepter, s’aimer et progresser. Teilhard de Chardin a qualifié cette démarche de « monde divin »…
On peut rêver !
En effet. Il faut rappeler que Jésus n’a appartenu à aucune des sectes juives de son époque, et qu’il n’a fondé aucune Église. Il s’adresse à des individus, pour une « conversion » individuelle à son Abba-père. En se constituant comme Église (qui a pris le pouvoir), ses suiveurs ont quand même répandu son enseignement. Nous leur devons de le connaître. Je ne vois pas d’autre transformation qu’individuelle, aussi bien pour les chrétiens que pour les musulmans. Bien que le Coran n’ait rien à voir avec les évangiles, et la personne du Prophète (qui est-ce ?) rien à voir avec le rabbi itinérant fils de Joseph.
M.B.
Je suis précisément en train de lire l’ouvrage de Hamed Abdel-Samar. C’est une note d’espoir.
Bien expliqué; dommage que nous ne puissions pas aider ceux qui pensent les textes à la lettre et qui s’y appliquent sans discernement ou lumière de l’Intérieur de chacun.
En chacun de nous tous, il y a cette partie commune à tous qui fait que nous sommes humains et très semblables.
Pour découvrir la réalité et sortir des illusions jusqu’ici nécessaires, il nous faut nous dépasser et vivre de l’intérieur cette métamorphose qui s’impose en ces temps de lumière.
C’est ce que je souhaite à tous et chacuns de nous …
Nous sommes tous Un, et, ce faisant nous pouvons y voir clair de l’intérieur; peu importe notre religion, nous pouvons y voir clair de l’intérieur de nous.
Bon chemins à tous ceux qui sauront se méfier des 3 mauvais compagnons qui sont:
l’ignorance, le fanatisme et l’ambition.
Bon chemins à Nous.
Roland ♀
Bonjour,
Une imprécision sur la fin : un coraniste est quelqu’un qui n’admet que le Coran pour fonder sa religion. Ca n’a jamais marché et ce n’est pas faute d’essayer (exemple Kadhafi), on ne peut rien faire avec le seul Coran, c’est considéré comme une hérésie en Islam. Mais l’idée se maintient.
Sur ce que peuvent dire les ex-musulmans, un livre : http://bouquinsblog.blog4ever.com/psychologie-de-mahomet-et-des-musulmans-ali-sina
C’est vrai : de même que pour les catholiques la révélation c’est « l’Écriture ET la tradition » pour les musulmans c’est « le Coran et les hadîts ». Mais ni la nature, ni la validité, ni le statut, ni le périmètre historique des centaines de milliers de hadîts ne peuvent être comparés à la tradition des catholiques.
M.B.