POURQUOI LE MAL ? POURQUOI LA SOUFFRANCE ?

  D’où vient la souffrance qui domine le monde ? Pourquoi tant de maux sur cette planète ? Cette question, elle hante l’humanité depuis qu’elle pense. Dans La danse du Mal, je fais dire à l’un de mes personnages : « Aucun philosophe, aucun théologien, aucun penseur n’a pu dire d’où vient Le Mal. Dieu en est-il l’auteur ? Personne ne peut répondre à cette question-là et pourtant, en chaque point du globe, tous en souffrent ».

Au Ve siècle avant J.C., c’est la découverte de la souffrance universelle qui a mis le Bouddha Siddhârta en route vers le chemin de l’Éveil. Il donne le moyen de lui échapper par ce qu’il appelle le Dharma, une méthode très simple basée sur la méditation. Un chemin de lumière pour échapper aux ténèbres, oui : mais d’où viennent ces ténèbres ? Pourquoi en sommes-nous enveloppés dès notre naissance et, semble-t-il, malgré nous ? À cette question-là, Siddhârta ne répond pas. Il constate l’existence de la souffrance, identifie son auteur dans les Maras, puissances démoniaques personnelles qui attaquent sans relâche les humains. Mais d’où viennent les Maras,  qui les a créés ? Et pourquoi ? Siddhârta ne répond pas.

À peu près au même moment, les Hébreux exilés à Babylone esquissaient une réponse : quand Dieu créa l’univers et tout ce qu’il contient, « Il vit tout ce qu’il avait fait : cela était très bon », c’est-à-dire parfait, aussi parfait que Dieu lui-même. Juste après, entre en scène « le plus rusé des animaux que Dieu avait faits » : une créature de Dieu, le serpent, image mythologique du Mal qui s’insère dans l’âme humaine et y provoque une cassure définitive.

Le Mal venait de naître, et avec lui la souffrance.

D’où la question lancinante : si Dieu est bon, pourquoi a-t-il créé Le Mal ? Est-il un Dieu pervers, qui prend plaisir aux souffrances de l’humanité ? Dans l’un des plus beaux poèmes de la Bible, Job se confronte à cette douloureuse réalité. C’est un homme juste, toute sa vie il a fait le bien, et pourtant il est accablé par une incroyable succession de maux qui le plongent dans la détresse. « Pourquoi, crie Job à Dieu, pourquoi me fais-tu souffrir ainsi ? » Au terme de sa longue plainte, il se résigne : « Non, je ne maudirai pas Dieu. Je ne le comprends pas, mais je lui resterai fidèle ».

Dans les Psaumes de la Bible, une réponse se fait jour : « Ce qui plaît à Dieu c’est un esprit brisé : tu ne repousses pas, ô Dieu, un cœur brisé et broyé. » Décidément, ce Dieu-là semble bien pervers ! Saint Paul ira plus loin, en introduisant dans le christianisme une idée qui va le marquer à jamais : « Je trouve ma joie dans la souffrance… et j’achève dans ma chair ce qui manque aux souffrances du Christ. » Ainsi, non seulement la souffrance est bonne en soi, mais elle serait nécessaire pour compléter celles d’un homme cloué vivant sur une croix ? Ainsi, le plan de Dieu aurait été de faire souffrir cet homme – et chacun de nous à sa suite, plus encore que lui ? Mais alors, où donc est le Dieu bon ?

Sur la route d’Emmaüs, Jésus règle la question d’une phrase : « Vous ne comprenez pas, dit-il aux deux pèlerins déboussolés : tout ceci, ne fallait-il pas que je le souffre ? » Il fallait qu’il souffre pour entrer dans la lumière. D’après lui, il y a donc bien une nécessité à la souffrance, elle fait partie de l’univers créé par Dieu. Comment le comprendre ?

Le Mal (et la souffrance), une nécessité 

Peut-être en faisant appel aux découvertes récentes sur la nature de cet univers. En 1929, Edwin Hubble montra que l’univers a pris naissance dans un Big Bang qui lui a impulsé une énergie telle qu’il est en expansion. Selon la loi de la gravité, cette expansion auraut dû ralentir peu à peu, et l’univers faire un jour le chemin en sens inverse. Se contracter après s’être dilaté, et revenir à son point de départ dans un Big Crunch. Or, il n’en est rien : l’expansion de l’univers est permanente, on découvre même qu’elle s’accélère. Comment expliquer à la fois ce mouvement d’accélération, les trajectoires et les positions des galaxies, le fait qu’elles ne s’attirent pas mais s’éloignent malgré la gravitation ?

  Une force ou une matière est donc nécessaire pour maintenir l’univers à l’état d’équilibre que nous constatons. Parce que cette matière est invisible, on l’appelle matière noire. On ne connaît ni sa composition, ni sa structure. On sait seulement que si elle n’était pas là, l’univers ne pourrait pas poursuivre sa course en avant. Il disparaîtrait dans le chaos, et finirait par s’effondrer sur lui-même.

 ‘’Dieu’’ a donc créé un univers qui continue d’exister et poursuit son expansion, parce que trois forces s’opposent en lui : deux forces de mouvement, l’énergie du Big Bang et la gravitation. Une force qui les contrarie, la matière noire. D’un côté la dynamique, de l’autre le statique. L’Orient les interprète intuitivement en les appelant Ying et Yiang, il sait qu’elles coexistent en nous, qu’elles s’opposent l’une à l’autre, que pour survivre nous devons trouver entre elles un équilibre. Le Yiang est nécessaire au Ying, le Ying au Yiang, la matière noire à l’énergie de l’univers et à la force gravitationnelle.

  Peut-être peut-on rapprocher l’astrophysique du mythe biblique, les mettre en parallèle pour comprendre la nécessité du Mal et de la souffrance sur terre. Peut-être peut-on créditer ‘’Dieu’’ d’avoir créé un univers homogène, cohérent et donc acceptable ? Peut-être peut-on admettre qu’il y a sur terre des forces antagonistes qui s’affrontent hors de nous et en nous, et que chacune est nécessaire à l’autre ? Que le combat d’une vie consiste à trouver un équilibre entre ces forces dont aucune ne peut être évitée. Qu’à terme, du Mal peut surgir le bien, de la souffrance un accomplissement ?

   Sans « trouver sa joie dans la souffrance » comme s. Paul, peut-on être heureux – non pas de souffrir, mais d’intégrer la souffrance pour progresser en humanité ? De se servir d’elle pour rester en expansion ?

                                                                                              M.B., 30 avril 2017
Sur ce thème, voyez les articles Peut-on être heureux, Le diable existe-t-il III : Job et la souffrance innocente Le Mal est partout,  La danse du Mal, un roman polémique ?

13 réflexions au sujet de « POURQUOI LE MAL ? POURQUOI LA SOUFFRANCE ? »

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  2. Luc BOSSUS

    Bonjour Michel,

    Je vous remercie beaucoup pour vos articles qui, toujours, me font réfléchir. Le dernier, « Pourquoi le mal ? Pourquoi la souffrance ? » m’a fort interpellé. Dans le cadre d’un commentaire à cet article, je vais tenter d’être assez bref pour expliquer mes réactions.

    J’aurai bientôt 65 ans et, DURANT TOUTE MA VIE, j’ai dû lutter et je lutte encore et toujours contre la souffrance… Je l’ai aussi côtoyée de très près et de façon durable auprès des miens et auprès d’amis ou de connaissances. C’est dire que je la connais donc très bien…, trop bien même !

    Votre écrit démontre l’incompatibilité totale entre un Dieu bon, créateur, tout-puissant…, et les souffrances que doivent endurer les créatures que nous sommes. Durant toute mon existence, à cause de la souffrance, de ma douleur intense, j’ai beaucoup subi, lutté et réfléchi…, jusqu’au jour où JE ME SUIS RÉVOLTÉ CONTRE DIEU. Depuis, afin de pouvoir tenir la tête hors de l’eau et donc de « survivre », J’AI MIS DIEU ENTRE PARENTHÈSES.

    L’Église Institution catholique déclare que « DIEU EST AMOUR ». Moi, j’ai inversé cette affirmation. J’ai découvert et j’expérimente chaque jour que, pour moi, « l’amour, c’est dieu ». Dans ce contexte, je n’ai pas du tout renoncé au message de Jésus de Nazareth ! En pensant ainsi, je vis nettement mieux car, pour moi, le responsable de la souffrance (Dieu) n’habite plus (ou très peu) mon esprit. Ceci a inévitablement entraîné chez moi un bouleversement total de mes conceptions liées à Dieu : création, relation de Jésus avec son Père, vie après la mort… Cette lente et longue période de révolution de ma pensée ne fut pas du tout facile à vivre mais, par après, quel grand soulagement ! Ce fut pour moi une « nouvelle naissance » ! J’ajoute que si j’ai pu mener à bien cette transformation totale au point de vue religieux, c’est aussi grâce à de nombreux échanges et discussions AVEC DES AMIS LIBRES PENSEURS DE LA FOI CHRÉTIENNE qui m’ont accompagné sur ce chemin. Sans « DIEU » mais pas sans « dieu » (l’amour), ma vie a complètement changé. Quelle ouverture, quelle liberté de pensée ! Mais moi non plus, comme Job, « Je ne maudirai pas (plus) Dieu », par respect pour Lui, s’Il existe…! Quel superbe souffle nouveau m’habite et me permet de vivre plus sereinement…, et ceci malgré la souffrance, toujours présente !

    NOTE : Je souhaite préciser que je ne veux attirer personne dans le sillage de ma pensée. Je ne fais pas de prosélytisme ! Je fais simplement part de MA CROYANCE ACTUELLE. Et si celle-ci peut aider des personnes souffrantes à aller mieux (comme moi), j’en serais très heureux pour elles.

    Je ne suis pas un scientifique et je ne peux donc pas, cher Michel, bien comprendre ce que sont « matière noire » et « énergie noire ». Cependant, voici ce que m’a écrit dernièrement une amie :
    « Il y a quelques années, j’ai vu une exposition organisée par le Centre d’astronomie de Haute-Provence. J’ai été époustouflée de voir que LA NAISSANCE DE LA VIE – du moins sur le plan physique – ÉTAIT DUE A DEUX PHÉNOMÈNES : l’explosion d’un astre sous l’effet d’une chaleur évaluée à des milliers (?) de degrés (je ne me souviens pas du nombre exact, mais il était loin de notre entendement, véritablement… astronomique) et la propulsion des particules de cet astre, à une vitesse en milliers d’années-lumière, vers d’autres particules avec lesquelles elles allaient former UNE MOLÉCULE DE VIE grâce à l’extrême violence du choc de leur rencontre. Je me suis alors demandé si la violence de nos origines était le moteur de NOTRE SOIF DU CONTRAIRE, C’EST-A-DIRE L’AMOUR, tout en donnant souvent libre cours à cette violence originelle… »

    Cette idée, nouvelle pour moi, mérite je crois d’être approfondie…
    Qu’en pensez-vous…?
    Je vous remercie d’avance pour votre réponse et vous souhaite une agréable journée.

    Luc

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    1. Michelbenoît-mibe Auteur de l’article

      1° : votre chemin (comme le mien) n’est pas terminé. Il faut « nettoyer » celui qu’on appelle « Dieu » de tout un habillage mythologique. Pour s’approcher de la RÉALITÉ.
      2° La nature du Cosmos est de mieux en mieux connue. La confronter à ce que nous savons de « Dieu » à travers les traditions & expériences religieuses de la planète, c’est toujours très suggestif.
      M.B.

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  3. Jean Roche

    Bonjour,
    « Les hommes discernent le bien, en cela est le mal » (Lao Tseu ou Laozi, de mémoire et les traductions varient beaucoup). « Vous serez comme des dieux connaissant le bien et le mal » (Genèse 3:5, dans la bouche du Serpent donc du Tentateur suprême…).
    Ce qui pose un problème insoluble, c’est de considérer un Dieu tout-puissant et infiniment bon. S’il est tout-puissant, qu’a-t-il besoin de nous, besoin de quoi que ce soit, et s’il est infiniment bon qu’est-ce qui lui a pris de créer le mal ? Ou de considérer qu’il n’y a pas de Dieu du tout, ou qu’il est tout-impuissant, qu’il n’y a que la matière et ses lois, mais alors allez donc expliquer le bien et le mal…

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  4. duval

    Vous confondez matière noire qui est de nature inconnue mais est soumise à la gravitation(C’est même pour cela que l’on soupçonne son existence)et énergie noire qui est encore plus incompréhensible que la matière noire et que de nombreux scientifiques refusent de considérer mais qui « joue » le rôle que vous indiquez dans votre message.
    CD

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    1. Michelbenoît-mibe Auteur de l’article

      Je ne suis pas un spécialiste en astrophysique. Cette confusion, me semble-t-il, ne retire rien à la réflexion/comparaison que je propose. Merci de l’avoir signalée.
      M.B.

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  5. Jean RIEDINGER

    Michel,

    Je ne saurais pas plus que toi répondre à cette question. Avec l’âge, le baisse de vitalité et la santé plus fragile, et surtout avec les souffrances qui s’accroissent dans ma famille, chez mes amis,les maladies, les morts parfois atroces de ceux que j’aime, et surtout dans le monde entier les guerres, les actes de barbarie, les mensonges ,la violence des pouvoirs religieux, économiques, culturels, politiques de l’homme sur l’homme,…etc , j’ai déjà fait le tour des tentatives de réponse que tu proposes.Et je reste aussi incertain et pourtant je garde au cœur « la plaie ouverte du temps des cerises ». Paradoxalement cette plaie ouverte me permet à donner un sens positif à ce que je peux être et vivre.

    Je n’ai qu’une hypothèse : nous ne connaissons presque rien de la réalité de la Réalité et nous restons et resterons probablement toujours dans l’ignorance car nous n’avons pas de moyen de connaissance qui permettraient de connaître la réalité de cette Réalité et de répondre à la question: tout cela a t il du sens?. Ce chemin que nous traçons peut il aboutir ou est il une sente qui ne mène nulle part? Je refuse le nihilisme , le cynisme et le désespoir Je crois en la Vie mais la vie est aussi cruelle que belle.Nous pouvons seulement évoquer certains des aspects que nous expérimentons et évoquons par nos constructions mentales, avec nos capacités humaines, en progrès plutôt, mais de façon qui explique le comment des évolutions et des fonctionnements, mais ni le pourquoi et le sens, s’il y en a un…ce qui n’est pas certain du tout. Nos religions, nos spiritualités, nos philosophies, nos sciences, nos mythes, l’art, la poésie…etc expriment quelques vérités, mais non la Vérité . Je ne doute pas qu’elle existe. mais je ne vois pas comment nous pourrions la connaître durant notre vie humaine et dans notre vie humaine. Croire que nous connaissons la Vérité c’est en partie la source des souffrances que nous infligeons aux autres en les excluant comme ignares, barbares ,hérétiques, dangereux…et ce pour certains jusqu’à vouloir les éliminer de la terre.Certaines personnes autour de moi acceptent le fait que sans la mort (toutes les formes de la mort) le monde se renouvellerait pas, ne grandirait pas, la vie ne se développerait pas…figée qu’elle serait dans la mort des pierres.(qui ne sont pas mortes. ce n’est qu’une image)
    Alors je suis moi même le résultat d’une longue chaine , peut être infinie, qui m’a permet d’exister et qui implique que beaucoup de souffrances ont été nécessaire pour m’apporter un peu de bonheur et de joies par moments. Je suis un petit élément de cette chaine qui va se continuer après moi. D’un néant à un néant j’existe un tout petit moment et ce que je fais – librement? par nécessité?- participe de cette réalité.Nous sommes tous habités par le Désir absolu de Vie, de Vie heureuse et sans dilution dans le néant. D’où vient le paradoxe entre la force de c e désir qui crée du vivant et la réalité de la souffrance et de la mort? Jésus pour moi nous a ouvert un chemin de vie puissant, ses disciples ont prétendu avec l’idée de sa résurrection mal comprise qu’il nous donnait une Espérance dans une Foi que n’atteindrait aucun doute. C’est impossible. Il n’y a pas de Foi sans doute, sinon pour les orgueilleux qui s ‘imaginent maître du Vrai et du Faux.
    « Il a renversé les Puissants de leur trône et il a relevé les humiliés » Il? C’est quoi ou qui? C’est à moi de le vivre,de me relever, de me réveiller (ce que l’on traduit en français par ressusciter qui n’est évidemment pas ranimer un cadavre)

    Mais mon espérance est que la réalité est au delà de moi et en moi comme l’Océan est au delà et au cœur d ‘une éponge. Cette image me permet de vivre ma vie comme ayant du sens au delà de ma personne. mais quand la souffrance et la mort me menacent je suis dans l’effroi. Et le pur Désir d’exister (Eluard) me permet seul d’affronter ce mystère de l’être de la Réalité que nous ne saurions pour le moment (?) atteindre.

    Je refuse le désespoir. Mais je ne sais quel visage donner en Réalité à l’espérance qui surgit de ce Désir. Pour le moment je ai pas trouvé une esquisse à ce visage dans le visage de rabbi Jésus qu’une recherche et une méditation enrichies par une exégèse sérieuse te exigeante me permet de mieux voir de plus en plus différent de celui qu’une Église dogmatique et totalitaire m’a inculqué et que j’ai longtemps cru, enfant et adolescent, naïvement jusqu’à ce que la vie me secoue les méninges et le cœur..Ceci sans écarter a priori de tous ceux qui sont sur le même quête de la Réalité que lui en toutes époques, cultures et civilisation. Vivre malgré tout.Mais vivre vraiment.Dans l’adoration du Mystère et l’Espérance.

    Jean

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    1. Roland

      Bonjour Jean,
      Je vous comprends ; je suis dans la même quête de sens. Je crois que le tout a du sens quand nous consiférons le Tout. La spiritualité est cette réalité mystérieuse dans laquelle nous sommes plongés consciemment ou non, enfin, c’est ce que je crois. Je crois que nous sommes ici pour manifester et exprimer la Vie. Le reste n’est que spéculation; le bien et le mal sont les dualités inhérentes à notre manifestation. Nous devons intégrer ces deux forces en nous comme par exemple, dans la circulation de l’électricité, nous devons accepter qu’il y ait un + et un – pour permettre la circulation du courant. Le défi étant d’être modéré en quelque sorte et d’assumer la responsabilité de Vivre. Un peu comme dans la méthode de Ho’oponopono, où nous savons que nous sommes à 100% responsable de notre Vie.
      Quen pensez=vous?
      Bon chemin de Vie!
      Roland ♀

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    2. peter

      Alors Jean , comme je lai écrit plusieurs fois sur ce blog , intéressez vous à la pensée de Paul Diel.
      Ses écrits demandent un certain effort de patience et de décantation et une fois qu vous avez saisi les mots et les sens des mots employés vous entrez dans cette pensée qui doit résonner en vous.
      « le mal est la suite de la révolte contre l’essence(le désir essentiel). En l’essence, le mal n’existe pas; le mal n’a pas d’existence essentielle en dehors de la légalité par laquelle il demeure incorporé dans l’harmonie ».
      « la foi mythique n’est pas seulement le sentiment de l’évidence du mystère, elle est de plus une force motivante. L’effroi métaphysique possède une force sublimement motivante, car s’effrayant devant la profondeur mystérieuse de la vie , l’être humain éprouve la fugacité de tous ses sentiments accidentels et des désirs multiples qui en découlent. Animé du désir essentiel se surmonter l’effroi, stimulé par l’image collective du mystère( la divinité, qui figure l’effroi idéalement calmé), le sujet ému, mu jusque dans ses activités, s’inspire du besoin de subordonner les désirs multiples au désir essentiel, de les harmoniser. »
       » De même que « l’amour de Dieu pour l’homme » n’est qu’un symbole pour la justice, pour la légalité de la vie, de même « l’amour de l’homme pour Dieu » n’est q’un symbole pour la justice de l’homme envers lui-même par laquelle il se met en accord avec la légalité de la vie. L’amour compris comme justice , il ne reste rien que la solitude effrayante de l’homme devant le mystère.. Mais c’est précisément le vrai sentiment religieux.; le sentiment qui, ,en se sublimant , a su inspirer toutes les images mythiques susceptibles d’être résumées par ces deux images opposées et complémentaires : Dieu et son amour; Satan et le mal. »
      « la fonction légale du mal -de la souffrance qui a tendance à s’exalter – est de prévenir du danger essentiel : la fausse justification vaniteuse ou péril essentiellement vital »

      Voilà , j’ai trouvé dans cette oeuvre une grande partie des réponses posées par la Foi et ces textes résonnes en moi comme une clarté dans un mystère insondable.
      Bien à vous

      Répondre
      1. Jean Roche

        J’ai quelques bouquins de Diel (Le symbolisme dans la mythologie grecque…), je les trouve à la fois intéressant et frustrants. Ca se présente comme une psychothérapie (ou ai-je mal compris ?) mais le mal que l’on souhaite combattre n’est pas clairement défini. La « banalisation », je présume que c’est ce qu’ailleurs on nomme « névrose », mais alors, ça se manifeste comment ? Ca a quels inconvénients concrets ?

        Chez Jung et ses continuateurs, qui invoquent aussi largement les mythes pour soigner, c’est expliqué. Pour le coup, j’aurai tendance à recommander Marie-Louise von Franz, L’ombre et le mal dans les contes de fées.

        Répondre
        1. peter

          Pour Diel ,la banalisation c’est l’excès de fausses motivations qui ne vont pas dans le sens harmonique et juste de la vie , ce sens qui est réglé par une légalité humaine et mystérieuse qui transcende la raison et est émotivement immanente .
          Le mal , c’est la vanité , la sur estimation de soi qui dévalorise l’autre et rend les rapports complètement faussés. Cela s’applique partout , individuel, familial, sociétale, national.
          Il y a un travail psychique , spirituel incessant de lutte pour éviter l’excès de vanité et de l’excès de sous estimation de soi qui peut être une sublimation ascétique ou une hyper banalisation . Cette ambivalence permanente qui est présente à chaque instant , en chacun de nous , doit être équilibrer , pour harmoniser nos désirs (matériel, sexuel, spirituel) et tendre vers le désir essentiel , qui est la JOIE , SYMBOLIQUEMENT LE CIEL MYTHIQUE DES DIEUX. Où le mal ne règne plus.
          Bonne soirée.

          Répondre
          1. Michelbenoît-mibe Auteur de l’article

            Je n’ai pas lu Diel. Dans ce que vous en dites, il me semble manquer une chose essentielle : la rencontre du Mal comme force personnelle, individualisée. Celle que fit Jésus (et avant lui Siddhârta, et bien d’autres pour qui Le Mal n’a rien d’abstrait).
            M.B.

            Répondre
            1. peter

              Michel , bien sûr que cette force, le mal, la vanité, agressivité,la méchanceté , symbole physique et psycho-spirituelle, faussement motivante et séduisante se déploie en nous et qu’elle rencontre des résistances et souvent des complaisances de notre être essentiel qui est sur tendu par le désir essentiel de parvenir à la Joie et l’Harmonie , condition essentielle de l’accord avec soi-même.

              On rencontre tous les jours cette force et nous devrions savoir la combattre et la maîtriser par une attitude sage et juste , en tentant d’harmoniser nos désirs et , sans doute, de ne pas les annihiler comme le décrit Bouddha , car sans désir(qui est aussi une force avec tension , rétention et détente) il n’ y a pas d’être donc pas
              d’humains donc pas d’humanité diversifiée et complémentaire.

              « Le Mal en soi -dispersé en d’innombrables formes de mal- est la distance entre le sens de la vie et sa non réalisation individuelle et collective .Le Bien en soi est l’accord entre le sens de la vie et sa réalisation (harmonisation). »
              « le symbole mythique « Satan » est une synthèse de ces deux significations: Satan figure, d’une part’la légalité sub consciente et d’autre part ,la faute individuelle, l’imagination exaltée, premier degré de l’obscurcissement vaniteux.
              Bien et Mal, harmonie et dysharmonie , récompense et châtiment, satisfaction et insatisfaction essentielle , sont les manifestations positives et et négatives de la loi d’harmonie et de sa justice immanente. A cet égard , on peut dire que le mal est l’ombre portée de la lumière à la rencontre d’un obstacle . L’obstacle est la culpabilité persévérante vaniteusement justifiée (la vanité-serpent symbole du tentateur Satan). » La divinité Paul Diel.
              bonne soirée.

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