UNE ANNÉE, MILLE ANNÉES…

On fête le Nouvel-an : c’est une tradition, à la fois nécessaire et dérisoire – comme toutes les traditions. Avec une bouffée de nostalgie on jette un regard en arrière, sur le chemin parcouru. Pourquoi revenir sur ce passé ? Le passé est mort, il n’existe plus. Le Bouddha Siddhârta l’avait bien compris, qui enseignait que seul l’instant présent existe. Prenez un crayon, faites-le tomber sur la table : jamais plus il ne retombera de la même façon. Si vous recommencez, ce sera une autre chute, un autre moment : le moment précédent est éteint à tout jamais.

Et  pourtant le passé nous poursuit, il nous empêche de vivre l’instant présent. Siddhârta explique encore que la mémoire est le principal obstacle à la méditation, donc à l’Éveil. Elle peuple notre esprit de souvenirs, cadavres fantomatiques inexistants et cruels, puisqu’ils nous empêchent de vivre l’instant présent en l’obscurcissant d’ombres disparues. Si en plus, comme moi, on est un peu historien, cette mémoire est riche de vingt siècles. Sans ce passé, je ne serais pas ce que je suis aujourd’hui. Vieux de mille ans, et plus encore. Tributaire, et esclave de quelques chose qui n’a d’existence que dans le souvenir.

Un néant, qui nous néantise.

Alors on se tourne vers l’an qui vient, en espérant qu’il sera mieux que les autres. On veut y croire. Sur cette page vierge, on espère écrire du nouveau. Ayant vécu, on sait pourtant que ce qui a été sera, mais on fait un instant le rêve que ce qui vient sera différent de ce qui fut.

L’évangile dit ‘’ selon saint Jean ’’ se termine sur cette phrase énigmatique : « Jésus a fait encore bien d’autres choses [que celles qui précèdent]. Si on les écrivait, le monde entier ne pourrait contenir les livres qu’on écrirait. » Tout a été dit, tout a été vécu, nous avons fait le tour des choses, nous croyons tout savoir de nous-mêmes et de l’univers – mais nous ne savons rien. Tout reste encore à vivre, et à connaître. Pénétrant dans l’infini divin, nous avançons de commencements en commencements.

Et la mort, vieux capitaine, ne sera que le passage de l’inconnaissable au connu.

                                                                                                               M.B., 1er janvier 2018

  Je m’absente pendant quelques temps au chevet d’un parent très malade. Pendant ce temps, je ne pourrai pas répondre à vos commentaires. Profitez-en pour lire (ou relire) quelques articles de ce blog, sérieux comme A l’amie qui voulait croire (et n’y arrivait pas) : petit traité d’anti-athéologie ou souriants comme Pour une science des cons. Enfin selon vos centres d’intérêt, voyez à droite de l’écran  les têtes de chapitres (« catégories ») ou écrivez un mot-clé. Et bonne lecture !

5 réflexions au sujet de « UNE ANNÉE, MILLE ANNÉES… »

  1. Pierre

    Bonjour Michel Benoit, bonne année et j’espère sincèrement que votre proche malade se porte mieux.

    J’ai lu votre roman « Le secret du treizième apôtre » ainsi que « Jésus, mémoires d’un juif ordinaire ». Le roman était palpitant et l’essai sur Jésus fascinant. J’ai plusieurs question à vous poser :

    1) Quelle traduction de la Bible privilégiez-vous pou saisir au plus près le message de Jésus ? J’ai en ma possession une traduction TOB mais les livres apocryphes (Sagesse, Siracide, Tobie, Judith etc…) ne sont apparemment pas fidèle au canon hébraïque de l’Ancien Testament.

    2) Êtes-vous d’accord avec les unitariens proclamant que Jésus est uniquement le Fils de Dieu ? Mais alors que penser des écrits de l’apôtre Paul faisant du Nazaréen un Dieu ? Lien : https://fr.wikipedia.org/wiki/Unitarisme_(th%C3%A9ologie)

    3) Que pensez-vous du dogme de l’annihilationisme, expliquant que l’idée d’une damnation éternelle dans le feu de la géhenne est contradictoire avec l’idée d’un Père aimant Sa création. Petit lien pour l’explication : https://fr.wikipedia.org/wiki/Annihilationisme

    5) Avez-vous un conseil pour le chercheur d’absolu ? Car j’arrive à lire des explications théologiques mais je ne vis pas une foi fervente et profonde. J’ai déjà essayé l’hésychasme et la philocalie propre à l’église orthodoxe mais je n’y arrive pas. De même pour la méditation vipassana du bouddhisme theravadha. Je perd patience rapidement et je désespère de gouter un jour l’absolu.

    Désolé d’avance pour les questions.

    Merci de répondre, amicalement votre.

    Répondre
    1. Michelbenoît-mibe Auteur de l’article

      1) TOB est bien, mais l’édition « Bible de Jérusalem » parfois meilleure
      2) Que met-on sous « Fils de Dieu » ? Si c’est « de même nature que Dieu », ça ne tient pas debout. Notez que Paul ne divinise pas Jésus. C’est dans les 7 lettres qui lui sont attribuées, surtout Eph, Phil, Col, qu’on trouve un début de divinisation maladroite. Le pas est franchi avec Jn 1, 1-17.
      3) Que cette théorie est en contradiction avec Abba, le Père aimant que Jésus nous a fait connaître.
      4) Nous ne « goûterons » l’absolu qu’après notre mort, en présence sans obstacles charnels d’Abba. Ici-bas, nous ne pouvons qu’entrapercevoir les réalités de l’au-delà des apparences. Notamment dans le silence de la méditation (cf. Vipassana) : il se passe alors des choses au-delà des mots et des pensées, dont les mystiques tentent de parler – avec l(obstacle des mots.
      N’oubliez pas St Augustin : « Chercher Dieu, c’est le trouver »
      Bienvenue au club des chercheurs aveugles-voyants
      M.B.

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  2. Roland Lebalnc

    Comme le logion 42 dit:

    Tiré du livre : L’Évangile de Thomas, Albin Michel Spiritualités vivantes…

    Logion 42:
    « Jésus disait : « Soyez passant.  »

    Mon interprétation qui en vaut une autre…:

    Logion 42

    Jésus disait :
    « Soyez passant. »

    () : Être passant veut dire de passage ; ainsi, pour vivre vraiment sa vie, il faut vivre en étant vivant et promouvoir et co=opérer en faveur de la Vie. Donc passer sa vie à Vivre du mieux que nous le pouvons cette vie à laquelle nous nous devons de participer en tant que collaborateur au Grand Œuvre…
    …Traverser un milieu, une substance, une matière ; ici, traverser la vie en étant conscient de ce qui nous entoure et de la substance de tout ce qui est et dans lequel nous baignons sans cesse pour que nous ayons des pensées les plus justes, des paroles les plus justes et des actions les plus justes en participant au Grand Œuvre.

    Il est vrai que le passé est passé justement; juste et ment…
    Prévoir n’est pas prédire; les nombres à ce sujet laissent entre=voir les possibles réalités à envisager.
    Il est intéressant en numérologie d’entre=voir par les nombre.
    Je me suis adonné à l’exercice et voici le genre d’année 2018 …

    « Année universelle : 2018 se réduit par addition à 11/2»
    »C’est une année où la coopération est de mise et l’équilibre est à maintenir pour réussir cette année pleine d’opportunité et d’ouverture.
    Nous pouvons être inspirés et nous pouvons nous unir pour accomplir ensemble; c’est notre force la coopération.
    Il nous faut être patient et être capable de nous adapter aux situations; la solidarité nous est utile en ces temps plus difficiles en apparence.
    Les émotions sont plus à risque de nous envahir pour nous enjoindre à l’action juste; justement , nous pouvons y porter attention pour nous guider de notre intériorité tout en restant responsable et conscient de l’extérieur . »

    Je Nous souhaite bonne introspection; prospection intérieure qui sait nous guider en ces jours apparemment dificiles (en apparence seule=ment)…

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    1. Michelbenoît-mibe Auteur de l’article

      Merci. Ces jeux sur les mots me paraissent de plus en plus vains, les évangiles apocryphes en étaient friands.
      M.B.

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