APOCALYPSE NOW ? État des lieux (II) : démocratie

 Au commencement était le clan, ensemble de familles se réclamant d’un ancêtre commun. Quand les clans se réunirent en tribus, leurs membres organisèrent une solidarité restreinte à eux seuls, et farouchement défendue par eux face aux autres. C’était chacun contre tous.

Un pas décisif fut franchi à Athènes avec l’invention de la démocratie, qui instaurait une certaine paix sociale. Très vite, la démocratie athénienne sombra dans deux sortes de dérives : la tyrannie – confiscation du bien commun au profit d’un seul -, et la démagogie – soumission du pouvoir aux désirs irrationnels du peuple. La tyrannie menait à la violence arbitraire, la démagogie au chaos et à l’injustice.

Ni la démocratie athénienne, ni la tyrannie, ni la démagogie ne connaissaient ce que nous appelons aujourd’hui les ‘’Droits de l’Homme’’. Les citoyens étaient jaugés, jugés et classés selon leur naissance, leur productivité ou leur valeur militaire. La femme et l’enfant n’avaient pas d’existence légale.

Aucun de ces régimes ne s’est intéressé à la personne humaine pour elle-même.

Le christianisme, naissance de la démocratie moderne ?

Dans ce contexte, l’enseignement de Jésus est une nouveauté révolutionnaire. Il met au premier plan le respect du prochain, l’attention aux autres, le partage, le pardon, la compassion. Il instaurait ainsi dans la société une solidarité qui (contrairement à tout ce qui s’était pratiqué jusque là) était universelle, illimitée. Il ne prenait en compte ni le sexe, ni la richesse, ni l’origine ethnique ou sociale, ni l’appartenance religieuse ou politique. Pour la première fois, les êtres humains n’étaient plus divisés en clans, luttant chacun pour sa survie au détriment des autres. À ses yeux les hommes, les femmes et les enfants forment un tout ayant mêmes besoins, mêmes aspirations, même droit au bonheur et même vocation à la transcendance.

Sa façon d’être et de se comporter dans l’espace juif était une autre forme d’enseignement. Qu’ils soient fortunés ou pauvres, jeunes ou malades, Jésus voyait ceux qui croisaient son chemin, ou plutôt il les regardait au fond des yeux. Jamais son regard ne glissait sur eux avec indifférence, et jamais il ne les jugeait.

En le trahissant, le christianisme s’est très vite replongé dans l’esprit de clan. À l’intérieur, entre-soi des fidèles. À l’extérieur, guerre faite aux païens. Un rituel, le baptême, inclut les néophytes à la communauté en les séparant des autres, puisqu’ils sont désormais d’une autre race – celle des sauvés.

Et pourtant le double enseignement de Jésus a été à l’origine de la démocratie occidentale. Il nous a fallu des siècles pour admettre – au moins en théorie – que chacun a sa place dans la société, à égalité avec les autres, que chacun doit être respecté, considéré. Que l’être humain possède en lui-même sa valeur, qu’il doit être regardé pour lui-même et pas seulement pour sa fonction sociale ou économique. Des siècles pour être attentif les uns aux autres, pour ne pas s’exclure, ne pas élever de cloisons entre nous. Pour aspirer ensemble au partage des connaissances, à l’éducation, aux loisirs, à la culture. Bref, pour nous rassembler malgré nos différences.

Cette appétence pour le vivre-ensemble, pour l’être-ensemble, nous la devons à Jésus. C’est de lui qu’est né l’élan vers la démocratie, le long cheminement qui pousse l’Occident vers sa réalisation. De lui que vient la nostalgie qui saisit certains quand ils voient la démocratie menacée de disparaître sous la poussée des les tyrannies totalitaires ou des démagogies populistes.

Éclipse de la démocratie ?

Si l’on prend le christianise comme témoin de l’Histoire, on remarque qu’à chaque fois qu’il s’affadit, s’étiole ou disparaît de la scène publique, la démocratie disparaît avec lui. Ce fut le cas pendant les siècles d’Inquisition, caricature dévoyée et malsaine du christianisme, qui rendit possible les pires crimes d’État. Ou au XVIIe siècle, le siècle du jansénisme et de « l’État, c’est moi ». Ou encore sous le communisme athée qui justifia des dictatures sanglantes, sous le nazisme et autres totalitarismes de pays traditionnellement chrétiens.

L’actuelle montée en puissance des régimes anti-démocratiques dans ces pays est-elle en relation avec le déclin du christianisme ? Je le crois volontiers. Le recul de la sensibilité, de l’éducation et de la pratique chrétienne en Occident a sans doute joué un rôle dans l’affermissement du populisme. Quand les gens ont perdu tout appétit pour un idéal religieux et humanitaire, ils se replient sur eux-mêmes et ne pensent plus qu’à défendre leurs intérêts particuliers. Ils ressuscitent le cloisonnement, la méfiance de tous envers tous et sa conséquence, l’agressivité.

Vaille que vaille, ce qui restait de Jésus dans le christianisme a été pendant des siècles la colonne vertébrale qui tenait l’Occident debout, l’huile qui faisait tourner ses rouages, la lumière qui créait de la beauté dans ses ténèbres. Quand il a disparu ou a été oublié, relégué aux souvenirs d’enfance, quand il est devenu le musée d’un passé révolu, les démocraties occidentales ont perdu leur ciment communautaire. Est-ce leur faute ? En défigurant la personne de Jésus, en faisant de son message des dogmes incompréhensibles, en devenant des organismes de pouvoir, les Églises chrétiennes n’ont-elles pas elles-mêmes scié la branche sur laquelle reposait l’Occident ?

Le coronavirus et la démocratie

L’épidémie de coronavirus a explosé dans ce contexte : pas d’idéal fédérateur, pas d’ossature morale, intellectuelle et spirituelle, pas d’autre souci que de consommer pour survivre. Elle a brutalement révélé les dérives que l’Occident a toujours cherché à surmonter. On a vu reparaître le chacun-pour-soi, au niveau individuel (ruée sur le papier Q) comme étatique (détournements de cargaisons de masques). Une propagande médiatico-politique massive nous a contraint à la méfiance, à la défiance – puisqu’on nous dit que chacun est un danger pour les autres. En dissimulant nos visages derrière des masques, elle a fait disparaître de nos rues le sourire, la bienveillance, l’affabilité. On ne se voit plus, on ne s’approche plus, on se parle plus qu’à travers un baillon.

En interdisant tout contact entre nous elle fait de nos sociétés un ensemble d’individus isolés, soupçonneux les uns des autres. S’est ainsi créée une solitude de masse qui tue peut-être autant que le virus. En saturant nos yeux et nos oreilles d’une cacophonie d’experts qui savent tout et de politiques qui ne savent rien, l’épidémie a imprimé le doute dans nos esprits. Ne sachant plus qui croire, que croire, on ne croit plus personne – et bientôt on ne croit plus en rien.

Nombreux sont ceux qui s’inquiètent de cet affaiblissement de nos démocraties en période d’épidémie. Si un jour nous en sortons, elle laissera dans notre vivre-ensemble des traces profondes. Pourrons-nous à nouveau partager une foi commune en l’avenir, une solidarité de tous envers tous et ce regard bienveillant sur les autres qui était celui de Jésus ?

                                       M.B., 20 mars 2021
Cet article est le troisième d’une série commencée avec A mes lectrices et lecteurs. A suivre…

23 réflexions au sujet de « APOCALYPSE NOW ? État des lieux (II) : démocratie »

  1. Jean-Claude Lacaze

    Ce que beaucoup appellent « la religion occidentale des droits de l’homme » se situe au cœur des problèmes géopolitiques contemporains. L’origine de ces droits – vous le dites justement – est chrétienne – ou post chrétienne pour d’autres (Harouel)
    Les droits de l’homme portent la démocratie véritable. Toutefois ces droits tels qu’ils se présentent aujourd’hui ne sont probablement pas adaptés face aux problèmes géopolitiques. La notion des droits de l’homme est évolutive comme toute chose (Darwin est passé par là !) et est « fonction de l’état de la conscience morale et de la civilisation à une époque données de l’histoire. » (Maritain/Courrier de l’Unesco, 2018)
    Porteur des systèmes démocratiques les droits de l’homme ne peuvent semble-t-il actuellement faire le poids face aux régimes autoritaires en forte progression…
    Une conception plus réaliste de ces droits, c’est-à-dire adaptée aux XXIème siècle, devait voir le jour. Il s’agit de l’avenir du monde occidental, d’un futur acceptable pour l’humanité.

    Répondre
    1. Michelbenoît-mibe Auteur de l’article

      Jésus propose les « Droits de l’Homme » dans toute leur ampleur (y compris droit à la transcendance). L’Église catholique a longtemps oscillé. Elle se rapproche + ou – de l’enseignement « Jésuen » selon les papes.
      L’avenir de l’Occident (et de la planète) ? L’historien sait que cela se passe en crises successives, suivie de progrès + ou – rapides. Étant donnée la mondialisation et les techniques disponibles, la prochaine crise mondiale risque d’être « salée ».
      M.B.

      Répondre
      1. Jean-Claude Lacaze

        Une réponse très café du commerce. Je pensais naïvement que vos minutieux travaux, vos excellents ouvrages pouvaient changer la donne. Je pensais que vous pouviez être l’homme d’un christianisme nouveau, le christianisme dont me parlait Théodore Monod. Il n’en est rien. Ne m’en veuillez pas si je suis un peu déçu…

        Répondre
        1. Michelbenoît-mibe Auteur de l’article

          Je suis l’homme qui a été écarté par l’Église catholique, détentrice des vérités. Qui a choisi d’aller se retirer au désert, vivre en ermite, pour se rapprocher un peu plus de Jésus et des siens-qui-sont-au-ciel. Comme les moines du 3e siècle au désert de Scété, comme tant d’autres au cours des siècles. Si c’est méprisable, méprisez-moi.
          Amicalement, M.B.
          P.S. : Que reste-t-il de Théodore Monod ? Qu’a-t-il changé sur cette planète ? Qui le connaît aujourd’hui, à part quelques vieux amoureux de l’infini comme vous et moi ?

          Répondre
          1. Jean-Claude Lacaze

            Bien loin de mépriser je ne peux qu’honorer. Votre parcours, vos travaux, vos ouvrages, marquent les esprits et suscitent le respect.

            Répondre
            1. Michelbenoît-mibe Auteur de l’article

              Rappelez-vous ce proverbe de la Révolution : « Le roi, fut-il assis sur son trône, est toujours assis sur son cul ». Voilà qui remet les choses à leur place.
              M.B.

  2. Jean-Claude Lacaze

    Dans la réponse au dernier commentaire vous écrivez « N’est-ce pas prodige que cet homme d’il y a 2000 ans soit une référence pour tant et tant d’hommes et femmes ? ». En vérité, s’il est devenu une référence et même le déterminant du monde occidental (de la démocratie, des droits de l’homme) c’est grâce à l’institution-Eglise et à des raisons politiques (l’empereur Constantin au IV siècle). Sans ces interventions le message de Jésus ne serait pas plus connu que ceux de « Tous les prophètes juifs – qui – avant lui ont été contestés, bafoués, parfois tués. ».

    Répondre
    1. Michelbenoît-mibe Auteur de l’article

      Tout-à-fait. Au Moyen-âge l’Église était appelée « casta meretrix », chaste putain. C’est par elle que Jésus nous a été transmis (casta). Mais c’est aussi elle qui l’a trahi par ses théologiens (meretrix). Condamner l’Église, c’est nous condamne nous-mêmes puisque l’Église, c’est (aussi) nous. Mais il faut parfois la quitter pour trouver ce qu’elle a voulu transmettre. Voyez les terribles malédictions aux théologiens de Luc 11.
      M.B.

      Répondre
  3. Paul Kerlois

    Vous terminez votre article par cette interrogation : « Pourrons-nous à nouveau partager une foi commune en l’avenir, une solidarité de tous envers tous et ce regard bienveillant sur les autres qui était celui de Jésus ? »

    Nous sommes d’une génération qui a connu les 30 glorieuses, une société relativement libérée, l’apparente victoire des démocraties sur les totalitarismes de l’époque (…/…), un christianisme plutôt apaisé et fédérateur (cf. Jean-Paul II & C°)

    Oui… sauf que nous découvrons que notre « libération » a surtout profitée aux grands groupes financiers et capitalistes. Nous découvrons la faiblesse de nos démocraties fascinées par les nationalismes. Nous découvrons les scandales du Vatican.

    Nous nous pensions libres, nous sommes de fait, encloisonnés.

    Et Jésus dans tout ça ?
    Ce fut certes un Eveillé. Vous en parler fort bien, mais c’est une approche très personnelle qui ne peut concerner notre vie en commun.
    Alors peut-on redire avec André MALRAUX (L’Espoir 1937) « Le Christ ? — C’est le seul anarchiste qui a vraiment réussi ? »
    L’anarchisme, c’est la remise en cause des contraintes imposées par la société. C’est la recherche d’une vie en commun sur la base d’une volonté individuelle autonome.

    Face au blocage actuel de nos sociétés, cette tradition anarchiste est en voie de reprendre du sens avec la jeune génération : de nombreuses collectivités locales envisagent très sérieusement de remettre les citoyens « de base » dans les décisions à prendre, quand ce n’est pas carrément de leur laisser la main sur de nombreux projets.
    A suivre donc…

    Répondre
    1. Michelbenoît-mibe Auteur de l’article

      Oui, Jésus « est une approche très personnelle qui ne peut concerner notre vie en commun ». On peut le voir comme un anarchiste, et alors il a deux fois échoué : d’abord en se faisant crucifier, ensuite en devenant l’alibi d’une institution qui se réclame de lui, mais…
      On peut aussi le voir comme ce qu’il disait être, un prophète. Tous les prophètes juifs avant lui ont été contestés, bafoués, parfois tués.
      Alors ? N’est-ce pas prodige que cet homme d’il y a 2000 ans soit une référence pour tant et tant d’hommes & femmes ?
      Référence personnelle en effet, non pas collective.
      M.B.

      Répondre
      1. Paul Kerlois

        Michel, vos recherches nous ont aidé à appréhender que « l’homme Jésus » avait été un personnage assez étonnant : enfant élevé dans la pure tradition juive, mais n’aimant pas trop les pharisiens, ni les « marchands » du temple… puis son approche des Esséniens et de Jean le Baptiste, qui lui ont apporté une vision de notre monde que je qualifierai de « mystique », à savoir sa démarche « d’Eveillé », mais aussi son côté « anarchiste/révolutionnaire », approche qui a séduit certains de ses disciples qui espéraient, bien qu’il s’en défende, voir en lui le « messie » venant rétablir le royaume d’Israël.

        Disciples qui furent d’ailleurs absents lors de sa mise en croix, mais qui firent de Jésus, quelques années plus tard, le « fils de dieu, né d’une vierge, ressuscité après sa mort », donc seul à même de sauver le monde, donc… permettant à Pierre, Paul et Cie de prendre le pouvoir, ce qu’a parfaitement compris l’empereur Constantin, quelques siècles plus tard.

        Le Christianisme va effectivement dominer philosophiquement et économiquement une grande partie du monde pendant plusieurs centaines de siècles.

        Malgré cela, le Jésus que vous appelez « prophète », et que moi je qualifie « d’anarchiste/révolutionnaire », a bien persisté dans la mémoire et l’action de nombreux humanistes pendant ces deux derniers millénaires. (St François d’Assise, l’Abbé Pierre, Mandela, mais aussi Coluche et tous les bénévoles des associations caritatives…).
        C’est celui qui a voulu changer « l’ordre patriarcal établi » : aimer/aider les pauvres – ne pas condamner la femme adultère – pardonner/tendre l’autre joue – etc. en un mot : aimer/aider son prochain, car c’est ainsi que les hommes pourront vivre ensemble : beau programme assez révolutionnaire…

        Répondre
        1. Michelbenoît-mibe Auteur de l’article

          « An-Archos » = « pas de pouvoir » ou « pas d’autorité ». Jésus n’est absolument pas anarchiste : il reconnaît l’autorité de César, et (en bon Juif) soumet ses disciples à l’autorité d’Abba.
          Beau programme en effet : mais pour l’appliquer à un peuple, à des peuples QUI ? Cela ne s’est jamais fait. Le programme de Jésus a toujours été mis en oeuvre par des individus ou des communautés minoritaires (et mal vues ou persécutées)
          M.B.

          Répondre
  4. Marie-Odile Sansault

    Merci de votre éclairage qui suscite en moi une série de questions.
    Et si, justement il était temps de se laisser inspirer par le Christ pour créer un nouveau paradigme ? Un peuple d’être souverains régis par l’Amour, la reconnaissance de l’Esprit que nous sommes et que Jésus est venu manifester. L’Esprit ne pourrait-il pas enfin régner sur la matière qu’il a créée et nous proposer d’être son relais, son outil ?
    La couronne apportée par le corona ne pourrait-elle pas être celle de notre royauté en Christ accueilli en nous pour qu’IL vive sur la Terre par le fait-même de notre réunion fraternelle ?
    Et pourquoi pas une anarchie spirituelle où le sens sacré de l’existence est présent dans chaque conscience ? Et si cette crise dite « sanitaire » était en fait une crise pour accéder à une conscience plus élevée de nous-mêmes, une meilleure santé de la conscience humaine ? Une espèce nouvelle, issue de « l’homme-animal doté de pensée » ne doit-elle pas émerger ? L’espèce divinhumaine, où corps et Esprit sont unifiés n’est-elle pas en train de se faire jour ?
    Et si nous cessions de vouloir restaurer ce qui a été insatisfaisant et que nous mettions toute notre attention sur la construction inspirée par le Christ qui nous invite à le maintenir vivant, bien réel, opérationnel au sein de l’humanité ?
    Ce n’est pas parce que nous ignorons tout de la forme nouvelle à construire, qu’elle n’existe pas déjà, quelque part dans notre être, dans l’Esprit qui nous constitue…
    Marie-Odile

    Répondre
    1. Michelbenoît-mibe Auteur de l’article

      Dans l’Histoire de l’Occident, des aspirations et des mouvements proches de ce que vous énoncez se sont périodiquement déclenchés. Je pense aux Gnostiques des 2° et 3° siècle, aux communautés monastiques des 5° et 6° siècle, aux Dolciniens du 13°, aux Cathares, Vaudois, Hussites, aux nombreux « revivals » américains, etc… Presque tous ces mouvements ont été combattus par l’Eglise Ou bien encadrés et récupérés comme le Renouveau charismatique d’après mai 68.
      je doute d’un mouvement collectif ou de masse. Des avancées individuelles, oui, ou en petits groupes éphémères. Qu’est-ce que cela peut donner sur nos sociétés ?
      M.B.

      Répondre
      1. Marie-Odile Sansault

        Merci de votre apport.
        Je crois à l’avancée de la conscience par les phénomènes d’effets de seuil, connus parfois sous le nom de « théorie du 100ème singe ». Heureusement qu’il n’est pas nécessaire qu’une majorité d’humains atteigne une certaine conscience pour que l’ensemble de la société se transforme, sinon, je serais désespérée.
        Les expériences du passé que vous citez et qui ont en effet été combattues par l’Église, se sont situées dans des époques où les hommes avaient encore besoin d’une autorité extérieure à eux-mêmes. Il est temps pour moi de se passer des institutions paternalistes et d’assumer d’être devenus des adultes, capables de maîtrise.
        Il me semble qu’aujourd’hui, le projet transhumaniste qui veut s’imposer conduit à une nouvelle forme d’esclavage. C’est un tableau qui montre l’exact contraire de la souveraineté individuelle à laquelle l’humanité est invitée par l’enseignement de Jésus. Le mental des hommes a une forte propension, en tant que « reflet de l’Esprit », à imprimer une torsion à l’inspiration Divine qui nous est donnée. En regardant les détails de la société d’aujourd’hui, nous pouvons voir l’image totalement inversée du monde fraternel à construire.
        Et pour aller plus loin dans l’image de l’effet de seuil, je rappellerai qu’il faut bien peu de pastis dans l’eau pour que la précipitation ait lieu, que la couleur change. Et pour moi qui fabrique souvent du pain au levain, je dirais plus volontiers qu’un tout petit pâton de levain fait magnifiquement gonfler de nombreux pains.
        J’ai une grande confiance aux forces de l’Esprit, à la présence du Christ en nous, en la permanence de l’aide que Jésus apporte aux humains.

        Répondre
        1. Michelbenoît-mibe Auteur de l’article

          Vous vous exprimez en « contemplatrice des étoiles ». Moi je suis un historien, et les historiens sont rarement optimistes. Quand on parcourt 20 ou 30 siècles de l’Histoire humaine, on s’aperçoit que les Forces du Mal ont pris de l’ampleur en même temps que nos technologies s’affirmaient.
          N’oubliez pas que ces Forces du Mal sont à l’oeuvre sur terre, autant que les Forces du Bien. Jésus disait « Ne craignez pas, j’ai vaincu le Mal ! ». Mais il a été crucifié, et son héritage dévoyé. La parabole du levain qui fait lever toute la pâte est de lui : mais quelle pâte ? Collective ? Individuelle ? L’historien cherche la levée de pâte collective, et ne la voit pas.
          M.B.

          Répondre
          1. Marie-Odile Sansault

            Merci de nouveau.
            Je vois dans le qualificatif de « contemplatrice des étoiles » un compliment qui me touche. Merci, d’autant plus que mes connaissances historiques sont bien pauvres.
            Je n’ignore pas du tout les forces du mal, « les asuras » qui sont actuellement bien actives.
            Pas plus tard qu’hier, j’ai vécu concrètement à titre personnel, les effets de leurs agissements. Je les vois elles aussi au service du plan divin puisque, plongés dans la dualité, c’est, hélas, par le pied au fond de la piscine que les humains ont tout à coup l’élan nécessaire pour remonter respirer et vivre, par l’aiguillon de la souffrance que la conscience se mobilise. Cette dualité a conduit l’humanité à s’unir avec l’obscurité du matérialisme le plus dur pour un jour, désirer ardemment la lumière, avoir faim d’Esprit. Tout la question est de savoir si nous sommes arrivés au point extrême de l’obscurité et de la famine spirituelle.
            Le fait que les humains se donnent le droit de trafiquer leur génome, de ne pas respecter le sacré en contrevenant à la Loi ontologique me semble être un indice que les limites sont atteintes.
            Quant à la question de la progression individuelle et collective, je vois les deux dimensions très liées. Je constate bien souvent l’intrication de l’une avec l’autre, je vois comment le plus intime confine à l’universel.
            Merci à vous.

            Répondre
    1. Michelbenoît-mibe Auteur de l’article

      (Re)lisez les premiers § de cet article. Je n’ai pas développé, mais la « démocratie athénienne » était fort éloignée de l’idées que nous nous faisons aujourd’hui de la démocratie, et de ce à quoi aspirent les démocrates. Je crois que c’est dans le double enseignement de Jésus qu’on trouve l’origine de ce qu’est aujourd’hui l’idéal démocratique. Mais il est politiquement incorrect de le dire…
      M.B.

      Répondre
  5. Jean-Marie

    Cher Michel

    Auriez-vous lu une biographie de votre ami ‘Isho bar Yawsep écrite par lui même ?
    Si c’est par un de ses admirateurs êtes vous sûr qu’il n’a pas enjolivé la réalité.
    Déjà que le prêtre et exégète très sérieux (dixit Benoits XVI) dit qu’il est probablement né à Nazareth et qu’il a eu plusieurs vrais frères et soeurs de sang, qui avons nous prié vous et moi en invoquant et chantant sa mère ? Ils nous ont trompé par omission les vrais rédacteurs des pseudo-évangiles de Marc, Mathieu, Luc et Jean

    Quoiqu’il en soit qu’on ait ou non entendu parler, entre autres, des théorèmes de Condorcet, Arrow et Gibbard-Satterthwaite, c’est plus ou moins manquer de sens critique élémentaire que de considérer comme rationnel et louable notre culte de ce qu’il est abusivement convenu d’appeler «la démocratie», le concept en lui-même – dont la pseudo-historicité grecque est très mal connue – déjà* et a fortiori son application quotidienne dans les «meilleurs» états considérés comme «démocratiques». Nos médias sont pourtant quotidiennement emplis des tristes , voire horribles conséquences de ce culte grégaire irréfléchi.

    On aura beau dire, on aura beau faire «Dès que nous disons le mot «démocratie» pour nommer notre mode de gouvernement qu’il soit américain, allemand ou français, nous mentons. La démocratie ne peut jamais être qu’une idée régulatrice, une belle idée dont nous baptisons promptement des pratiques très diverses. Nous en sommes loin, mais encore faut-il le savoir et le dire»(A.E)

    «Nous sommes victimes d’un abus de mots. Notre système (les «démocraties» occidentales) ne peut s’appeler «démocratique» et le qualifier ainsi est grave, car ceci empêche la réalisation de la vraie démocratie tout en lui volant son nom.» (S-C.K)

    « La démocratie, c’est le nom volé d’une idée violée» (J-P.M).

    Répondre
    1. Michelbenoît-mibe Auteur de l’article

      Non, il n’y a pas d’autobiographie de Jésus, pas plus qu’il n’y en a de Pompée, Siddhârta ou karl Marx. Pourtant ils ont bien existé, et agi sur l’Histoire.
      Quant à la démocratie, quoi d’autre sinon la dictature ou le chaos ? Je vous rappelle Churchill : « La démocratie est le meilleur des pires systèmes ». Oui, c’est une idée jamais réalisée. Mais une idée capable de tirer des peuples en avant.
      M.B.

      Répondre

Répondre à Jean-Claude Lacaze Annuler la réponse.

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Vous pouvez utiliser ces balises et attributs HTML : <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <s> <strike> <strong>