LA FIN DES ILLUSIONS

« I have a dream ! A bad dream ! » (1)

Dès son arrivée au pouvoir en 1933, Hitler obligea son armée à renaître « pour que l’Allemagne retrouve sa fierté perdue « . Dès son arrivée au pouvoir en 2000, Poutine obligea son armée à renaître « pour que la Russie retrouve sa fierté perdue ».

En 1938 Hitler, s’appuyant sur les nazis locaux, annexa les Sudètes au prétexte qu’ils étaient peuplés d’Allemands, puis envahit l’ensemble du territoire tchèque. En 2022, s’appuyant sur les séparatistes locaux, Poutine annexa le Dombass au prétexte qu’il était peuplé de Russes, puis envahit l’ensemble du territoire ukrainien.

En 1938 Hitler jura la paix, signa les accords de Munich puis déclara au monde que ce n’était qu’un « chiffon de papier » et envahit la Pologne. En 2015 Poutine jura le cessez-le-feu, signa les accords de Minsk puis envahit l’Ukraine sans perdre son temps en déclarations.

Dans l’un et l’autre cas ces dirigeants décidèrent du sort des peuples par le sang et par le feu, sans leur demander leur avis.

En 1940 l’invasion de la France par Hitler provoqua un exode massif, des centaines de milliers de personnes jetées sur les routes, hagardes, ayant tout perdu. En 2022 l’invasion de l’Ukraine par Poutine provoqua un exode massif, des centaines de milliers de personnes jetées sur les routes, hagardes, ayant tout perdu.

I have a dream ! Ce n’est qu’un rêve n’est-ce pas, ces mêmes scènes qui se reproduisent à l’identique 80 ans plus tard ?

En août 1968 les troupes russes entrèrent à Prague, Alexander Dubcek fut arrêté, menotté, jeté au fond d’un avion de transport de troupes, un bandeau sur les yeux. Arrivé à Moscou il fut menacé par Brejnev, battu, contraint s’il voulait rester en vie de demander à son peuple d’accepter la « normalisation » – la soumission à l’ours russe.

Dans quelques heures, dans quelques jours, le Président Volodymyr Zelensky sera peut-être arrêté s’il n’est pas tué. Jeté dans un avion russe s’il n’est pas tué. Obligé de se soumettre et de demander grâce pour son peuple, s’il veut rester en vie.

I have a dream ! Ce cauchemar se déroule à deux heures de Paris. Ces gens nous ressemblent, ils sont comme nous, ça pourrait être nous. Et la menace a été lancée par Poutine d’étendre sa guerre au monde entier.

C’est la fin des illusions. Non, le monde n’est pas fraternel. Non, la démocratie n’est pas chose naturelle, elle est extraordinairement fragile, il faut la mériter, la protéger. Oui, les politiciens français de droite et gauche extrême sont apparus dans cette crise pour ce qu’ils sont, des clowns tristes. Oui, l’Europe est en train de naître et il faut se féliciter d’avoir à sa barre quelques hommes et femmes courageux, décidés, convaincus.

Reste la question, l’éternelle question : à quoi croire dans ce monde-là ? En qui croire ? Certains, peu nombreux, silencieux, discrets, croient que le prophète juif Jésus a été et reste un homme en qui ils ont mis leur confiance. Le souvenir de cet homme et sa présence même dans notre monde vont-ils disparaître avec la génération des derniers à l’avoir connu et aimé ?

                                                                       M.B., 1er mars 2022
(1) J’ai fait un rêve ! Un mauvais rêve ! (D’après Martin Luther King)

10 réflexions au sujet de « LA FIN DES ILLUSIONS »

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  2. JEAN-FRANCOIS LECOCQ

    Bonjour Monsieur BENOIT,
    Je ne partage pas votre vision binaire du monde ( d’un côté le méchant Poutine et les bons, les autres) d’autant que vous êtes sélectif sur vos points de comparaisons avec Hitler. La géopolitique, surtout concernant les pays de l’Est, nous incite à être plus nuancé car , selon ma lecture, l’OTAN et l’UE ont une part de responsabilité sur le drame qui se joue.
    Pour parler de similitudes, j’en ai relevé d’autres : le « nous sommes en guerre » de notre président qui reproduit mot pour mot un discours de début 2020 sur une épidémie et aujourd’hui pour un conflit armé , d’autant plus étonnant qu’il n’y a pas eu de déclaration de guerre avec la France : toujours la peur qui entraine le rejet de l’autre et le repli sur soi, on l’a vu avec la « crise covid » dont nous ne sommes pas sortis encore.
    Je n’ai pas, par contre, votre optimisme sur  » il faut se féliciter d’avoir à la barre de l’Europe quelques hommes et femmes courageux, décidés, convaincus  » : il y a désormais trop de conflit d’intérêt chez les responsables pour être confiant : je suis bien entendu pour une Europe fraternelle mais elle ne pourra jamais ce faire avec le mode de fonctionnement actuel de nos instances.
    Reste l’essentiel : quelle peut être notre attitude personnelle dans cette époque difficile ( il y en a eu d’autres et ce n’est pas d’aujourd’hui que nos illusions sont perdues) : nous avons vu et voyons de beaux moments de solidarité, d’entraide, de dépassement de soi ou de prise de risque pour aider les autres. Ce sont les épreuves qui nous font grandir et plutôt que d’attaquer « le mal » de front ( là, c’est perdu d’avance), voyons en l’Homme Jésus notre meilleur exemple, en particulier avec sa confrontation avec le Diable  » les tentations du Christ » : Lui, Jésus, embrassait les lépreux alors que certains aujourd’hui changent de trottoir quand un passant n’est pas masqué. Il a su se dépasser dans l’adversité. Jusqu’à pardonner sur la Croix, ce qu’il l’a définitivement placé au dessus du Mal.
    Je lis toujours avec intérêt vos publications, puissent-elles aider le plus grand nombre !

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  3. Jean-Claude Lacaze

    Merci pour cette analyse objective…
    O.K. pour croire que le prophète juif est une des solutions…
    L’homme est né religieux. Le problème est que nous n’avons plus de religion adaptée à notre temps…
    Le christianisme a fait l’occident, ses valeurs.
    Sous une forme sécularisée, athée, que sais-je encore, un christianisme régénéré devrait pouvoir s’imposer au XXIème siècle.
    Vous ouvrages et d’autres y contribuent

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    1. Michelbenoît-mibe Auteur de l’article

      « Un christianisme regénéré » ? Hélas je ne vois rien venir. C’est ma hantise, car en Occident nous n’avons rien d’autre à nous mettre sous la dent.
      « Ne jamais désespérer de Dieu », dit la Règle de St Benoit. Concrètement, j’ai du mal !
      M.B.

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      1. Jean-Claude Lacaze

        L’homme est né religieux. Surmonter les nouveaux chaos (politique, écologique etc.) est donc un enjeu spirituel. C’est l’absence de spiritualités adaptées au XXIème siècle qui génère le chaos.
        Dieu, l’ordre cosmique qui soutient et régit tous les êtres ne reflète pas forcément la transcendance traditionnelle. Celle-ci doit être évidemment en phase avec l’évolution de nos connaissances.
        Le message altruiste de Jésus reste d’actualité. Il n’a rien à voir avec les nationalismes tel celui que porte aujourd’hui l’Eglise orthodoxe russe.

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  4. Gris

    Oui l’histoire se répète… Et vous dites  » Ce n’est qu’un rêve n’est-ce pas, ces mêmes scènes qui se reproduisent à l’identique 80 ans plus tard ?  » Ok et les forces initiales qui poussent à réagir n’ont-elles pas un point commun ?
    Je me mettais à rêvasser (un luxe entre le Covid et la mise en place du désordre mondial) et je voyais que des protestants titillaient des catholiques pour (con)casser de l’orthodoxe (et réciproquement, of course, dans la mise place de forces antagonistes initié par un 3e larron).
    Mais c’est un bad dream, faut pas, non pas bien !

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    1. Michelbenoît-mibe Auteur de l’article

      LA question : celui que nous appelons « Dieu » est-il un dream ? Une simple création humaine, comme on l’a dit ?
      Ou bien : Celui que je rencontre dans la prière & dans ma vie n’est-il qu’une illusion ?
      Mais cette rencontre est tellement forte qu’elle ne peut être un dream.
      Ou alors, moi aussi, je ne suis qu’un rêve.
      M.B.

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      1. Gris

        Il y a de nombreuses demeures dans la maison de mon Père, a-t-il été dit.
        Nous sommes donc invités à bien d’autres rêves … qui ne sont pas qu’illusions.

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  5. Céline

    Pour paraphraser une pub, on est mal, patron, on est mal !
    Pour être franche, j’ai peur… Et je me sens découragée. En qui croire ? A qui faire confiance ? J’ai l’impression que même Dieu ne sait plus quoi faire de nous !

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    1. Michelbenoît-mibe Auteur de l’article

      « Dieu », je ne sais pas. Mais Jésus est toujours crucifié. Et certains parmi nous avec lui. Il faut des hommes et des femmes silencieux mais solides, sur qui leurs voisins peuvent s’appuyer.
      M.B.

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