À UNE AMIE INCROYANTE (I) – Y a-t-il un Dieu ?

Au fil de nos conversations tu m’as balancé des objections bien connues : « S’il y a un Dieu créateur, qui a créé ce Dieu ? » « Il y a trop de mal et de souffrances sur terre pour que je puise croire qu’un Dieu existe ». « Si Dieu sait tout, inutile de se fatiguer, tout est fixé d’avance ». « Dieu ? On raconte tant de choses sur lui, qui croire ? » – etc. Une succession de nœuds, qu’il va falloir démêler l’un après l’autre. Et d’abord, y a-t-il des « preuves » de l’existence de Dieu ?

Penser Dieu ?

La pensée logique a été inventée en Grèce aux 4e et 3e siècle avant J.C. Les mots ayant une certaine valeur, en les confrontant on parvenait à un résultat indiscutable – c’était le syllogisme en trois parties : 1- Tout ce qui existe a une cause 2- Or l’univers existe 3- Donc l’univers a une cause – et cause première, certains l’appellent ‘’Dieu’’. Inventé par Platon et Aristote, repris par Thomas d’Aquin, cet argument de la cause première était peu convaincant, totalement abstrait : il a pourtant été constamment repris, jusqu’à aujourd’hui.

Au XIe siècle, St Anselme a été encore plus loin dans l’abstraction pure. Son syllogisme est une jonglerie avec les mots :  1- Dieu est parfait, on ne peut rien penser de plus parfait 2- Or ce qui est parfait ne peut pas être privé d’existence, donc Dieu existe 3- Si plus parfait que Dieu n’existe pas, si rien de plus parfait ne peut être pensé, Dieu existe en-dehors de la pensée ». Tu le vois, le point de départ de St Anselme est le sujet pensant. C’est pourquoi j’y vois quelque analogie avec le Principe d’Indétermination de Werner Heisenberg : « La position d’une particule élémentaire dépend de celui qui l’observe ».

Ces raisonnements du Moyen-âge t’ont semblé totalement irrecevables, pour toi aujourd’hui, et tu as raison. Aussi, je te propose une autre approche, scientifique celle-là.

Cosmologie et biologie

Les auteurs de Dieu, la science, les preuves (I) montrent de façon convaincante que les récentes découvertes scientifiques en cosmologie et en biologie obligent à poser la question de l’existence de Dieu de façon totalement nouvelle. Les observations de Lemaître & Hubble (1927) ont été confirmées en 1965 par deux ingénieurs américains qui ont découvert un fossile cosmologique, le rayonnement émis au moment même de l’origine de l’univers : cet instant où tout a commencé, on l’a appelé le « Big Bang ».

Il y a donc eu un commencement. C’est-à-dire un moment où l’on est passé du rien – ni temps ni espace ni matière -, à quelque chose qui va se développer, mais pas n’importe comment : selon un plan qui aboutit jusqu’à nous. On peut parler de « plan » parce qu’à partir de l’instant du Big Bang, le nombre de possibilités d’évolution de l’univers croît de façon exponentielle jusqu’à un chiffre voisin de 10-50. C’est-à-dire qu’il y avait des milliards de milliards d’autre résultats possibles que celui que nous connaissons : à chaque fois, des réglages de plus en plus fins ont abouti à notre planète hospitalière, puis à la vie sur cette planète et à son évolution jusqu’à toi.

Les auteurs de Dieu, la sciencereprennent alors le vieux procédé du syllogisme : « Tout ce qui a un commencement a une cause. Or l’Univers a eu un commencement (c’est prouvé). Donc l’Univers a une cause ». C’est toujours l’idée de la cause première, mais cette fois appuyée sur les travaux de centaines de chercheurs en cosmologie et biologie. Cela ressemble aussi à l’Intelligent design, le dessein intelligent des américains – sauf que ce dernier a son point de départ dans une idée religieuse au lieu de suivre, pas à pas, l’incroyable succession des réglages identifiés et mesurés depuis un siècle par l’élite des savants mondiaux.

Cette cause à l’origine du Big Bang, certains l’appellent « Dieu ». Poussés par leur désir de justifier leur foi religieuse, ils enjambent allègrement un précipice : car que veut dire le mot ‘’Dieu’’ ? Convient-il pour nommer la cause première ? D’ailleurs, faut-il seulement la nommer ?

L’innommmable

Naissant, vivant et mourant entre ciel et sable, les bédouins hébreux n’avaient pas comme Aristote une conception logique de l’univers, mais esthétique. Tant de mystérieuse beauté déployée devant leurs yeux devait nécessairement avoir une cause – un grand, un immense artiste créateur. Le psaume 18 résume bien leur perception : « Les cieux proclament la gloire de Dieu, le firmament raconte l’ouvrage de ses mains. Pas de parole dans ce message, pas de voix qui se fasse entendre : mais elle s’étend jusqu’aux confins de la terre ».

La cause première des philosophes était devenue grâce, émerveillement, silence contemplatif.

Cette perception esthétique de l’univers – ou plutôt mystique, au-delà des mots – elle ne convenait pas à la classe des lettrés et des prêtres juifs au retour de l’exil. Ils trouvèrent mille subterfuges pour nommer Celui qui n’a aucun nom, qui ne peut en avoir aucun car aucun mot ne peut le décrire ou le contenir. Mais le psaume est resté, et avec lui une tradition prophétique vivace jusqu’à Jésus : « Pas de parole » dans ce que ‘’Dieu’’ dit, pas de mot pour le nommer. La simple évidence de la beauté de sa création.

Ce qui te gêne, chère amie, ce qui sans doute t’empêche d’admettre la possibilité d’un ‘’Dieu’’, ce sont les milliers de pages écrites, de sermons prononcés par les théologiens de tous bords, à commencer par ceux du judaïsme ancien qui ont mis la Bible par écrit. Ils ont oublié l’émerveillement silencieux de leurs ancêtres devant la création. Ils ont voulu nommer la cause, puis la décrire de cent façons toujours plus complexes, toujours plus intellectuelles. Tu ne mords pas à cet hameçon, pas plus qu’aux abstractions médiévales. Mais il t’arrive parfois (je le sais) de t’arrêter pour un instant de silence devant la nuit étoilée, la majesté d’un fleuve, la splendeur d’une fleur ou le sourire de l’enfant qui dort. Quand tu es saisie par ce que tu vois et ce que tu devines derrière ce que tu ne vois pas, quand tout se tait en toi, c’est une première expérience de ‘’Dieu’’ que tu fais.

Et si ce moment (dont tu ne saurais rendre compte) ne correspond pas à ce que tu as entendu dire du ‘’Dieu’’ des théologiens et des prêtres, de leurs catéchismes et de leurs dogmes, laisse aller ton cœur, ta sensibilité, ton intuition : à cet instant-là, ils ne te mentent pas.

Ce n’est qu’un premier pas. D’autres vont suivre…

                                                                       M.B., 2 mai 2022
                               À suivre

17 réflexions au sujet de « À UNE AMIE INCROYANTE (I) – Y a-t-il un Dieu ? »

  1. CORRE Henry

    Bonjour Michel,
    ayant lu enfin entièrement le fameux ouvrage de nos cathos « Opus Dei », je me livre à quelques réactions:

    Une seule chose est sûre : la science n’a pas besoin de la foi pour faire ses preuves (vous pouvez voyager en avion sans que cela exige de vous de « croire » aux lois de la mécanique). Si Dieu existait, il n’aurait que faire de la science pour le prouver, car il aurait mille autres moyens à sa disposition, étant par définition supérieur à toutes choses, donc à la science. Réciproquement, si Dieu requiert des preuves scientifiques, c’est qu’il n’est pas tout-puissant, donc qu’il n’est pas Dieu, et par conséquent qu’il n’existe pas. Les auteurs de ce coup de pub éditorial ne se rendent pas compte qu’ils démontrent l’inverse de ce qu’ils prétendent prouver. Mais ce n’est pas la logique qui les guide. Plutôt la messe et le business, qui, eux, existent bel et bien.
    amicalement
    HC

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    1. Michelbenoît-mibe Auteur de l’article

      Je vois que vous maniez le syllogisme comme B&B.
      L’intérêt des « preuves » de la création et donc d’un créateur, c’est d’apporter de l’oxygène à des esprits enfumés par des Lumières dont ils ne savent pas grand-chose
      Mais comme je crois l’avoir dit dans les articles consacrés au livre de B&B, prouver la création (et donc un créateur) ce n’est pas prouver Dieu.
      En revanche, c’est faire tourner la boutique
      Bof ! M.B.

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  3. Gris

    Pour faire très, très, très court : la pensée est dualiste et naît de la distinction qu’opère les sens.
    Pour exemple, en acuité visuelle, on appelle ça le pouvoir séparateur de l’oeil. Penser par le langage implique la distinction des sens et de définir de facto un rapport fondé sur moi-je/l’autre. Il s’ensuit que le développement conceptuel suit cette rupture indispensable à l’élaboration des concepts : intérieur/extérieur, corps/âme, matière/esprit..mais aussi le fond et la forme comme tout élève peut l’apprendre par les discriminations de leurs professeurs entre intellectuel et manuel, comme si l’intelligence ne passait pas par les mains !
    En science, pour être encore plus bref, le fond et la forme sont présents sous, respectivement, E=h(nu) et E=mc². Pourquoi associer le fond à l’expression quantique ? Car dans les équations qui régissent les interactions entre particules et sous particules on peut ignorer le temps t dans les équations algébriques (alocales à l’échelle de Planck) ; a contrario, la théorie de la relativité associe le temps à l’espace ce qui revient à parler de géométrie – la forme. Ainsi par une approche réductionniste (vers le très petit et vers le très grand conditionnés par l’opérateur « grossissement » (dans les accélérateurs ou par lentilles optiques) les deux extrêmes sont incompatibles (on attend toujours le génie de la « soudure ») et ceci parce que l’approche en elle-même est, par essence, le discernement utile à isoler un objet (que certain nomme réalité, « reas » ou choses).
    L’extase, et je suppose que j’anticipe la suite de la série d’articles du thème, dépasse ce phénomène du mental dissociatif qui fait le discernement entre l’espace et le temps : le mouvement dans un espace newtonien fait de vide (hors Einstein démontre cette erreur qui fût toutefois pratique). Il n’existe pas de mouvement dans le vide mais le mouvement définit son propre espace depuis qu’il est associé à une masse. (D’où problème de la masse manquante !).
    Dieu, dénomination aussi pratique en son temps que le vide spatial entre deux objets pour newton, devient une abstraction quand c’est notre pensée qui l’envisage (surtout quand elle essaye de le dévisager lol).
    Le bien et le mal sont tout aussi une approche du langage dualiste, ce qui n’empêche que la souffrance physique n’est pas abstraite, celle des troubles mentaux sont une réalité de la psyché qui a ses propres mécanismes. Il est utile, une fois ce constat de fait posé, de relier ces dualités par le vivant chez l’homme qu’il n’a pas encore trouvé : la Vie. S’il l’avait fait il ne serait pas dans tous ces questionnements de religion, de « religare », de reliance, etc. (Un regard sur la botanique en dirait long sur l’évolution des organismes par association plutôt que le point de vue exclusif de la compétition animale fondée sur l’idéologie du « plus fort », « meilleur reproducteur »…).
    Je me permettrai une suggestion, qui peut embrouiller certains en rajoutant une sorte de tiers inclus, comment se pourrait-il que le Nombre (Dieu l’infini et puissant petit symbole qui autorise la fraction 1/0) puisse tout autant séparer qu’associer ? (En mathématique trois grands secteurs sont nuancés, l’algèbre, la géométrie, théorie des nombres).

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  4. Paul Kerlois

    Première interrogation : « S’il y a un Dieu créateur, qui a créé ce Dieu ? »
    Je pense que cette interrogation n’est posée que dans une perception anthropomorphique de « l’espace-temps ».
    « Dieu » est en réalité une composante de « notre existant », qui n’est pas que matière (donc dans la temporalité), mais aussi esprit, force de vie, intemporalité…
    Les peuples indigènes, proches de la nature, savent bien que les forces « surnaturelles » sont dans les arbres, les animaux etc., et bien sûr au fond de nous…
    Par ailleurs, les découvertes récentes sur la masse de l’univers, nous disent que cette masse n’est pas composée de matière, mais de relations… (Boson de Higgs).
    Donc, le « sur-naturel » fait éminemment partie de notre « être », de notre propre existence.
    Si certains souhaitent une approche plus « humaine » d’un dieu, père barbu entouré d’anges…, c’est leur droit de le penser, mais pas de l’imposer aux autres…

    En revanche, la seconde interrogation est plus délicate : « Il y a trop de mal et de souffrances sur terre pour que je puisse croire qu’un Dieu existe ».
    La poser, c’est tout d’abord penser que « dieu » est extérieur à nous, et par ailleurs, que « dieu » ne peut être que bon, le mal étant du domaine du « diable ».
    En réalité, c’est nous, les humains, qui sommes bons ou mauvais dans nos tripes.
    Nous participons par nos actes à la progression ou l’effondrement de l’humanité.

    « Le moment est venu de se rendre compte qu’une interprétation, même positiviste, de l’Univers doit, pour être satisfaisante, couvrir le dedans, aussi bien que le dehors des choses, – l’Esprit autant que la Matière. La vraie Physique est celle qui parviendra à intégrer l’Homme total dans une représentation cohérente du monde. Puissé-je faire sentir ici que cette tentative est possible, et que d’elle dépend, pour qui veut et sait aller au fond des choses, la conservation en nous du courage et de la joie d’agir. »
    « En vérité, je doute qu’il y ait pour l’être pensant de minute plus décisive que celle où, les écailles tombant de ses yeux, il découvre qu’il n’est pas un élément perdu dans les solitudes cosmiques, mais que c’est une volonté de vivre universelle qui converge et s’hominise en lui. L’Homme, non pas centre statique du Monde, – comme il s’est cru longtemps ; mais axe et flèche de l’Évolution, – ce qui est bien plus beau. »
    « …Mais il se peut aussi que, suivant une loi à laquelle rien dans le Passé n’a encore échappé, le Mal, croissant en même temps que le Bien atteigne à la fin son paroxysme, lui aussi sous une forme spécifiquement nouvelle. – Pas de sommets sans abîmes. »
    (Teilhard de Chardin – LE PHÉNOMÈNE HUMAIN – LA SURVIE p. 289/290)

    Répondre
    1. Michelbenoît-mibe Auteur de l’article

      Merci. Le vieux Teilhard avait vu bien des choses. Est-ce pour cela qu’il a été désavoué & interdit par l’Église ?
      M.B.

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  5. Stéphane Michaud

    Bonjour Michel,
    merci pour cet article intéressant, je me permets quelques petits commentaires:
    – La conception de « commencement » de l’univers est-elle réellement fondée? Etant donné que la science actuelle ne peut remonter au delà de quelques millionièmes de microsecondes après le BB (ce qui est déjà extraordinaire), on ne peut, à mes yeux, parler de réel commencement: en effet, nous voyons tous le BB comme une « explosion primordiale ». La cosmologie, comme les autres sciences physiques, n’apporte aucune preuve au sens strict du terme: elle apporte des hypothèses les plus en adéquation avec les observations, hypothèses transcrites par des équations. Le BB en est une, et il est bien sûr quasi unanimement admis que c’est l’hypothèse la plus adéquate pour expliquer notre univers actuel. Il n’est pas impossible de penser qu’il y a eu quelque chose avant le Big Bang, et que l’univers, au sens de « tout ce qui est », ait connu un semblable épisode. Ou qu’il existe une multitude d’univers parallèles en constante création ou destruction. Certes, ce ne sont que pures spéculations, soutenues par des astrophysiciens de renom, mais elles remettraient totalement en question cette notion de commencement.
    – Je n’ai pas lu le livre auquel vous faites référence. Pour ma part, je suis athée, ce qui ne m’empêche nullement de m’informer et me documenter sur les raisons qui poussent à la Foi (une des raisons pour lesquelles je lis vos articles). La Foi est une chose absolument respectable et souvent salutaire pour qui croit, et en ce sens je ne me permettrait jamais de critiquer négativement le croyant d’une religion (à l’exception des extrémistes de tout poil). La notion de Dieu créateur m’est plutôt étrangère. Et cependant, au même titre que les idées que j’évoque au premier paragraphe, rien n’empêche de croire que c’est Dieu qui a créé le monde. C’est une hypothèse, appelons la mystique, expliquant la création de l’univers. Soit. Mais à ce moment-là, qu’est-ce qui a créé Dieu? est-il immatériel? S’il a créé la Matière, il ne peut l’avoir créée à partir de rien, cela est impossible.
    J’aurais encore beaucoup à dire ou a discuter, mais je m’arrête là pour le moment…
    Merci pour vos articles toujours intéressants!

    Répondre
    1. Michelbenoît-mibe Auteur de l’article

      1- Le Big Bang, qui n’était pour Lemaître qu’une suite d’équations, a été prouvé par Hubble (trajectoire des galaxies) et la découverte du rayonnement cosmique fossile. A ce stade, on ne parle plus d’hypothèse.
      2- Multivers, « avant » le Big Bang : ce sont des objets de la pensée, pas de l’expérience.
      3- Ne lisez pas le livre de Bolloré & Bonnassies, il vous embrouillerait l’esprit !
      4- Les questions que vous posez sont les vraies. J’espère pouvoir les aborder (je n’ai pas dit « y répondre ») dans les articles suivants.
      Merci, M.B.

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  6. louis belon

    Y a-t-il un Dieu ? Question à laquelle de tous temps l’homme a cherché et proposé des réponses et à laquelle aujourd’hui deux scientifiques pensent pouvoir apporter une réponse scientifique indiscutable. L’univers des maths est pour moi trop obscur pour avoir quelque avis sur la validité de leur travail, mais… La réalité du big-bang est maintenant admise par la majorité des scientifiques, quant à y voir l’origine de l’univers c’est une autre histoire. Nous savons que les théories actuelles concernant la structure de l’univers souffrent encore de quelques défauts et ne sont pas applicables aux tous premiers instants de l’inflation, ce qui fragilise beaucoup les conclusions de leur travail. Je ne vois là qu’une nouvelle tentative de confirmation du principe anthropique. Quoi qu’il en soit, quelle qu’ait pu être l’origine de l’univers et la cause de l’apparition de la vie, la question reste posée de l’existence d’un ETANT qui en aurait été le créateur.
    Je dis l’ETANT et non pas l’ETRE, car un être doit aussi avoir une origine et la question reste posée. De cet ETANT je ne peux rien savoir, mais je ne peux cependant pas éviter de l’imaginer à partir des seules données dont je dispose, celles qui concernent ma réalité propre, tout en reconnaissant l’étendue de mon ignorance dans ce domaine.
    Qu’est-ce qui est de moi, qui n’est cependant pas que de moi et qui sans moi n’existerait pas ? C’est, je pense, ce qu’on nomme DIEU.
    Mais démontrer qu’il existe est une chose, vouloir le définir en est une autre. C’est ce que font les Eglises, ce qui ne peut qu’être source d’intolérance et de violence puisque le portrait n’est jamais le même pour tous et que, ne pouvant être qu’Unique, il doit s’imposer (être imposé ?) à tous. On m’a enseigné dans mon enfance que Dieu était infiniment bon, omniscient et tout-puissant. Mais alors pourquoi le mal frappant l’innocent ? On m’a dit que le mal venait de la liberté laissée par Dieu à l’homme de choisir de le faire et que serait finalement rendu justice à tous lors du jugement dernier. Bien pauvre est celui qui ne peut pas promettre ! Quel choix a la victime devant le bourreau ? Quelle force consciente et raisonnée pousse le criminel ?
    Le drame de l’homme est que chaque individu est unique et qu’une loi générale applicable à tous est inimaginable, mais en même temps l’homme est un animal sociable qui ne peut vivre qu’en société. Rares ont été ceux dont le comportement ou le message peuvent inspirer une voie, toujours difficile et incertaine. Jésus reste pour moi celui qui a montré qu’une telle voie est possible, même si son appel dépasse de beaucoup mes possibilités. En faisant de lui un Dieu et en transformant son appel en commandement on a fait de son message d’amour une loi ; d’une libération personnelle respectueuse de celle des autres on est passé à un embrigadement.
    A ces « savants » qui, non contents de démontrer l’existence de Dieu veulent me dire qui il est je préfère Trinh Xuan Thuan, pour qui la science ne constitue pas la seule fenêtre ouverte sur le réel. Nous avons également besoin des fenêtres de la spiritualité, de l’art et de la poésie.

    Répondre
  7. Jean-Marie GLÄNTZLEN

    Notre Concepteur , intuitivement présent au sein de notre être que les religions appellent en français « âme*, » est ineffable, mais néanmoins il ne peut être avant tout qu’Amour sans limite nous appelant à aimer avec nos limites pour ne pas trop faire tache quand devenu aimant seconde après seconde nous pourrons alors nous immerger en son « sein ».

    Ça vaut ce que ça vaut

    Question à Michel : comment est-on passé d’ « anima » en latin à « âme » en français?

    Merci

    * anglais : soul allemand : seele néerlandais : ziel
    espagnol : alma italien : anima

    Répondre
    1. Michelbenoît-mibe Auteur de l’article

      Anima = âme : glissement sémantique habituel latin/français.
      LA question est le passage de l’hébreu nefesh (ou ruah) à « âme ». Car l’hébreu ignore la notion d’âme. Il ne connaît que « la vie » (= nefesh) ou l’énergie spirituelle (ruah). En traduisant « âme » et en opposant l’âme au corps, on a opéré un tournant désastreux dans la pensée occidentale.
      M.B.

      Répondre
  8. HANANE

    Bonjour,
    Très joli texte. Je suis en train de lire Dieu, la science, les preuves, et c’est une lecture passionnante. Jusqu’à maintenant, j’étais sur la position de Jean d’Ormesson : Dieu ne peut pas ne pas être; au-delà de la foi, il y a une exigence d’espérance; Dieu doit être, forcément, cela ne peut pas être autrement. Avec cet ouvrage Dieu, la science, les preuves, il sera difficile désormais de contester le fait que Dieu est (l’existence étant inscrite dans le temps et dans l’espace; Dieu n’existe pas car il est hors du temps et hors de l’espace; il est) On le trouve derrière le « mur de Planck  » et derrière la mort : entre ces deux réalités, tout l’univers nous ramène à lui. Gloire à Dieu.

    Répondre
    1. Michelbenoît-mibe Auteur de l’article

      Oui, la première partie de « Dieu, la science, les preuves » est bien faite et utile.
      La seconde partie, en revanche, est un honteux plaidoyer pour une certaine conception intégriste du religieux. J’ai consacré 6 articles à ce livre, je vous invite à les lire (tapez le titre dans « rechercher »)
      Kabod Adonaï, gloire à  »Dieu ».
      M.B.

      Répondre
  9. Jean Roche

    Bonsoir,
    Il me semble que si on voulait bien se défaire de l’idée que Dieu, quoi qu’on entende par là, n’est ni tout-puissant, ni tout-impuissant (inexistant) on pourrait avancer.

    Répondre
    1. Michelbenoît-mibe Auteur de l’article

      oui. Mais assouplir les tabous religieux est plus difficile que de plier l’obélisque de la Concorde.
      M.B.

      Répondre
  10. CORRE Henry

    Bonjour,
    croire en Dieu, sous quel nom que se soit, n’a d’intérêt que s’il y a une vie après la mort!
    Quelle garantie? Les Evangiles? Siddhârta?
    Résurrection, réincarnation et tout le toutim….
    Personnellement je bloque sur le cerveau et son fonctionnement. Point d’influx, point d’activité!
    Cette « âme » serait mue par quelle Energie? Au sens propre du terme….dans l’univers l’énergie fait loi!
    cordialement
    HC

    Répondre
    1. Michelbenoît-mibe Auteur de l’article

      Il me semble que vous faites erreur. C’est PARCE QU’il y a un  »Dieu » (appelez-le comme vous voulez ou plutôt ne l’appelez pas) qu’il y a une vie après la mort.
      Vous ajoutez un noeud de plus, merci. Je vais tâcher de détricoter cela. Patience
      M.B.

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