DU NOUVEAU SUR L’APRES-VIE ?

Depuis la parution en 1975 du livre de Raymond Moody La vie après la vie (1), c’est surtout aux USA et en Angleterre que s’est développée la recherche sur la survie de la conscience après la mort.

On avait depuis longtemps distingué la mort clinique (arrêt du cœur, des réflexes, de la respiration) de la mort cérébrale (électroencéphalogramme plat). Mais Moody et les centaines de chercheurs qui l’ont suivi ont constaté que certains patients, ranimés après leur mort clinique/cérébrale, racontaient des expériences mentales qui supposaient que quand le corps meurt, la conscience peut lui survivre.

Le dossier scientifique était trop épais, les vérifications croisées trop nombreuses pour qu’on puisse écarter cette découverte qui posait une question fondamentale : où se trouve le siège de la conscience ? Si elle ne disparaît pas, si elle continue de mener sa vie quand le cerveau est mort, d’où vient-elle ? La médecine de l’époque était déstabilisée par cette question, qui remettait en cause tout ce qu’on savait de la vie et de la mort.

Certains se tournèrent alors vers les traditions orientales ou chamaniques. ‘’Corps Astral’’, ‘’Conscience pure’’, ‘’Esprit cosmique’’, ‘’Âme des plantes ou des objets’’… Ils appelèrent à la rescousse tout l’arsenal ésotérique. La survie de la conscience après la mort devenait un acte de foi quasi-religieux. En témoigne le livre du docteur Olivier Chambon : La vie après la mort (les preuves scientifiques) : pourquoi il faut y croire, (Larousse 2020). Faut-il croire à la science ? Les preuves scientifiques ont-elles besoin d’un acte de foi pour être recevables ? On retrouve ici l’ambigüité soulevée par le livre de V. Bolloré & O. Bonnassies, Dieu, la science, les preuves (2).

D’où l’embarras des chercheurs anglo-américains : « Les recherches sur les NDA (3), NDE (4) et ADC (5), convergent pour confirmer l’hypothèse que la conscience individuelle est indépendante du cerveau et survit donc à la mort de celui-ci ».

« Indépendante du cerveau » ? Mais alors, où ?

Les Américains de Yale University ont récemment repris la question en étudiant plus finement le fonctionnement et le métabolisme du cerveau. Ils ont d’abord travaillé sur des porcs pour mettre au point un protocole applicable à l’humain au seuil de la mort. Et les résultats ont été publiés il y a peu dans Nature : « Le cerveau peut fonctionner jusqu’à 30 minutes après l’arrêt cardiaque. Cela signifie que les souvenirs formés au cours de cette période peuvent être stockés dans la mémoire à long terme, même si le cerveau n’est plus irrigué ».

Inutile donc de chercher un ‘’lieu’’ extracorporel de la conscience : la conscience n’est pas « indépendante du cerveau », elle est bien située dans le cerveau, mais ce qui est nouveau c’est qu’on a pu mesurer sa capacité de nous survivre si longtemps.

Quand la science rejoint les traditions

« Nouveau » ? Pas tant que ça. Au 5e siècle avant J.C., le Bouddha Siddhârta développait une cosmologie et une anthropologie qui allaient plus loin que sa source indienne (Upanishad). Au moment de la mort, dit-il, il n’y a pas de « séparation de l’âme et du corps » puisque l’âme n’existe pas. Le défunt passe dans un autre monde, où il peut demeurer pour toujours si son karma a été purifié au cours de l’existence qu’il quitte.

Qu’est-ce qui survit à la mort pour passer dans l’après-vie ? Siddhârta n’en dit rien, tant est évidente pour lui l’unité du composé humain, après la mort comme avant. Ce qui signifie que le défunt, quand il meurt, accède dans sa totalité humaine à une nouvelle vie, une autre vie. Autrement dit, pour Siddhârta, la mort n’existe pas. « Rien ne disparaît, tout change » : franchi le seuil de la mort, nous vivons autrement.

En quoi consiste cet « autrement » ? Comment est l’autre vie, l’autre monde ? Nous aimerions le savoir ! Le Digha Nikaya rapporte là-dessus un épisode savoureux : « Tathagata (Maître) disent ses disciples au Bouddha, en quoi consiste la vie après l’Éveil ? » Réponse pleine d’humour de Siddhârta : « Vous n’êtes pas devenus Bikhnous (moines) pour apprendre de moi comment est la vie après l’Éveil, mais pour parvenir à l’Éveil. Travaillez-y donc sans relâche ni interrogations oiseuses ».

Confronté à cette question, Jésus répond par des paraboles, des petites histoires pleines de couleur : l’après-vie, dit-il est semblable à un banquet dans une salle où se réunissent des invités choisis. On n’en saura pas plus, et dans son silence Jésus rejoint Siddhârta. L’essentiel n’est pas de connaître le menu du banquet, mais d’entrer dans la salle.

La tradition tibétaine

À partir du 8e siècle, les Tibétains devenus bouddhistes ont travaillé cette question avec une ténacité et une rigueur impressionnantes. Leur dossier, qui rassemble et analyse des milliers d’observations au cours de 13 siècles, est convainquant : le défunt ne disparaît pas. Pendant un certain temps après sa mort, il est capable d’entrer en communication avec ses proches, d’être vu et entendu par eux. Quelle est la durée de cet état transitoire ? « Le plus souvent trois jours, mais pour certains Éveillés plus longtemps ».

En effet, Jésus s’est rendu visible à Marie-Madeleine et à ses apôtres dans les quelques jours qui ont suivi sa mort. Et à certains mystiques tout au long des siècles, jusqu’à aujourd’hui.

La vie ne disparaît pas

Les résultats récents de la recherche scientifique confirment (comme c’est souvent le cas) les données les plus solidement établies des diverses traditions nées au sein de l’humanité depuis qu’elle pense. La mort n’est qu’un passage. Comment vit-on ensuite ? Aucuns détails mais la certitude d’un « lieu » de paix et d’amour partagé.

Une fois mort, est-on définitivement coupé de ceux qu’on a aimés pendant la vie ? Non, on leur reste très présents, et parfois cette présence se manifeste à notre conscience (NDA, NDE, ADC). Ceux qui reçoivent ces ‘’contacts’’ avec l’après-vie ont toujours du mal à en parler, par crainte notamment des moqueries. Mais ils sont beaucoup plus nombreux qu’on le croit.

En attendant de rejoindre nos aimés et nos proches dans cette autre vie dont nous savons si peu de choses, sauf qu’elle existe, continuons bravement à vivre – puisque nous ne savons faire que ça.

                                                                             M.B., 16 nov. 2022
(1) Raymond Moody, Life after life. Nombreuses traductions en français à partir de 1976.
(2) Voir dans ce blog les 5 articles consacrés à ce livre au mot-clé ‘’Bolloré’’
(3) Near Death Awareness, état de conscience accrue à l’approche de la mort.
(4) Near Death Experiences, Expériences de Mort Imminente.
(5) After Death Communications, expériences de contact avec les défunts.

7 réflexions au sujet de « DU NOUVEAU SUR L’APRES-VIE ? »

  1. Rott

    Bonjour Michel,

    Si j’ai bien compris votre exposé, rien ne survit de la personne lors de sa mort, puisque même la conscience s’éteint après « une demi-heure de mort clinique/cérébrale ». La personnalité (ce qu’a été la personne) disparaît alors totalement.

    ► S’il il y a survit, ne s’agit-il pas alors d’une NOUVELLE CRÉATURE, ou création, puisqu’il n’y a PAS DE CONTINUITÉ de ce qu’a été la personne de son vivant ? Tout en conservant ses prérogatives humaines (apparitions de Jésus).

    Merci.

    Rott

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    1. Michelbenoît-mibe Auteur de l’article

      On peut dire ça. Comme on peut dire le contraire. Il n’y a que des hypothèses, souvent fondées sur une expérience personnelle qui ne peut être communiquée.
      La mienne vaut ce qu’elle vaut…
      Merci, M.B.

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  2. Max Dessus

    Bonjour,
    Ce type d’article entretient le mystère en posant les bonnes questions : où, comment après la mort et , bien entendu en n’apportant aucune réponse. Pas surprenant car on peut toujours se poser des questions, ça n’engage à rien. Mais apporter des réponses serait un scoop universel.
    La réponse est pourtant simple: Tu retourneras poussière , et la poussière n’a pas de conscience. Qui peut imaginer autre chose, un grand banquet? Il serait vraiment grand pour accueillir les milliards de morts depuis des millénaires.
    Toutes ces histoires ont été inventées pour rassurer face à la mort. Mais finalement n’est il pas plus rassurant qu’il y ait une vraie fin pour chacun de nous plutôt qu’une pseudo vie éternelle donc sans fin où on devrait bien s’ennuyer au bout d’un certain temps!!!!!

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    1. Michelbenoît-mibe Auteur de l’article

      On peut dire ça quand on n’a pas pris suffisamment connaissance du dossier, qui amène à nuancer et approfondir notre perception des choses.
      Merci, M.B.

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  3. Jean Roche

    Bonsoir,
    « « Indépendante du cerveau » ? Mais alors, où ? ». Si on pose le problème ainsi, on reste dans un cadre conceptuel matérialiste. La science ne peut pas fonctionner autrement, mais doit-elle avoir réponse à tout ? Salus extra scientiam non est ?
    Pourquoi ne pas constater que l’esprit et la matière sont irréductibles l’un à l’autre, et qu’on ne sait pas comment ça se fait ?

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    1. Michelbenoît-mibe Auteur de l’article

      Oui, mais les scientifiques sont atteints d’une maladie, la « questionnite ». Qui a fait avancer pas mal de choses !
      M.B.

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  4. Camus Christian

    Bonjour,
    Je trouve dommage que vous ne parliez pas des travaux de Ian Stevenson, sans doute ce qu’il y a de plus sérieux et de plus intéressant sur la question.
    Je crois que vous serez intéressé par mon livre que vous trouverez sur mon site.
    Bien à vous
    Christian Camus

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