Archives pour la catégorie LA FRANCE ENRHUMÉE

Réactions de l’auteur sur quelques éternuements de son pays

GAUCHISTES : LA DICTATURE DES MOTS

 Cela fait soixante ans que j’entends le même discours dans la bouche des gauchistes français. J’ai  cru d’abord qu’il avait été élaboré dans la fièvre de la Libération de 1945 – alors, c’étaient les communistes et les trotskystes -, pour m’apercevoir qu’il apparaît déjà (et pour la première fois) dans la conscience et la langue française après la prise de pouvoir des Jacobins sur la Convention, au début de l’été 1793. Lire la suite

FIN D’UNE CIVILISATION, OU FIN (d’une certaine) HUMANITÉ ?

 Quelque chose est en train de changer, sous nos yeux. Quelque chose qui ne s’est encore jamais produit dans la brève histoire de l’humanité

I. Nous autres civilisations savons que nous sommes mortelles Lire la suite

MACRON À OUAGADOUGOU : CHAPEAU L’ARTISTE !

Première tournée en Afrique d’un président de la République française. Depuis De Gaulle c’est un exercice codifié, intouchable : à l’arrivée, trajet aéroport-palais présidentiel dans une décapotable, acclamé par une foule agitant des drapeaux français. Entretiens polis avec ses homologues africains, embrassés, flattés, cajolés, coconnés. Et surtout, rassurés : « oui, maman-France continuera de vous maintenir au pouvoir aussi longtemps que possible. » Ensuite, dans un salon doré à l’ambiance feutrée, devant des caméras muettes, déclaration pleine d’empathie de papa-président français : « L’Afrique (et le fric) je t’aime, tu m’aimes, on s’aimera toujours. » Enfin, retour vers l’aéroport sous les vivats des mêmes qu’à l’aller. La messe de la Françafrique a été dite, circulez.

Tous les prédécesseurs d’Emmanuel Macron ont respecté ce rituel millimétré.

Tous ? Oui, mais pas lui.  Lire la suite

LA FRANCE, SES ROIS, SON ÉLECTION PRÉSIDENTIELLE

Il faut aux Français un chef à qui remettre leur destinée. Roi, Empereur, Lider maximo, Duce, Raïs… quelqu’un dont ils décident qu’Il décidera, en théorie avec eux, mais en fait pour eux.  Et ça ne date pas d’aujourd’hui : au début du IXe siècle Alcuin, abbé de Saint-Martin de Tours et conseiller de Charlemagne, tailla sur mesure pour son patron la doctrine fondatrice de l’empire franc, la ‘’monarchie de droit divin’’. Élu par Dieu, désormais le roi gouvernerait le peuple au nom de Dieu, puis à sa place : « Ce que le roi veult, Dieu le veult. » Lire la suite

FRANÇOIS FILLON ET LA VÉRITÉ

« … Je dirai aux juges ma vérité, qui est LA vérité », affirmait récemment M. Fillon devant les français. Quand Jésus dit à Pilate : « Je suis venu rendre témoignage à la vérité », ce dernier, en politicien sceptique, lui répond d’un ton désabusé : « Qu’est-ce que la vérité ? »

Qu’est-ce que la vérité ? Donald Trump vient d’introduire en politique la notion de « vérité alternative ». Pour tout le monde, mentir c’est dire ou faire le contraire de la vérité. Quand un politicien ne veut pas être accusé de mensonge (faute politique), que fait-il ? Il change la nature de la vérité, tout simplement. Donc il ne ment pas, puisqu’il sa vérité devient LA vérité et qu’il s’y conforme. Lire la suite

TRUMP, BREXIT, FRANCE, etc… Y a-t-il une vérité (alternative) ?

La vérité politique, économique, juridique, existe-t-elle ? Quand l’administration Trump parle de « vérité alternative », où est-ce que cela nous mène ? Vers le chaos ?

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LE MARCHAND DE RÊVES (d’après George Orwell)

L’homme enfonça son bonnet en papier sur sa tête, coinça la flûte sous son bras gauche et sortit dans le jardin. C’est là, au milieu des massifs de fleurs, qu’il avait tant aimé autrefois construire  ses rêves. Et puis… Et puis un jour, il avait compris que les rêves lui offriraient une carrière, la notoriété. La gloire peut-être, de l’argent, sûrement.

Il sortit par le portail et déboucha sur le trottoir. Entièrement renfermée sur elle-même, la Ville était divisée en deux par un grand boulevard central que les habitants, qui n’étaient plus à une simplification près, appelaient « le Centre ». À droite du boulevard s’étendait un quartier plutôt cossu (certains y avaient encore un peu de travail, chose rare), tandis qu’à gauche une population désœuvrée, mélangée, vivait dans des barres d’immeubles insalubres. Entre la droite et la gauche de la Ville, c’était la guerre : une haine ancienne, tenace, absurde entre deux populations irréconciliables, telle que si l’une disait ‘’blanc’’ l’autre, automatiquement et sans même y penser, disait ‘’noir’’. Dans les écoles du quartier droit on enseignait que ‘’deux et deux font quatre’’ alors que dans celles de gauche les bambins apprenaient que ce calcul repose sur une vision faussée de l’univers, qu’il est le fruit du conservatisme réactionnaire et bourgeois. Pour les enfants de progressistes gauchiers deux et deux font plus que quatre, doivent faire plus que quatre puisqu’en face, on affirme le contraire. Lire la suite

LE DÉCLIN FRANÇAIS NE DATE PAS D’AUJOURD’HUI (les primaires des primates)

Étonnante carrière que celle de Jacques Benoist-Méchin ! Il a quarante ans quand il rentre, en juin 1941, au gouvernement Pétain comme secrétaire d’état. Sa parfaite connaissance de la langue comme de la culture allemande lui permet de jouer un rôle important dans les négociations que ne cessera de tenter le gouvernement de Vichy avec Hitler. Sa passion pour la grandeur et l’indépendance de la France le rend méfiant aussi bien de l’occupant nazi que des anglo-américains, dans lesquels il voit – non sans raison – des charognards prêts à démanteler l’Empire français pour s’en partager les dépouilles. Il pressent qu’un jour, une Europe naîtra, ancrée autour du couple franco-allemand. Que l’Angleterre n’en fera pas partie, que l’Amérique cherchera toujours à la contrôler, voire à l’étouffer. C’est pourquoi – par excès de patriotisme – il choisit la collaboration avec l’Allemagne. Comme des millions de Français d’alors, aveuglés par la douleur de la défaite, il s’est trompé de combat. Ce visionnaire n’était pas un prophète.

Mais il n’était pas aveugle et voyait juste. Voici ce qu’il écrivait, trois mois avant son arrestation par la Résistance en septembre 1944 : Lire la suite

PRIMAIRES FRANÇAISES (III) : FIN DU CLIVAGE GAUCHE-DROITE ?

          Les élections primaires bouleversent un dogme bétonné en France depuis plus de 200 ans, le clivage gauche-droite.

Naissance du clivage gauche-droite

         C’est dans la salle des Menus Plaisirs de Versailles que de l’Assemblée Constituante a voté l’abolition des privilèges la nuit du 4 août 1789 et la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen le 23 août suivant. Ces deux étapes franchies, une partie de l’Assemblée estime que la Révolution a atteint son but, qu’elle doit s’arrêter là. Mais l’autre partie veut aller plus loin, beaucoup plus loin : abolir l’autorité royale et la remplacer par le pouvoir du peuple. Deux conceptions totalement différentes de la société s’affrontent dans cette salle rectangulaire à l’acoustique déplorable, la cohue est indescriptible. Pour que les 1200 députés puissent se compter, le 11 septembre 1789 le Président de l’Assemblée finit par demander à ceux qui veulent s’arrêter aux acquis de la Révolution de se ranger à sa droite, et à ceux qui veulent la poursuivre de se ranger à sa gauche. Peut-être s’est-il inspiré ce jour-là des caucus de la jeune république américaine ? (1)

            Le clivage gauche-droite est né ce jour-là. Deux visions politiques opposées qui se font physiquement face : à droite on veut réformer sans détruire, dans le respect de l’ordre et de l’autorité. À gauche on rêve de créer un Homme nouveau dans une société nouvelle, qu’on bâtira après avoir jeté à bas la société actuelle. À droite la réforme raisonnable, à gauche la révolution permanente. Deux façons de penser, deux mentalités politiques irréconciliables qui vont se haïr, s’entredéchirer, se faire la guerre pendant deux siècles.

            En 1958 De Gaulle a voulu atténuer ce clivage dont il voyait à quel point il paralysait la société française. Dans sa Ve République, le président sera élu au suffrage universel direct, pour une durée de sept ans. Comme le mandat des députés ne dure que cinq ans, le président ne sera pas lié aux partis politiques. En cas d’alternance il s’accommodera du choix des Français, ce sera la cohabitation.

La VIe République     

           Avec l’introduction du quinquennat, le président de la République n’est plus au-dessus des partis. Il a perdu son indépendance en devenant de fait le chef de son parti, normalement majoritaire dans une élection qui suit la sienne et la confirme. Depuis lors, nous vivons dans une VIe République qui ne dit pas son nom.

           La généralisation des primaires a parachevé ce passage silencieux d’une République à l’autre. Car désormais, les candidats des deux partis dits ‘’de gouvernement’’ sont désignés avant l’élection présidentielle. Laquelle consacre la domination de ces partis dont les candidats ont toutes chances de l’emporter sur les candidats indépendants. (2)

           Ce nouveau système ne s’inspire qu’en apparence des primaires américaines. Pour ces dernières, les sympathisants d’un parti votent pour leur candidat : aucun républicain n’ira voter pour un partisan démocrate et vice-versa : ce sont des primaires fermées. Tandis que nos primaires françaises sont ouvertes : chacun, ‘’de droite’’, ‘’de gauche’’ ou d’ailleurs, peut participer à la primaire du parti pour lequel il ne vote pas habituellement. Des primaires ouvertes, c’est de fait la fin du clivage gauche-droite.

La charte des deux partis

           Une seule condition : reconnaître les valeurs du parti adverse en signant sa charte. Pour certain, admettre les valeurs de « l’autre », apposer sa signature en bas de la charte d’un parti dans lequel il ne se reconnaît pas, c’est une « trahison », un « déshonneur ». Eh bien, voyons le texte de ces chartes :

1- Pour le parti Les Républicains : « Je partage les valeurs républicaines de la droite et du centre et je m’engage pour l’alternance afin de réussir le redressement de la France ». En quoi les valeurs républicaines et le redressement de la France peuvent-ils faire honte à un électeur dit ‘’de gauche’’ ? D’autant plus que beaucoup souhaitent une alternance au gouvernement calamiteux de M. Hollande.

2- Pour le parti socialiste : « Je me reconnais dans les valeurs de la gauche et de la République en défendant le projet d’une société de liberté, d’égalité et de progrès solidaire, dont tous les membres jouissent des mêmes droits ».

           En quoi les valeurs de la République, la liberté, l’égalité des droits, le progrès et la solidarité peuvent-il déshonorer un électeur dit ‘’de droite’’ ?

           Quiconque se veut simplement citoyen français peut signer l’une et l’autre charte sans déchoir ni trahir ses convictions profondes.

Un devoir de citoyen : aller voter aux primaires de droite comme de gauche

           Il me semble donc impératif d’aller voter à chacune des deux primaires, celle du parti LR comme celle des socialistes. C’est une démarche d’unité nationale qui dépasse enfin le clivage gauche-droite. Laisser de côté des susceptibilités d’un autre âge, pour avoir, face à Mme Le Pen, un candidat acceptable aux citoyens que nous sommes. Aller voter avec sa raison, aller voter utile pour préserver notre démocratie.

                                                                       M.B., 18 novembre 2016
(1) À l’origine aux USA, les sympathisants d’un parti se réunissaient dans une grande salle et chacun se rangeait dans un coin sous la bannière de son candidat : on votait en se déplaçant physiquement. Le système des caucus existe encore dans une douzaine d’états américains.
(2) On verra si l’aventure lancée par M. Macron fera mentir ce calcul. S’il devait être élu président contre les candidats des partis, ce serait finalement un retour à l’esprit de la Ve République.

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PRIMAIRES FRANÇAISES (II) : QU’EST-CE QUE LE POPULISME ?

           Trump est populiste, Mme Le Pen est populiste, M. Sarkozy est en train de le devenir… de quoi parle-t-on ?

            Le populisme, ce sont quatre slogans : parler au nom du peuple, disqualifier les élites, attiser les passions, promettre la lune. Lire la suite