« Hommes et femmes rassasiés d’ans, nous qui avons vécu, nous témoignons ». Nous avons connu un âge où la planète, encore généreuse, se laissait fouiller, extorquer, piller, sans protester. Où l’Occident saigné par deux conflits mondiaux se relevait, reprenait sa première place, se jurait d’être heureux. Où tout semblait, sinon facile, du moins à portée de main. Nous dominions le monde et les événements, nous étions les maîtres du destin, rien ne pouvait plus nous ébranler.
Pourtant des fissures, des crevasses apparaissaient ça et là dans l’orgueilleuse construction de notre gloire. Certains s’en inquiétaient et le disaient, de plus en plus fort. Avec mépris, on les traitait de déclinistes, de catastrophistes. Annonçaient-ils la fin de la croissance, l’inévitable nécessité de la décroissance ? On les moquait, on les méprisait, on les raillait : « Sachez, leur disait-on, que l’Homme sur cette planète n’a jamais cessé de croître, d’inventer, de réaliser. Rien, absolument, ne peut lui résister. Nous sommes invincibles, et peut-être un jour serons-nous immortels ». Lire la suite