Archives de l’auteur : Michelbenoît-mibe

A propos Michelbenoît-mibe

Biologiste de formation, moine bénédictin pendant 20 ans, Michel Benoît a ''été quitté" par l'Église pour raisons idéologiques. Chercheur, historien, exégète, écrivain, il s'intéresse à tout ce qui touche au fait religieux en relation avec les questions de société.

PEUT-ON ÊTRE HEUREUX ? Siddhârta, Jésus et nous

Qu’est-ce qu’être heureux ? Comment atteindre le bonheur ? Avec le besoin d’espérer, c’est la quête de l’humanité depuis qu’elle existe.

Le premier, le Bouddha Siddhârta Gautama a donné une méthode pour atteindre au bonheur : la méditation, dont il parle souvent mais qu’il expose en détail dans le Satipatthâna Sutta, vingt-deuxième Sutta du Digha Nikâya. Lire la suite

PEUT-ON ENCORE ESPÉRER ?

Depuis sa naissance, l’humanité s’est trouvée de bonnes raisons d’espérer.

1. La mort, espoir d’une vie

Le premier, Paul de Tarse a marqué le christianisme en enseignant que la vie ne vaut que par la mort, que le bonheur n’est pas ici-bas mais dans l’au-delà. La mort cessait d’être crainte pour être désirée : « Pour moi dit-il, mourir est un gain ». (1)

Il avait sans doute reçu cette philosophie d’abord de son éducation grecque. En milieu juif, elle s’était radicalisée dans les écrits esséniens qui associent la mort à un messianisme échevelé : mourir, pour les Fils de Lumière, c’est anticiper le retour du Messie et aller au paradis. J’ai montré que ces écrits étaient à l’origine de la mystique du chahid, le martyre pour Allah, inscrite en lettres de feu dans des versets du Coran qu’invoquent les islamistes. (2)

2. Heureuse souffrance Lire la suite

UN CORAN DATANT DU PROPHÈTE MUHAMMAD ?

Deux feuillets de parchemin ont été découverts le 22 juillet dernier à l’université de Birmingham (1), glissés dans un des ouvrages datant du IX° siècle confiés récemment à cette université par Alphonse Mingana (2). Le parchemin a pu être daté au carbone 14 avec assez de précision, entre 568 et 645 de notre ère : il serait donc possible que ce texte ait été écrit du vivant du Prophète de l’islam, voire même dicté par lui.

Mais l’enthousiasme doit être tempéré. Lire la suite

VICTOR HUGO ET NOUS : « QUATREVINGT-TREIZE »

Étonnant homme que le Père Hugo ! « Il faut longtemps pour devenir jeune » : quand il publie Quatrevingt-treize il a 72 ans, c’est son dernier roman, son testament. Avec un romantisme flamboyant il dit sa nostalgie d’un monde ancien abattu par la Convention dans un déchaînement de haines, Terreur contre autorité royale, sang de la Vendée contre sang-bleu, anarchie contre l’ordre.

Mais il dit aussi l’horrible nécessité qu’il y avait – sans doute, alors – de tout détruire, pour qu’advienne un monde nouveau. Et la plaie de son cœur au terme de sa vie : la Révolution a échoué, puisqu’elle n’a pas fait naître l’Homme nouveau. Dans les dernières pages de Quatrevingt-treize(1), il fait dialoguer Gauvin-Hugo avec le conventionnel Cimourdain, qui vient de le condamner à la guillotine :

– Je veux – dit Cimourdain – je veux la république de l’absolu.

– Je préfère – répond Gauvin – la république de l’idéal. Votre république dose, mesure et règle l’homme. Elle ne voit que la justice. Moi, je regarde plus haut.

– Précise, je t’en défie !

– Vous voulez la caserne obligatoire, le militaire contre d’autres hommes, moi je veux l’école et la paix. Vous voulez les misérables secourus, moi je veux la misère supprimée. […] D’abord, supprimez tous les parasitismes. Ensuite, tirez parti de vos richesses : vous jetez l’engrais à l’égout, jetez-le au sillon. Supprimez les terres en friche, que tout homme ait une terre et que toute terre ait un homme. Utilisez la nature, cette immense auxiliaire dédaignée. Faites travailler pour vous tous les souffles du vent, toutes les chutes d’eau […] Réfléchissez au mouvement des vagues, au flux et reflux, au va-et-vient des marées. Qu’est-ce que l’océan ? Une énorme force perdue. Que vous êtes bêtes ! Ne pas employer l’océan !

– Gauvin, te voilà en plein songe.

– C’est-à-dire en pleine réalité. Et la femme ? Qu’en faites-vous ?

– Ce qu’elle est, la servante de l’homme.

– Oui. À une condition, c’est que l’homme sera le serviteur de la femme.

– Y penses-tu ? s’écria Cimourdain, l’homme serviteur ! Jamais. L’homme est maître. Je n’admets qu’une royauté, celle du foyer. L’homme chez lui est roi.

– Oui. A une condition, c’est que la femme y sera reine.

– C’est-à-dire que tu veux pour l’homme et pour la femme…

-L’égalité, interrompit Gauvin.

– L’égalité ! Y songes-tu ? Les deux êtres sont divers.

– J’ai dit l’égalité. Je n’ai pas dit l’identité.

– Gauvain, reviens sur terre. Nous voulons réaliser le possible.

– Commencez par ne pas le rendre impossible !

– Le possible se réalise toujours.

– Pas toujours. Si l’on rudoie l’utopie, on la tue. Rien n’est plus sans défense qu’un œuf.

– Il faut pourtant saisir l’utopie, lui imposer le joug du réel, la couler dans le fait. Ce que l’idée perd en beauté, elle le gagne alors en utilité. C’est ça, le possible.

– Le possible est plus que cela, murmura Gauvain.

– Ah ! Te revoilà dans le rêve !

– Le possible est un oiseau mystérieux toujours planant au-dessus de l’Homme.

– Il faut le prendre !

– Vivant.

Puis Cimourdin accompagne Gauvin à la guillotine. Et quand sa tête tombe, le révolutionnaire se tire une balle dans le cœur.

Ceci a été écrit en 1873…

M.B., 10 juillet 2015

(1) Quatrevingt-treize, édition Garnier, pp. 369-371 (extraits).

 

TOUT EST RELIGIEUX ? (Emmanuel Todd et la laïcité)

M. Emmanuel Todd a reçu de son hérédité l’inquiétude, source de questionnements radicaux, qui a fait au cours des siècles la grandeur du judaïsme. Dans un article de l’Obs du 30 avril dernier il déclare qu’en France, « tout est religieux désormais. Mais tout est religieux parce que la religion s’éclipse, et que rien ne l’a supplantée. » Lire la suite

CORAN : LES CHOSES BOUGENT 1. : Leila Qarb

« Le problème des musulmans et le nôtre, ce n’est pas l’islamisme, c’est le Coran. » C’est ce que j’écrivais dans un précédent article, Pour une autre lecture du Coran. Et c’est pourquoi je signale dans ce blog les avancées sur le texte du Coran et sa compréhension, qui se font jour ici ou là, de façon nécessairement très discrète. (1)

Ainsi l’interview sur Radio Courtoisie (2) de deux auteurs, Leila Qadr pour son livre Les trois visages du Coran et Olaf pour Le grand secret de l’islam. Deux chercheurs qui parviennent au même résultat que Naissance du Coran, puisqu’ils ont les mêmes sources et la même méthode, historique et exégétique – exigeante. Lire la suite

CORAN : LES CHOSES BOUGENT-ELLES ? François Déroche

Repéré pour vous cet entrefilet dans Le Monde du 3 avril 2015 :

                                 Le Coran au Collège de France

« Plusieurs versions manuscrites du Coran ont circulé pendant près de trois siècles avant qu’un texte canonique ne s’impose sous le contrôle du califat abbasside, à Bagdad, au début du X° siècle. En quoi diffèrent-elles ? Qui en sont les auteurs ? Des influences politiques, religieuses, les ont-elles marquées ?

« La toute récente création d’une chaire « histoire du Coran, texte et transmission » au Collège de France va permettre d’en savoir plus. Le titulaire est François Déroche, grand spécialiste des manuscrits arabes. Selon lui, la découverte, en 1972, à Sanaa, au Yémen, de parchemins et d’un palimpseste inconnu du Coran, datés de 657 à 690, a considérablement enrichi la recherche. Ces documents permettent de mieux identifier la façon dont le texte a été peu à peu construit, ses variantes, les passages qui ont été écartés. Lire la suite

LES MUSULMANS DANS L’IMPASSE ? Pour une autre lecture du Coran.

En publiant Naissance du Coran au mois de mai dernier, je n’imaginais pas que ce petit livre serait à ce point rejoint par l’actualité. Ni que je vous résumerais aujourd’hui ces 140 pages qui synthétisent un siècle de recherche.

            L’islam est une religion sans autorité centrale, sans clergé hiérarchisé. Pas de pape ou de Dalaï-lama, pas de Conférence épiscopale, de Consistoire. Seulement des imams, autoproclamés ou désignés par une communauté qui peut les désavouer à tout instant.

            La seule autorité qui s’impose à tous les musulmans, pacifiques comme djihadistes, c’est le Coran et son Prophète. Il suffit de confesser le Prophète et de se soumettre au Coran pour devenir musulman.

            C’est pourquoi j’ai commencé, il y a dix ans, à étudier ce texte. Lire la suite

ÊTRE MUSULMAN-FRANÇAIS AUJOURD’UI : Islam de France ? Un témoignage

 

          Ce blog a reçu un témoignage bouleversant (http://michelbenoit-mibe.com/2015/02/vous-avez-dit-islamo-fascisme/), dont j’extrais l’essentiel, avec ma réponse :

Bonjour Mr Michel Benoît

J’ai 24 ans, je m’appelle A., je suis français né à Paris de parents musulmans. Mon père est Berbère Marocain

J’ai grandi à Paris. Le Maroc, ce sont mes racines mais je me sens français. J’y passe mes vacances quelques semaines par an, comme j’irais au soleil de Thaïlande ou de Rio. J’aime la cuisine locale et les sucreries, mais je me fous royalement de la religion : je suis un athée qui ne croit ni en Jésus, Abraham ou Mohammed, ni au peuple élu et en la terre promise d’Israël.

Je suis un athée, donc pas musulman !

Pourtant j’ai reçu une éducation islamique, appris le Coran, fréquenté des salafistes, j’ai été à la Mecque. Lire la suite

SACCAGE DU MUSÉE DE MOSSOUL, AN I DE L’ISLAM

Effacer la mémoire de l’Occident.

Mossoul n’est pas Tombouctou, c’est une des capitales de l’Irak, fière  de son musée où étaient entreposés les chefs d’œuvres significatifs des origines de la culture mondiale.

Statues et bas-reliefs patiemment exhumés des sables par des générations d’archéologues, pour que nous n’oublions pas d’où nous venons.

Abattus, martelés, concassés par des djihadistes pris de folie. Lire la suite