Archives pour la catégorie L’ISLAM EN QUESTIONS

Quelques-unes des questions que posent le Coran et l’islam à l’historien…

MONTRER LE VISAGE DU PROPHÉTE : un tabou musulman ?

            Le Coran affirme que le Prophète n’est qu’un homme : « je suis un homme comme vous, à qui il a été révélé que votre Dieu est le Dieu unique » (1). Mais la tradition musulmane affirme n’avoir « jamais vu, ni avant ni après lui, quelqu’un comme lui. » Elle le décrit complaisamment comme un esprit supérieur, un mystique précoce, une âme juste, infaillible. Il est donc pour les croyants l’exemple par excellence, un idéal dont on doit tenter de s’approcher sans jamais pouvoir l’atteindre. Le Prophète est aux croyants ce que la langue du Coran est à l’arabe profane : inimitable.

            Telle est la légende. La réalité historique, patiemment dévoilée depuis un siècle par quelques chercheurs indépendants (2), est tout autre. Lire la suite

LES MUSULMANS DANS L’IMPASSE (II) : Quelques réactions de musulmans.

            Un lecteur me signale quelques réactions de musulmans qu’il est utile de relire, pour comprendre l’impasse dans laquelle ils se trouvent, et nous avec eux (1).

I. Souffrance des musulmans

Ils sont les premiers à souffrir du radicalisme des islamistes. Cette souffrance, certains l’expriment douloureusement, comme si ce radicalisme les poussait hors d’eux-mêmes :

« J’ai décidé de combattre l’islam. S’il vous plaît comprenez ma déclaration : combattre l’islam – pas l’islam politique, pas l’islam militant, pas l’islam radical, pas l’islam wahhabite, mais l’islam en lui-même… L’islam n’a jamais été incompris, l’islam est le problème… [Les musulmans] doivent comprendre qu’ils n’ont que deux choix : changer [l’islam], ou être écrasés. » (2) Lire la suite

DES MUSULMANS DANS L’IMPASSE (I) : quelques réactions à « Charlie » d’intellectuels musulmans, A. Bidar, G. Bencheikh, S. Aldeeb, M. Talbi.

            Voici quatre réactions à ‘’Charlie’’ d’intellectuels musulmans (1), choisies parmi d’autres parce qu’elles illustrent l’impasse dans laquelle se trouve actuellement l’islam (2). Lire la suite

ISLAM : UNE LUEUR D’ESPOIR, la déclaration d’Al Sissi à Al-Azhar

A l’Université Al Hazhar du Caire, le Président Al Sissi a fait récemment une déclaration passée inaperçue. J’en relève pour vous les principaux passages :

« Nous devons considérer longuement et froidement la situation dans laquelle nous nous trouvons. Il est inconcevable qu’en raison de l’idéologie que nous sanctifions, notre nation [musulmane] dans son ensemble soit source de préoccupations, de danger, de tueries et de destruction dans le monde entier. Lire la suite

CHARLIE HEBDO (3) : L’IMPASSE DE LA PENSÉE UNIQUE

Depuis 3 jours, c’est un déluge tonitruant de Pensée Unique. Je n’ai entendu que deux voix (1), discrètes, deux gouttes d’eau dans le torrent du bien-penser français.

D’où parlent ces trompettes de la renommée ?

1- Pour les journalistes et les politiques, je l’ai signalé (2), d’une culture catholique le plus souvent rejetée mais qui a formaté à leur insu leurs présupposés et leurs tics de pensée. Lire la suite

CHARLIE HEBDO (2) : « NOT IN MY NAME ! »

                    Nous avons vu hier les enfants d’une école musulmane de Paris brandir des pancartes « Not in my name ! », pas en mon nom !

            Si l’initiative vient bien d’eux, s’ils sont sincères, qu’est-ce qui se passe dans la tête de ces gamins ? Qu’est-ce qui se passe dans la tête des musulmans de France ?

            « Pas en mon nom », la tuerie de Charlie : alors, au nom de qui, au nom de quoi ? Lire la suite

CHARLIE HEBDO (1) : POURQUOI ?

               Les assassins de Charlie Hebdo ont déjà gagné, puisqu’ils ont touché la France au cœur, nous sommes bouleversés à l’intérieur de nous-mêmes.

            C’est ce qu’ils voulaient, bien joué.

            Devant ces évènements, chercher à comprendre n’est pas vain : c’est se donner les moyens de résister intérieurement. Lire la suite

UTOPIE NAZIE, CHRÉTIENNE, ISLAMIQUE : la fin du monde

L’utopie mène l’humanité depuis ses origines, et elle la mène au chaos.

Ce qui la caractérise, c’est la volonté d’établir une société parfaite. Elle balance entre le rêve et le projet, l’imaginaire et le programme, entre u-topia (le lieu qui n’est pas) et eu-topia (le lieu du bien).

Au 6e siècle avant J.C., elle a pris en milieu juif une forme religieuse qui a marqué définitivement le destin de la planète : le messianisme (1). J’en ai retracé le parcours dans Naissance du Coran, mais nous partirons ici de son expression la plus récente, le nazisme (2). Lire la suite

ALLAH OU’AKBAR !

            Allah ou’Akbar, Dieu est grand ! D’où vient ce cri de ralliement des musulmans ?

            Il faut remonter très haut, jusqu’aux Esséniens – une secte juive dont les textes, écrits au tournant du 1er millénaire, ont été retrouvés dans les grottes de Qumrân. Lire la suite

… ET SES ENFANTS MASSACRERAS (la tuerie de Peshawar)

                   « UN SEUL DIEU TU ADORERAS

                   ET SES ENFANTS MASSACRERAS »

            Le 16 décembre, cent trente deux enfants ont été massacrés par les Talibans dans une école militaire de Peshawar. Certains de ces enfants, qui se cachaient sous des tables, en ont été extirpés pour être froidement exécutés en masse.

            « Taliban », en arabe comme en pachtoun, désigne un étudiant dans une université musulmane. C’est donc au nom d’une idéologie religieuse que les Talibans ont massacré ces enfants.

            Comment est-ce possible ? Quel « Dieu » peut-il inspirer, ou exiger, pareille horreur ?

 I. Le sacrifice humain

          Dans toutes les civilisations depuis le néolithique, il a été pratiqué afin de s’attirer les faveurs des dieux. On a récemment proposé une interprétation intéressante : ces sacrifices auraient eu pour but de canaliser la violence d’un groupe humain en la déchargeant sur l’individu sacrifié. Le sacrifice humain assurait la cohésion de ce groupe, qui se protégeait de toute « violence intérieure » en l’évacuant dans un rite sacré.

            Pendant leur exil à Babylone, les Hébreux ont condamné avec horreur les sacrifices d’enfants. On lit dans la Torah, écrite à cette époque : « [les Babyloniens] vont même jusqu’à brûler au feu leurs fils et leurs filles pour leurs dieux ! Tu ne livreras pas tes enfants au feu de Moloch, Yahvé a tout cela en abomination. » (1)

            Ils ont inscrit ce rejet du sacrifice d’enfants dans un épisode bien connu du Livre de la Genèse. Dieu demande à Abraham de lui sacrifier son fils Isaac, et Abraham est prêt à s’exécuter. Mais au dernier moment, Dieu substitue un bélier à l’enfant. Dés lors, pour se concilier les faveurs de leur Dieu, les Juifs ne sacrifieront plus que des animaux.

 II. Le martyre pour Dieu

             On lit pourtant dans le Livre des Juges le récit du meurtre de la fille de Jephté par son père (2). Mais d’abord cette fille n’est pas une enfant, elle est en âge d’être mariée. Et puis ce meurtre est l’accomplissement d’un vœu prononcé par Jephté avant une bataille : s’il est victorieux, il sacrifiera la première personne qui viendra à lui – et c’est sa fille.

            Plus tard, la Bible raconte l’histoire de ces sept enfants Juifs qui préfèrent mourir sous la torture plutôt que de manger du porc. Avant d’aller au supplice, chacun tient le même discours  : « Dieu nous ressuscitera pour une vie éternelle, nous qui mourons pour ses lois. » (3) Ce n’est pas un meurtre – ils étaient libres d’apostasier. Ce n’est pas un suicide – comme Samson ils préfèrent mourir que de se soumettre. C’est le premier témoignage dans l’Histoire d’un martyre pour Dieu, et cet épisode devenu fameux aura des répercussions inattendues.

            D’abord sur les Esséniens et Zélotes réfugiés à Massada : ils préfèreront s’entretuer, femmes et enfants y compris, plutôt que de se livrer aux Romains.

            Ensuite sur le Coran, qui fait une large place au martyre pour Dieu (4). « Ceux qui ont combattu dans le Chemin d’Allah et qui ont été tués, je les ferai entrer dans les jardins [du Paradis]. Ne croyez pas que ceux qui sont tués dans le Chemin d’Allah sont morts : ils sont vivants, comblés de biens auprès de leur Seigneur, heureux de la grâce qu’Allah leur a faite [de mourir pour lui] » (5)

            Mais dans un de ses versets, le Coran reprend l’interdiction de la Torah : « Ceux qui, dans leur folie et leur ignorance, tuent leurs propres enfants, voilà ceux qui sont perdus. » (6)

            Explicite dans le Coran, l’interdiction du meurtre d’enfants ne concerne que les enfants des croyants. Ceux des militaires de Peshawar n’étant pas les leurs, les Talibans ont considéré qu’ils ne violaient pas le Coran en les massacrant.

            Mais suivaient-ils ses préceptes ?

 III. L’humanité coupée en deux

             Je l’ai montré dans Naissance du Coran, l’idéologie qui sous-tend ce texte a pris naissance dans le judaïsme, elle s’est radicalisée au tournant du premier millénaire : c’est le messianisme, qui a imprégné le christianisme avant l’islam et inspirera bien plus tard le communisme et le nazisme.

            Les messianistes séparent l’humanité en deux : « D’un côté l’aveugle et le sourd, de l’autre le voyant et l’entendant. » (7)

            D’un côté nous, de l’autre tous les autres.

            D’un côté les bons croyants (les prolétaires, le Herrenvolk), de l’autre les mal-croyants (les capitalistes, les Untermenschen).

            Nous et les autres, nous contre tous les autres.

            Pour un messianiste, ces « autres » ne méritent pas de vivre, ce ne sont pas des êtres humains. Les supprimer est une action agréable à Dieu, puisqu’elle purifie l’humanité de leur race maudite par Dieu.

            En se disant seul choisi par Dieu, le peuple Juif a inventé la notion de pureté raciale et il l’a transmise aux messianistes. Elle a contaminé le Coran qui en fait l’ossature de sa conception de la femme (8), et le nazisme l’a explicitée en décrétant qu’il irait jusqu’à tuer les enfants des races inférieures pour les éteindre à leur source.

            Les Talibans étaient donc parfaitement cohérents avec leur messianisme. Ils respectaient le Coran : « ce ne sont pas nos enfants que nous tuons. Ce sont les enfants de ceux qui s’opposent à nous, c’est-à-dire au Chemin d’Allah. »

         Ils ont évacué leur violence en s’en déchargeant sur des petits, ils ont assuré leur cohésion en supprimant les plus faibles. Dans leur esprit, était-ce  un acte rituel, à caractère sacré ? Je ne sais. Mais Allah, béni soit son nom, ne peut qu’approuver ce massacre de 132 innocents qui ne méritaient pas de vivre puisqu’ils n’étaient pas nés du bon côté – le leur.

            Des enfants qui avaient devant eux toute une vie, des promesses divines éteintes avant même d’avoir pu commencer à se réaliser.

                                                                     M.B., 21 décembre 2014.
 (1) Deutéronome 12,31 ; Lévitique 18, 21.
(2) Livre des Juges chap. 11.
(3) 2e Livre des Maccabées, chap. 7
(4) Voyez Naissance du Coran, chap. 19.
(5) Coran 2, 218 et 9,20. Coran 3, 169.
(6) Coran 6, 140.
(7) Coran 11, 24.
(8) Voyez Naissance du Coran, p. 108.