LA ‘’RÉSURRECTION’’ EN QUESTIONS – Après l’émission de Stéphane BERN

Mon intervention dans l’émission de Stéphane Bern Secrets d’Histoire, « Un homme nommé Jésus » a suscité quantité de réactions sur Facebook. J’y réponds sommairement ici en vous renvoyant à ce que j’ai publié par ailleurs.

 I. Jésus et ses apôtres

Quand elles parlent des suiveurs de Jésus, les traditions les plus anciennes conservées dans les évangiles n’emploient jamais le mot apôtre. C’est Luc, vers l’an 80, qui projette dans le passé son idéal d’une direction collégiale de l’Église en employant l’expression « les douze apôtres (1). »  À peu près au même moment, Matthieu reprend à son compte cette rétroprojection nostalgique d’une communauté parfaite (2). Sauf ces deux cas, l’expression « les douze apôtres » est absente des synoptiques (3).

Dans L’évangile du treizième apôtre, j’ai identifié le témoignage le plus ancien qui nous soit parvenu sur Jésus. Ses compagnons n’y sont jamais appelés apôtres, mais disciples. C’est Paul et les Actes qui appellent « apôtres » certains dignitaires de l’Église, dont quelques femmes. Ce qualificatif leur conférait une légitimité et une autorité incomparables, il n’a été  associé aux disciples de Jésus que bien après sa mort.

Ont-ils été de vrais disciples ? Non, au contraire tout montre que de son vivant ils n’ont pas compris le message en paroles et en actes de Jésus, et il leur reproche vivement leur incompréhension. D’ailleurs lorsqu’il est reconnu par une servante dans la cour du grand prêtre, Pierre nie solennellement et par deux fois avoir été un disciple de Jésus (4).

Ce sont ces hommes qui ont pris le pouvoir spirituel en utilisant le souvenir du rabbi galiléen. Il se devait d’être un surhomme, et – comme tous les héros de l’antiquité, d’Orphée à Mithra – d’avoir franchi victorieusement l’épreuve de la mort.

On avait trouvé son tombeau vide à l’aube du 9 avril 30 ? Eh bien, c’est qu’il s’était ressuscité lui-même.

 II. Le tombeau vide

Pour comprendre ce qui a pu se passer, il faut connaître avec précision le contexte de l’époque. Je l’ai décrit dans Dieu malgré lui et vous renvoie à cette enquête dont je résume ici quelques conclusions.

Jésus meurt dans la soirée du 7 avril. C’est le début de la fête de Pâque, pour éviter une impureté majeure on dépose provisoirement son cadavre dans un tombeau proche. Comme tous les tombeaux juifs, c’est une cavité fermée par une lourde pierre circulaire. Au centre, une table où l’on dépose les corps en attendant leur décomposition, pour placer définitivement les ossements dans les niches creusées dans la paroi.

Au matin du 9 avril, des femmes trouvent la pierre roulée de côté et deux hommes en blanc qui tentent de leur parler. Effrayées, elles s’enfuient et viennent raconter aux disciples qu’elles ont vu « deux anges » à côté du tombeau. Pierre et Jean courent, voient la pierre roulée et entrent dans le caveau. On dispose ici du témoignage visuel, indiscutable, de l’auteur du noyau initial du 4e évangile dit de saint Jean : le cadavre a disparu de la table, les bandelettes qui l’enveloppaient gisent pêle-mêle mais le suaire placé sur le visage a été soigneusement plié et mis de côté. Ils ressortent, disent aux femmes qu’elle ne sont que des radoteuses et doivent trouver, dans l’urgence, une réponse aux questions dont on va les assaillir : qu’est devenu le cadavre de Jésus ?

Leur réponse ne tardera pas : Jésus est ressuscité.

Reprenons les témoignages indiscutables.

1 La pierre a été trouvée roulée sur le côté. Si Jésus s’était ressuscité comme un « corps subtil », capable de traverser les murs, pourquoi aurait-il eu besoin de rouler la pierre pour sortir du tombeau ? Et s’il est ressuscité dans son corps de chair, comment a-t-il pu, de l’intérieur et gravement blessé, rouler une pierre qui pèse plus d’une tonne ?

Conclusion : quelqu’un, ou plutôt quelques uns, ont roulé la pierre pour pénétrer dans le tombeau. Qui ?

2- Deux hommes en blanc sont vus par les femmes devant l’ouverture, et ils leur parlent. On sait que les esséniens revêtaient une tunique blanche pour accomplir leurs actes rituels. Qu’il y avait entre eux et Jésus une complicité – bien qu’il n’ait jamais fait partie de leur secte. Et qu’ils enterraient leurs morts à part – quitte à transporter les cadavres d’un cimetière commun pour le ré-inhumer dans une de leurs nécropoles.

Ils n’ont pas voulu que ce crucifié qu’ils admiraient finisse comme les autres dans la fosse commune : ce sont eux qui sont venus rouler la lourde pierre et enlever le cadavre à l’aube du 9 avril, afin de l’inhumer en terre pure. Pour cet acte éminemment religieux, ils avaient revêtu leur tunique blanche.

3- Le linge de tête (le suaire) a été vu soigneusement plié et mis de côté. Pourquoi Jésus aurait-il pris la peine de faire le ménage dans son tombeau avant de le quitter ? En revanche, les esséniens ont eu ce geste de respect.

L’hypothèse la plus vraisemblable est donc que des esséniens ont sorti le cadavre du tombeau avant que les femmes n’arrivent. Des milliers de pèlerins campaient autour de Jérusalem, mais on avait l’habitude de les voir transporter des cadavres pour les enterrer en terre pure, dans leurs nécropoles.

C’est dans l’une de ces nécropoles que se trouvent toujours les restes de ce Juste injustement crucifié, auquel les esséniens ont voulu rendre un dernier hommage.

 III. Inutile résurrection

Dans un article de ce blog (cliquez), j’ai montré que la résurrection de Jésus était une supercherie inutile. Elle ne pouvait naître qu’en milieu juif : dans leur culture, la mort met un terme final à la vie. Mais dans d’autres cultures comme l’hindo-bouddhisme, la mort n’existe pas. « Rien ne disparaît, tout se transforme » : la mort n’est qu’un passage vers une autre forme de vie, soit une renaissance, soit le nirvâna c’est-à-dire une forme de vie éternelle, dans un autre espace-temps que le nôtre.

Jésus était parvenu à un haut niveau de réalisation humaine et spirituelle. Il n’a pas eu à renaître pour mener à terme cette montée vers l’Éveil, que nous accomplissons tous douloureusement. Il n’a jamais cessé de vivre, sa mort n’a été que le passage – le parinirvâna – d’une forme de vie humaine à une forme de vie dont nous ne savons rien, sinon qu’elle nous attend nous aussi.

Une fois inscrite dans les esprits, la résurrection – devenue un miracle unique et exceptionnel – a permis au christianisme de bâtir et de justifier l’édifice intellectuel sur lequel notre culture s’est construite.

                                                             M.B., 17 avril 2014
 (1) Luc 6, 13 et Actes 1, 26.
(2) Matthieu 10, 2 : « Voici les noms des douze apôtres »
(3) Synoptiques : les 3 évangiles de Marc, Matthieu et Luc.
(4) Jean 18, 17 et 25.

37 réflexions au sujet de « LA ‘’RÉSURRECTION’’ EN QUESTIONS – Après l’émission de Stéphane BERN »

  1. Ping : « UN HOMME NOMMÉ JÉSUS » sur France 2: cinq ans après | Une vie à la recherche de la liberté intérieure, morale et politique

  2. Ping : JÉSUS ET MAHOMET ONT-ILS EXISTÉ ? | Une vie à la recherche de la liberté intérieure, morale et politique

  3. Glowacki

    Je vous recommande la lecture du « Jésus » de Jean Christian PETITFILS.
    C’est un travail d’historien, qui repose son livre sur le témoin que fut le 13eme apôtre et sur les derniers résultats des travaux sur les suaires de Turin et d’Oviedo et de la tunique d’Argenteuil faisant apparaître un même groupe sangain AB, des datations proches, des pollens de même origine: proches de Palestine. Plus de 150000h de travail de chercheurs biologistes, généticiens, légistes,…..
    L’utilisation des dernières techniques en matière d’analyse,
    70 points de convergence avec le linceul pour l’endroit du suaire d’Oviedo et 50 pour le revers( 14 points suffisent pour déclarer deux empreintes identiques)
    Je ne crois pas à de telles coïncidences.

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    1. Michelbenoît-mibe Auteur de l’article

      Je connais personnellement J.C. Petitfils, on correspond encore parfois. Je vous conseille de lire dans ce blog les 2 articles consacrés à son livre (colonne de droite, tapez le mot-clé « Petitfils »)
      M.B.

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  4. Jean-Marie

    Entre nous deux

    Quand vous dites et redites que vous n’avez rien à vendre, c’est très discutable, car contredit constamment par vos commentaires; d’autant plus que vous vous promotionnez très bien « au passage ».
    Grand vient d’être mon étonnement en visionnant le youtube d’hier : je croyais que seuls les hommes politiques utilisaient des photos anciennes les faisant passer pour plus jeunes qu’ils n’étaient devenus 
    Quoiqu’il en soit, de par votre appétit de lectures et de synthèse, vous êtes très utile au déniaisage des « cheminants », même si on n’adhère pas à ce qui semble être votre évolution spirituelle à cette date. Grand merci encore.

    Puissiez-vous aller dès cette vie-ci jusqu’aux prémices du réincarnationisme, une « évidence » fondamentale (vécue sur plusieurs planètes ?) que je suis encore bien loin de m’expliquer dans le détail, mais qui est logique sous le regard de notre Bienveillante Ineffable Source et Finalité. Comment autrement concilier la co-existence d’un Créateur qui ne peut qu’être bon et juste avec des vies misérables ?

    Vous n’êtes pas encore référencé sur Amazone ou Priceminister pour cette dernière oeuvre. Elle nous coûtera combien ?

    Cdt

    JM

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    1. Michelbenoît-mibe Auteur de l’article

      « Rien à vendre » : les idées ne sont pas une marchandise.
      « Naissance du Coran » est référencé sur Amazon (j’ai vérifié). Déjà en rupture de stock, mais on peut le commander.
      Quant à ma photo… je préfère masquer ce qu’est devenu ce vieux lézard aux écailles tombantes.
      Amicalement, M.B.

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  5. Abdelkader

    Bonjour Benoit ,j’ai hate de lire votre dernier livre que je vient de commander en version papier , dommage jaurais esperer en Ebook mais je vais devoir dompter mon impatience

    Oui il est clairement etablis depuis tres longtemps voir travaux de Simon Claude Mimouni, Edouard Marie Gallez, Robert Esenmann, et des dizanes d’autres qui confirme le lien qui uni les Proto musulmans et les descendant des disciples de Jesus qui fuirent vers l’Arabie ..d’ailleur la tribus An najjar dont est issue la mere du Prophete Muhammad
    Il ne faut pas oublier les liens qui unissait les Nabateen au royaume de Judee lors des luttres contre les Grecs. je reconnait que l’historiographie de l’Islam actuel (datant des Abbassides !!) neglige volontairement cette aspect historique qui devient pour nous tous necessaire de redecouvrir.

    Ont vois aujourdhui des auteurs tel que Marek Halter qui dans son dernier livre Khadija commence a parler de façon timide des liens qui unissait les tribus arabe et juive les judeo arabe

    Il est desormais certain que La Maison de David qui avait la responsabilité du Nom Divin HASHEM reapparu sous le nom des Banou Hashem , Voila en 1 phrase le concepte clef que les musulmans et surtout les non musulmans doivent savoir.

    J’aurais aimer que vous fassiez une recherche exegetiqeu a partir des langues semitiques ..

    Je suis en train d’ecrire afin de prouver ou de reprouver les liens qui unissent les 1er Israelite et les 1er musulmans de leur entree en Egypte aux Palmerais de Medine,Mecque.

    Mes salutations

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  6. Madeleine

    Bonjour Michel,

    Puisque vous êtes historien, je vous propose ci-dessous ma recherche historique sur Jésus, en qui je vois un prince hérodien et même un prétendant tout à fait légitime au trône de Judée, puisqu’il serait Hérode II, fils de Mariamme (Marie) II d’Alexandrie, le deuxième fils d’Hérode le Grand après Antipater. Celui-ci étant mort par la décision d’Hérode le Grand, le prétendant le plus légitime au trône était donc Hérode II. Qu’est devenu celui-ci ? Je dis ci-dessous qu’il était Jésus (voir aussi les commentaires). Qu’en pensez-vous ?

    http://magdala.over-blog.net/

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    1. Michelbenoît-mibe Auteur de l’article

      En tant qu’historien, je pense que c’est un roman (un de plus) sur Jésus, sans AUCUN fondement historique. En tant qu’amateur de romans, je ne peux qu’apprécier…
      M.B.

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  7. Brunel

    bonjour
    le corps de Jésus n’était pas destiné à la fosse commune, que je sache ; les disciples sont venus le matin précisément pour récupérer le corps. Les Esseniens, en volant le corps du rabbi d’une secte « concurrente » ne commettaient-ils pas un blasphème ; auraient-ils agi ainsi, eux qui respectaient les coutumes ?
    cordialement
    Jean

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    1. Michelbenoît-mibe Auteur de l’article

      Les Romains remettaient les corps des suppliciés à leurs familles. La famille de Jésus ne s’étant pas manifestée (le récit de Jean, Marie au pied de la croix, est inventé), le corps de Jésus aurait dû être jeté à la fosse commune. Il a fallu l’intervention de ses puissants amis au Sanhédrin pour qu’il leur soit remis, mais où l’enterrer ? Tout s’est fait très vite. Mon hypothèse est que Pierre & le Disciple Bien-aimé ont accepté l’intervention des esséniens, avec lesquels Jésus entretenait des relations complexes. Voyez mon livre « Dieu malgré lui ». M.B.

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      1. Hisebin

        Bonjour

        Comment savez vous que les Romains remettaient les corps des suppliciés à leur famille?Je veux dire qu’elles sont les documents qui l’attestent.
        Je pose cette question car un théologien américain Bart Ehrman sur son blog http://ehrmanblog.org/brian-and-the-apocalyptic-jesus-part-3/
        dit que les Romains laissaient les corps se détériorer sur la croix et qu’ils n’ont pas le droit à une sépulture décente et que pour lui ce passage des évangiles est une fiction.

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        1. Michelbenoît-mibe Auteur de l’article

          Les Romains se conformaient aux coutumes locales par souci politique d’apaisement. Pour les Juifs, la Bible prescrit qu’un cadavre doit être enterré avant la nuit (d’où l’usage de sépultures provisoires quand il y avait urgence). Bart Ehrman a été un peu vite…
          M.B.

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  8. Cyrille

    Monsieur Benoît,
    J’ai trouvé dans un livre de 1970 des explications que je trouve plutôt confuses. Ce livre intitulé Synopse des quatre Evangiles, a reçu l’imprimatur et est présenté comme étant adopté par les Séminaires Saint-Sulpice. Ce livre semblerait donc décrire la version officielle de l’Eglise catholique (auteur : un certain Lavergne).
    Voici deux extraits des notes qui accompagnent le texte du chapitre 20 de l’Evangile de Jean. Extraits qui montrent les efforts laborieux pour présenter une explication vraisemblable :
    1er exemple de notes cherchant à expliquer pourquoi la roche a été déplacée alors que Jésus pouvait passer à travers elle : « Suite probable des événements : 1) Au cours de la nuit, Jésus ressuscite et sort du sépulcre en traversant la roche (…) 2) La terre tremble, un ange éblouissant descend et roule la pierre ».
    Si je comprends bien, la version officielle pour expliquer que la pierre soit roulée serait que cela permet ensuite (une fois que Jésus est sorti à travers la roche) aux femmes, à Pierre et au disciple bien-aimé de pouvoir voir l’intérieur du tombeau.
    2ème exemple, qui concerne les linges, un qui est à plat et l’autre qui est roulé : « Des pièces d’étoffe sont à plat, ce qui n’est pas étonnant puisque le corps de Jésus n’est plus là, mais ce qui est stupéfiant, c’est qu’une autre pièce puisse encore être roulée comme si le corps était dedans. Jean (…) comprend que le corps de Jésus a traversé ce linge qu’il retrouve dans la même disposition (v. 7) et non pas à plat comme le reste : donc Jésus est ressuscité ».
    Ces derniers mots (« donc Jésus est ressuscité ») faisant allusion à ce passage du sudarium (Jn 20,7) me laissent penser que l’auteur de livre n’a pas été très à l’aise pour commenter le début du chapitre 20 de Jean.
    Est-ce que déjà en 1970, un doute s’insinuait dans l’esprit des commentateurs catholiques officiels ?
    Cordialement,
    Cyrille

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    1. Michelbenoît-mibe Auteur de l’article

      Les commentateurs catholiques officiels n’ont pas le droit de douter. Mais les textes sont là ! Pour pouvoir s’en sortir, ils se contorsionnent et font comme le toréador qui essaye d’échapper au taureau en dansant autour.
      La seule synopse des évangiles de qualité reste celle de Benoît & Boismard, publiée à la fin des années 50. On n’a jamais fait mieux.
      M.B.

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      1. Cyrille

        Les commentateurs catholiques officiels n’ont probablement pas le droit d’exprimer leur doute mais je suppose que ça doit leur arriver d’éprouver un doute, qu’ils laissent transparaître de temps en temps par quelques nuances qu’on peut lire entre les lignes.
        Je pense notamment à John Meier ou à Marie-Émile Boismard que vous citez souvent dans votre blog ou dans vos livres, et je vous remercie de me les avoir fait connaître. Marie-Emile Boismard, par exemple, a été professeur à l’École biblique de Jérusalem et peut donc, à mon avis, être considéré comme un commentateur officiel. J’ai lu deux de ses livres (À l’aube du Christianisme et Faut-il encore parler de « résurrection » ?) : on voit clairement que l’adhésion aux dogmes est, pour lui, « pas évidente ». Les commentateurs catholiques ne sont donc pas tous dogmatiques à 100% mais, c’est vrai, que leur appartenance à l’Eglise les empêche probablement d’exprimer (voire de penser ?) en allant au bout de leur raisonnement.
        Dans l’attente de lire votre livre sur le Coran.
        Cordialement,
        Cyrille

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        1. Michelbenoît-mibe Auteur de l’article

          1°, les choses ont beaucoup changé après le Concile Vatican II.
          2°, aux USA la situation des universités catholiques permet à certains, comme Meier, une grande liberté.
          3°, quand il s’est su condamné par un cancer, Boismard n’a pas hésité à publier en rafale qques ouvrages qu’il n’aurait pas publiés dans les années 50…
          M.B.

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  9. Adrien Daxhelet

    Bonjour M. Benoît,

    Jusqu’à présent, en tant que philologue classique (donc avec un certain accès direct aux textes), je vous ai souvent suivi dans vos livres et dans votre exégèse des livres du nouveau testament, travail d’une grande érudition.
    Cependant, depuis un certain temps, j’ai l’impression que votre spiritualité à migrer vers des terres plus indiennes. Le paragraphe où vous dites :
     » Jésus était parvenu à un haut niveau de réalisation humaine et spirituelle. Il n’a pas eu à renaître pour mener à terme cette montée vers l’Éveil, que nous accomplissons tous douloureusement. Il n’a jamais cessé de vivre, sa mort n’a été que le passage – le parinirvâna – d’une forme de vie humaine à une forme de vie dont nous ne savons rien, sinon qu’elle nous attend nous aussi. »
    laisse à penser que vos inclinations spirituelles pencheraient aujourd’hui vers l’hindouisme ou le bouddhisme.

    Il n’est pas besoin de croire en une transmigration du fluide d’un mort vers un autre vivant pour justifier une pseudo résurrection, ni en une hypothétique réincarnation pour fonder une foi sur un christ toujours vivant.
    Jésus, le nazaéen, le Galiléen, est mort. Son corps a été déplacé. Par qui ? Pourquoi ? resteront toujours des questions sans réponse.
    Le Jésus historique est mort, alors que certains aspects de son message, surinterprété, surinvesti par de nombreuses « sectes » religieuses, demeurent vivants.
    Jésus est mort, il n’en reste dans la mémoire des vivants qu’un réel souvenir… re-construit trop souvent.
    Surtout n’en faites pas un Éveillé si vous êtes devenu bouddhiste, n’en faites pas un Libéré si vous êtes devenu hindouiste sinon votre travail ressemblera à celui de ceux qui en font un Ressuscité.
    Historiquement, Jésus est mort et son corps a été déplacé, le souvenir de sa vie habite encore l’humanité, son message, bien que réécrit et réinterprété , conserve tout de même suffisamment de réalité, d’alacrité et de finesse que l’exégèse, la critique historique ou la philologie, entre autres sciences humaines, tentent, parfois avec succès, de restituer.

    Bravo à votre parcours d’homme libre en quête permanente de vérité. Continuez à inspirer la réflexion critique de ceux qui vous lisent. Mais ne les orientez pas vers vos convictions actuelles pour rester suffisamment crédible et indépendant.

    NB : je ne réjouis de lire votre ouvrage sur la création du Coran. Je me suis délecté dernièrement des ouvrages de A. de Prémare et de E-M Gallez.

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    1. Michelbenoît-mibe Auteur de l’article

      Mes inclinations spirituelles ne « penchent pas vers le bouddhisme ». Sur cette planète, deux grandes cultures ont élaboré une anthropologie / cosmologie cohérente : le judéo-christiano-islam d’un côté, l’hindo-bouddhisme et ses ramifications de l’autre.
      Jusqu’à une époque récente nous (les occidentaux de formation judéo-chrétienne) avons superbement ignoré la culture de cette autre moitié de l’humanité. Il me semble que c’est simplement de la modestie de sa part, quand un chercheur tient compte de cette autre moitié pour l’intégrer dans sa recherche. Et si d’autres solutions que les nôtres sont proposées & expérimentées par cette autre moitié, refuser d’en tenir compte serait la preuve d’un impérialisme occidental qui nous est tellement coutumier qu’il nous rend aveugles.
      Merci, M.B.

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  10. Robert

    Décidément, on trouve tout sur internet.
    La devise exacte était le distique :
    « Plus à me frapper on s’amuse,
    Tant plus de marteaux on y use  »
    Vous pouvez trouver la gravure sur le site de l’église réformée évangélique de Lyon.

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  11. peter

    Il n’y a que Jean qui parle des bandelettes et du sudarion (suaire de tête) mis sur le côté (comme c’est le seul qui parle de la « réanimation-résurrection » de Lazare) et tous ces éléments n’empêchent pas tous les ecclésiastiques de dormir ! Ils arrivent à digérer tout ça en parlant de diversité des témoignages qui donne un éclairage plurifocal très riche et plein de véracité historique ! Evidemment comme tout est mystère rien ne se prouve et tout est donné par la foi.
    La seule hypothèse rationnelle qui a déjà été envisagée par certains pour expliciter cette résurrection-relèvement c’est que Jésus ne soit pas mort lorsqu’on la mis au tombeau (le temps de la crucifixion étant court=3 ou 4 h et coup de lance sur le côté gauche-plèvre) et que Dieu a eu besoin des hommes (peut être en blanc) pour réaliser ce miracle ( robuste constitution et soins efficaces ), il a pu alors réapparaître en chair et en os (circulant, mangeant et se trouvant parmi les disciples par une simple mise en scène adaptée): « Touchez-moi et rendez-vous compte qu’un esprit n’a ni chair ni os, comme vous voyez que j’en ai  » Luc 24,39.
    Ensuite , comme le Pharaon-fils de Dieu , il est « ascensionné » lors de sa mort qui a pu survenir quelques temps après suites aux blessures infligées.
    Mais tout cela est supputation, légende et genre littéraire….mais ça colle pas mal à une réalité qui a quand même était transcrite puis sans doute « Evhémérisée ». Je pense que ça va grincer et faire réagir …

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    1. Michelbenoît-mibe Auteur de l’article

      Sur les « bandelettes » entourant le cadavre de Jésus, vous trouverez une étude courte (4 pages) et claire dans l’Annexe de mon dernier livre, « L’évangile du treizième apôtre, aux sources de l’évangile selon saint Jean », publié chez L’Harmattan, disponible sur le site de L’Harmattan ou d’Amazon.
      L’hypothèse que Jésus ne serait pas mort sur la croix ne tient pas debout : voyez ce que j’en dis dans « Dieu malgré lui », disponible chez Robert Laffont.
      M.B.

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      1. peter

        Même si cette hypothèse de non mort ne tient pas debout par aucuns bouts, le mort, lui, il tient debout en bout ,tout au bout du tout et cette réalité a été aussi « paulinisée » par contact « mystique » comme pour les abeilles et s’est propagée dans les communautés fleurissantes ! Ah la nature ,elle fait des choses inexplicables mais réellement efficaces.
        Pleurons la mort de notre âme christique , morte par le péché (souffrance) et au péché (Joie) et qui renaîtra au Ciel mythique de la Joie éternelle par l’effort et la grâce d’harmonisation de nos désirs aimantés, accordés au désir essentiel « Dieu ».

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        1. Michelbenoît-mibe Auteur de l’article

          La construction paulinienne de la mort & résurrection est THÉOLOGIQUE. Elle ne concerne pas l’historien, qui s’intéresse aux FAITS, tente d’en retracer le déroulement à travers des hypothèses de mieux en mieux élaborées.
          m;b;

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          1. Peter

            Et pourquoi ce ne serait pas une hypothèse que les historiens pourrait envisagée ? La transcription de cette réalité a pu être theologisée mais en faisant un travail de restauration , cette hypothèse de l’histoire me semble possible.

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            1. Michelbenoît-mibe Auteur de l’article

              Le travail d’un historien s’appuie sur 2 sources :
              1- Les textes. Tradition & filiation manuscrite, linguistique, onomastique, etc. : établir le sens le plus proche possible de l’original.
              2- L’archéologie : voir si le terrain apporte des confirmations & infirmations au texte.
              Un théologien apprend à « Dieu » comment il est fait, à partir (parfois) des textes + du contexte géopolitique de son époque + des ambitions de son Église.
              Chacun des 2 parvient à des certitudes. Mais l’historien est toujours prêt à les remettre en question. Le théologien, jamais.
              M.B.

      2. Peter

        Cette hypothése ne tient pas debout, mais le mort, lui, il tient debout en bout, et au bout du tout ,partout, tout le temps.
        Cette histoire a été « paulinisée » par contact mystique et comme chez les abeilles , elle a essaimée dans les communautés fleurissantes. Ah ! Que la nature est incroyable et merveilleuse.

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  12. Anon

    Malgré toute l’estime que j’ai pour votre parcours et votre travail, il me semble que la thèse d’une connexion entre Jésus et les esséniens est de plus en plus fragile, quoiqu’elle ait pu il y a quelques décades se poser. Ils se situaient l’un et les autres dans une perspective eschatologique, mais au-delà …tout les séparait. Comment ces esséniens sectaires, obsédés de pureté, condamnant tous ceux qui ne partageaient pas leurs idées sous le vocable de fils des ténèbres, auraient-ils pu conserver la moindre sympathie, si tant est qu’ils en aient jamais eu, pour le glouton et l’ivrogne qui se compromettait sans complexes tant avec les collabos qu’avec les prostituées ?

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    1. Michelbenoît-mibe Auteur de l’article

      Je dis bien que c’est un article SOMMAIRE, qui renvoie à mes bouquins où vous avez toutes les justifications.
      Tout séparait Jésus des esséniens. Il les critique, mais toujours à mots couverts. Eux de leur côté devaient admirer cet homme, disciple de Jean-Baptiste (ancien essénien) et qui s’opposait comme eux au culte du temple. Voyez dans ce blog l’article « Jésus était-il essénien ? « . M.B.

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      1. Anon

        À côté du problème des Esséniens, dont on voit mal pourquoi ils auraient admiré Jésus alors que, comme vous le dites « tout les séparait de Jésus » (ils n’étaient pas les seuls à partager la même conviction qu’ils étaient dans les derniers temps, pas plus que l’opposition au culte du Temple, sujet sur lequel de plus leurs motivations étaient radicalement opposées), je trouve encore votre argumentation sur la scène découverte dans le tombeau trop fragile. Vous n’ignorez pas, je pense, que d’autres traduisent autrement le passage précis sur la description des différents linges. Vous considérez que le linceul serait disposé n’importe comment, contrairement à l’autre linge qui aurait été plié ‘à part’. D’autres donc lisent, je crois avec autant de sérieux que vous, que tout est resté exactement à sa place, comme si le corps avait disparu sans qu’on touche ni aux linges ni aux bandelettes.
        Je ne trancherai pas pour l’instant. J’ajoute deux éléments de réflexion, un dans votre sens, un contre. Il y a la question de la pierre roulée. C’est vrai que, dans l’hypothèse d’une ‘volatilisation’ mystérieuse du corps, la pierre n’aurait pas dû bouger de place. Nous avons des « attestations multiples » de ce fait puisque Jean et Marc (plus Luc suivant Marc) le disent, et la version de Matthieu, qui fait intervenir un ange pour rouler la pierre sous les yeux des femmes, est évidemment peu crédible. Reste que rien ne prouve qu’il y ait un lien entre la disparition du corps et la pierre déplacée, même si la coïncidence le fait penser. Mais il y a un autre élément dont je n’ai pas souvenir que vous l’expliquiez sérieusement : pourquoi l’évangile dit-il que c’est en constatant la disposition des linges que le « disciple que Jésus aimait » crut ?
        Nous avons déjà échangé sur le linceul de Turin, et je sais que vous avez une aversion sur cette question, peut-être parce que justement elle vous obligerait à revoir votre conception de cet événement ? Vous devez pourtant savoir, comme moi, qu’il y a un tel faisceau d’éléments scientifiques, indépendants d’une datation au carbone 14 ou pas, qui convergent pour son authenticité, qu’on n’est même pas obligé d’attendre cette dernière ‘preuve’ pour se forger son opinion. Rien d’ailleurs que le fait que le vatican ait volontairement sabordé la dernière opération, en fournissant volontairement des échantillons prélevés sur le rapiéçage effectué au moyen-âge, prouve que eux aussi ont peur des conséquences. Et ce n’est pas que le linceul se révèle être un faux, qu’ils redoutent, puisqu’ils disposent déjà de tous les autres éléments…. Non, ce qui leur fait peur, c’est que l’événement actuellement noyé dans l’opacité du mot ‘mystère’ ne devienne un événement, certes inexplicable en l’état actuel de notre science, mais du moins cernable dans un réseau d’hypothèses, et ne permettant plus de s’appuyer dessus pour conclure à la divinité de Jésus, au sens où l’entendent les Églises.
        Pourquoi vous s’arc-boutez-vous ainsi contre la possibilité qu’un événement exceptionnel ait pu se produire pour la dépouille de Yeshoua ? Ce n’est qu’un hommage que lui a rendu son Père, qui n’oblige d’aucune façon à adhérer à tout ce qui a été élaboré ensuite en matière de dogmes et d’institution sur son dos, au contraire…

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        1. Michelbenoît-mibe Auteur de l’article

          Pourquoi ? Parce que la version politiquement correcte du christianisme contredit à la fois les textes, quand on les fait passer au crible de la critique textuelle, et le simple bon sens.
          M.B.

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          1. Anon

            Quand vous parlez de simple bon sens, je suppose que vous faites allusion par exemple à ces gens qui prétendent que ce serait la terre qui tournerait autour du soleil, et non le contraire comme chacun peut le constater ?

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            1. Michelbenoît-mibe Auteur de l’article

              Dans le cas précis de la « résurrection », je fais allusion au fait qu’une pierre de + d’1 tonne ne se déplace pas toute seule, ou que deux hommes en blanc ne sont pas des anges… M.B.

    2. Robert

      Je ne peux qu’approuver la remarque d’Anon concernant les essénien s et Jésus.
      Difficile de ne pas sourire quand michel Benoît nous dit sérieusement que lorsqu’on ressuscite, on ne plie pas son suaire. Et puis, n’est-ce pas, un ressuscité blessé n’a guère de force.
      Michel Benoît a-t-il d’autres exemples bien documentés de résurrections non douteuses, celles-là ? Un seul suffirait.
      Nul ne peut prouver que Jésus à ressuscité, mais chacun peut le croire. Il verra bien alors comment sa vie en sera changée. Demandez à st Paul, il en parle fort bien. Sinon, « buvons et mangeons », comme il l’écrit lui-même.
      Personne n’est obligé de croire à la résurrection, mais de grâce, qu’on ne nous propose pas de croire à des histoires de petits hommes en blanc. D’ailleurs, je ne serais pas surpris, d’un autre côté, que l’on nous raconte que des petits hommes verts etc.
      Avec tout le respect pour la personne de l’auteur et pour un travail considérable qui débouche , comme tous les précédents dans ce domaine, sur le néant.
      On représentait souvent, autrefois, la bible comme une enclume sur laquelle de grands costauds s’échinaient à frapper. La devise qui accompagnait ces gravures ne me revient pas exactement à l’instant mais disait en substance : « Vous pouvez frapper, elle résistera toujours. »

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      1. Michelbenoît-mibe Auteur de l’article

        Techniques historiques bien utilisées + bon sens peuvent entamer l’enclume.
        Mais rien ne peut entamer les convictions des croyants.
        Tant qu’ils ne font pas de mal à autrui au nom de leur foi, je n’y vois pas de mal.
        M.B.

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