Archives du mot-clé Exégèse

LE CORAN : DES FRÉMISSEMENTS ? (Sophie Gherardi, Angelika Neuwirth)

            Les musulmans pourront-ils un jour sortir de l’impasse dans laquelle ils se trouvent, la compréhension et l’appréciation du Coran ? Deux articles publiés dans Le Monde du 7 février (1) ajoutent aux ‘’frémissements’’ que j’ai déjà signalés ici (2),

Nommer l’impasse

            Le déni de réalité enfonce dans l’impasse. Pour en sortir, il faut d’abord avoir le courage d’ouvrir les yeux et de nommer l’obstacle : Lire la suite

LES MUSULMANS DANS L’IMPASSE (III) : le déni de réalité (Ali Malek)

            L’islam des terroristes djihadistes est-il le vrai islam ? Leur violence est-elle compatible avec une religion qui se prétend meilleure que toutes les autres ?

            Les penseurs musulmans qui tentent de résoudre cette impasse avancent deux types de solutions : Lire la suite

DES MUSULMANS DANS L’IMPASSE (I) : quelques réactions à « Charlie » d’intellectuels musulmans, A. Bidar, G. Bencheikh, S. Aldeeb, M. Talbi.

            Voici quatre réactions à ‘’Charlie’’ d’intellectuels musulmans (1), choisies parmi d’autres parce qu’elles illustrent l’impasse dans laquelle se trouve actuellement l’islam (2). Lire la suite

ET L’HOMME CRÉA DIEU ?

« Dieu créa l’Homme à son image… et l’Homme le lui a bien rendu. » Cette phrase célèbre, je voudrais l’examiner à la lumière d’un dialogue entre Edgar Morin et Tariq Ramadan. (1)

E. Morin rappelle que « les dieux sont le produit de l’esprit humain qui leur confère existence, transcendance, une force qui nous commande – et nous obéissons. Nous produisons des entités… qui ne pourraient pas exister sans nous. Et quand l’humanité mourra, ces dieux n’existeront plus. »

1- Il est évident que sans la conscience humaine il n’y aurait ni transcendance, ni d’ailleurs beauté ou vérité… C’est ce qui nous différencie des animaux, nous sommes des « animaux religieux », l’apparition du religieux signe l’apparition de l’humain sur terre.

2- Mais ce sont des religions que nous avons inventées en devenant humains, ce sont des dieux que nous avons façonnés à notre image. Nous avons construit un savoir sur les dieux, une science de Dieu, un discours sur Dieu : la théologie. Prétendant connaître l’identité de dieu, nous avons transmis ce savoir en l’élaborant de plus en plus. Transmettre, en latin tradere, tradition.

3- Affirmer que notre science des dieux disparaîtra avec nous, c’est une évidence que rappelait déjà saint Paul. Mais laisser à entendre que « Dieu », c’est-à-dire une forme de personnalisation de la transcendance, disparaîtra lui aussi, c’est passer de l’évidence à la spéculation, de la constatation à un a priori philosophiquement daté et marqué.

T. Ramadan répond à E. Morin en rappelant que les trois religions monothéistes se fondent sur une Révélation inscrite dans des textes. Il ajoute que « déterminer le rôle de la Révélation, c’est s’interroger sur ses limites. »

Pendant plus de mille ans, les chrétiens ont cru que Moïse avait écrit la Torah sous la dictée de Dieu en personne. Pie XII ayant autorisé en 1943 l’exégèse historico-critique de la Bible, ils finirent par admettre que ce sont des prophètes, des apôtres, des disciples anonymes qui avaient écrit les textes sacrés. Alors se posa la question fondamentale : Dieu est-il l’auteur de la Révélation ? La Révélation est-elle humaine, ou divine ?

Replaçons les choses dans l’épais tissu de l’Histoire. Au cours des siècles, quelques hommes, quelques femmes ont fait l’expérience intime d’une relation avec une transcendance qu’ils individualisaient en la nommant « Dieu ». Cette expérience, elle était inexplicable en termes psychologiques, sociologiques, médicaux, mais elle a existé et E. Morin le rappelle : « Je ne crois pas en Dieu, mais la mystique m’intéresse. Que des mystiques aient eu des contacts avec Dieu, c’est arrivé ! »

Des hommes et des femmes de toutes cultures, d’époques et de milieux très différents. Certains appartiennent au mythe – comme Abraham ou Moïse – mais un mythe construit et enrichi par les anonymes qui l’ont transmis et avaient fait, eux, l’expérience qu’ils prêtent à leurs héros. D’autres appartiennent à l’Histoire, comme Jésus. Leur expérience a été transmise et mise en forme par des écrivains le plus souvent anonymes : le cas de Paul de Tarse est unique, celui d’un apôtre qui écrit lui-même le récit de son expérience mystique.

Ensuite viendront de nombreux témoins – comme Thérèse d’Avila – dont les textes ne sont pas considérés comme révélés, bien qu’ils traduisent une expérience réelle de l’Invisible.

Les textes les plus anciens ont été retenus au terme d’un long processus de sélection. C’est l’Église apostolique qui a finalement choisi, parmi une soixantaine, quatre évangiles qu’elle considère comme « révélés ». Non sans les avoir corrigés, amplifiés parfois. L’ambition de l’exégèse historico-critique est de replacer ces textes dans leur contexte linguistique, historique, sociologique, politique pour tenter de retrouver, derrière les intentions et les ambitions des rédacteurs, la fraîcheur et l’authenticité de l’expérience initiale.

Celui ou celle qui a expérimenté la réalité de la transcendance ne trouvant pas de mots pour le dire, il en parle par images, par métaphores. La poésie est le mode privilégié de la Révélation, voyez entre autres les Psaumes, le Cantique des Cantiques ou les paraboles de Jésus.

Hélas, les religions ne sont pas poétiques. Leur intention inavouée est de transformer l’expérience in-dicible des témoins en formulations de plus en plus précises, en dogmes, en lois morales ou sociales. Car il s’agit avant tout de prendre le seul pouvoir qui dure (et ne coûte rien), le pouvoir sur les esprits et sur les cœurs de larges masses humaines.

Ce sont les religions qui ont été créées par l’Homme pour établir sa domination sur d’autres hommes. Mais derrière chacune se cache, plus ou moins éloignée, l’expérience de quelques authentiques explorateurs de la transcendance.

Parfois, la distance entre le texte sacré et l’expérience initiale est courte, comme dans les paraboles de Jésus. Parfois elle grandit, comme dans les discours philosophiques attribués à Jésus par le quatrième évangile (2). Parfois elle est considérable, comme dans toute une partie du Coran marquée par l’idéologie meurtrière du messianisme (3).

Mais – au prix d’un travail personnel plus facile aujourd’hui qu’hier – chaque religion offre l’accès à l’expérience réelle, in-dicible, de Celui que les théologiens appellent « Dieu ».

Disons-le autrement : les religions mènent à Dieu, à condition de savoir les dépasser.

                                                            M.B., 1er décembre 2014
 P.S. : Oui, sur pareil sujet c’est un peu court, mais je suis très pris par la mise au point de mon prochain bouquin…

(1) Au péril des idées, Presses du Châtelet, Paris, 2014, pp. 48-53.

(2) Voyez à ce sujet L’évangile du treizième apôtre, aux sources de l’évangile selon saint Jean.

(3) Voyez Naissance du Coran, aux origines de la violence.

JÉSUS ET MAHOMET ONT-ILS EXISTÉ ?

NAISSANCE CORAN 1COUV

Qui se cache derrière les personnages-clé de l’Histoire ? Ont-ils été transformés par leurs hagiographes (1) à tel point, qu’on ne peut plus rien connaître de leur réalité humaine, psychologique, affective, et qu’on se demande s’ils ont vraiment existé ?

Saint Louis

Le monumental Saint Louis de Jacques Le Goff se présente comme un exercice d’école de la ‘’Nouvelle Histoire’’. Neuf cent pages, au fil desquelles l’auteur finit par se demander « s’il pourra un jour accéder à cet individu. »

Il divise son livre en deux parties :

1- Une biographie linéaire classique d’après les sources qui sont nombreuses. Linéaire c’est-à-dire chronologique, depuis la naissance jusqu’à la mort du roi.

2- Ces sources, il les reprend de façon transversale par grands thèmes : le roi chrétien, le roi « national », exemplaire, biblique, miroir des princes, le roi des lieux communs  etc. Autant de points de vue différents, d’angles sous lesquels il cherche à cerner la personnalité de saint Louis pour l’atteindre au-delà des portraits convenus, politiques ou hagiographiques, tous animés par le même objectif : se servir de cet homme pour en faire l’icône fondatrice d’un mythe national.

Véritable archéologie des textes, la méthode transversale est laborieuse, elle n’évite pas les répétitions. Mais en faisant ressortir et en confrontant  les strates successives d’une personnalité, elle parvient à atteindre l’homme derrière sa légende.

Au mi-temps de sa fouille, Le Goff en vient à se demander : « Saint Louis a-t-il existé ? » Le lecteur qui l’a suivi jusque là comprend bien qu’il ne remet pas en cause l’existence (indéniable) d’un homme devenu saint Louis, mais qu’il peine à exhumer l’identité humaine de celui qui fut un individu avant d’être un symbole national, un homme « singulier » avant d’être livré à la pluralité des appétits idéologiques.

Jésus

Parce qu’il est lui aussi devenu l’icône fondatrice et l’étendard d’une civilisation, c’est en termes semblables que se pose la question pour Jésus. Qu’il ait vraiment existé, personne n’en doute, les témoignages indépendants permettent de s’assurer qu’il y a bien eu en Palestine, au 1er siècle de notre ère, un homme Jésus. Mais qui était-il ? Transformé en Christ et Dieu, n’a-t-il pas disparu, écrasé sous le poids d’une chrétienté qui a dominé le monde grâce aux transformations qu’elle a fait subir à son image ?

Derrière les idéologies officielles, qu’a-t-il vraiment fait (ses gestes) et qu’a-t-il vraiment dit (son enseignement) ?

Paru en 2001, Dieu malgré lui a voulu répondre à la première question, celle de l’identité de Jésus. Lui aussi, ce livre est divisé en deux parties distinctes. La première est une biographie linéaire critique, depuis la rencontre avec Jean-Baptiste jusqu’au tombeau vide (suivant donc Marc plutôt que Matthieu et Luc), avec une extension dans les quelques années qui ont suivi – les débuts de la légende.

Comme le souligne Le Goff, ce genre de biographie linéaire se heurte toujours au problème du temps, c’est à dire de la succession des événements, la chronologie des faits. Je savais que les évangiles ont été rédigés à partir de souvenirs transmis oralement puis organisés suivent une chronologie artificielle, qui n’est d’ailleurs pas la même chez les synoptiques (2) et chez Jean. J’ai cédé à la facilité en suivant cette chronologie plus ou moins inventée, parce que mon objectif était d’établir l’identité de Jésus. L’ordre dans lequel se sont déroulés les moments de sa vie m’a semblé secondaire, d’autant plus qu’alors je le croyais introuvable.

Depuis, j’ai appris les avancées considérables initiées par P. Périer, Fr Guigain, E.M. Gallez (3) : s’attachant à retrouver l’original araméen derrière le texte grec des évangiles, ils ont identifié des « colliers », unités de récits d’abord transmis oralement puis enfilés comme des perles, dont on commence à reconstituer la succession dans le fouillis du texte. Découverte qui bouleverse totalement l’exégèse classique des évangiles, telle que je l’ai apprise et la pratiquais encore à l’époque de Dieu malgré lui.

Après la biographie linéaire, je propose d’appliquer en 2e partie la méthode transversale chère à Le Goff. Mais de façon tout à fait originale : au lieu de dégager des strates à l’intérieur d’une même tradition de mémoire et de textes, j’ai mis en contact deux traditions totalement étrangères l’une à l’autre. Dans les écrits bouddhistes du Tipitaka j’ai identifié les descriptions de l’Éveil esquissées par Siddhârta Gautama lui-même, pour interroger à cette lumière la vie et la mort de Jésus. Au soir de sa capture avait-il atteint l’Éveil, cette étape ultime de l’accomplissement humain selon le Bouddha ?

Le résultat est surprenant, au point que j’ai intitulé cette 2e partie Un Bouddha juif. Oui, dans ce que nous savons de lui par les évangiles, Jésus a bien manifesté tous les signes extérieurs de l’Éveil tel que le décrit Siddhârta. L’une des conséquences, c’est que la résurrection apparaît alors commeune construction de l’esprit inutile et encombrante. Pour Siddhârta « Rien ne disparaît, tout se transforme » : comme chaque être vivant, en mourant Jésus a transité, si j’ose dire, d’une forme de vie à une autre. Éveillé, il est passé directement de sa vie terrestre à une forme de vie dont nous savons peu de choses, parce qu’elle se déroule dans un autre espace-temps que le nôtre. Puisqu’il n’a pas cessé de vivre, la méditation nous donne les moyens de le rencontrer, au-delà des mots.

Ce portrait transversal inédit me donnait accès à une identité de Jésus, affranchie des empilements théologiques chrétiens successifs qui m’apparaissaient de plus en plus invraisemblables et absurdes.

Après son identité (ce qu’il a vraiment été), je voulais extraire des textes son enseignement (ce qu’il a vraiment dit). Les synoptiques témoignent qu’à ses débuts il n’a fait que répéter l’enseignement de Jean-Baptiste, pour passer tout d’un coup à un ensemble de paroles et d’affirmations totalement personnelles et originales. Aucune étape, aucune évolution intérieure, aucune maturation perceptible entre ce début et cet accomplissement. Comme si Jésus, un beau jour, avait brusquement sorti de sa tête un enseignement révolutionnaire tout cuit d’avance.

J’étais convaincu qu’il a, comme chacun de nous, découvert et mûri peu à peu sa pensée au fil des événements qui bousculaient sa vie. Je me suis tourné vers l’évangile dit selon saint Jean : avec L’évangile du treizième apôtre (2013) j’ai pu identifier quelques repères chronologiques fermes dans la vie du Galiléen. Autour de ces points fixes, pour écrire les Mémoires d’un Juif ordinaire j’ai imaginé de laisser parler la mémoire de Jésus à la veille de sa capture. Subterfuge qu’aurait désavoué Le Goff, qui me permettait pourtant l’approche globale qu’il préconise, nos mémoires nous présentant les événements de notre passé dans un ordre qui n’est pas chrono-logique mais émotionnel.

Au terme de ces travaux, Jésus avait une identité et une parole propres : il existait.

Mahomet

Pourquoi, dans la foulée, m’intéresser à cet homme autour de qui s’est constitué une autre tradition que la mienne, avec son histoire, ses penseurs, ses exégètes, dont je savais peu de choses ?

Parce qu’au cours de mes travaux j’avais rencontré une secte juive, les nazôréens, dont j’ai cru que Jésus avait fait partie. Et que je les retrouvais, souvent cités, dans le texte du Coran. Il y avait donc un lien entre les débuts du christianisme et ceux de l’islam. La signification et la portée du Coran concernaient les chrétiens autant que les musulmans.

Pendant 10 ans, j’ai mené en parallèle une recherche sur ce texte, avec les méthodes de l’exégèse historico-critique qui me sont familières et se montraient si efficace pour la restitution de l’homme-Jésus derrière l’icône du Christ-Dieu.

Dans cette étude du Coran j’ai fait abstraction de la tradition qui a voulu, dès les origines, obliger les croyants musulmans à le lire et à le comprendre en fonction des objectifs politiques d’une nouvelle civilisation conquérante, l’islam.

Selon la légende unique et immuable, ‘’Mahomet’’ serait l’auteur de ce texte, ou plutôt son réceptacle. Pour découvrir qui était cet homme, j’imaginais trouver des sources aussi nombreuses et exploitables que celles qui m’ont permis de retrouver l’identité de Jésus, qui ont permis à Le Goff d’approcher celle de saint Louis.

Je me trompais. Il n’y avait que des biographies calquées sur celle d’Ibn Hichâm, mort deux siècles après ‘’Mahomet’’ et brodant à l’infini sur des légendes tirées d’une tradition orale incontrôlable, les Hadîts et la Sîra. Quelques témoignages, indépendants de ce carcan historiographique immuable, n’apportaient rien sur l’homme, son enfance (réelle), sa vie familiale (réelle), son évolution (réelle) – bref, sur l’individu qu’il fut.

Aucune biographie linéaire digne de ce nom n’était possible, et aucune approche transversale. J’étais condamné au texte du Coran, lui-même souvent incompréhensible.

Pourtant, à l’origine du réveil arabe du 7e siècle et de son expansion fulgurante, il y a bien eu un guerrier arabe charismatique, réputé illettré. Comme le veut la tradition, a-t-il dicté ce texte à ses compagnons, est-il le Sceau des Prophètes, l’initiateur d’une religion plus parfaite que les autres, d’une civilisation meilleure que les autres ? Mais alors comment expliquer les incohérences du texte, ses emprunts à la littérature juive des Talmuds (4), à une Bible et des évangiles apocryphes (5) étranges ? Comment surtout expliquer la violence qui parcourt ce texte, ses appels au génocide de tout non-musulman – nommément, les Juifs et les chrétiens ?

J’ai tiré le fil conducteur des nazôréens, et toute la pelote est venue.

Le résultat c’est, pour la première fois, une explication raisonnée et raisonnable de la naissance du Coran et des origines de sa violence.

Mahomet a-t-il existé ?

Si l’on s’en tient aux termes fixés par Le Goff, non.

Entendons-nous : le guerrier arabe des origines a bien existé, mais il a disparu sous l’épais manteau de traditions musulmanes qui sont devenues intouchables, au point que toute étude du Coran indépendante de ces traditions est interdite aux musulmans. La personne, la personnalité, l’identité humaine de ce guerrier devenu LE prophète sont mis hors-jeu et hors d’atteinte par un formidable barrage idéologique, dont les musulmans sont imprégnés dès leur naissance.

Par la force des choses, Naissance du Coran s’en tient donc au texte, rien que le texte du Coran tel qu’il nous est parvenu, et au contexte historique du Proche-Orient au 7e siècle, qui nous est bien connu.

Jusqu’à présent, les musulmans sont piégés par un cercle vicieux : les obscurités du Coran ont été expliquées par la tradition, et la tradition a été fabriquée à partir du Coran. Peut-être, un jour, tenteront-ils une véritable confrontation transversale des Hadîths et de la Sîra avec le texte sacré et ses sources ?

Tant que les musulmans seront étranglés par les anneaux de ce serpent qui se mord la queue, ils resteront prisonniers de la violence qui imprègne le Coran. Prisonniers d’une impasse qui les condamne à l’obscurantisme, et conduit certains d’entre eux au fanatisme.

Il a fallu trois siècles à la chrétienté  pour se dégager du même cercle vicieux, qui l’étouffait tout autant. Puissent les musulmans s’y mettre rapidement : c’est la paix mondiale qui est en jeu.

                                                                                 M.B., 10 juillet 2014

(1) Hagiographe : auteur des « Vies des Saints » de l’antiquité et du Moyen âge.

(2) Synoptiques : les trois évangiles de Marc, Matthieu et Luc.

(3) Présentés dans le site http://eecho.fr et l’adresse contact@eecho.fr

(4) Talmuds : Volumineux commentaires rabbiniques de la Bible écrits au 5e siècle après J.C.

(5) Apocryphe : Évangiles folkloriques écrits au 2e et 3e siècle, rejetés par l’Église.

L’ISLAM EN QUESTION : PAIX, OU AFFRONTEMENT ?

Le Coran conduit-il les musulmans à la violence ?

La réponse politiquement correcte, vous la connaissez : « Non, le Coran comme l’islam ne sont que paix et tolérance. » Mais quand on le lit sans préjugés, la réalité est tout autre : oui, ce texte est intrinsèquement violent.

Né du Coran, l’islam est-il condamné à l’affrontement ?

Pendant 40 ans, j’ai travaillé en historien sur les origines du christianisme, ces deux ou trois générations de la fin du 1er siècle qui ont donné naissance à la civilisation occidentale. C’était naturel, puisque je suis né et j’ai grandi dans un monde chrétien. En revanche je ne suis pas un historien de l’islam, immense civilisation, multiple et complexe, qui n’est pas la mienne. Malgré le titre je ne vous parlerai donc pas de l’islam, mais uniquement de son texte fondateur, le Coran.

Pourquoi, après le christianisme, me suis-je intéressé au Coran ?

Au cours de mes travaux, j’avais découvert l’existence d’une secte juive peu connue dont Jésus aurait fait partie, les nazôréens. On ne sait rien d’eux à son époque, mais on sait que les tout premiers chrétiens ont d’abord été appelés nazôréens.

J’ai eu la surprise de voir réapparaître ces nazôréens dans le Coran, sous leur transcription arabe, nasârâ. Y aurait-il un lien historique entre les nazôréens du 1er siècle, et le Coran qui apparaît à la fin du 7e siècle ?

J’ai tiré ce fil, et toute la pelote est venue.

Mais comment procéder ? Les musulmans d’hier et d’aujourd’hui se heurtent à une barrière infranchissable : il leur est interdit d’étudier le Coran comme n’importe quel autre texte ancien, avec les méthodes de l’exégèse historico-critique qui ont fait leurs preuves. Pour eux, le Coran est descendu du ciel, fidèlement transmis au monde par le Prophète Muhammad. Chaque mot est la parole de Dieu lui-même. Matériellement, grammaticalement, le Coran est de nature divine, et on ne soumet pas Dieu à l’examen critique. Les rares érudits musulmans qui s’y sont risqués ont été assassinés, torturés ou exilés.

Alors, je me suis tourné vers quelques chercheurs de haut niveau, tous d’origine chrétienne, et donc libres d’appliquer au texte du Coran la méthode de critique historique qui a permis aux chrétiens de porter sur la Bible un regard nouveau. Depuis un siècle les travaux de ces chercheurs non-musulmans, inconnus du public, transforment complètement la compréhension du Coran et des débuts de l’islam.

Ces travaux, j’ai voulu les ramasser en peu de mots, de façon lisible malgré la complexité du sujet : c’est mon livre Naissance du Coran, aux origines de la violence.

Donner au public non spécialisé des clés de lecture, ouvrir des portes.

Ce petit livre permet de mieux comprendre quelques uns des drames qui ont secoué et secouent toujours la planète : pourquoi tant de violence au nom d’Allah, et pourquoi cet affrontement inexpiable entre l’Orient né du Coran, et l’Occident né du christianisme ?

Sans parler des Juifs, épine plantée au cœur des musulmans.

 

Mais revenons aux nazôréens du 1er siècle.

Ce qu’on sait d’eux, c’est qu’ils étaient judéo-chrétiens. C’est-à-dire qu’ils n’étaient plus Juifs, puisqu’ils considéraient que le Messie était venu en la personne de Jésus, mais ils n’étaient pas non plus chrétiens, puisqu’ils refusaient sa transformation en Dieu. Pendant les premiers temps du christianisme, ces judéo-chrétiens se sont opposés à la fois aux Juifs et aux chrétiens dont ils se séparaient, puis ils ont disparu, tous, au 3e siècle.

Tous… sauf les nazôréens. Saint Jérôme les a rencontrés à la fin du 4e siècle en Syrie, d’où il écrit à saint Augustin : « Ces gens veulent être à la fois Juifs et chrétiens, mais ils ne sont ni Juifs, ni chrétiens. »

Ni Juifs, ni chrétiens : c’est la définition des nazôréens. Opposés par nature à la fois aux Juifs dont ils ont rejeté la tradition, et aux chrétiens qu’ils refusent de suivre.

Au début du 7e siècle, la Syrie était presque entièrement chrétienne. Les nazôréens que saint Jérôme a rencontrés s’y étaient réfugiés pour fuir la persécution des Juifs et des chrétiens de Byzance. Ils s’étaient attachés à convertir à leur judéo-christianisme particulier des bédouins Arabes, sédentarisés dans la région côtière autour de Lattaquié.

Pendant ces six siècles de sommeil, ils s’étaient imprégnés du messianisme, une idéologie née dans le peuple juif exilé à Babylone en 587 avant J.C., et devenue flamboyante au tournant du 1er millénaire – c’est-à-dire à l’époque où vivait Jésus.

Dans mon livre, je résume la dérive de ce messianisme flamboyant dont on ne savait pas grand-chose, avant la découverte en 1947 des Manuscrits de la Mer Morte dans les falaises surplombant Qumrân, le haut-lieu des Esséniens. L’idéologie dont témoignent ces manuscrits, rédigés un peu avant et pendant le 1er siècle, est d’une extrême violence. Elle a profondément influencé les nazôréens – et à travers eux les Arabes qu’ils catéchisaient en Syrie, au début du 7e siècle.

Ce messianisme repose sur 3 piliers, qui n’ont pas changé jusqu’à aujourd’hui :

1- Utopique, il rêve du retour à un monde disparu, meilleur que celui-ci.

2- Apocalyptique, ce retour se fera par une guerre d’extermination, menée au nom de Dieu.

3- Messianique, il attend le retour d’un homme providentiel, le Messie sauveur.

La guerre, et la guerre totale, était pour eux le seul chemin offert à l’humanité pour qu’elle retrouve sa pureté, celle du paradis perdu par la faute d’Adam. Affamés de purification, ces messianistes divisaient l’humanité en deux : nous, les croyants qui ont reçu de Dieu la mission de dominer le monde, pour le purifier des autres, les incroyants.

Lesquels devront soit se convertir à notre vision du monde et aux lois qui en découlent, soit disparaître physiquement.

Voici un passage du Règlement de la guerre, texte essénien retrouvé à Qumrân : « L’extermination des nations impies est décidée. Sur les trompettes de la tuerie on écrira : ‘’Main puissante de Dieu dans le combat, pour faire tomber tous les infidèles ! ’’ Sur nos étendards on écrira ‘’Moment de Dieu, tuerie de Dieu’’, et après le combat on écrira ‘’Dieu est grand ! ’’ »

« Dieu est grand », en arabe Allah ou’akbar. C’est le cri de ralliement des musulmans, et c’est en le poussant que des fanatiques tuent ou se font tuer au nom d’Allah. Cette violence, elle leur vient des Esséniens, disparus en l’an 70 mais dont les écrits ont profondément influencé les nazôréens qui ont lancé, bien plus tard, des Arabes sur les pistes du désert.

Mais, me direz-vous, le Coran n’est pas né en Syrie ! Tout le monde sait qu’il a été révélé à un visionnaire arabe de La Mecque, le Prophète Muhammad  qui n’a fait que répéter ce qu’il entendait du ciel ! Eh bien, c’est là que la recherche indépendante sur le Coran a cueilli ses premiers fruits. En montrant que tout ce qu’on dit et qu’on enseigne de Muhammad, de sa vie et de ses débuts à La Mecque, ne relève pas de l’Histoire mais de légendes construites un ou deux siècles après sa mort, par des historiographes au service des premiers califes de l’islam naissant, à Jérusalem d’abord puis à Damas et à Bagdad.

L’ambition de ces califes était politique. Pour transformer leurs conquêtes militaires en civilisation triomphante, ils avaient besoin – comme toute civilisation – d’un mythe fondateur. À partir d’un guerrier arabe, qui a bien existé mais dont on ne sait pas grand chose, ils ont donc forgé la personne du Prophète de l’islam, Muhammad.

Exactement comme les premières générations chrétiennes, pour fonder le christianisme, avaient forgé un Messie à partir d’un homme, Jésus.

Y a-t-il des éléments historiquement fiables dans la légende de Muhammad, construite par la Sirâ (Histoire officielle de l’islam), les Hadîths (paroles du Prophète) et la Sunna (ensemble de la tradition musulmane) ? Actuellement, il est impossible de répondre à cette question. Il faudra attendre que des chercheurs travaillent sur de nouvelles bases, et cela prendra du temps. Je m’en suis donc tenu strictement au texte du Coran tel qu’il nous est parvenu, laissant de côté l’ensemble des traditions séculaires à travers lesquelles les musulmans d’aujourd’hui se doivent de lire et de comprendre leur texte fondateur.

Le premier problème que j’ai rencontré était celui de la langue. Le Coran est écrit dans un arabe archaïque du 8e siècle, très différent de l’arabe parlé aujourd’hui. Une langue tellement étrange, si pleine de points de suspension et d’allusions obscures, que personne ne s’accorde sur le sens de nombreux passages. J’ai donc examiné six traductions françaises pour en choisir finalement quatre autres qui font autorité, et sont accompagnées d’un appareil critique important, à la fois linguistique et historico-littéraire. J’ai confronté l’une à l’autre chacune de ces traductions pour m’approcher du sens le plus vraisemblable, indiquant en note les différences d’interprétation qui justifient mes choix.

Ensuite, il y a la structure de ce texte, qui ressemble à un puzzle dont on aurait jeté les pièces au hasard sur une table. Voici ce qu’en disait le grand savant et philologue musulman Al-Kindi, cent ans après la mort du Prophète : « La conclusion est évidente pour quiconque a lu le Coran et vu de quelle façon, dans ce livre, les récits sont assemblés n’importe comment et entremêlés. Il est évident que plusieurs mains – et nombreuses – s’y sont mises et ont créé des incohérences, ajoutant ou enlevant ce qui leur plaisait ou leur déplaisait. »

« Plusieurs mains, et nombreuses » : comme toute œuvre littéraire, le Coran n’est pas né de rien, il n’est pas descendu du ciel. Il a une histoire, que seule l’exégèse historico-critique permet de comprendre.

Aucune logique donc dans ce texte, un fouillis inextricable. Tous ceux qui ont tenté d’y mettre de l’ordre ont dû y renoncer. Dans son état actuel le Coran est un peu comme un océan, on s’y plonge sans savoir d’où viennent, ni où vont les courants qui le traversent.

Soit on surnage, soit on s’y perd et on s’y noie. J’ai tenté de surnager.

Ce qui frappe, c’est que le Coran est d’une très grande beauté littéraire. D’où lui vient ce souffle, cette musicalité perceptibles même pour ceux qui ne le comprennent pas – c’est-à-dire la grande majorité des musulmans, pour qui cette langue si particulière est encore plus incompréhensible que ne l’était le latin d’Église pour les chrétiens ?

D’où vient la beauté du Coran ?

Il faut revenir à ses premières esquisses, c’est-à-dire au 7e siècle, en Syrie, dans ces communautés et ces monastères où des nazôréens catéchisaient des Arabes.

Pour leurs élèves, ils composaient des florilèges de textes tirés de la Bible, ou plutôt de l’une ou l’autre de ses versions talmudiques. Le Talmud est un immense commentaire de la Bible, écrit par des rabbins autour du 5e siècle après J.C. Ces textes, les nazôréens les psalmodiaient ou les chantaient devant les Arabes qu’ils voulaient convertir. « Coran » vient du verbe Quara’a, qui veut dire « réciter » : avant d’être écrit, le Coran a été récité et chanté dans des assemblées liturgiques, d’où sa beauté, sa musicalité entrainante.

La Bible du Coran n’est donc pas celle que nous connaissons, c’est la Bible du Talmud et de ses commentaires. De même que les évangiles que cite le Coran ne sont pas les nôtres : on les appelle apocryphes, ils sont remplis de légendes sur Jésus et sa mère, et ont été écartés quand l’Église a choisi de n’en retenir que quatre, jugés plus fidèles à la personne et à l’enseignement de Jésus.

Une Bible enjolivée par les rabbins du Talmud, des évangiles folkloriques et fantasmagoriques : ajoutez d’obscures légendes du désert, des allusions incompréhensibles à des divinités ou à des coutumes locales, et vous avez la moitié du Coran.

L’autre moitié, c’est tout un code de lois médiévales, mélangé à des appels véhéments au combat et à l’extermination, que j’appelle les versets brûlants.

Ces versets exigent des croyants qu’ils combattent contre les forces du Mal. Un combat messianique c’est-à-dire sans merci, sans rémission, qui durera tant qu’il y aura sur terre des infidèles qui refusent de se soumettre au Coran – et au pouvoir des califes.

Car pour les messianistes, religion et pouvoir n’ont jamais fait qu’un. Dans une communauté messianique, tout appartient à Dieu, corps, âmes et biens, le passé, le présent comme l’avenir. Notre laïcité, héritage du siècle des Lumières, est incompatible avec le Coran. Il ne distingue pas le matériel du spirituel, tout revient à Allah. Il veut accoucher d’un Homme Nouveau, dans une société totalement soumise à une Loi divine. Dans un monde purifié des démons de l’Occident chrétien. Boko Haram veut dire « enseignement interdit » – entendez : « enseignement occidental. »

Évidemment, pour la majorité des musulmans qui ne sont ni extrémistes, ni fanatiques, ces appels au meurtre de masse qui parcourent le Coran posent question : c’est le djihâd, le combat pour Dieu.

Pour rendre le Coran acceptable, on a donc cherché à distinguer deux sortes de djihâd : le petit djihâd, qui serait la violence du combat armé, et le Grand Djihâd qui serait le combat intérieur, celui de l’âme contre les tentations du démon. Une immense littérature a été écrite à ce sujet, dès le Moyen-âge, mais c’était oublier que le Coran puise ses sources dans le messianisme apocalyptique de ses origines. Pour que le monde retrouve la pureté du paradis perdu, une guerre d’extermination est nécessaire. C’est la seule façon de le purifier des forces du Mal incarnées par l’infidélité des Juifs et des chrétiens. Comme dans les écrits guerriers de Qumrân dont s’inspiraient les nazôréens, le djihad du Coran n’est pas un traité de spiritualité, c’est un chemin de violence et de sang.

Pour lancer les Moudjahidin au combat et à la mort, le Coran a dû reprendre une notion apparue dans le judaïsme au 2e siècle avant J.C., celle du martyre pour Dieu. Ceux qui se font tuer dans la guerre sainte menée pour la purification du monde, le djihâd, sont assurés d’aller au paradis. Et s’ils tuent ou massacrent, ils ne commettent pas un péché : « Quand tu lances ta flèche, dit le Coran, ce n’est pas toi qui lances la flèche, c’est Allah qui la lance. » Autrement dit, quand des Moudjahidin se font exploser en public, ils vont au paradis et ne sont pas responsables de la mort des innocents : « Ce n’est pas toi qui as tué, c’est Allah qui a tué. »

Quelques siècles plus tard, saint Bernard, Docteur de l’Église catholique, reprendra exactement les mêmes termes dans sa Règle aux Templiers, pour les appliquer aux combats des chevaliers du Christ lancés dans des croisades contres les musulmans impies. Vous voyez que les chrétiens n’ont pas de leçons à donner aux musulmans.

Car bien avant le Coran, l’idéologie messianique avait infesté le christianisme. On la trouve déjà dans des textes du Nouveau Testament comme l’Apocalypse dite de saint Jean ou l’Épître aux Hébreux. À partir de cette origine, le messianisme a évolué dans une direction commune à la chrétienté et au Coran, faisant couler des fleuves de sang sur la planète.

Rappelez-vous les trois piliers du cette idéologie : l’utopie, un monde nouveau à faire naître. L’apocalypse, ce monde ne naîtra qu’au prix d’une guerre d’extermination. Et le retour d’un homme providentiel, le Messie.

Rapidement, le Coran va abandonner le troisième pilier, l’attente d’un Messie personnel. Il va affirmer que le Messie est déjà venu, il est là, et c’est la Communauté des vrais croyants, l’Oumma – nom par lequel les musulmans se désignent. Et il va dire à ces croyants : « Vous êtes la meilleurs Oumma réalisée par Dieu pour les hommes », verset du Coran qui est devenu la devise de la Ligue Arabe basée au Caire.

Je retrace dans mon livre ce glissement, dans le Coran, de l’attente d’un Messie personnel vers l’affirmation que ce Messie est arrivé, et c’est une communauté impersonnelle mondiale, l’Oumma musulmane. D’ailleurs la profession de foi musulmane, « il n’y a de Dieu qu’Allah et Muhammad est le prophète d’Allah », ne mentionne plus l’attente d’aucun Messie.

Le drame, c’est que le christianisme a subi la même évolution. Théoriquement, les chrétiens attendent toujours le retour du Messie sauveur. Mais dans les faits, c’est l’Église qui est devenue pour eux le seul lieu du salut sur terre. Elle a repris à son compte et popularisé l’enseignement de saint Cyprien de Carthage (3e siècle) : Extra Ecclesiam nulla salus, hors de l’Église pas de salut.

Depuis lors et jusqu’à maintenant, sur la planète  ce n’est pas au choc des civilisations que nous assistons : c’est au choc de deux messianismes. D’un côté « hors de l’Église pas de salut », et de l’autre « la meilleure Oumma réalisée par Dieu pour les hommes. »

Deux communautés-Messie qui ne pouvaient que s’affronter, qui s’affrontent toujours.

Les musulmans se trouvent donc dans une impasse mortelle, et nous avec eux. Leur immense majorité n’aspire qu’à la paix et ne se joint pas aux Moudjahidin fanatiques. Mais les uns comme les autres, les fanatiques comme les braves croyants pacifiques, tous invoquent le même texte fondateur devenu sacré, intangible et même intraduisible : le Coran.

On nous répète à longueur de médias la Pensée Politiquement Correcte : « Surtout, pas d’amalgame ! Ne confondez pas une poignée d’islamistes fanatiques avec les bons musulmans ! » Comme Tariq Ramadan, qui déclarait récemment : « Les islamistes prétendent que les musulmans sont dans la vérité, et tous les autres dans l’erreur. C’est une distorsion complète du message de l’islam. » (1)

De l’islam, peut-être. Du Coran, certainement pas.

Et quand il ajoute « il faut que les responsables musulmans condamnent fermement [cette idée] », c’est de l’hypocrisie. Car ces responsables ne peuvent pas condamner la violence des djihadistes, puisque que le texte du Coran est là, avec ces versets brûlants qui appellent les croyants à l’extermination des infidèles, et entretiennent depuis 13 siècles le feu sur la planète.

Comprenez bien : la violence du Coran ne réside pas d’abord dans ces versets brûlants. Si le Coran est violent, c’est avant tout parce qu’il sépare l’humanité en deux portions inconciliables, qui ne peuvent que s’affronter : ceux qui sont soumis à Allah-et-son-Prophète, et les autres – tous les autres.

Pendant 17 siècles, des chrétiens ont pratiqué exactement la même violence, à la fois idéologique et physique. Et pour la même raison, un messianisme entretenu par la lecture fondamentaliste de la Bible. Ils n’ont pu faire la paix en eux-mêmes et avec le reste de l’humanité (celle qui était « hors de l’Église »), puis entrer sans crainte dans la modernité, qu’à partir du jour où ils ont enfin accepté de lire et de comprendre leurs textes fondateurs à la lumière de l’exégèse historique et critique. C’est ce tournant idéologique qui leur a permis, non sans réticences, de faire un tri dans la Bible. Pour ne retenir que le meilleur du message des prophètes et de Jésus lui-même. Sans plus se sentir concernés par les appels à la violence qui parcourent la Bible et trouvent, comme le Coran, leur origine dans le messianisme flamboyant.

Jésus vivait au moment où ces textes ravageurs étaient mis par écrit et se diffusaient autour de lui. J’ai découvert qu’il était parfaitement au courant de l’idéologie messianique dont ses disciples étaient imprégnés, comme tous les Juifs d’alors. Cette idéologie, il l’a clairement et explicitement rejetée.

Jamais il n’a prétendu être le Messie attendu par les Juifs. Toujours, il s’est situé dans la continuation du mouvement prophétique initié par le prophète Élie.

J’ai mis en scène ce choix décisif dans mon dernier roman, Jésus, mémoires d’un Juif ordinaire. Ce n’est qu’après sa mort qu’il a été transformé en Messie, par les judéo-chrétiens de Jérusalem que côtoyaient les nazôréens. En franchissant ce pas, ils ont légué à la planète un lourd fardeau. Car faire du christianisme un mouvement messianique, c’était introduire dans la civilisation chrétienne en train de naître, puis plus tard dans le Coran, une utopie aux conséquences dramatiques : la nécessité, et la justification, des guerres d’extermination pour Dieu.

Cette idéologie judéo-chrétienne violente et conquérante, elle est l’utérus dans lequel le Coran a pris naissance et s’est développé.

Ensuite, le messianisme a poursuivi sur la planète sa carrière meurtrière. Au 20e siècle, il a inspiré deux idéologies totalitaires : le communisme, pour qui le Messie était la classe des travailleurs, qui l’emporterait sur la classe possédante en supprimant le capital et ceux qui en profitent. Et le nazisme, pour qui le Messie était le Herrenvolk, le peuple aryen des Seigneurs qui devait l’emporter en anéantissant les races inférieures.

Mais ce feu brûle toujours aujourd’hui. « L’Empire du Mal » : cette expression, écrite en toutes lettres dans les textes de Qumrân, vous l’avez entendue comme moi dans la bouche du Président des États-Unis. Les fondamentalistes américains (2), messianistes chrétiens, ont pris le pouvoir avec George W. Bush pour lancer, selon ses propres mots, une « croisade contre l’Empire du Mal. »

Depuis 2000 ans, rien n’a changé.

Les connaisseurs me reprocheront d’aller un peu vite aux conclusions : c’est possible, mais ils trouveront dans les notes de mon livre les références à mes sources, et les justifications de ce que j’affirme.

En fin de parcours, j’aborde enfin quelques questions brûlantes. La naissance de la première société totalitaire, à laquelle on assiste dans le Coran. Ce sont les califes qui ont esquissé les contours de la première police politique, surveillant une population interdite de penser et de s’exprimer. Cette réglementation qui asservit les croyants, hommes et femmes, ce sont bien les cours califales qui l’ont élaborée, en l’attribuant au Prophète.

J’ai tenté enfin de comprendre d’où venait l’antiféminisme agressif qui parcourt le Coran. Comment les califes ont-ils pu s’éloigner du judaïsme et du christianisme, au point d’introduire dans ce texte un mépris, on pourrait presque dire une haine des femmes, absente du judaïsme, du christianisme et des sociétés patriarcales de l’Antiquité ?

Il y a deux façons d’aborder un texte sacré : comme un monument qu’on ne visite qu’à genoux, face contre terre. Ou bien comme l’aboutissement d’une Histoire, et le commencement d’une autre.

C’est en apprenant à lire la Bible de façon exigeante, à la fois critique et respectueuse, que les chrétiens ont pu récemment s’apaiser, et accepter l’autre sans haine ni complexes.

Puissent les musulmans, dont la culture a pris naissance dans la même tradition, puissent-ils trouver, avec un regard nouveau porté sur leurs origines, le chemin de la paix.

D’abord en eux-mêmes, et ensuite avec le reste de l’humanité.

                                                                 (Conférence donnée en Bourgogne, juin 2014)
P.S. : Je m’absente, et ne pourrai répondre à vos commentaires & messages qu’après le 29 juin

(1) Dans Le Point du 15 mai 2014.

(2) Voyez dans ce blog la catégorie « Les américains et la religion », et le mot-clé « messianisme »

NAISSANCE CORAN 1COUV

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« NAISSANCE DU CORAN » : la critique d’un académicien

Un ami, mathématicien de haut vol et académicien, m’écrit ceci :

« J’ai dévoré ton livre en 2 jours (il est court.) Même si on ne souscrit pas à tes hypothèses, on y apprend plein de trucs. Bravo ! »

Je lui réponds cela :

Ce n’est pas à toi que j’apprendrai ce que c’est qu’une hypothèse. C’est une piste de travail, un chantier qu’on ouvre.

Si d’autres confirment cette hypothèse. Si, après l’avoir vérifiée, ils s’en emparent pour la prolonger. Si, travaillant  chacun de leur côté, ils parviennent tous à la même conclusion… alors, l’hypothèse se transforme en certitude.

Mais en science il n’y a pas de certitude définitive, et l’Histoire n’échappe pas à cette règle (cliquez).

Pour écrire Naissance du Coran, pendant des années j’ai confronté les travaux de chercheurs indépendants (c’est-à-dire non-musulmans.) Mises en perspective, leurs hypothèses se validaient l’une l’autre, et une vue d’ensemble se dégageait.

C’est cette vue d’ensemble que je propose au lecteur.

Non pas comme une théorie, une de plus. Mais pour l’aider à poser les bonnes questions, l’inciter à réfléchir.

Dans les 400 notes qui accompagnent ce texte court, tu trouveras toutes mes sources.

Si le cœur t’en dit, vérifie toi aussi.

Tu seras sur le chemin des vérités provisoires, mais indispensables pour comprendre ce qui se passe sur notre planète depuis que le Coran est né, il y a 13 siècles.

Bonne route !

M.B., 10 mai 2014

 

 

 

NAISSANCE DU CORAN : secrets de fabrication

Mon livre Naissance du Coran vient de paraître.

NAISSANCE CORAN 1COUV

Il y a 15 ans, j’avais découvert l’existence d’une obscure secte judéo-chrétienne, les Nazôréens. On ne sait rien d’eux à l’époque de Jésus (cliquez), mais ils refont surface aux 4e et 5e siècles, puis disparaissent de nouveau.

J’ai eu la surprise de les voir ressurgir dans le Coran sous leur transcription arabe, nasârâ. Y aurait-il donc un lien historique entre les nazôréens du premier siècle, et la naissance du Coran ?

J’ai tiré ce fil, et toute la pelote est venue.

On sait que les érudits musulmans se heurtent à une frontière qu’il leur est interdit de franchir : étudier le Coran comme n’importe quel autre texte ancien, le soumettre au feu de la critique historique. Ce sont quelques chercheurs occidentaux de haut niveau, peu connus du public, qui s’y sont mis depuis un siècle. Laissant de côté la légende officielle qui fait du Coran un texte descendu du ciel, ces chercheurs lui appliquent les méthodes rigoureuses de l’exégèse historico-critique, qui ont fait leur preuve pour la Bible.

Le résultat, c’est une version des origines de l’islam très différente de la Pensée Unique, celle des orientalistes et de la tradition musulmane.

Dans Naissance du Coran, je ne prétends pas faire œuvre originale. J’ai voulu proposer au grand public la synthèse de ces travaux, difficiles d’accès par leur complexité. Ouvrir des avenues sans trahir la rigueur des chercheurs, dégager des perspectives.

Plutôt que d’ajouter aux leurs des centaines de pages techniques, résumer les travaux de mes prédécesseurs de façon fluide, agréable à lire.

Malgré la complexité du sujet, être aussi clair que possible.

Donner au lecteur des clés, provoquer son interrogation, l’inciter à la réflexion.

Les connaisseurs m’accuseront d’aller, un peu vite, aux conclusions ? Il se peut, mais le lecteur trouvera en notes toutes mes sources, qui lui permettront de vérifier ce que j’affirme.

Qui renouvelle complètement notre compréhension des débuts de l’islam. Et de ce qui s’en est suivi, jusqu’à aujourd’hui.

Puisse ce petit livre vous aider à mieux saisir quel est l’enjeu caché des drames auxquels nous assistons chaque jour, depuis si longtemps.

Et si, en le refermant, vous vous posez plus de questions qu’avant – si vous posez, enfin, les bonnes questions -, je n’aurai pas perdu mon temps.

                                                     M.B., 5 mai 2014

Pour vous procurer Naissance du Coran, commandez-le à votre libraire, ou sur les sites Internet www.editions.harmattan.fr, ou amazon.fr, ou fnac.com, ou chapitre.com

 

 

 

 

 

 

NAISSANCE DU CORAN (III) : le grand fourre-tout

Lisez le Coran, vous constaterez que ce texte n’a ni queue ni tête. Ses 6325 versets semblent avoir été assemblés – ou plutôt désassemblés – comme un puzzle dont les pièces auraient été éparpillées au hasard sur une table. Un mélange de citations bibliques (mais la Bible du Coran n’est pas notre Ancien Testament), de récits sur Jésus (ils n’ont rien à voir avec nos évangiles), de lois sur la vie quotidienne… le tout truffé d’allusions obscures à des mythes disparus et à des batailles introuvables.

Or, comme nous l’avons vu (cliquez), pour l’islam l’auteur du Coran n’est personne d’autre que Dieu lui-même. Serait-il doté d’un esprit brouillon, mélangeant tout, incapable d’une pensée cohérente ?

La question s’est posée très tôt. Au 8e siècle, le grand philologue irakien Al-Kindi écrivait : « La conclusion est évidente pour quiconque a lu le Coran et a vu de quelle façon, dans ce livre, les récits sont assemblés n’importe comment et entremêlés. Il est évident que plusieurs mains – et nombreuses – s’y sont mises et ont créé des incohérences, ajoutant ou enlevant ce qui leur plaisait ou leur déplaisait. »

Plusieurs mains, et nombreuses : lesquelles ?

Pour répondre à cette question il m’a fallu remonter au 5e siècle avant J.C., époque à laquelle des Hébreux exilés à Babylone ont mis par écrit la Bible telle que nous la connaissons. Pour arriver au 7e siècle après J.C., quand l’empire Byzantin s’affrontait à l’empire Perse au Moyen-Orient : des Arabes sédentarisés en Syrie ont utilisé cette période troublée comme une fenêtre de tir pour réaliser un rêve qu’ils avaient fait leur, reconquérir Jérusalem et y reconstruire le temple détruit par Titus en l’an 70.

C’est dans ce contexte que le Coran a pris naissance.

Moins d’un siècle plus tard, ces Arabes avaient conquis une grande partie du bassin méditerranéen. Pour transformer cette conquête militaire en civilisation conquérante, il fallait à la fois créer un mythe fondateur et unifier par des lois communes les peuples conquis. Ce fut l’œuvre des califes de Jérusalem, de Damas puis de Bagdad.

Alors, tout s’éclaire. Le Coran est l’écho de la volonté de ces califes, qui façonnèrent à la fois la légende fondatrice et les lois de leur Empire en train de naître.

Plusieurs mains, et nombreuses : ce sont celles des califes, ou plutôt des historiographes et des théologiens auxquels ils confièrent la mission d’amplifier et de corriger – à partir d’une matrice judéo-chrétienne – un texte qui deviendrait sacré.

Nous sommes bien documentés sur ces premiers califes de l’islam, mais dans l’état actuel de la recherche il est impossible de distinguer dans le texte du Coran ce qui vient de l’un ou de l’autre, d’attribuer tel passage à tel calife plutôt qu’à tel autre. Cette recherche n’est toujours pas libre dans le monde musulman : pour l’instant, seuls quelques chercheurs de haut niveau, d’origine chrétienne, ont pu s’y mettre. Ce sont leurs travaux, restés confidentiels, que j’ai tenté de synthétiser de façon claire dans mon livre à paraître, Naissance du Coran.

Les musulmans sont donc aujourd’hui dans la situation où se trouvaient les chrétiens au début du 19e siècle, quand quelques protestants ont mis en œuvre l’exégèse historico-critique de la Bible. Avec le double résultat que l’on connaît : d’abord l’apaisement, puisque les croyants pouvaient enfin séparer les aspects les plus guerriers et intolérants de la Bible du message des prophètes, puis de Jésus lui-même. Ensuite l’entrée dans la modernité, puisqu’ils ne prenaient plus à la lettre les lois et les préceptes de civilisations antiques et cruelles.

Puisse ce petit livre aider les descendants des Arabes du 8e siècle à trouver, avec un regard nouveau posé sur leurs origines, le chemin de la paix.

Et nous avec eux.

                NAISSANCE DU CORAN, aux origines de la violence

À paraître prochainement.

                                                            M.B., 13 avril 2014

 

PAS D’AMALGAME ! Bons et mauvais musulmans (I)

« Surtout, pas d’amalgame ! Ne confondez pas une poignée de fanatiques avec la majorité des musulmans, qui sont tolérants et pacifiques. » C’est la pensée politiquement correcte, qui nous est assénée à longueur de medias par les politiciens et officiels de l’islam en France.

Pourtant, la réalité est là, et elle dérange. Car si la majorité des musulmans européens est en effet paisible et intégrée, une minorité de plus en plus nombreuse, de plus en plus bruyante, est extrêmement agressive et réclame (ou impose) des pratiques et une identité en contradiction totale avec nos valeurs occidentales, morales, familiales, citoyennes et politiques.

Fanatiques et croyants apaisés ont un point en commun : tous se réclament du Coran. Comment les musulmans peuvent-ils, avec la même et unique référence, être à la fois pacifiques et violents, tolérants et intolérants, ouverts au dialogue et totalitaires ?

Avant d’être abattu par le RAID, Mohammed Merah affirmait « s’être radicalisé en prison, tout seul, en lisant le Coran. » Qu’y a-t-il dans ce texte, qui peut conduire un jeune français au meurtre et à l’immolation ? Le problème c’est donc bien le Coran, la façon dont il est compris et peut être utilisé par les uns ou par les autres, avec des résultats diamétralement opposés.

C’est cette constatation qui m’a poussé à écrire un court essai,  Naissance du Coran, aux origines de la violence, qui paraîtra fin avril.

Dix années de travail, deux ébauches abandonnées pour parvenir à cet essai.

J’ai repris et synthétisé les travaux de chercheurs de haut niveau, peu connus du public, certains parus récemment. Ces chercheurs, je les appelle « indépendants » car ils se situent délibérément en-dehors de la Pensée Unique, celle qui s’aligne aveuglément depuis mille ans sur la légende fondatrice de l’islam. Ils appliquent au texte du Coran la méthode historique et critique qui a permis aux chrétiens de lire la Bible autrement que ne le faisait leur tradition, trouvant l’apaisement et s’ouvrant à la modernité.

Cette lecture historico-critique du Coran, elle est interdite aux musulmans, et ceux qui s’y sont risqués ont été sévèrement châtiés. Parce qu’elle remet en cause le dogme fondateur de l’islam : « Le Coran a été dicté au Prophète par Dieu. Son texte est matériellement, grammaticalement, la parole de Dieu lui-même. On ne  »critique » pas les paroles de Dieu. »

Ce dogme, il a longtemps été partagé par les chrétiens. La Bible juive et les évangiles étaient la parole de Dieu, on devait les recevoir et les lire littéralement. Depuis Origène, on concédait qu’une lecture allégorique de la Bible était possible : cette lecture, qui voyait dans les passages les plus difficiles du texte sacré une allégorie à interpréter, a permis l’élaboration de dogmes de plus en plus baroques, qui pouvaient tous se réclamer de la Bible en tirant d’elle des conclusions qui n’avaient pas grand-chose à voir avec son texte.

Au 19e siècle, les protestants ont commencé à lire la Bible autrement, en la replaçant dans son contexte historique et en utilisant des outils linguistiques performants. Et ce n’est qu’en 1943 que les catholiques ont été autorisés à en faire autant, adoptant sans réserve l’exégèse historico-critique de la Bible.

Une ère nouvelle s’ouvrait, on pouvait enfin faire le tri entre l’enseignement des prophètes ou de Jésus, et le maquillage ajouté par les milieux juifs ou chrétiens pour des raisons essentiellement politiques : prendre ou conserver le pouvoir idéologique.

Sous forme d’essais ou de romans, tous mes ouvrages sont nés de cette nouvelle approche des textes. Ils déconcertent les traditionalistes, mais montrent la voie d’une refondation de notre culture occidentalo-chrétienne. Que cette ouverture ne puisse pas se traduire dans une réforme en profondeur de l’Église, c’est une autre question.

Ce travail gigantesque, les musulmans ne l’ont pas encore commencé, et les « Nouveaux Penseurs de l’islam » s’arrêtent à son seuil. Le Coran reste le texte sacré, intouchable, qui ne peut être critiqué et doit être lu à travers une tradition politiquement correcte.

En proposant une synthèse des travaux récents de ces chercheurs « indépendants » j’ai voulu ouvrir des portes, au risque d’être mal compris par des croyants sincères pour qui le Coran est une référence intouchable. C’est pourtant à eux que ce petit livre est destiné, comme à tous ceux qui s’étonnent de la violence dont font preuve les islamistes.

Dans une série d’articles à venir, je reprendrai quelques-uns des obstacles que j’ai rencontrés, quelques-unes des hypothèses proposées par la recherche.

« La vérité vous rendra libre », disait l’auteur du 4e évangile. Sa recherche patiente, humble, laborieuse, est la condition de la paix intérieure et sociale.

             NAISSANCE DU CORAN, aux origines de la violence.

À paraître fin avril.

                                                 M.B., 9 avril 2014