Archives pour la catégorie VERS L’AU-DELA DES APPARENCES

Qu’y a-t-il au-delà de ce que nous percevons du monde qui nous entoure ?

APOCALYPSE NOW ? État des lieux (II) : démocratie

 Au commencement était le clan, ensemble de familles se réclamant d’un ancêtre commun. Quand les clans se réunirent en tribus, leurs membres organisèrent une solidarité restreinte à eux seuls, et farouchement défendue par eux face aux autres. C’était chacun contre tous.

Un pas décisif fut franchi à Athènes avec l’invention de la démocratie, qui instaurait une certaine paix sociale. Très vite, la démocratie athénienne sombra dans deux sortes de dérives : la tyrannie – confiscation du bien commun au profit d’un seul -, et la démagogie – soumission du pouvoir aux désirs irrationnels du peuple. La tyrannie menait à la violence arbitraire, la démagogie au chaos et à l’injustice.

Ni la démocratie athénienne, ni la tyrannie, ni la démagogie ne connaissaient ce que nous appelons aujourd’hui les ‘’Droits de l’Homme’’. Les citoyens étaient jaugés, jugés et classés selon leur naissance, leur productivité ou leur valeur militaire. La femme et l’enfant n’avaient pas d’existence légale.

Aucun de ces régimes ne s’est intéressé à la personne humaine pour elle-même.

Le christianisme, naissance de la démocratie moderne ? Lire la suite

À MES LECTRICES ET LECTEURS

Depuis vingt ans, ce blog a été fidèle à son titre, « La recherche de la liberté intérieure, morale et politique ». Près de 500 articles ont été lus et commentés par des milliers de lecteurs de toutes origines, de toutes sensibilités. Ils m’ont éclairé et stimulé dans mon travail et je veux leur dire ici mon immense reconnaissance pour ces partages parfois polémiques, toujours amicaux.

La fin de la recherche sur Jésus

Pendant ces vingt années, le blog a été un prolongement de mes recherches sur Jésus, les origines du christianisme, et accessoirement le Coran, le Bouddha. Sous cette lumière particulière, je n’ai pas hésité à aborder des sujets qui touchaient à l’actualité éthique, politique, sanitaire. Mais la recherche sur Jésus restait le fil directeur du blog comme de ma vie.

Or il semble que la grande époque de cette recherche (1) soit terminée. C’est normal : quand on cherche, c’est pour trouver. Et l’essentiel a été découvert, a été dit, a été expliqué, publié, mis en images sur cet homme, son identité, son enseignement, son étonnante postérité.

J’ai été un de ces chercheurs passionnés par l’homme Jésus – une recherche exigeante, historique, exégétique, technique. Cette étape de ma vie est derrière moi et une autre s’ouvre, tout naturellement. C’est la dernière : jouir et se réjouir des fruits de la recherche. C’est-à-dire faire silence, après avoir tant travaillé, tant cherché, tant parlé. Demeurer en présence de Celui sur lequel on a tant enquêté.

Et préparer sa rencontre dans la vie qui nous attend après cette vie-ci.

« Grand âge, nous voici… »

« … Lève la tête, homme du soir ! La rose des ans tourne sur ton front serein. Nous voici sur nos routes sans bornes, et ceci reste à dire : nous vivons d’outre-mort » (2).

Oui, quand tant de chemin a été parcouru, tant d’erreurs commises et de magnifiques découvertes, tant d’ombres affrontées, une douce lumière se fait.

Et la nature elle-même nous y prépare, puisque les forces du corps diminuent. Ou que des incidents nous rappellent que la vie est fragile, qu’il faut s’occuper de bien mourir, dans la dignité, debout et non couché. C’est sans tristesse et sans angoisse que j’ai vu ainsi mon cœur me rappeler qu’il bat depuis longtemps, et qu’il est fatigué. Rien que de très banal, de très attendu.

Dès que j’aurai repris des forces, je reviendrai à ce blog. Mais sa teneur sera différente : ce sera une chronique, non plus technique mais spontanée, intime, sans apprêts, de cette nouvelle étape.

Parler du silence ! Eh oui, car on ne peut se passer de mots. J’ouvrirai aux lecteurs l’intimité qu’autorise le « Grand Âge ». Certains regretteront que j’abandonne la technique et l’actualité pour aller à autre chose qu’il faudra ‘’laisser venir’’. Mais si l’on veut être honnête jusqu’au bout de sa vie, il faut savoir changer son regard quand elle fait signe qu’il est temps.

« Nous avons marché sur les routes lointaines, nous avons connu l’ombre, nous avons connu le feu où Dieu l’aveugle luit. Nous vous suivrons, aile du soir » (2).

                              M.B.  4 mars 2021
 (1) Voyez dans le blog la catégorie « La question Jésus »
(2) Saint-John Perse, Chronique. Voyez dans le blog Le monde de Saint-John Perse

Cycle : La civilisation occidentale peut-elle mourir ? (III) DESTINÉES DE LA CIVILISATION OCCIDENTALE

  Au terme de ces trois conférences sur la civilisation occidentale, vous attendez peut-être de moi une conclusion. Comme disait Flaubert, « La bêtise, c’est de vouloir conclure ». Je vais donc replacer notre réflexion dans un contexte plus vaste, entr’ouvrir quelques portes et vous laisser le soin de pousser l’une ou l’autre selon vos besoins.

Nous avons vu qu’une civilisation ce sont d’abord des valeurs, étroitement liées à une religion qui les précède ou les accompagne. Alain Peyrefitte écrivait en 1976 : « En Occident, la ferveur religieuse est retombée. Mais le mode de pensée qu’avait secrété la religion marque toujours les esprits. La société religieuse a fait naître une civilisation à son image, et cette civilisation se reproduit » (1). C’était le thème de la 1re conférence.

Des valeurs, qui engendrent une culture et un art de vivre en commun. C’est ainsi que la civilisation occidentale est née du christianisme en même temps que de l’héritage gréco-romain. Mais ces valeurs sont fragiles et aujourd’hui menacées. En 1957, recevant à Stockholm son prix Nobel, Albert Camus faisait ce bilan amer mais réaliste : « Nous sommes les héritiers d’une histoire de révolutions déchues, de techniques devenues folles, de dieux morts et d’idéologies exténuées ». Reprenons d’abord chaque point de ce bilan.

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ACCOMPAGNER LES MOURANTS, TUTOYER LA MORT

  Un jour ou l’autre, nous aurons à accompagner un(e) mourant(e), membre de la famille ou ami(e) proche. Un jour ou l’autre la mort, idée abstraite, refoulée dans l’inconscient de nos peurs, un jour ou l’autre cette ‘’chose’’ maintenue dans l’oubli s’invitera bruyamment à nos côtés. Elle nous parlera, et on ne saura pas quoi lui dire. Mais elle deviendra terriblement proche, à ‘’tu’’ et à ‘’toi’’ avec nous.

Quand la mort fait irruption dans le paysage, que penser ? Lire la suite

RETOUR DU DÉSERT (II) : Monsieur le démon

Je l’ai dit dans l’article précédent : celui/celle qui pratique la méditation, quelle que soit sa forme ou ses modalités, fait l’expérience d’un état de conscience qui échappe au raisonnement, aux déductions savantes, aux représentations, aux pensées ordinaires ou triviales. La méditation met en contact (fut-ce brièvement, fut-ce inconsciemment) avec le monde au-delà des apparences.

Une fois franchie sa première étape (le silence des pensées), il y a autant d’expériences que de méditants. Les adeptes du bouddhisme chemineront, avec le « rien », au plus profond d’eux-mêmes puis de la réalité cosmique. Les judéo-chrétiens verront s’offrir à eux une tout autre expérience : la rencontre d’un au-delà peuplé d’êtres invisibles aux yeux mais très réels et très présents.

Comment les rencontre-t-on ? Comment peut-on être sûr qu’on n’est pas victime d’une illusion, d’une autosuggestion, d’un accès de schizophrénie ou de désordre mental ? Et si l’on pense être psychologiquement équilibré, comment savoir si cette expérience n’est pas provoquée par le démon ou toute autre puissance maléfique ? Lire la suite

RETOUR DU DÉSERT (I): l’expérience

 La « traversée du désert » : certains la subissent, d’autres la choisissent. Temporaire, durable ou définitive, c’est un ingrédient indispensable à toute aventure humaine.

Il n’y a pas de vie à sa juste hauteur d’homme ou de femme sans passage par le désert.

Point n’est besoin pour s’y rendre de prendre l’avion, d’organiser des caravanes de chameaux, de coucher sous la tente. Le désert est d’abord une attitude de l’esprit et de l’âme. C’est l’éloignement de tous les faux-semblants, des gadgets dont nous nous entourons et que nous croyons indispensables. C’est l’abandon des repères habituels de la vie sociale. On ne va pas vers le désert, on l’appelle à soi. Lire la suite

LONGUE EST LA NUIT (VI) : Et Notre-Dame brûla

Les Français n’aiment pas qu’on leur rappelle les racines chrétiennes de leur pays. Dans les articles précédents (1) j’ai montré que l’Occident s’est pourtant construit à partir d’une religion, le christianisme. Que l’un et l’autre ont vécu une relation fusionnelle avant de décliner lentement. Ce n’est qu’en 1905 que la France a officiellement rompu cette relation, la nation française affirmant qu’elle n’avait plus rien à voir avec son catholicisme natal.

Mais aucune loi ne peut mettre fin à une relation fusionnelle aussi forte que celle qui unissait les Français à leur religion. Après 1945, le catholicisme avait encore de beaux restes en France. Intellectuellement, socialement et spirituellement, il continuait de tenir une place considérable dans l’espace politique français. Lire la suite

QUE SE PASSE-T-IL APRES LA MORT ?

 Dès leur apparition sur cette planète, les civilisations se posent une question lancinante : qu’est-ce qui se passe au moment de la mort, et (juste) après ? Les tombes préhistoriques montrent que nos ancêtres avaient conscience que tout ne se termine pas avec la vie. Mais comment se déroule le processus de la mort ? Lire la suite

LE REGARD ET LE LANGAGE : à propos des penseurs, des excités et des « mystiques »

Dès qu’ils ont apprivoisé le langage, les humains se sont interrogé sur le monde qui les entoure : d’où tout cela vient-il ? Y a-t-il des dieux, ou un ‘’Dieu’’ créateur et organisateur ? Et puisque je pense, puis-je penser ce ou ces dieux ? Puis-je communiquer avec mes semblables ? Lire la suite

LA TYRANNIE DES APPARENCES ET LA VIOLENCE : LES MYSTIQUES ONT-ILS QUELQUE CHOSE A NOUS APPRENDRE ? (Conférence à Paris)

Où se nichent les racines de la violence ? Alors qu’elle monte partout autour de nous, les mystiques ont-ils quelque chose à nous apprendre ?

I. Les premières traces d’Homo Sapiens montrent quelque chose d’étonnant : ils rassemblaient les ossements de leurs défunts en un même lieu – alors que les restes des animaux sont éparpillés dans la nature. Yves Coppens pense que c’est à cet indice qu’on détermine le seuil qui sépare les grands singes des hominidés : la conscience qu’il y a quelque chose après la mort, puisque les humains collectent leurs dépouilles dans la conscience confuse, non-formulée, de ce « quelque chose ». Lire la suite