Archives du mot-clé Judaïsme

AU NOM DU LIVRE, AU NOM DU TEMPLE – L’héritage messianique

             « Je ne crois pas que les livres puisent changer le monde. Mais lorsque le monde commence à changer, alors il se cherche un livre nouveau » (1) Lire la suite

CORAN : UN BON CHRÉTIEN (JUIF) EST UN CHRÉTIEN (JUIF) MORT

« Saisissez-les, tuez-les partout où vous les trouverez » (1) : souvent répétée dans le Coran, cette injonction génocidaire vise explicitement les Juifs et les chrétiens. Pourquoi ?

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JÉSUS ET L’ISLAM – Mordillat et Prieur sur ARTE (I)

En 1997, Mordillat & Prieur présentaient sur ARTE Corpus Christi, une série d’enquêtes sur la personne de Jésus et l’origine du christianisme. Ils remettent ça avec Jésus et l’islam, une enquête cette fois-ci sur le Coran et les origines de l’islam. La première séquence a été vue hier : je me propose de réagir à chacune, sans attendre les suivantes. Lire la suite

CORAN, LES CHOSES BOUGENT (3) : Boualem Sansal, « 2084, la fin du monde »

            Quel écrivain peut-il se déclarer athée dans un pays musulman ? Se voir surveillé, inquiété, limogé, plusieurs fois censuré par ce pays, et pourtant ne pas s’exiler ? Rester là-bas, continuer à écrire malgré l’hostilité, le danger ?

            Ce pays c’est l’Algérie et cet écrivain c’est Boualem Sansal, l’auteur de 2084, la fin du monde (1).

            Un roman écrit dans une langue superbe, d’une richesse foisonnante – l’auteur a reçu en 2013 le Grand prix de la francophonie de l’Académie Française. Un humour de dérision subtil, et d’autant plus efficace. Ah, l’humour ! Qui permet seul de survivre dans un monde dominé par la Pensée Unique.

            Boualem Sansal ne s’en cache pas, il imite le 1984 de George Orwell. Mais le pastiche s’arrête là, puisqu’il applique le procédé d’Orwell non plus à une dictature quelconque mais à l’islam, et à sa nature totalitaire.

            J’imagine qu’il a lu les chercheurs qui, depuis un siècle, déconstruisent la légende musulmane, chercheurs dont Naissance du Coran propose une synthèse. Leurs travaux érudits, il en fait une fiction, codée de façon transparente : remplacez Yölah par Allah, Abi par Muhammad, le Gkabul par le Coran, l’abilangue par sa langue, l’abistan par l’islam, la Kiiba par la Kaaba de La Mecque, la Juste fraternité par le califat, etc… En voici quelques extraits, dans lesquels mes lecteurs retrouveront l’essentiel de Naissance du Coran  (2). Lire la suite

Juifs, chrétiens, musulmans : LA FABRIQUE DE L’HISTOIRE

Judaïsme, christianisme, islam : trois mouvements religieux qui se sont construits sur une manipulation de l’Histoire. Une imposture devenue dogmes intangibles.

Nous allons les comparer sous cet angle, résumant de façon lapidaire ce que j’ai publié dans mes livres (1) ou sur ce blog (2).

I. Moïse, Josué, David : le mythe fondateur du judaïsme

Moïse est considéré comme le créateur du peuple hébreu, Josué comme celui qui le fit s’approprier la terre de Canaan vers 1200 avant J.C., accomplissant le premier génocide attesté dans l’Histoire. Et David comme le conquérant d’un vaste royaume qui se serait étendu de l’Euphrate à la mer Rouge.

Moïse a-t-il existé ? À part la Bible, les historiens ne trouvent nulle part mention de lui. Certains vont même jusqu’à mettre en doute la réalité de l’Exode qui aurait conduit le peuple hébreu d’Égypte en Canaan/Israël. Lire la suite

DIEU EXISTE-T-IL ENCORE ?

Vers 1880, Nietzche écrivait : « Dieu est mort ! Dieu reste mort ! Et c’est nous qui l’avons tué ! » (1) À peu près au même moment, Karl Marx enseignait que les religions ont été créées par des sociétés d’oppression. Dans une société moderne (socialiste) Dieu disparaîtra, tout naturellement, tout simplement, comme la branche morte d’un arbre en pleine croissance.

Depuis, ces deux penseurs ont puissamment influencé la planète. Libérées de Dieu, les sociétés pouvaient enfin vivre leur vie.

Nous les avons crus : ils avaient raison.

Eh bien non, ils avaient tort. À la fin du 20ème siècle (2) Dieu, ou plutôt la religion, a fait un retour fracassant sur la scène mondiale. Aujourd’hui, il n’est plus un journal télévisé ou radio, un quotidien ou un périodique, qui ne titre sur la religion : elle est (re)devenue un acteur incontournable de la vie politique et sociale.

Loin d’effacer Dieu de la scène, la modernité l’a fait rentrer de manière fracassante. Le mot est juste, puisque Dieu est le moteur du fracas mondial actuel.

Regardons-y de plus près.

Des religions sans Dieu

Trois religions dominent le fracas mondial : le judaïsme, le christianisme et l’islam.

Traduisez le sionisme, l’Occident et le Moyen Orient.

Trois civilisations, trois cultures qui s’affrontent dans un chassé-croisé de violences sans fin.

Dans Naissance du Coran, j’ai montré que ces trois entités culturelles avaient une même origine, une même source, le messianisme. C’est parce qu’ils sont issus d’une même matrice messianique que Juifs, occidentaux et musulmans se haïssent et se combattent.

Pourtant, ces trois cultures religieuses n’ont-elles pas le même Dieu ?

Non. Depuis Jésus, le Dieu juif n’est pas le même que le Dieu chrétien. Et le Dieu du Coran, qui puise son identité dans le judéo-christianisme, n’est pas le même que celui des Juifs et des chrétiens.

Première constatation, qui rend illusoire le ‘’dialogue interreligieux’’. Impossible de dialoguer quand, sous le même mot ‘’Dieu’’, on met trois choses différentes.

Mais il y a plus grave : dans leur expression et leur mise en œuvre, chacune de ces religions s’affiche pratiquement comme une ‘’religion sans Dieu’’.

Le sionisme ne se réfère pas au Dieu de Moïse, mais à la saga des premiers conquérants de la Palestine, Josué et ses successeurs (cliquez). Dans le Coran, les islamistes choisissent les versets brûlants qui appellent au génocide des Juifs et des chrétiens, et qui contredisent radicalement la tradition judéo-chrétienne dont ce texte est issu.

Quant aux catholiques… Les papes ne s’engagent plus que sur la morale, sexuelle ou familiale. Dieu a disparu du discours officiel de l’Église catholique.

Telles qu’elles apparaissent sur la scène du monde, les trois religions monothéistes sont sans Dieu. Des partis politiques comme les autres, engagés dans des polémiques politico-morales.

Retour de Dieu, absence de Dieu

             Ce que Jérusalem, Rome et La Mecque oublient, c’est que les sept ou huit milliards d’être humains de la planète ont tous, chevillée au corps, la même interrogation douloureuse : quel est le sens de ma vie, de nos vies ? Comment supporter la souffrance ? À part produire et consommer, qu’est-ce que je fais sur terre ? Et après cette vie fugitive, qu’y a-t-il ?

Ces questions de fond, l’immense majorité ne se les pose pas consciemment, ou même les rejette au nom de la mort de Dieu. Oubli trompeur, elles ressurgissent à la première catastrophe, à la première guerre, à chaque mort d’un être aimé.

Les religions n’y répondent plus, parce qu’elles ont oublié Dieu.

Dieu est revenu en force, mais pour opposer les humains.

Quel ‘’Dieu’’ ?

Chacun de nous est renvoyé à sa quête de sens individuelle. Chacun doit trouver, tant bien que mal, dans les placards poussiéreux de sa tradition religieuse d’origine, la trace d’un Dieu omniprésent, et omni-absent.

 

                                                                       M.B., 6 novembre 2014

 

 

(1) Le Gai Savoir

(2) On peut dater ce virage autour de 19980.

 

 

ISRAËL EN PALESTINE : LE QUATRIÈME REICH ?

Une fois de plus, Israël massacre impunément des civils Palestiniens, et cela dure depuis cinquante ans. Aucun « processus de paix » n’a abouti, aucun n’aboutira jamais.

Pour comprendre, il faut relire quelques passages du Livre de Josué, écrit au milieu du VI° siècle avant J.C., quand les Hébreux exilés à Babylone recomposaient un passé devenu mythique.

La Shoah des Palestiniens (Nakbah)

Il est donc écrit dans la Bible que sur l’ordre de son dieu, Josué envahit la Palestine : « Tous ses voisins se sont unis pour combattre Israël. Mais Josué est tombé sur eux à l’improviste, les a battus et poursuivis jusqu’au Liban (1). » Vient ensuite la description complaisante du premier génocide attesté par l’Histoire: « Josué attaque les villages en partant du centre, et massacre tout être vivant, sans laisser échapper personne. Tous sont passés au fil de l’épée. Il soumet ainsi tout le pays jusqu’à Gaza, sans laisser un seul survivant (2). » Génocide accompagné d’une spoliation des biens : les Juifs « s’emparent des villes par la violence, ils en éliminent les autochtones par le massacre, sans rémission. Quand il n’est plus resté aucun Palestinien, Josué a pris possession de cette terre et l’a distribuée aux tribus juives (3). » Puis il déclare : « Toutes ces populations que nous avons exterminées, Dieu les a dépossédées pour vous… Prenez possession de leurs terres, des terres qui ne vous ont demandé aucune fatigue, des villes bâties par d’autres dans lesquelles vous allez vous installer, des vignes et des oliveraies que vous n’avez pas plantées (4)… Les juifs bâtirent des villages dans les terres spoliées, et s’y établirent (5). »

Il encercle Jéricho dont la population est systématiquement éliminée, comme celle du ghetto de Varsovie : « Jéricho est enfermée et barricadée : nul n’en sort ou n’y rentre. Après y avoir pénétré, les juifs ont massacré tous ceux qui s’y trouvaient, hommes, femmes, enfants (6). »

Cela ne vous dit rien ? Spoliations des biens, ghettos anéantis, extermination programmée… Hitler n’avait rien inventé, tout était déjà dans la Bible.

Entre les populations spoliées et leurs spoliateurs, aucune coexistence ne sera jamais possible : « Nous devons savoir, déclare Josué, que les populations [autochtones] que nous n’avons pas réussi à chasser vont constituer pour nous une menace permanente, une épine dans notre flanc et un chardon dans nos yeux. Et ceci, jusqu’à ce qu’ils nous aient été rayés du sol (7). » C’est eux, ou nous. S’engage alors un engrenage de la violence, et plus tard le héros juif Samson déclare : « Nous ne serons quitte envers les autochtones qu’en leur faisant du mal (8). » À quoi ils répondent : « Nous faisons la guerre aux Juifs parce qu’ils se sont emparés de notre pays. Rendez nous ces terres, maintenant ! » (8)

 Le Messianisme et l’obsession du Royaume

Dans Naissance du Coran, j’ai raconté comment, à partir du Livre de Josué, était née l’idéologie messianique chez les Juifs exilés à Babylone qui rêvaient de reprendre possession de leur terre : le Royaume de David et surtout Jérusalem, lieu du retour du Messie et donc centre du monde.

Ce Royaume de David, qui se serait étendu de l’Euphrate (Irak) jusqu’à Gaza, on sait maintenant que c’est un mythe. L’ambition des Juifs se limitait à sa reconquête. Ils avaient dû émigrer par la force, et c’est par la force qu’ils reviendraient. S’ils considéraient que ce retour se ferait, comme autrefois sous Josué, par une guerre d’extermination, jamais leur ambition n’a été mondiale. Elle se limitait à Heretz Israël, le Grand Israël, avec Jérusalem pour capitale.

Issue du judaïsme, la chrétienté a hérité de son idéologie messianique en étendant son ambition à la terre entière. La Cité des hommes devait devenir la Cité de Dieu.

Dans Naissance du Coran, je montre comment des Arabes, endoctrinés par des judéo-chrétiens nazôréens, ont adopté au 7e siècle ce messianisme dans sa version la plus dure. Ils résidaient en Syrie : voulant rééditer les exploits mythiques de Josué, ils se sont d’abord appelés les émigrés, muhadjirûn, « ceux qui reviennent chez eux ». Mais contrairement aux Juifs leur ambition ne se limitait pas à la reconquête du Royaume de David, elle était devenue mondiale. Au bout d’un siècle, abandonnant le mot muhadjirûn, ils s’appelèrent eux-mêmes mouslims – « ceux qui sont soumis à Allah », au Coran et à son Prophète.

Depuis lors, deux puissances messianiques se sont affrontées, elles s’affrontent toujours. L’Occident chrétien et le monde musulman, animés de la même ambition planétaire : leur Royaume, c’est le monde entier.

Pourquoi alors les musulmans s’en prennent-ils aux Juifs, dont l’ambition de conquête n’a jamais dépassé le Grand Israël ?

À cause de Jérusalem, lieu saint par son Histoire – et parce que c’est là que le Messie doit revenir.

Pendant plusieurs siècles, la conscience messianique des Arabes et l’ambition qui l’accompagne s’étaient endormies. Elle se sont réveillées au 20e siècle sous l’action de plusieurs facteurs – fin de l’époque coloniale et de ses humiliations, perte d’identité de la chrétienté, argent du pétrole.

Coïncidence ? Au même moment, deux totalitarismes adoptaient une version laïque du messianisme : le communisme, et le nazisme. Avec les méthodes qui furent celles de Josué, la conquête par l’extermination.

Le communisme s’est effondré, le nazisme a été vaincu. Restent face à face trois puissances messianiques : les Juifs qui jamais n’abandonneront le rêve du Grand Israël, l’Occident qui n’a pas oublié ses racines chrétiennes, et l’islam.

Les civilisations apparaissent, puis disparaissent. Le messianisme ne disparaîtra pas, parce qu’il possède sur elles un atout essentiel : il offre à ses adeptes le rêve du retour à un paradis perdu. Qu’il faille, pour y parvenir, violer les lois établies pour la préservation de l’humanité, cela importe peu à un messianiste. L’humanité qu’il veut rétablir n’est pas celle-ci, qui doit disparaître pour que naisse le monde nouveau. Société sans classes, Reich Aryen ou Paradis promis aux mouslims, ce sont des rêves.

Les rêves ne meurent pas.

C’est en journaliste et en témoin scrupuleux que Charles Enderlin a publié récemment Au nom du Temple. Son livre est une illustration de Naissance du Coran : il décrit le retour irrésistible du messianisme au sein des gouvernements israéliens successifs, appliquant aux infortunés Palestiniens les méthodes qui ont autrefois tenté d’éradiquer les Juifs du Troisième Reich.

Après les crimes de la dernière guerre dont il fut l’artisan ou le complice, tétanisé par sa mauvaise conscience, l’Occident ferme les yeux et laisse faire la Nakhbah, équivalent palestinien de la Shoah. Et si certains chez nous s’indignent du traitement appliqué aux civils de Gaza, nos ministres se contentent « d’appeler le gouvernement israélien à la modération », comme M. Le Drihan ce matin.

Appeler des messianistes à la modération, on croit rêver ! C’est ignorer ce qu’est le messianisme, c’est méconnaître les trois mille ans d’Histoire au cours desquels il s’est exprimé dans une longue traînée de sang et d’horreur.

J’ose imaginer que ces ministres sont tout, sauf ignorants.

Si ce n’est pas de l’ignorance, alors, de quoi s’agit-il ?

                                                                                          M.B., 13 juillet 2014.
P.S. : pour ceux que cela intéresse, en plus de Naissance du Coran cliquez en haut sur « Articles ». A droite cliquez sur « Liste des Catégories » : dans la catégorie « Judaïsme », vous trouverez plusieurs articles sur le sujet.

(1) La Bible, Livre de Josué, chap. 11.

(2) Livre de Josué, chap. 10

(3) Livre de Josué, chap. 11. J’appelle Palestiniens les populations locales, qui ne prendront ce nom (phalistin) que plus tard.

(4) Livre de Josué, chap. 24

(5) Livre des Juges, chap. 21

(6) Livre de Josué, chap. 6.

(7) Livre de Josué, chap. 23

(8) Livre des Juges, chap. 11

 

Le livre de Michel Benoît sur le Coran vient de paraître

Vient de paraître :

NAISSANCE CORAN 1COUV

« J’ai lu votre livre avec passion : il est extrêmement excitant pour l’esprit.

« La reconstruction de la genèse du Coran que vous proposez est très stimulante.

« Un jour ou l’autre, le nécessaire débat sur la naissance de l’islam aura lieu, comme il a eu lieu, depuis un siècle et demi, sur la genèse du christianisme.

« Votre livre pourrait marquer d’une pierre blanche cette évolution, comme l’a fait en son temps le Jésus de Renan, dont il a la limpidité, la clarté et l’élégance. »

(Roland Portiche, réalisateur de l’émission Secrets d’Histoire de Stépnane Bern.)

Déjà 3 articles dans ce blog ( cliquez, cliquez et cliquez) : d’autres vont suivre.

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2- Ou sur le site de L’Harmattan (appelez Harmattan sur Google, et dans Recherche écrivez le titre.)

3- ou sur le site Amazon.com (dans Recherche, écrivez le titre)

Bonne lecture !

                                                             M.B., 3 mai 2014

 

PEUPLE JUIF ET IDENTITÉ RACIALE

          Début août 2008 (1) une « Affaire Siné » a occupé nos médias momentanément privés de scandales. On a pu entendre sur les ondes les mots de race juive et d’identité raciale juive. Que peut-on dire à ce sujet ?

Identité raciale

Prenons un exemple : y a-t-il une race française ?
          Non, bien sûr. Il y a vingt ou trente siècles, une population s’est mise à exister entre Meuse et Pyrénées, entre Cap Finistère et Calanques. Celtes, Grecs, Romains, Northmen, « Barbares », Francs, Saxons, Lombards, tant et tant d’autres se sont établis sur ce territoire au cours des siècles pour que puissent naître, aujourd’hui, M. Martin et Mme Lefèvre !
          S’il n’y a pas d’identité raciale française, y a-t-il une identité française ?
          Oui. Nous ne nous sentons ni allemands, ni anglais.
          Qu’est-ce qui est à l’origine de cette identité ? Au rebours de l’Histoire :

-a- Un phénomène récent, le Siècle des Lumières, et la Révolution de 1789. Pour faire bref, on pourrait dire que l’identité française a commencé à naître à la bataille de Valmy, et grâce à la première coalition européenne menée contre la France.

-b- Mais l’idée de nation n’aurait pu naître à la fin du XVIII° siècle sans l’œuvre centralisatrice des rois, commencée sous Philippe le Bel, poursuivie par Louis XIV, achevée par Napoléon.
          Ce qui sous-tend cette lente naissance, et qui n’apparaît pas au premier coup d’œil, c’est le rôle continu et essentiel joué par la religion dans la naissance de notre identité nationale.
          On en a un exemple éclatant dans la guerre civile, commencée en 1529, et qui opposera pendant plus de deux siècles catholiques et calvinistes. La France est, ne peut être, que catholique.
          Pourtant, en France le catholicisme a été plaqué de l’extérieur sur une population – appelons-la « Celte » – qui possédait déjà une culture très riche, enracinée dans une religion autochtone vivante. Cette religion étrangère lui est venue de Turquie (Constantinople) et de nos cousins Ritals (Rome). Nos ancêtres, qui possédaient des cultes et un imaginaire religieux d’une grande richesse, n’éprouvaient nullement le besoin spontané d’aligner leurs deux genoux, mis à terre, sur la ligne immatérielle du dogme catholique. Ils se sont soumis.    
          Pour eux, le christianisme était une religion qu’ils n’ont pas inventée, qu’ils ont subie, qui leur venait d’ailleurs.


L’identité du peuple juif

« Tout israélien, écrit Shlomo Sand, sait sans l’ombre d’un doute que le peuple juif existe depuis qu’il a reçu la Loi dans le Sinaï… Chacun se persuade que ce peuple, sorti d’Égypte, s’est fixé sur la « terre promise » où fut édifié le glorieux royaume de David et Salomon », etc.
          « D’où vient cette interprétation de l’histoire juive ? Elle est l’œuvre, depuis la seconde moitié du XIX° siècle, de talentueux reconstructeurs du passé » En fait, le passé juif a été reconstruit, inventé, non pas au XIX° siècle mais dès l’Exil du VI° siècle avant J.C. Des théologiens politiques écrivent les Livres historiques de la Bible, et inventent une saga fondatrice qui ne repose sur rien ou presque. On sait aujourd’hui que l’Exode ne s’est pas passé tel que le raconte le Livre du même nom, que le royaume de David n’a rien à voir avec le Livre de Samuel et des Rois, et que même après la destruction du Temple en l’an 70 aucun exode massif n’a donné naissance à une diaspora juive qui existait déjà.
          Que s’est-il passé ?
          Au VI° siècle avant J.C., des prêtres prennent le pouvoir au milieu d’un conglomérat informe d’exilés à Babylone. Ils éprouvent le besoin d’une existence identitaire : pour y parvenir, ils inventent une religion, monothéiste, et la saga historique qui la justifie.
          A ma connaissance, c’est le seul cas où une religion ait été inventée par des « gens », volontairement, consciemment, pour que ces « gens » deviennent un « peuple ».
          Vingt cinq siècles plus tard, ce peuple est devenu une race : c’est un français, Gobineau, qui a contribué de façon efficace à implanter ce concept racial au début du XX° siècle.
          L’identité juive est exclusivement religieuse. Sa transformation en identité raciale est récente, mais elle est revendiquée par les sionistes. « Depuis les années 1970, en Israël – continue Sand – une succession de recherches « scientifiques » s’efforce de démontrer, par tous les moyens, la proximité génétique des juifs du monde entier. C’est… un champ légitimé et populaire de la biologie moléculaire… dans une quête effrénée de l’unicité d’origine du « peuple élu »

 Identité chrétienne, identité française ?

L’identité chrétienne s’est construite de la même façon, par une relecture orientée des événements qui ont suivi la mort de Jésus. J’ai pas mal écrit là-dessus (1), qualifiant cette relecture des événements d’imposture – imposture qui a donné naissance au catholicisme que nous connaissons.
          Le drame que nous vivons depuis les années 1950, c’est que ce catholicisme prend l’eau de toutes parts. Il ne faut pas s’en réjouir, l’écroulement de notre fondement identitaire accompagne et « marque » la crise identitaire profonde que connaît la France, et toute l’Europe catholique ou protestante.
          Il n’y aurait qu’une seule façon de sortir de cette crise, c’est de revenir à Jésus, tel qu’il fut en lui-même et non tel qu’il a été maquillé par les théologiens-historiens pour justifier l’immense édifice du christianisme catholique.
          Je constate que ce retour à Jésus, à ce qu’il a réellement fait ou voulu faire, à ce qu’il a réellement enseigné, est considéré comme irrecevable par nos contemporains. Ce serait admettre la faillite du christianisme, et nous ne le voulons pas puisque notre identité historique est en jeu.
          L’homme de Galilée pourra-t-il un jour être entendu ?
          Il n’est pas nécessaire d’espérer pour entreprendre. Après tant d’autres, on ne peut que poser une petite pierre sur une route qui, telle qu’elle est, semble ne devoir mener nulle part.


                                       M.B., 24 août 2008

(1) Voir l’article Comment fut inventé le peuple juif de Shlomo Sand dans Le Monde Diplomatique d’août 2008 et son livre Comment le peuple juif fur inventé, Fayard, 2008.

Voir aussi Dieu malgré lui, nouvelle enquête sur Jésus et Jésus et ses héritiers, mensonges et vérités.